Citations de Marcela Iacub (107)
« Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n'avais aucune culture. Et j'ai été folle de toi. Non pas qu'il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j'ai éprouvés. C'est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j'aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C'est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. Tu étais le grand persécuté, le bouc émissaire. Je me suis sentie obligée de prendre ta défense pour dire : Les porcs ont le droit d'être des porcs. Une société qui met ces créatures en prison aux seuls motifs qu'ils ont des goûts propres à leur espèce n'est pas une société libre et juste. »
L’expérience m’a appris que rien n’agace plus un homme qu’une femme qui écrit.
Lorsque nous voyons la viande dans notre assiette, nous ne voyons pas la séquence des images qui la rendit possible. Nous ne voyons pas la bête vivante, nous ne voyons pas le couteau qui la tue, nous ne l'entendons pas supplier pour sa vie, nous ne voyons pas son sang jaillir, nous ne voyons pas la main qui la dépèce. (p. 134)
Mon immeuble a toujours été atteint de cette maladie, elle lui est congénitale.C’est la faute de l’architecte qui l’a construit. La cage d’escalier est si terrifiante, si belle et si énigmatique que les gens adorent s’y suicider. Elle permet de croire à ceux qui choisissent d’y tomber qu’ils ne cherchent pas la mort mais à dévoiler un secret, à trouver un paradis, à atteindre le bonheur.
Certe, tu n'étais pas un porc tout le temps. Tu étais aussi un homme. Il t'est même arrivé d'avoir des responsabilités nationales et internationales importantes. Et tu t'apprêtais à en avoir davantage. Tu avais une femme richissime et célébre, plusieurs enfant, une vraie famille. Tu avais des fans, des amis politiques. Tu avais une vie qui n'avait rien à voir avec celle, terrible, fragile, dégoûtante et sublime des cochons.
C'est pourquoi si, en 1976, seules 693 des personnes sous écrou l'étaient pour viols, agressions et atteintes sexuelles, en 2005 elles étaient 8670 et 7631 en 2011. Si en 1976 elles représentaient 4% de la population carcérale, ce chiffre monte à 14,9% en 2011, ayant atteint en 2001 le sommet de 24,7%.
Parce que la folie n’est pas l’apanage des personnes : elle peut aussi envahir les choses.
...toute femme qui cherche à exister intensément dans ce monde doit arriver d’abord et avant toute chose à se dire : “Je jouis, donc je suis.” Et une femme change complètement une fois qu’elle a connu de tels plaisirs. Cela atteint son existence entière. Elle commence à penser et à décider par elle-même. Elle acquiert une confiance si grande dans ses capacités, dans ses forces, dans ses jugements qu’il devient difficile par la suite de l’aliéner à un homme et de lui faire croire qu’elle vaut moins que lui.
« Ce sont ces pauvres femmes, dont Sandrine Rousseau semble la plus paradigmatique, qui seraient restées anonymes si cette révolution ne leur avait pas permis d’attiser la haine et la vengeance des opprimés pour en tirer des profits personnels. Grâce à cette révolution, ces femmes-là obtiendront des postes importants, gagneront de l’argent en formant la population contre les prédateurs, en écrivant des livres chocs sur les stars qui les auraient violées, en dénonçant les hommes puissants auxquels elles voudraient ressembler. »
La liste de tes maîtresses, de tes conquêtes d'un jour, de tes victimes, de tes putes successives et concomitantes dont la presse ne cessait de s'horrifier et de se régaler montrait un autre aspect émouvant de ta vie. Ces femmes étaient laides et vulgaires.
Quand on met en place une vengeance si sophistiquée il est impossible de contrôler toutes les réactions des personnes impliquées. Il y a toujours le hasard qui fait ses caprices et qui donne aux mises en scène les plus calculées l’air imprévisible de la vie elle-même.
Mais comme faire travailler l’esprit était mon métier, mon obsession, ma débauche, je savais qu’à force de réfléchir je finirais par trouver. « Pense, pense et pense », me disais-je jour et nuit, nuit et jour. Mais s’il y a une bête qui n’aime pas recevoir des ordres, c’est bel et bien l’esprit. Plus on se montre autoritaire envers lui, plus il se cambre. Et il ne fait la paix avec le penseur que lorsque celui-ci rentre dans une sorte d’apnée en abandonnant toute velléité de maîtriser ses idées.
Si l’on passe en revue l’ensemble de la presse de gauche, on y retrouve des points de vue identiques sur presque tout. Il suffit qu’un quelconque événement un peu hors du commun arrive pour deviner presque littéralement ce que la presse de gauche va dire à l’unisson, telle une meute de perroquets ou de singes. [...] le public en a marre des prêtres, des instituteurs et des colons déguisés en journalistes, marre de s’ennuyer, de ne rien ressentir, de ne jamais être surpris.
Tu aurais transformé l’Élysée en une géante boîte échangiste, tu te serais servi de tes assistants, de tes larbins, de tes collaborateurs et de tes employés comme de rabatteurs, d’organisateurs de partouzes, d’experts dans l’art de satisfaire tes pulsions les plus obscures. Tu aurais avalé des milliers de créatures consentantes, tu les aurais savourées sur des plateaux d’argent. Des créatures qui t’auraient supplié d’être dévorées par toi. D’avoir le plaisir, le privilège, l’honneur d’être tes proies.
C'est seulement alors qu'elles prennent conscience que loin d'être des anormales, des ratés, des monstres, elles sont les premières habitantes d'un monde en train de naître des entrailles rouillées du nôtre. Elles comprennent aussi que si elles avaient tant souffert de leur situation précédente c'est parce que la société dominante, celle composée par des couples classiques, ne cesse de faire violence sur elles afin de les convaincre de se ranger par des moyens les plus humiliants. De se ranger, en se trouvant n'importe quel conjoint ou bien de disparaître dans la dépression voire dans la mort. Nous sommes en guerre et même si, à la fin, c'est nous qui gagnerons, l'ennemi peut encore nous infliger tant de souffrances que nous devons faire très attention.
Tous les artistes, tous les créateurs se haïssent à mort. Ils décident de rester sur Terre tant que ce moyen d’oublier leur soi, de quitter, pendant des heures et des mois leur propre personne, marche. Dès qu’il y a une panne, dès qu’ils sont confinés en tête-à-tête avec leur ennemi mortel, c’est-à-dire avec eux-mêmes, ils le détruisent avec un plaisir sadique.
Au lieu de pleurer je me suis mise à pleuvoir. Car pleurer, c'est pour les petites choses. Parfois, on pleure pour un rien. Pleurer, c'est beau. Tandis que pleuvoir c'est être aussi triste ou aussi en colère qu'un ciel.
En outre, et ceci est le plus embêtant, la foule avait raison de t'en vouloir, même si elle s'y est mal prise et qu'elle n'a pas bien su formuler ses griefs et ses accusations contre toi. Et moi, au lieu de l'aider à voir ce qu'elle ne pouvait pas voir, à exprimer ce qu'elle n'arrivait pas à exprimer, je lui ai dit qu'elle avait tort. Je me suis même moquée d'elle. Je crois que mon amour des cochons m'a aveuglée. Et à mes yeux, c'était si flatteur de jouer au Christ, de me prendre pour Voltaire.
ceux qui ont l'occasion de voir un animal vivre dans de bonnes conditions peuvent se représenter immédiatement le bonheur à son état le plus pur. Ils jouissent du seul fait d'être au soleil, de courir, d'avoir des amis, de manger, de se réveiller. (p. 115)
Il n’y a rien de plus triste que la mort d’un amour. Rien.