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3.2/5 (sur 46 notes)

Nationalité : Pays-Bas
Né(e) à : Noordwijk , le 21 nov 1941
Biographie :

Margriet de Moor, née Margaretha Maria Antonette Neefjes, est un écrivain néerlandais.

A l'âge de dix-sept ans elle part étudier le piano au Conservatoire Royal de musique (Koninklijk Conservatorium voor Muziek) et ensuite aussi le chant. En tant que chanteuse, elle développe rapidement des affinités pour le chant moderne.
Elle termine ses études auprès d'Alban Berg (Sieben Frühe Lieder) et Pierre Boulez (Improvisations sur Mallarmé).

En1966 elle épouse le sculpteur Heppe de Moor (1938-1992) avec qui elle aura deux filles dont l'une deviendra sculpteur (Lara) et l'autre écrivain (Marente).

Pendant son mariage, elle étudie l'histoire de l'art et l'archéologie à l'université d'Amsterdam tout en donnant des cours de piano.

En 1984 elle et son mari lancent un atelier pour la rencontre entre les artistes et le public pour lequel elle réalise un nombre de films et de portraits vidéos qui présentent les artistes. Lorsque le financement de ses films pose problème, elle se lance dans l'écriture. Son premier livre Op de rug gezien (non traduit en français) en 1988 est bien reçu.

Elle connaîtra la notoriété avec la parution en 1991 de son roman « Gris d’abord puis blanc puis bleu » qui fut qualifié de chef-d'œuvre par la critique et traduit en 11 langues.

Ont suivi Le Virtuose (Robert Laffont, 1995), Duc d'Égypte (Le Seuil, 1999) et Le Rendez-vous (Le Seuil, 2003).
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Source : https://nl.wikipedia.org/wiki/Margriet_de_Moor
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L?oeuvre romanesque de l?écrivaine néerlandaise Margriet de Moor est considérable et surprend par l?impressionnante diversité des sujets qu?elle aborde et l?étonnante maîtrise d?un style souverain. Pianiste et chanteuse, Margriet de Moor a bien sûr fait de la musique un de ses thèmes de prédilection. le sentiment amoureux, la figure du double, celle de l?étranger, la sororité sont également des motifs fondamentaux d?une écriture attentive aux détails inattendus, pleine d?impertinence et parfois grinçante. Gris d?abord puis blanc puis bleu (Robert Laffont), Duc d?Egypte (Seuil), Une catastrophe naturelle (Maren Sell) sont des chefs d?oeuvre à redécouvrir. Les éditions Grasset viennent de publier Au premier regard. Ce bref récit nocturne et sensuel met en scène une jeune femme à la recherche des raisons qui poussèrent l?homme qu?elle aimait à mettre fin à sa vie. Animé par Jean-Antoine Loiseau. Dimanche 27 mai - Salle Molière - 33e Comédie du Livre

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
«  «  Je m’en prenais aussi à ma mémoire. J’avais beau fermer les yeux très fort, elle ne reproduisait quasiment rien, rien de cette intimité qui devait pourtant bien avoir existé , me semblait- il , lorsque tu vis en couple marié pendant un an et demi.
Ou pas ? »...
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Lorsque la Citroën reprit la route, il n'était plus question de rentrer le plus vite possible à la maison pour se glisser sous l'édredon. L'auto qui se dirigeait vers le petit port de débarquement était conduite par un homme qui réfléchissait fiévreusement à des solutions pratiques. A ses côtés, une jeune femme qui, répétons-le, n'était pas du tout à sa place. Elle aussi pourtant ressentait l'atmosphère étrange, intense, l'approche du danger, ce moment où les gens savent qu'ils doivent agir. Après trois ou quatre minutes, la digue apparut, comme une bosse se détachant sous la lumière de la lune. Lorsqu'on prenait à gauche, ici, on était à moins d'un kilomètre du port de débarquement – un simple ponton, dont l'accès par le quai, conformément aux prescriptions en cas de crue, devait être fermé par les vannes.

Mais l'auto freina et stoppa. L'instant d'après, Simon Cau courait, courbé, vers la digue, essayant de grimper à quatre pattes jusqu'au sommet. Ça semblait une gageure. Que voulait-il faire, agrippé aux herbes folles de cette misérable digue, construite en raidillon pour des raisons budgétaires ? Retombant chaque fois dans le réseau de taupinières inondées qui minait la construction de l'intérieur, il parvint néanmoins jusqu'au sommet. Impossible de se tenir debout, face à l'ouragan, sur une corniche bombée et étroite d'un demi-mètre à peine. Cau s'allongea sur le sol, tenant à deux mains sa casquette, et leva sa tête trempée par l'eau qui éclaboussait tout. Quelles visions apocalyptiques eut-il alors ? Des choses improbables dans un décor improbable ? Simon Cau respirait péniblement. En vérité, ce qu'il voyait à hauteur des yeux, à l'infini, c'était une masse d'eau qui montait en roulant ses vagues.

Lidy aussi était descendue. Elle se tenait là, à côté du talus, dont les entrailles produisaient un grondement tellement sonore qu'il couvrait le vent. Elle y prêta l'oreille un moment, sans savoir ce qu'elle écoutait. Ce remblai de sable recouvert d'une mince couche d'argile marin, après toutes ces années de flots déferlants, n'était plus bon à rien. Sur la crête vraiment très fragile, quelques murets, construits après l'inondation de 1906, présentaient quelques ouvertures pour les moutons. Le côté intérieur était déjà alors tellement poreux que c'est par miracle qu'il tint une heure et demie, cette nuit-là, avant de se déchirer sous l'énorme pression hydraulique s'exerçant de l'autre côté et de s'effondrer dans le fossé. Le côté extérieur excavé parvint à retenir la mer durant un quart d'heure, avant de se rompre définitivement.

Lidy dépêtra ses pieds de la boue et retourna en courant vers la voiture. Même sur la route en dur, on pouvait sentir la terre tressaillir.

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Margriet de Moor
Je peux être reconnaissante à mon mari pour ce doux parquet de bois. Il l’a posé lui-même. Je sais qu’il a déniché les lames en chêne dans une entreprise de démolition. Je sais même que ce lot provenait du Heidehotel. Pour fouler ce plancher, on devait certainement débourser pas mal d’argent autrefois. Tandis qu’il était occupé dans la pièce – j’entends les coups de marteau secs et vigoureux –, je peignais au guipon le chambranle de la porte de l’escalier menant à la cave. Je me souviens de ma satisfaction face à la couleur, un gris-vert qui aujourd’hui, près de quinze ans plus tard, est toujours très correct, et de la sensation de raideur dans mes doigts lorsque la peinture dégoulinant le long du manche commençait à sécher. Il n’y avait pas beaucoup d’espace pour travailler. De façon très nette, je revois mon aisance de bricoleuse du dimanche entravée par une pile de chaises de seconde main et descaisses pleines de cadeaux de mariage. Alors que je possède encore les bols chinois, la nappe avec les iris, le shaker et tout ce qu’on peut imaginer et que je les ai presque chaque jour encore sous les yeux, Ton, mon jeune époux, a totalement disparu. De quoi avait-il l’air. Quelles remarques pouvait-il bien lancer depuis le salon.

« Un vernis blanc, c’est peut-être quand même le plus beau. »

« Thé ou bière. »

« Tu sais qui j’ai croisé ce matin ? »

« Je suis déjà à plus de la moitié. »

« Oui. Mais pas ce que tu penses. »

Quelque chose du genre. Il n’est pas non plus impossible qu’il ait siffloté un petit air ou qu’il ait ri. Je peux me boucher les oreilles et me rappeler ses paroles. Mais ce sont des mots sans intonation, prononcés par une bouche pleine de sable. J’ai négligé d’observer mon mari, tout à son boulot.
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Le virage. La vitesse. Le froid glacial se déplaçait par bonds et de même filaient l'après-midi, le soir, sans transition il fit nuit. Lorsqu'elles eurent dépassé le premier moulin, Gemma n'eut plus rien à faire, elle pouvait se tenir au châle noué autour de la taille de Quirine. On allait très vite, maintenant. Les berges du canal de Haarlem se transformaient en rubans d'argent effiloché enroulés sur une bobine invisible. Loin derrière la lune, les étoiles de la voie lactée décrivaient d'élégantes spirales jusqu'au moment où la neige les anéantissait. Puis une poursuite de flocons blancs dont certains, tels des papillons-fantômes, atterrissaient sur ses paupières. Seulement froid, tellement froid, qu'au moment de croiser le deuxième moulin elle se sentit glacée jusqu'aux os, et au troisième moulin, jusqu'au fond du cœur.
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Margriet de Moor
Me voilà repartie pour une nuit d’insomnie.

Au fil des ans, j’ai pris l’habitude de me relever. Au début, je ne le faisais pas. Je restais au lit, me rejetais d’un côté puis de l’autre en écoutant sonner l’horloge. Ce qui est curieux, bien entendu. Tu voudrais entrer dans les heures innombrables, dans cet espace immense où la mesure du temps survient tout au plus en guise de plaisanterie, mais que fais-tu, tu marmonnes : « Une, deux, trois déjà, nom de Dieu ! » et, par vent d’est, tu entends quelques secondes plus tard le verdict confirmé. Le coup grêle du clocher de l’église du village. Pas le son d’une horloge, mais celui d’une cloche. Souvent, j’écoutais les trains aussi. Et j’étais frappée par le fait que toute la création pouvait se tenir immobile, les transports nocturnes continuaient sans interruption. Résignée ou en panique, je sentais le tremblement approcher, avant même le grondement des roues, enfler à travers champs et fossés, et finir par atteindre le miroir sur la commode, qui se mettait à vibrer de manière insupportable. Que fallait-il acheminer en si grand secret dans le paysage silencieux ?
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Oh, sois prudente!
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Ce que je fais, c’est me lever et descendre l’escalier, pieds nus, dans le noir. Anatole, le berger croisé, m’entend arriver et sait quelle heure il est. Quand j’entre dans la cuisine et y allume la lumière, l’animal est en train de s’étirer les pattes. J’attrape la farine, les œufs, le batteur électrique, le grand et le petit bol, et commence sans hésiter. Je n’ai jamais besoin de réfléchir à ce que je vais faire. Je le sais, c’est tout. Des petits sablés. Un cake aux pommes. Une quiche lorraine.

Je peux être reconnaissante à mon mari d’avoir à l’époque installé le four à hauteur de visage. De mon visage. Comme il avait aussi, par galanterie, adapté le plan de travail à ma taille et non à la sienne, qui était, comme les circonstances me l’ont appris, d’un mètre quatre-vingt-quatre.
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Entièrement vêtus, les deux sont assis ensemble. Elle porte une robe avec un col en V chaste et des manches qui tombent sur ses coudes. La seule chose nue, ce sont ses orteils qui dépassent de ses sandales.
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