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Citations de Marguerite Gurgand (10)


A ce moment, ils entendirent un roulement de voiture au loin, le trot d'un équipage. La dernière fois, ç'avait été le médecin de Ruffec. Ils se regardèrent.
"Et qui c'est-il, dit la vieille, qui peut être assez fou pour redemander le fabricant de cadavres ?"
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Des hommes entraient, tout empruntés :
"Faites excuse, vous tous, si vous plaît."
Ils déposaient une offrande, des fruits sauvages, noix, châtaignes, champignons ; parfois un garenne aux poils ébouriffés dont la prunelle, encore figée d'étonnement, n'avait pas eu le temps de se ternir ; parfois un jau vivant, la crête batailleuse, les plumes bariolées de reflets mordorés, ou encore un brochet, gueule béante, ouïes palpitantes, englué dans les herbes longues arrachées à la berge ; ou même une pannerée d'écrevisses grouillantes et bruissantes sur leur lit d'orties.
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Le curé et le charpentier, qui devaient bien approcher les cadavres, moururent à deux jours d'intervalle. Et depuis, les morts s'en allaient sans eau bénite et sans cercueil. On jetait seulement de la chaux dans les fosses avant de recouvrir les corps de terre, chrétiens et païens réconciliés dans la même sauvagerie.
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Soudain, il m'est revenu que ce banc sur lequel j'étais assise avait été une pierre tombale, récupérée dans quelque haie. Du temps où les protestants étaient interdits de cimetière par les catholiques, on leur faisait place à l'ombre des maisons parpaillottes. Chacun gardait les siens. Au Sud du Poitou, on découvre ainsi parfois au bout d'un carré de choux un tumulus décoré de verroteries funéraires, ou encore, au milieu d'un clos fleuri ou trois cyprès veillant le cimetière familial. Aujourd'hui encore, certains maintiennent la tradition, et la coutume locale abolit les décrets qui ont cours ailleurs.

376 - [p. 9]
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"Tu racontes, dis, marraine ?"
Elle remontait sur son front les lunettes cerclées d'acier, piquait entre le velours noir de sa coiffe et les bandeaux de ses cheveux gris la cinquième broche de la chausse en cours :
" Un conte ou une histoire ? " demandait-elle.
A dix ans, je ne craignais plus l'Ogre ni Barbe-Bleue, et je connaissais par cœur les aventures de Jean-le-Sot.
Marraine le savait bien, mais elle jouait avec mon impatience. Je suppliais :
" L'histoire des Demoiselles, tu veux bien ? "
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J'aurais aimé être de la Religion pour dormir ainsi sous les grands tilleuls de l'allée, là où le vent, coupé par le haut mur, ne sait plus que caresser. Il y fait si bon, si calme. Je me suis prise à penser que mon banc avait abrité le sommeil d'un saint, un homme tranquille et sans doutes. Et là, sur la longue pierre lisse, dans l'odeur puissante des orties foulées, oubliant d'un coup mes révoltes et mes impatiences, l'envie m'est venue de savourer la fin de mon gâteau - Miette après miette - Tout comptera désormais et tout me sera compté.
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Je n'ai connu d'elles que trois tombes pareilles, une grande maison déjà différente de celle où elles vécurent et une chape d'église en soie si lourde qu'elle faisait au prêtre comme un roide manteau de vierge espagnole. Au cimetière, à droite de la croix hosannière, la ferveur populaire avait entouré de buis leurs trois pierres moussues, sans nom, sans date. Pour la Toussaint, pour les Rameaux, quand on fleurit les tombes, les enfants que nous étions y déposaient rituellement une branchette bénie. Les vieilles femmes ne manquaient pas de venir se pencher sur ces mortes qu'elles n'avaient pourtant pas connues, elles faisaient un signe de croix et remuaient les lèvres pour une prière. Nous interrogions à voix basse : " Qui est-ce ?" et l'une ou l'autre de ces priantes en mante noire interrompait son chuchotement : "Des saintes, mes petites."

(Prologue).
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Les fameuses "pièces d'Inde", comme on désignait les Noirs jeunes et vigoureux, devinrent le signe extérieur de richesse des colons. Pour se les procurer, les négriers écumaient les côtes. Celles des îles, d'abord, le cap Vert, les Açores, Madère, puis toute la côte ouest de l'Afrique, et enfin la côte orientale. Les razzias ne suffisant plus, il fallut séduire ou soudoyer les roitelets locaux. L'empereur des Bissagos fit battre le "bombalon" pour rassembler ses sujets, que les capitaines puissent choisir...La France offrit au Dahomey un carrosse doré. Combien d'hommes pour un carrosse ?
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Avec une telle ascendance, personne n'aurait recueilli les deux fillettes, mêmes si elles avaient été moins vicieuses. Elles avaient survécu de rapines, de vols, de tromperies, et aussi des conseils et des herbes qu'elles vendaient dans l'ombre aux femmes en folie pour les débarrasser du fruit du péché.
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Quand on mélange les louis d'or et les œufs de cane, le tri se voit toujours.
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