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4.83/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Née dans le Paris de Robert Doisneau, la petite aventurière que j'étais en a parcouru toutes les rues du 17e arrondissement jusqu’à l’âge de dix ans. Ensuite, c’est la ville de Nice qui ma vue grandir et devenir femme. Aujourd’hui, je vis dans un petit village du sud-ouest de la France.
Croqueuse de livres depuis l’enfance, j’ai consacré beaucoup d’énergie à convaincre mes semblables d’en faire autant, surtout quand je travaillais en librairie.
Plus tard, avec la création de ma bouquinerie, je suis passée du statut d’employée, à celui de chef d’entreprise. Une belle aventure aujourd’hui terminée.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Une mise en abyme où l’imaginaire ne désirait qu’une chose : aller de plus en plus loin, de plus en plus haut, de plus en plus profond sur les chemins de l’inconnaissable Connaissance. Comme une algue extraordinaire, l’éclat doré des bois précieux glissait le long des courbes et des arêtes des meubles. Mon regard effleurait tout, ne savait où se poser, où s’attarder. Il butinait. Il allait de la lumière ambrée des godets d’opale à l’ombre blanche d’une statue. Se perdait dans les veines roses ou grises qui couraient, désordonnées, dans la chair glacée des marbres.
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Dans la pénombre de la chambre, elle ferme les yeux. Elle se revoit marcher d’un pas pressé le long des rues. Elle se dépêchait, comme en retard à un rendez-vous. Maintenant, derrière ses paupières closes, la lumière éblouissante du matin repousse l’ombre de la nuit. Place de la République… Rue du Port… La tête vide de toute raison, mais pleine de soleil, de lumière, elle va vers Lui. Elle avance dans cette artère comme si celle-ci n’avait été qu’un long couloir nu et gris.
Voilà…
Assise sur le banc intégré à une jardinière qui déborde de pétunias, elle a le sentiment d’être non pas en dehors, mais à l’intérieur du temps. Juste là. Saturées et violentes, les couleurs claquent dans l’espace. Partout, il y a de grandes dégoulinades d’or, de cuivre, d’amarante. Et ce bleu azur. En haut, en bas. Partout. Dans toutes les nuances imaginables. Un pur bonheur. C’est comme une sorte de mélodie visuelle, juste composée pour ces régions de l’âme qui cherchent toujours à s’envoler. Sur l’eau marine du port, les taches de gas-oil irisées s’étalent paresseusement. L’air frémissant de chaleur paraît scintiller. Avide, son regard va d’un point à un autre. Il veut tout. Ne rien oublier. Par la rétine, il veut imprimer à la mémoire les ocres rouges ou les jaunes fanés des immeubles. Il veut cette barque au lamparo baptisée BARABBAS, et puis aussi toutes les autres, toutes ces coques blanches ou colorées qui flottent mollement sur l’eau morte. Tout voir. Ne rien oublier. Même ce sac de plastique qui ondoie entre deux courants, assigné pour on ne sait combien de temps à ces eaux qui sont pour lui comme un purgatoire. Dans son esprit, des mots s’alignent dans un ordre presque parfait. Vite. Elle sort de son sac de quoi écrire et les note sans réfléchir. Vite. Comme on le fait avec les mots farouches, difficiles à capturer. Mais ne devient pas chasseur de mots qui veut. C’est son cas, elle le sait. Maladroite, quand après coup elle relit ceux qu’elle vient d’emprisonner sur le papier, ils lui apparaissent souvent tristes et misérables. Muets, ils n’expriment plus rien de ce qu’elle avait cru saisir. Elle déchire le papier-prison. Mots-confettis pour idées mortes.
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ELLE :
Avant qu’elles n’aient totalement disparu, elle rattrapa les dernières images du rêve qu’elle venait de faire. Elle était dans le ciel. Et elle flottait. Oui, c’était bien ça, elle flottait, elle ne volait pas. Curieux… Elle ne se sentait ni bien ni mal. Qu’est-ce qu’elle faisait dans ce ciel bleu ? Un beau ciel d’été, d’une couleur à la fois limpide et profonde. Il y avait quelque chose d’autre aussi, avant cette séquence. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Elle fouilla dans le bloc de ses souvenirs nocturnes, essayant de retrouver l’intégralité du songe. Ce n’était pas très loin, elle le sentait. Il y avait comme un mouvement, un étonnement. Mais ça s’échappait, ne voulait pas se laisser attraper. C’était à cause de l’impatience qu’elle ressentait à l’arrière-plan de sa conscience. Bien qu’encore allongée dans son lit, elle était déjà debout, sur le départ. Elle sut que ce qu’elle cherchait ne reviendrait pas. Bof ! De toute façon, cela n’avait aucune espèce d’importance.

En un temps record, elle expédia petit déjeuner, vaisselle, toilette, derniers rangements et bouclage des sacs.
Dans les pièces côté rue, elle laissa les vantaux levés, pour donner l’impression d’une présence dans l’appartement. Côté cour, tout en bas, dans l’ombre, elle ne vit pas l’homme. Il n’y avait que le grand carton sur lequel il venait se coucher le soir et qui faisait une tache plus claire contre le mur où il était appuyé. L’avait-on embarqué puis conduit dans l’arrière-pays ? Là où il ne souillerait plus le décor avec sa pauvreté ? Elle décida que non, et se dit qu’il avait dû trouver une meilleure place.
Son regard balaya une dernière fois les façades des immeubles qui encerclaient la cour. Dans l’éclairage du petit matin, elles avaient l’air moins lépreuses et les peintures des persiennes moins écaillées. Les géraniums dormaient encore dans leurs jardinières ; mais sous peu, sous la caresse du premier rayon de soleil, les incarnats, les roses vifs et les vermillons éclateraient tous de rire en même temps.
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C’étaient les vers d’un anonyme, un homme malheureux. Peut-être un amant délaissé ? Ignoré ? Un matin, un soir, quelque part, ces mots tristes s’étaient échappés de lui. De toute leur force, ils appelaient pour la délivrance de son âme. On le sentait inconsolable. Ces vers étaient si anciens, que le nom de l’auteur s’était perdu dans les replis du temps. C’était il y a mille ans. Hier, en somme.

Il y a longtemps, plus longtemps que mille ans, à l’abri de la nuit et des dangers extérieurs, dans une cahute à peine éclairée par un feu circonscrit dans un cercle de pierres à même le sol, un homme est accroupi. Parfaitement immobile, les fesses en appui sur ses talons, il semble méditer. Son regard est indifférent au mouvement orangé des ombres qui anime la paroi devant lui. Hormis les crépitements sporadiques du bois qui se consume dans le foyer, la pièce est plongée dans un profond silence. Son esprit est totalement absorbé par une réflexion qui a trait à une émotion, un sentiment, quelque chose qu’il n’a encore jamais éprouvé. Tout au fond de lui, ça fait comme une faiblesse. Comme si son cœur allait déborder de sa poitrine. C’est à cause de Râh. Il n’arrive plus à penser à autre chose sinon à elle, seulement elle. Tout à coup, parce qu’une pensée vient de traverser son esprit, il se saisit d’une brindille, se penche en avant, et tente d’exprimer dans la terre sablonneuse à ses pieds ce qu’il éprouve ; c’est une suite de traits qui ondulent et s’entrecroisent. Lacis symbolique et merveilleux. Un poème abstrait. Une ode à l’amour, malhabile et grandiose.
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Centre-ville. Les trottoirs étaient bondés de monde. Elle se demanda si l’idée qu’elle avait eue le matin d’aller au cinéma était si bonne que ça.

Depuis qu’elle avait débouché sur l’artère principale, elle s’était mise à marcher plus vite, emportée malgré elle par le flux chaotique de la foule. Ça lui donnait l’impression d’être pressée, elle aussi. Les rafales de vent agitaient devant ses yeux quelques mèches de cheveux, qu’elle écartait mécaniquement toutes les dix secondes. Le geste l’agaçait. Les mains plaquées sur leurs robes, l’une devant, l’autre derrière, les femmes bataillaient ferme pour tenir dissimulées leurs cuisses et leurs petites culottes. Au moment où elle croisait un vieil homme, elle vit la casquette de celui-ci bondir littéralement en l’air, subitement arrachée de sur son crâne par une rafale. La contrariété remplaça instantanément la surprise sur sa figure. Et Katharine crut lire au même instant dans son regard un : Hé ! Raubaire de capèu !
Les feuilles jaunies des platanes et les papiers sales, qui d’habitude se contentaient de joncher le sol, tourbillonnaient aujourd’hui en tous sens dans l’espace. Perpétrées par une entité invisible et sûrement polydactyle, toutes ces folies ressemblaient aux farces d’un môme surexcité. Dans l’air comme par terre, rien ni personne n’échappait aux bourrasques du Mistral. Un vrai barnum. C’en était presque épuisant.
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Incipit
Lourdement plombé, le ciel ardoise semble sur le point de s’écraser sur la prairie cramée de soleil. Au loin, d’imposants cumulo-nimbus gonflés de colère préfigurent l’imminence de l’orage. L’atmosphère poisse d’humidité. Contrastant avec tout ce gris, les hautes herbes jaunes et les frondaisons des arbres lancent des éclats d’or et d’émeraude dans l’éther, où plus rien ne voltige ni ne vrombit.
À environ deux ou trois kilomètres de distance, la silhouette d’un bâtiment se loge dans son regard. Un abri potentiel ? Il l’espère, en tout cas, et force l’allure, pressé de se mettre à couvert. L’espace de quelques secondes, le froissement de l’herbe joint à l’effritement des mottes de terre sous ses pas attire son attention. Des sons minuscules qui, bizarrement, le connectent à un souvenir d’Eva. Il revoit son air taquin, quand elle l’appelait « le roi d’la rando’ », à cause de ses pompes Salomon. Celles-là mêmes qui foulent cette prairie aujourd’hui. Eva… Il ne sait pas ce qu’elle est devenue. Ni même si elle est encore de ce monde.
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Je me souviens, ce matin-là, dans mon lit, pas encore tout à fait réveillée, en quête d’un peu de fraîcheur, j’ai retourné mon oreiller. J’ai fait ça sans trop bouger, les yeux fermés. Je comptais sur cette économie de moyens pour feinter le sommeil et le rattraper en douce. Mais rien n’y fit. Ni mon corps ni ma conscience ne se sont laissés abuser par ce stratagème aussi vieux que l’histoire des édredons, le temps qui lui était imparti était écoulé. Je ne me rendormirais pas et le savais. C’était à cause de cette balade que je devais faire à Beaulieu-sur-Mer. Depuis la veille, l’idée de cette sortie occupait entièrement mon esprit. Le sommeil ne l’avait pas chassée, bien au contraire. Il devait être assez tôt, car dans la rue, hormis le passage d’une ou deux voitures, tout était très silencieux. La lumière grise qui filtrait à travers les lames des persiennes était celle de l’aube. Une lumière d’un joli gris, presque gai. Un gris harmonisé à la saison d’été.
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Il y a longtemps, plus longtemps que mille ans, à l’abri de la nuit et des dangers extérieurs, dans une cahute à peine éclairée par un feu circonscrit dans un cercle de pierres à même le sol, un homme est accroupi. Parfaitement immobile, les fesses en appui sur ses talons, il semble méditer. Son regard est indifférent au mouvement orangé des ombres qui anime la paroi devant lui. Hormis les crépitements sporadiques du bois qui se consume dans le foyer, la pièce est plongée dans un profond silence. Son esprit est totalement absorbé par une réflexion qui a trait à une émotion, un sentiment, quelque chose qu’il n’a encore jamais éprouvé. Tout au fond de lui, ça fait comme une faiblesse. Comme si son cœur allait déborder de sa poitrine.
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Brune, pétillante, éminemment exotique, Komel a vingt-deux ans lorsqu’elle croise la route du blond et ténébreux David Crowley. L’image fait cliché, mais il n’y a aucun moyen de dénicher quelque chose d’aussi pertinent entre ces deux-là : c’est un foudroiement. Pour dire : l’événement est si violent, qu’en un clin d’œil ils décident de se marier. Komel, originaire d’Arabie Saoudite, mais élevée au Pakistan, est musulmane. Qu’importe ! Elle apostasie et rejoint les rangs de la chrétienté. Six semaines après leur première rencontre, sidérant les deux familles par la rapidité de leur décision, ils se disent « oui » le 14 mai 2008 en présence du juge de paix WM. D. Martin, à Waco, McLennan county, Texas. On ne doute pas que ce jour-là, le soleil devait briller un peu plus fort pour eux deux.
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Écrire, c’est à la fois peindre et faire de la musique.
Les mots sont des notes de couleurs. Il y en a des vives et des pastel, des sombres et des claires, des douces et des violentes, avec toutes les nuances possibles et imaginables entre chaque proposition.
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