Si le souci de protéger la santé est bien présent lorsqu’on décide d’inclure un additif dans la liste des autorisations ou d’élargir son champ d’application à de nouvelles denrées alimentaires, ce souci n’est pas pour autant prioritaire dans la prise de décision.
En effet, trois critères sont pris en compte : le besoin technologique, l’utilité pour le consommateur et l’innocuité. On voit que la marge d’interprétation est très large et le poids accordé à chaque critère déterminant. Le besoin technologique est évidemment déterminé par l’industrie, laquelle raisonne avant tout en termes de réduction des coûts de production et de conquête de marchés. Comme l’Union Européenne et, en particulier, la Commission sont très sensibles à ce type d’arguments, il est clair que ce premier critère pèse d’un poids très lourd dans la balance.
E280 Acide propionique
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Additif très mal perçu en Allemagne (où il était interdit depuis 1988 pour être autorisé à nouveau en 1996 en raison de l’harmonisation des législations européennes) étant donné que, selon certaines sources, il provoquerait, chez le rat, des modifications du pré-estomac ressemblant à des modifications cancéreuses. On ignore cependant ce que cela signifie pour l’homme étant donné qu’il ne possède pas de pré-estomac. Dans la littérature originaire d’autres pays européens, cette substance est considérée comme inoffensive.
Autorisé pour le pain en tranches et la pâtisserie préemballés, le pain partiellement cuit et le traitement en surface des fromages et succédanés de fromage.
E950 Acésulfam-K
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La dose journalière admissible peut facilement être dépassée par les enfants. Cet édulcorant est considéré comme inoffensif. Cependant, la majorité des études toxicologiques démontrant son innocuité a été réalisée à l’initiative de la SA Hoechst (société productrice de l’édulcorant).
Faire le choix d’éviter des produits alimentaires où se retrouvent des additifs suspects ou réputés dangereux est un acte politique. Il passe cependant par une information correcte, information que les pouvoirs publics ne donnent que de manière gravement lacunaire.
[…] lorsque des soupçons pèsent sur une substance, elle n’est pas purement et simplement interdite comme le voudrait le principe de précaution ; dans un tel cas, le Comité scientifique pour l’alimentation humaine (chargé par la Commission européenne d’évaluer la toxicité des additifs) définit une dose journalière admissible en dessous de laquelle il espère ne pas voir se produire d’effets nocifs et décide de réévaluer la substance quelques années plus tard, à la lumière de nouvelles études. Souvent, sous la pression du lobby agroalimentaire, il faut disposer de très nombreuses preuves établissant la nocivité d’une substance pour qu’elle soit enfin retirée du marché.
Cependant, un autre facteur intervient dans cette pratique : c’est la propriété des antibiotiques, utilisés à faible dose, d’améliorer la conversion alimentaire et donc d’accélérer la croissance. Ainsi, un poulet de chair « industriel » peut-il atteindre en 7 semaines, essentiellement grâce au dopage médicamenteux, un poids de 2,3kg, devenant ainsi « propre » à la consommation. Son congénère « naturel » dépasse péniblement le kg au bout de la même période ; ce n’est qu’après 12 semaines qu’il atteindra 2,2kg…
Récemment, la Commission européenne a établi le répertoire des substances utilisées comme arômes dans les Etats membres de l’Union européenne : il y en a plus de 3000 ! La législation qui les concerne est beaucoup moins exigeante que celle relative aux colorants, édulcorants et autres additifs. En effet, ces arômes n’ont jamais été évalués scientifiquement quant à leur innocuité et les dispositions légales en vigueur concernent avant tout les procédés de fabrication de ces substances et les valeurs limites pour quelques substances indésirables qui pourraient s’y retrouver.
E491 Monostéarate de sorbitane
E492 Tristéarate de sorbitane
E493 Monolaurate de sorbitane
E494 Monooléate de sorbitane
E 495 Monopalmitate de sorbitane
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Lors d’essais sur animaux, à forte dose (à partir de 25% dans l’alimentation) des lésions d’organes, diarrhées et pierres à la vessie ont été constatées. La dose journalière admissible peut être dépassée par la consommation de 150g de pâtisserie fine ou de 300g de desserts ou confiseries.
Autorisés pour de nombreux aliments.
E714 Monensin-sodium
Antibiotique ionophore (polyéther) utilisé à titre prophylactique, comme coccidiostatique et comme facteur de croissance.
Comme tous les antibiotiques, contribue à la formation de sources de bactéries résistantes. Des résidus de cette substance et de ses métabolites peuvent être retrouvés dans le foie des animaux traités. Le monensin-sodium est toxiques pour les mammifères et plus particulièrement pour les chevaux.
Autorisé pour les bovins à l’engraissement, les poulets de chair, les poules pondeuses et les dindons.
Tout comme pour l’alimentation humaine, de nombreux additifs peuvent être utilisés en alimentation animale. Ici aussi, il s’agit généralement de « corriger » les carences et déséquilibres d’une alimentation industrielle qui remplace, dans les élevages intensifs, l’alimentation traditionnelle des bovins, des porcins ou des volailles.