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Critiques de Maria Pourchet (557)
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Feu

Elle, c'est Laure, mariée, deux filles dont l'aînée la « fatigue ». 40 ans, elle est maitre de conférence.

Lui, c'est Clément, célibataire, un chien trouvé gare de l'Est, qu'il a nommé Papa pour emmerder sa mère, 50 ans, bosse pour la Banquise ( avec des pingouins 😁), où il se “géle les c.......”.

Le Clément est un personnage cynique, qui gagne beaucoup de blé dans la finance, regarde beaucoup de YouPorn , s'ennuie et s'en fout de la vie et de tout. La Laure, une femme en manque. La rencontre est à première vue professionnelle, mais ça dégénère, comme on l'imagine. A minuit il lui envoie un sms , « qui es-tu ? », elle répond alors que le mari l'appelle au lit, « j'ai envie de vous ».......

Raconté comme ça, ça semble pire que du Harlequin « hard », mais la forme narrative et l'humour, sont très particuliers chez Maria Pourchet. Deux monologues juxtaposés, Laure se parlant à elle-même à la deuxième personne du singulier avec sa mère en voix Off qui intervient d'outre tombe ( rappelant fortement l'image de la mère de Woody Allen dans New York Stories ), l'Autre s'adressant à son clébard et quelque fois à sa mamôn chiante. Deux personnages peu attachants, peu attrayants, pourtant on ne les lâche pas, du moins les premiers trois-quarts du récit.

Un texte dense, tissé serré où l'écrivaine aligne pensées et faits à la queue leu leu sans respirer, qu'il faut suivre 😁! Une forme, un rythme, que j'ai senti comme la métaphore de nos vies citadines qu'on vit en apnée, entre boulot / famille / dodo / loisirs et autres digressions si le temps permet, pour finalement n'aboutir qu'à l'insatisfaction. Beaucoup de vérités et de subtilités entre les lignes de ce récit riche et intelligent.

Un titre parfait , FEU, qui sied bien au style narratif et au sujet. FEU au c.., car l'amour dans le sens que je l'entends, ici est quasi inexistant. Une forte attraction charnelle pour la Laure ( Dieu sait pourquoi pour cet énergumène fatigué de la vie, qui aimerait probablement être à la place de son chien ), que le Clément d'ailleurs prends au vol car l'occasion se présente, et pas « parce que c'était toi, parce que c'était moi ». Car c'est deux là au fond n'ont rien en commun, sinon une chose : ils ne se comprennent pas et n'ont rien à se dire. Comme dit le Clément ils sont constamment en mode OFF. Et le jour que l'Autre lui sort un "Je t'aime" , le Clement est embarrassé ,"sûrement se dit-on je t'aime pour conjurer l'ennui", pense-t-il.

Autre détail original, les titres de chapitre. Pour Laure , rien, aucun titre. Ceux de Clément, son rapport médical quotidien avec jour, température corporelle, tension artérielle....résumé clinique de la vie d'un type qui semble absent de l'existence, le FEU chez lui étant seulement dans la cuisine.....car même avec le c.. il doit faire des efforts 😁.



Le fond du livre terriblement triste, l'amour, l'amitié, le sexe, les relations familiales...., est sauvé par la forme et l'humour jubilatoire, mais qui vers la fin que j'ai trouvé banale, s'essouffle, l'histoire aussi. Cette passion amoureuse dont parle les critiques malheureusement je n'en ai pas senti une once. Ce qui pourtant n'amenuise pas l'intérêt du livre lu d'une traite, dont l'écriture puissante en est la principale force. Je lui souhaite bonne chance pour les prix Goncourt et Renaudot pour lesquels il est en lice !



Comme le dit si bien ma copine babeliote alexb27 à qui je dois cette lecture, « ça passe ou ça casse ». Chez moi ça a passé assez bien , merci Alex !



"Le pire c'est d'avoir le droit, tous les droits, et demeurer incapable de s'en saisir."

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Les impatients

Ironique, tendre et enlevé, le ton de Maria Pourchet surprend et séduit.

Elle s’amuse avec ses personnages, le narrateur et nous-mêmes. Et c’est plaisant.

Un style détonnant qui part à toute vitesse, se saisit de nous, pour ne plus nous lâcher.



La vie et l’œuvre de Reine, "business woman", qui va plus vite que son ombre nous est décortiquée par le menu, avec un ton caustique mais tendre.



Mais cette droguée de travail et succès, à qui tout réussit, n’est-elle pas en train de rater sa vie ?

C’est cette question, simple et actuelle, qui sera le fil rouge de ce roman hors des sentiers battus de la narration.



« Reine était devenue ravissante. Un visage, une chevelure, une allure à boire à l’œil dans tous les bars de métropoles. Encore qu’elle en ait peu profité, elle n’est pas sortie de ces six dernières années. Il faut savoir ce que l’on veut. »



Le portrait d’une "workaholic" de la cosmétique – elle travaille dans une entreprise de parfumerie et de soins esthétiques – en dit long sur de nombreuses vacuités de notre société.

Une impatiente, parmi tant d’autres, qui n’a plus le temps de vivre.



Un livre frais et dynamique qui ne manque pas de sel... En parlant de sel justement, Reine renaîtra-t-elle de ses cendres dans les algues, qui semblent aussi être la voie royale pour les cosmétiques ?



Malheureusement, et c’est un gros regret, le style Pourchet a pour moi fait long feu, finissant par me lasser. La magie n’opérait plus, malgré tous les tours ingénieux que l’auteure pouvait mettre en place. Son ton décalé n’agissait plus.



Merci aux éditions Gallimard pour la découverte de cette auteure atypique !
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Feu

La romancière Maria Pourchet est en lice pour le prix Goncourt et pour le prix Renaudot avec « Feu », son sixième roman. le sujet, l'adultère et la passion amoureuse, a déjà été traité d'innombrables fois dans tous les styles depuis fort longtemps, donc quoi de nouveau cette fois ? Rien, ou si peu !



C'est l'éternelle histoire de Madame Bovary qui s'ennuie et qui prend un amant. L'histoire d'une rencontre inattendue entre deux personnes qui n'ont en commun que l'ennui et la monotonie de leur existence, l'histoire d‘une passion éphémère entre un cadre dans une banque, en pleine crise existentielle, qui vit seul avec son chien, et une femme mariée, enseignante fatiguée, mère de deux adolescents à problèmes. Chaque chapitre va donner la parole à tour de rôle aux deux personnages sous forme de monologue intérieur, et on comprend vite que cette passion amoureuse est vouée à l'échec même si elle s'accroche à lui comme une bouée, excitée par l'idée d'avoir un amant plus que par l'amant lui-même.



Un roman au ton direct entre causticité et vulgarité et où les effets de style sont répétitifs donc fatiguants. Grande déception pour moi pour ce FEU qui laisse froid, et un avis opposé à la majorité des critiques car je me suis rapidement lassé car gêné par le style haché et décousu auquel je ne me suis jamais adapté. On ne s'attache pas aux personnages trop superficiels, il est vrai que ce n'est certainement pas l'objectif de l'auteure.

J'avoue avoir arrêté ma lecture au milieu de ce roman, que j'ai trouvé ennuyeux, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plusieurs années.

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Feu

Personne n'aurait parlé de ce livre-là, tout se serait bien passé.

J'aurais lu les trente premières pages, refermé le bouquin et je l'aurais revendu.

Acheté vingt balles, repris cinq, perte sèche.

Pas de chronique, évidemment. Basta.

Au lieu de ça, je l'ai terminé. Mais quelle était cette œuvre du siècle, portée aux nues, encensée par tous, le Houellebecq féminin disait-on ? D'aucuns criaient au génie, à la merveille, au chef-d'oeuvre. S'ensuivait généralement une avalanche de louanges sur l'écriture (ciselée, vive, etc etc)… Nulle part la passion amoureuse n'avait été évoquée avec autant de puissance, d'intensité. C'était fou, « Feu ». Un prodige.

Il fallait donc le terminer.

Le problème, c'est que dès le début, je n'ai rien compris. Je ne savais pas qui parlait, ni à qui, ni de quoi. Alors, évidemment, ça n'aide pas. Le pire étant les passages qui ont lieu dans une banque. Là, c'est d'un chiant absolu, la traversée du désert (un chapitre sur deux presque.)

Bon, j'ai quand même compris qu'une femme Laure (prof de fac, évidemment, elle connaît par coeur Jürgen Habermas - putain la sociologie, ça commence à me gaver ferme!) donc cette Laure aime le gars qui bosse dans la banque. Alors là, pourquoi elle l'aime, j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre : il est moche, maigre, maladif mais surtout très très con, pas sympa et en plus, le seul être qu'il aime, c'est son chien. Bon, c'est sûr, elle, elle fait pas beaucoup plus finaude malgré ses références à Habermas. Donc, elle l'aime, mais franchement, si c'est ça la passion ! Il est bien tiédasse ce feu! Lui, à vrai dire, on comprend pas bien ce qu'il veut, s'il veut ou pas, il hésite (il est minable et pour autant n'a rien de houellebecquien, je vous rassure, non, minable, c'est tout.) On ne ressent aucune empathie pour ce gars (ni pour l'autre gourde d'ailleurs) dont on se fout complètement parce qu'on n'y croit pas une seule seconde à ces deux marionnettes … Plus qu'à deux personnages, Laure et Clément ressemblent à deux concepts fantomatiques, au service d'une vague réflexion sociologique qui n'aboutit qu'à une fin grotesque.

Passons…

Ah si, j'oubliais, elle a une fille, cette Laure, enfin, une ado improbable au langage caricatural qui parle d' « Andromaque » comme aucun ado ne parle en réalité ! (et d'ailleurs, quel ado parle d'Andromaque ?) Franchement, j'avais l'impression de lire un chapitre des « Bolloss des belles-lettres »...

Quant à l'écriture… Une posture, une imposture ? Si on en est là… (entre nous, qu'est-ce que notre époque manque d'ambition quand même!)

Au fait, je vous ai dit que le chien du gars, il s'appelle Papa. Comme c'est rigolo.

Mouais...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Feu

Clément, feu le Corgi de Michel Houellebecq, donne son prénom au héros de Maria Pourchet, golden boy, 300 kilos euros annuels, membre du CODIR de la Baltique, une institution financière qui heurte l'iceberg des agences de notation.



Papa, Bouvier bernois, compagnon de Clément est le sympathique héros de ce roman. Son maitre, le « je » de ces pages, éternel adolescent célibataire, se laisse mener par Papa et entretient une relation complexe avec Maman retirée en province.



« Je », quinqua-joggeur, obnubilé par ses paramètres vitaux, introduit chacun de ses chapitres par sa fréquence respiratoire, sa fréquence cardiaque, sa tension artérielle et sa température corporelle. Modèle de servilité et du politiquement correct, il caresse les médias en influençant ses inter-relations explicites.



Laure, médiocre Maitre de Conférences à 2000 balles par mois, a oublié les leçons de feu sa mère et feu sa grand mère, et, moderne Marie couche toi là, « siffle et mets les pattes en l'air », résumait Zola. Mère d'une ado Véra, dont elle n'a connu du père que le prénom, « tu » a recomposé sa vie avec Anton et leur fille.



« Tu » rate méthodiquement l'éducation de Véra, lycéenne exaspérante qui devient une emmerdeuse, inquiétée à juste titre par la justice, avant de dériver vers la prostitution occasionnelle.



« Tu » siffles « Je », mets les pattes en l'air, et entame deux cents pages d'adultère, dans un style verbal, haché, parfois aboyé qui peut dérouter le lecteur mais caricature cruellement une langue achevée par le SMS.



Cette tragédie « feel bad » et d'une misogynie assumée s'achève en bucher bestial et inoubliable.



Déroutant, malgré quelques longueurs, « Feu » dessine une critique acide de la start-up nation, des Bobos errants entre Paris et La Défense et jette un regard inversé sur le harcèlement, qui, dans une conjoncture #MeToo, agacera les biens pensant.e.s. mais offre une lecture corrosive et jubilatoire.
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Western

*Le con en rut est le truand*



L'écriture de Maria Pourchet pique aux yeux, et ce n'est rien de le dire. Les mots claquent, les phrases s'entrechoquent, c'est cru, c'est cuit. C'est parfois incompréhensible si nous n'avons pas à disposition les neurones de l'autrice pour nous éclairer. Bref, on ne rentre pas dans ce roman comme dans un bon bain tiède. Il faut d'abord l'apprivoiser.



De Western, il n'y a que le titre. Oh Maria Pourchet tente bien à la fin de chaque chapitre de nous restituer en quoi ce cela est pour elle du western. Autant dire que, pour moi, ce n'en est que plus nébuleux.



Et ça parle de quoi ce western ?

Alexis, bel acteur, joue Dom Juan. Alexis, sous des airs bien comme il faut saute (sur) tout ce qui bouge... dont Chloé, une de ses élèves. Assez sensible. Il a divorcé d'Olivia.

Un jour notre Dom Juan, en a sa claque et disparait sans laisser de trace. Il coupe réseaux et téléphone et va dans l'ouest. Là, il se retrouve chez Aurore.



Aurore, elle vit avec son fils dans la maison de sa mère qui est décédée quelques mois plus tôt. Alexis débarque chez elle. Et quand un inconnu débarque chez vous comme ça, qu'est-ce qu'on fait ??? Ben on l'emmène dans sa chambre et on le baise. (Je pense que Maria Pourchet a comme des fantasmes de plombier de film de cul parfois).

Et puis, Alexis lui apprend que la maison est à lui et que maman l'avait vendue en viager (Rassurez-moi, il y a bien des notaires en France que l'on voit obligatoirement en cas de décès pour l'héritage des biens immobiliers ??? Non ??? ). Elle ne veut pas s'en aller, il ne veut pas s'en aller, ils vont apprendre à s'aimer. Mais aimer, est-ce bien ce qui leur convient ?



Pour moi, c'est un roman sans grand intérêt. Les personnages sont pathétiques à souhait. Trop de scènes de cul qui ne servent pas du tout le roman. Pourquoi 3 étoiles alors ??? Parce que j'avais quand même envie de savoir comment ça allait se terminer
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Feu

Feu, c’est l’histoire d’un amour, adultère, banal.



Lui vit seul, travaille dans la finance, avec les risques que cela comporte en cette période troublée où de nouveaux objets de consommation, masques et gel, ont fait leur apparition, et se confie à Papa, un bouvier berlinois qui partage son quotidien.



Elle enseigne à l’Université, quand elle n’organise pas le quotidien d’une famille ordinaire, un mari médecin généraliste, une ado rebelle et une gamine.



La rencontre se fait autour d’un projet de colloque, mais la solitude ressentie, l’âge des dernières occasions et un nuage de phéromones volatiles modifie l’essence de leur rapport.



Ce qui crée l’intérêt de ce roman, ce sont la construction et l’écriture.



L’alternance des points de vue crée une dynamique dans le récit et met bien en valeur les enjeux si éloignées qui vouent à l’échec la relation, viciée dès le départ.



Si l’homme s’adresse à son chien, et l’effet comique est réussi, la femme se parle à elle-même, avec le recul que crée le tutoiement, comme si elle se regardait vivre, comme dans une expérience de sortie de son propre corps.



En filigrane, la présence éternelle et plombante des mères, oiseaux de mauvaise augure et génératrices de culpabilité…



Jolie trouvaille que les titres de chapitre qui donnent un bulletin concis de l’état physiologique de l’amant.



Avec un humour parfois un peu cynique, et beaucoup d’esprit, l’auteur signe là un roman qui devrait se distinguer au cours de cette rentrée, et l’efficacité de l’écriture est une belle incitation à revenir sur ses écrits passés.


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Toutes les femmes sauf une

Au rayon nouveautés de ma bibliothèque, ce petit livre orange qui me faisait de l’œil, un résumé aguicheur, allez zou, on embarque. Si les premières pages étaient plutôt bien parties, j’ai néanmoins poursuivi avec un sentiment de lourdeur qui n’a fait que de s’amplifier.



Roman aux allures autobiographiques, Maria Pourchet sent le besoin de raviver son enfance, l’histoire de la Mère alors qu’elle s’apprête à donner la vie à une fille, Adèle. Pour casser le cercle vicieux des femmes de sa famille, pour éviter le poids du fardeau généalogique sur sa fille, elle exorcise les démons de sa vie. Misère, que ce fut éprouvant et lourd! Un récit où j’ai dû m’accrocher tant il est acerbe, cérébral, pas toujours très clair, des mots qui font corps avec des maux pas très clairs non plus. Bref, une plaidoirie acerbe et méprisante sur sa mère, sur la femme en général, un ton accusateur tout le long, une plainte qui semble sans cesse s’excuser pour la petite Adèle.

Je termine ce roman avec un sacré mal de tête, pas pour moi ce genre de littérature. Next.
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Western

C'était avec une grande impatience, que j'attendais la sortie de ce roman. Un livre au delà de mes attentes, c'est un véritable petit bijoux.

Grace à une écriture fluide, elle nous envoute dans une histoire complexe, mais tellement prenante. Elle manipule les mots, une grande richesse d'orthographe. Elle relate cette histoire avec dextérité et intelligence .Elle met en scène plusieurs sujets sujets , la domination, le féminise, la manipulation et les meurtres.

Une histoire qui mélange le théâtre, à travers le personnage de Dom Juan, et une part de la réalité de la vie actuelle. C'est totalement déroutant et bluffant.

Trois personnages , trois personnages différents, mais un lien les unit, lequel. Elle disseque leur mentale, nous rentons dans leur psyché complexe, nous rentrons dans western.

L'auteure m'a mis dans le questionnement qui perdure jusqu'au final. Une fin qui me laisse dans la réflexion.

Une belle réussite. A lire de toute urgence.
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Western

Pourquoi cet acteur connu et aimé du public a t-il brutalement disparu, laissant derrière lui une troupe orpheline (il était sur le point de jouer Dom Juan) ? Et pourquoi nous, lecteurs, le retrouvons nous dans une maison isolée au coeur de la campagne profonde, tapant à la porte d’une jeune femme qui a elle aussi tiré un trait sur son passé ? Après un coup médiatique bluffant, un deuxième scoop bouleverse l’opinion publique, prompte à retourner sa veste au gré de la désinformation ambiante.



Histoires banales d’amours déçues, d’emprise supposée et de ce que le succès ou l’échec fait aux gens, l’intrigue en elle-même surfe sur les marronniers de la littérature contemporaine. Avec l’attrait de personnages complexes pris aux pièges de nos démons modernes.



Mais ce qui frappe avant tout, et m’a totalement séduite, c’est la précision de cette écriture, qui allie les procédés narratifs, et peut dans la même phrase proposer un certain lyrisme, dont l’effet sera brutalement cassé par une expression populaire ou une grossièreté qui rompt le rythme et créera surprise, pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis !



J’aime aussi le parallèle suggéré avec les codes du western, bien vu et original.





C’est donc un gros coup de coeur pour ce roman, de Maria Pourchet, dont j’avais déjà beaucoup aimé Feu.



Merci à Netgalley et aux éditions Stock



304 pages Stock 23 août 2023

#Western #NetGalleyFrance


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Western

La proposition est audacieuse : mettre en scène Dom Juan sous la forme… d'un western. Mais voilà : à la veille de la première, la star qui joue le plus célèbre des séducteurs – un rôle qui lui va comme un gant – manque à l’appel. Il semble s’être purement et simplement volatilisé.

Qui est cette voix off, ce « je » qui fait parfois intrusion dans la narration et commente les évolutions en se référant aux codes du western ? Car il s’avère que ce livre que nous tenons entre nos mains et qui prend des airs de script ou de scénario (« Cela commence à Paris, au théâtre… ») serait en réalité, lui aussi, un western. N’allez pas imaginer que ces pages vont vous entraîner au Far West ni même que le rythme sera galopant. Mais on y trouvera, effectivement : la route par une chaleur de plomb, la fuite vers l’Ouest, la tension des moments où il ne se passe rien, le héros qui n’a plus rien à perdre, celui qui débarque et qu’il faut désarmer, la traque.



Ce « western »-là cristallise avec justesse (mais sans jugement) notre époque, ses bullshit jobs et ses conflits moraux, son arbitraire et son cynisme, ses scandales et ses coups médiatiques, ses villes sauvages et ses campagnes harassantes. C’est cruel et cru. Maria Pourchet brosse tout cela d’une plume nerveuse et féroce, dérangeante par son détachement qui lui fait évoquer d’un ton égal les pulsions sexuelles et le désespoir, les ambitions et les jeux de pouvoir.



Difficile de baisser la garde dans un tel décor, d’autant plus qu’on ne sait qui joue quel rôle, où finit l’amour et où commence la prédation… On serait d’autant plus transporté.e d’y trouver ce que l’on n’attend plus ni dans un western, ni dans notre monde de brutes.



Un roman déconcertant mais qui parvient à développer un point de vue original et stimulant sur les déboires du donjuanisme et de la vulnérabilité dans notre ère post-me too. Et puis se saisir des codes du western pour tourner en dérision le machisme, ça ne manque pas de sel.



Merci à Stock et à Netgalley pour cette lecture !
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Feu

Si la Princesse de Clèves devait revivre, elle s'appellerait Laure. Lui, Duc de Nemours, s'appellerait Clément. Contrairement à son ancêtre littéraire, elle essayerait de passer à l'acte, avec ses moyens féminins, j'ai envie de toi, tu me manques, je t'aime, et même s'il n'a pas envie d'elle, peu importe. Lui, ça ne le passionne pas, ce genre, il n'écoute pas. Il ne peut pas écouter, car il parle à son chien -qu'il appelle Papa, tout un programme, « le goujat, regrette la mère de ta mère au paradis des premières fans du prince Philip »

Dialogue de sourds, donc, l'une qui se parle à elle même, à la seconde personne comme si en réalité celle qui parle, au delà du granit de la tombe, c'est la « mamie au paradis des suppliciées vivantes » qui, la terre entre les dents, lui a bien dit de ne pas aimer, qu'elle n'avait aucun espoir, qu'elle détruisait tout, les coccinelles, les espoirs et son potentiel: elle serait toujours une moins que rien.



Laure passe à l'acte, donc, en dépit de sa mère, qui n'est vraiment pas d'accord,( de toute façon elle n'est d'accord avec rien de que fait et fera sa fille ) de sa grand mère, qui aurait fait chier le prétendant. le passage à l'acte est plus que décevant, sauf qu'elle qui a connu le vide se sent d'un seul coup pleine. Pleine de désir, souvent insatisfait, car il part, n'appelle plus, n'assure pas, peu importe, la transgression plus que l'amour la porte, l'aveugle, lui fait dire des mots d'amour justement, forcer la porte de l'autre, qui la met dehors, sans même écouter ce qu'elle a à dire de vital.



Lui est à genoux- au propre, comme son chien, comme au figuré- malgré son job de rêve où il gagne beaucoup d'argent. Il est en prise à un tribunal intérieur, lui aussi a reçu des mots d'ordre impératif de ne pas être heureux : dès le départ, il n'a pas correspondu à l'idéal masculin, un homme qui part dans les tranchées, qui affronte la guerre, un homme, un vrai.

Même si sa mère vit encore, poursuivant son combat de ne pas être aimée, et ayant ordonné sur son berceau une malédiction obscure et médiévale, il est resté un petit garçon apeuré incapable de supporter ses émotions.

Sa mère est pourtant moins dangereuse que la mère de Laure, car parler depuis le monde des morts est évidemment plus cruel et impactant : Freud est passé par là en nous parlant du deuil pathologique, ou partage et adoption des mots d'ordre du mort, « la haine de soi en héritage ».



Ceci est ma lecture, qui n'engage que moi. (La fin du livre ne m'a pas du tout plu)



Et pourtant, dire que j'ai aimé ce livre est peu, j'ai souligné la moitié des phrases si justes, les remarques profondes, j'ai ri énormément. Et je suis entrée dans cette relation pourtant totalement étrange, de deux personnes qui passent leur temps à se fuir, à ne pas s'aimer, à ne pas se parler et que même le sexe ne réunit pas.



Pour couronner un livre déjà tellement ironique, précieusement écrit, deux pages de grand art, l'analyse d'Andromaque par sa fille plus que rebelle : Andromaque la queen n'a pris que des râteaux, et quand arrive Oreste « O… reste » lui dit elle, bien que le mec soit un queutard, alors elle lui dit « on baise mais avant tu butes Pyrrhus, le fils d'Achille qui lui même a buté Hector, l'ex de la queen.



Des questions ?

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Feu

Roman après roman, Maria Pourchet s’affirme. J’avais été impressionnée par « Champion », j’ai été éblouie par « Feu ». Je ne lis pas les critiques des autres avant de rédiger la mienne mais là, je suis tombée malencontreusement sur une phrase disant que Maria Pourchet était un Houellebecq féminin. C’est vrai qu’elle a cette même capacité à concentrer l’ait du temps sur un aphorisme. Comme lui, elle évoque mieux que personne la déliquescence du couple (p131), la déréliction du businessman (« Elle va me quitter, je pleurerai un hiver maximum, je dormirai au bureau, je serai l’employé du mois »), l’absurdité de la société de consommation (p39), la misère sexuelle, le mensonge (« Tu es comme toutes les autres. Tu t’imposes, faute de morale, des limites ») ou la dépendance à l’alcool et aux médocs. Chez elle, un peu de cynisme, beaucoup de pragmatisme, ravageur, souvent hilarant (« Apprends-lui simplement à faire sauter les boutons-pressions d’une seule main, la vie est courte et Roland Barthes inutile »).

Mais à la différence de Houellebecq, Maria Pourchet aime son prochain (et peu m’importe si c’est faux, c’est moi la lectrice, je crois ce que je veux). Elle passe de la peau d’un homme à celle d’une femme avec la même sincérité, avec l’exigence de restituer cet amour bancal et fou qui les consume. Je crois à l’amour de Pourchet ; j’ai cessé de croire à celui de Houellebecq, qu’il nous présente depuis toujours comme un dérèglement hormonal.

Un roman est bon parce qu’il éveille en nous, bien des années plus tard, des scènes culte, des « marqueurs », comme diraient les désabusés du marketing. « Feu » n’en manque pas : la débandade de Clément, les happenings de la fille de Laure à l’école, la séance au Champollion, l’exégèse d’Andromaque… Et cette fin... Chienne de vie !

Bilan : 🌹🌹🌹

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Western

Cette chevauchée au cœur de la condition humaine et des relations amoureuses m’a très vite ennuyée après un début prometteur.

Imaginez un comédien dans le rôle de Don Juan qui disparait brusquement de la scène et de la vie parisienne.

Western fait référence à ces changements qui font basculer une vie et celle d’Alexis, comédien adulé, va prendre un sacré tournant. Réfugié dans un village perdu du Lot, il rencontre Aurore, mère de Cosma, elle aussi en retrait de la vie parisienne, et qui se pose de sacrées questions sur sa vie amoureuse. Tous deux vont se raconter à l’autre.

Et puis il y a ce journaliste fouineur qui va exploiter la correspondance d’Alexis avec Chloé, une élève comédienne qu’il a séduite et vampirisée. On découvre soudain un pervers un narcissique qui joue la partition de Don Juan. Mais le Don Juan du XXIe siècle n’est plus celui du XVIIe siècle. Il prend, il détruit et s’en va.



« Les messages d’Alexis constituent le bruit de fond d’une existence désormais vouée à les vouloir, à les attendre. Elle aurait pu vouloir autre chose ? Un rôle dans une pièce, un homme décent. Bien sûr que non, de sa volonté propre, Chloé a été doucement et progressivement privée, un véritable rapt doublé d’une sédation de la personnalité. »



L’histoire explore les coulisses de la manipulation psychologique, des relations toxiques mais également les relations amoureuses et le sexe.

Mais où est le fantasme, où est la vérité ? J’avoue m’être beaucoup perdue dans ce roman assez confus.

Je n'avais pas vraiment adhéré à Feu, et pas aimé le style de l’auteure. J’ai voulu tenter à nouveau l’aventure livresque mais ce Western ne m’a pas emportée bien loin. Peu convaincue par cette histoire alambiquée et un style à l’humour cynique qui me laisse de marbre, je crois que je passerai mon chemin au prochain roman.



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Feu

Il y a en effet le feu dans ce roman. Le feu de la passion, des corps qui se reconnaissent, du désir sans fin. Le feu de l’attente, de la mésentente, de l’amour incompris. Le feu enfin de la plume, saccadée, directe, épurée. Urgente. Sans fard.

Entre Laure et Clément, c’est le feu sacré. Un amour qui consume.

Une histoire incandescente.

Et un ❤️pour la lectrice que je suis.
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Feu

Boy Meets Girl, et on est à Paris en 2021.

Le Boy a 50 ans, il occupe un poste élevé à la "Banquise", ainsi qu'il appelle la banque dans laquelle il travaille à la Défense. Il vit avec son chien nommé Papa, n'a toujours pas résolu ses problèmes avec sa mère, et erre dans sa vie "quelque part entre s'en foutre et en crever." La Girl a 41 ans, elle est prof de fac, mariée, deux enfants, et elle élabore des dialogues intérieurs avec sa mère et sa grand-mère décédées. Entre eux, une rencontre, puis l'interdit et le secret, mais un secret condamné : "Je ne suis jamais qu'une plaque de verglas sur ta route, et toi tu souris, tu prétends savoir tomber."



Histoire d'un adultère donc, et tout y est si douloureux ! J'ai été très touchée par l'accablement et le désespoir qui imprègnent ces personnages, leur incapacité à être heureux. Mais Maria Pourchet dresse également un portrait très juste de la France contemporaine, entre perte de repères et revendications nouvelles, et tous ces vides et solitudes qu'il faut bien combler, mais comment ?

Ce n'est pas le roman le plus gai que j'aie lu, mais il m'a happée dès les premières pages, avec son alternance de points de vue selon les chapitres. L'histoire est narrée par l'un et l'autre personnage, et l'on bascule entre le "je" désabusé de Clément, et le "tu" consterné de Laure. Bien que le récit soit court, le style est très dense et nécessite une lecture attentive, d'autant que Maria Pourchet dissèque les sentiments et émotions avec une précision et une acuité qui font mal, ses phrases sont comme des aiguilles qui se fichent dans la peau.



C'est donc un roman qui m'a fortement impressionnée par son concentré de puissance et sa finesse asphyxiante. Et c'est surtout un auteur dont je vais approfondir la découverte, tant sous son allure chétive et son écriture soignée, Maria Pourchet balance des directs qui coupent le souffle.

Forcément intéressant.
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Feu

C’est l’histoire d’un amour improbable, celui de Laure et Clément.

Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer, ni se plaire, tant ils sont dissemblables, mais lorsque l’amour s’en mêle…

Elle, prof de fac, mariée et mère de famille s’accommode du ronron de sa vie avec Anton le père d’Anna. On ne sait rien du géniteur de Véra, son ainée « Une fillette née sans trace. Pas même d’un amour, pas même d’une rencontre. D’un coup de vent. »

Lui, travaille dans la finance, il vit avec un Bouvier bernois qui pue et qu’il a appelé Papa, pour emmerder sa mère. Des aventures sans lendemain, parfois tarifées lui paraissent amplement suffisantes.

Ils vont s’aimer passionnément, souffrir terriblement, pleurer amèrement, mais vivre enfin, malgré le prix à payer.

On comprend très vite, à travers l’écriture brutale et minimaliste de Maria Pourchet que nous n’allons pas lire une bluette pour midinette romantique.

Je ne connaissais pas Maria Pourchet, grâce à ce roman, j’ai adoré la découvrir.

Ces personnages ne sont pas franchement sympathiques, mais je les ai aimés avec leurs défauts, leurs doutes, leur passion. Ils sont minutieusement décrits. L’auteure a dû beaucoup les aimer pour leur donner une telle incandescence.

« Feu » est un roman tout à fait original, non pas par l’histoire ô combien banale, mais par ce que l’auteur en fait. « Feu » est à lire pour l’audace de l’écriture qui peut déplaire, tant elle est brute, mais pour ma part, j’ai totalement adhéré.

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Avancer

Marie-Laure, ou Victoria, vit avec Jean-Claude, ou Claude-Ange, son ancien professeur de sociologie. Aucun des deux n'aime travailler. Claude-Ange a un essai à écrire, mais il n'y parvient pas. Quant à Victoria, elle tente de faire une enquête dans la rue sur un système de vélo de location en libre-service. Claude-Ange a des jumeaux, une ex-femme, et en bas de l'immeuble où il habite avec Victoria se trouve un chantier du métro sous la forme d'un trou béant auprès duquel habitent deux SDF, les Dupont Jeune et Vieux qui semblent sortir d'une pièce de Beckett. ● Manifestement, Maria Pourchet a fait tous les efforts du monde pour rendre son premier roman publié original et se faire remarquer de la critique qui compte. le mode de narration est décentré puisque si souvent Marie-Laure, alias Victoria, s'exprime à la première personne, de temps en temps elle utilise la troisième, va savoir pourquoi. Les deux protagonistes ont chacun deux prénoms, un ringard et un chic. Un des deux enfants de Claude-Ange sera toujours nommé « le Petit ». La sociologie est amplement convoquée (c'est le champ de compétences de l'autrice) et notamment « M. Pierre Bourdieu », dans un processus qui se veut sans doute délicieusement ironique. Avec les deux SDF, le monde des laissés-pour-compte est bien présent et même de plus en plus au fil du roman, formant un contraste avec le monde du sociologue au cinquième étage de son immeuble bourgeois. le trou en bas de l'immeuble est une métaphore protéiforme qui fait riche. ● le style est étudié et fabriqué dans la même perspective, autant dire que son systématisme artificiel devient très vite horripilant. Les phrases sont parfois inachevées comme dans la langue orale, elles passent du coq à l'âne, elles ont un air saugrenu et insolite. Les paroles rapportées ne sont pas délimitées du récit de la narratrice : à défaut d'être original, le procédé est tellement chic ! Mais surtout on y trouve une afféterie moderniste exaspérante. ● L'addition de tous ces éléments hyper-post-modernes semblait garantir une publication chez Minuit ou chez POL, mais c'est même Gallimard qui mordit à l'hameçon. ● Si j'avais plutôt apprécié son roman Champion, et été déçu par Les Impatients, je trouve que son premier roman est de loin le pire.
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Les impatients

Reine, une jeune femme diplômée d’HEC et avide de succès crée un institut de beauté fondé sur l’exploitation des algues. Va-t-elle réussir cette entreprise, et, si possible, sa vie ? ● Ce livre vaut surtout par son style, très travaillé, sec, très vif, très typé, constamment ironique mais malheureusement assez vite lassant par son systématisme, malgré des pointes d’humour bienvenues. Les ellipses rendent parfois le propos obscur. Les fautes de français abondent (voir la critique de Melieetleslivres). Ce style mordant à l’image de l’avidité de ceux dont il sert à raconter l’histoire, m’a rappelé certains films des années 70-80 comme Le Sucre ou Le Paltoquet. Il est d’un modernisme déjà daté. ● L’entreprise créée par Reine fait très « vieux monde » ; pour que le récit soit plus convaincant, il aurait fallu à mon avis mettre en scène la création d’une start-up digitale. Quelques autres faux-pas montrent que l’auteure ne connaît son sujet que d’un point de vue de sociologue et n’évite aucun cliché.
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Feu

Comment renouveler le thème de l'adultère, sujet tant de fois traité et parfois avec beaucoup de beauté par la littérature classique ? J'en veux pour preuve Anna Karénine, Madame Bovary, le Diable au corps, Les Liaisons dangereuses... Comment revisiter, réinventer le genre en 2021, - date de parution de ce roman, et lui donner du panache ?

C'est la tentative à laquelle s'est attachée Maria Pourchet avec son Feu qui ne m'aura pas embrasé.

L'attrait de ce roman n'aura pas fait chez moi long feu, dès les premières pages...

Je vous plante vite fait le décor.

Le récit nous invite à suivre deux histoires en parallèle.

Tout d'abord il y a celle de Laure, quarante ans, professeure d'université, mariée, mère de deux filles et propriétaire d'un pavillon. Frustrée à bien des endroits par une vie faite de compromis, elle admire la rage militante qui habite sa fille ainée, Véra. Elle attend sans cesse d'être cueillie par l'étonnement.

Et puis, il y a celle de Clément, quinquagénaire célibataire, surdoué de la finance, cynique, se moquant de la vie, méprisant les femmes et vivant son existence dans sa tour d'ivoire de la Défense comme une longue attente vers la fin de celle-ci.

Nous voyons deux monologues se juxtaposer, se succéder l'un à l'autre jusqu'au moment où... Tiens, comment avez-vous deviné qu'ils allaient finir par se rencontrer ces deux-là ? Il était d'ailleurs grand temps car la banalité du quotidien de ces deux personnages fort peu attachants commençait à me faire bailler.

Donc, ils vont se rencontrer, vous m'arrêtez si je divulgâche le moindre détail.

Le côté facétieux du destin va se charger de transformer cette rencontre fortuite en choc nécessaire. Sacré Cupidon, va !

Mais quelle originalité d'avoir pris comme personnage féminin une enseignante éprise de doute, en quête d'idéal et comme personnage masculin un banquier autocentré et cynique, deux personnages que tout oppose !

Tout ici est convenu. La narration est chargée de clichés, de poncifs, avance sans nuance. Or, vous commencez à me connaître, vous savez ô combien j'aime la nuance, même si parfois je suis le premier à me contredire, vous êtes aussi les premiers à me le faire remarquer lorsque j'en manque dans certains billets, - celui-ci d'ailleurs fera peut-être l'objet de quelques feux décochés de votre part à mon endroit. Mais ici, je vous avoue que ce manque de nuance m'a tellement surpris que je me suis demandé s'il ne fallait pas lire ce livre au troisième degré, si je n'avais pas affaire à une parodie du genre... Saisir la nuance, c'est une qualité littéraire si subtile qu'on finit par l'oublier lorsqu'elle est traitée avec art et délicatesse, mais lorsqu'un ressort narratif comme celui-ci se déroule avec des cavalcades téléphonées et des gros sabots boueux qui laissent des traces jusque sur les pages, je vous assure qu'on n'y croit pas une seconde, qu'on lâche vite le livre pour regarder les arbres tomber dehors et se dire que la nature offre davantage d'imprévus et d'incandescence que les coeurs libidineux des amants en perdition dans cette décennie post-Covid. C'est sans doute pour cela que ce roman manque tant de souffle et peut-être aussi d'humanité.

Se voulant originale, nerveuse, acérée, l'écriture devient vite aussi insupportable que les personnages qui nous sont imposés ici.

Ce livre a pourtant été encensé par la critique, une certaine critique. Snobisme parisien ? Posture ? Imposture ? Dieux ! Que c'est devenu fade la manière d'arpenter en cette époque dite moderne les chemins buissonniers et vertigineux de l'amour livresque, capables de transpercer et brûler les coeurs des lecteurs éperdus !

Je pense qu'Emma Bovary, Anna Karénine, Thérèse Raquin, la marquise de Merteuil et tant d'autres égéries de la grande littérature doivent se retourner ce soir dans la tombe de l'imaginaire incandescent et somptueux.

Feu, il est heureux que je sois contre les autodafés et ce n'est pas parvenu à un âge respectable que je vais commencer à changer d'opinion, car sinon ce livre aurait vite fait de rejoindre l'antre de mon poêle à bois, la seule incandescence qui prévalait durant ma lecture.

Feu, sera-ce donc à bout portant et sans concession ? Presque et dans ce presque il y a le désir meurtri d'un lecteur resté au bord du gué et qui venait vers ce récit avec l'ivresse de l'escalier que l'on monte pour la première fois... Sans concession ? Non pas pour l'autrice que j'avais grande hâte de découvrir ici, - lecture du reste conseillée par une des bibliothécaires de ma médiathèque préférée, non il s'agit bien de cette lecture qui m'a laissé sans voix, sans voie aussi, éteint. Ce n'est qu'un ressenti un peu solitaire posé parmi quelques braises...

Quelque auteur prochain saura-t-il réanimer la flamme mouillée d'un lecteur inconnu, pour ne pas dire la mèche ?

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