Marie Brennan - Mémoires, par lady Trent. Volume 4, Le labyrinthe des gardiens
- Mais mes sœurs procèdent ainsi depuis des siècles. Il y a bien une raison à ça. Et des gens qui en savent beaucoup plus que moi sur ce sujet m'ont juré qu'il n'y avait pas d'autre solution.
- Ah, mais il leur manque quelque chose que nous avons toutes les deux, dit Mirage avec un sourire, d'un ton qu'elle voulait assuré. Chacune de nous a l'autre. Je n'ai pas raison ? Aucune de tes sœurs n'a bénéficié de l'aide de sa jumelle.
- Mais tu ne connais rien à la magie...
- Tu veux que nous ramassions les lames et que nous recommencions depuis le début ?
Se trouver en présence d'un dragon, même pour le plus bref des instants, même au péril de sa vie, est un plaisir que l'on ne peut jamais oublier une fois qu'on l'a connu.
Un sort de persuasion.
Un sort destiné non à obliger – c'était impossible – mais à manipuler les impulsions déjà présentes chez la personne, à transformer les étincelles en flammes, de sorte que l'idée qui avait été envisagée et rejetée semblait soudain la seule solution.
-Il semble qu'il ait pleinement hérité de l'habitude qu'ont les Chasseurs de son école d'effacer leurs traces. Mais seulement de façon temporaire. Après quelque temps, il se croit libre de se vanter de ses exploits.
- Se vanter de ses exploits ? fit Mirage sans chercher à dissimuler son mépris pour une telle attitude. Quand on est un 'assassin' ? C'est stupide. Il n'y a pas de date de péremption pour la vengeance.
- Il en est conscient, fit Jaguar d'un ton pince-sans-rire.
Le sang de dragon sent vraiment très fort ; je vous conseille de l'éviter, si c'est possible. Je finis par sacrifier la dignité au confort et coupai deux morceaux de tissu de mon mouchoir pour me les fourrer dans les narines.
Nous sommes infirmes par ignorance, et pourtant nous croyons que cette ignorance est un pouvoir.
(dixit Mirei aux Primes).
Je me croyais prête alors. Maintenant, le recul venant avec l'âge, je me vois comme la jeune femme naïve et inexpérimentée que j'étais vraiment. Nous commençons pourtant tous de cette façon. Aucun raccourci ne mène à l'expérience.
Pour la première fois de ma vie, je pris délicieusement conscience que j'étais vraiment une naturaliste. Pas l'épouse d'un savant que l'on avait emmené à cause de ses talents de dessinatrice et de secrétaire ; pas quelqu'un dont le hobby était de collectionner des lucions dans sa cabane de jardin, mais une scientifique à part entière, qui se consacrait pleinement à son travail.
C'est une qualité en même temps qu'un défaut, chez elle : cette obstination à ne pas renoncer quand elle estime que c'est important. Cette attitude l'a mise dans le pétrin plus d'une fois, par le passé. Je lui ai toujours dit qu'un de ces jours elle se fourrerait dans une situation impossible, et qu'elle perdrait la vie à essayer de trouver la solution. Et j'ai le pressentiment très désagréable que c'est ce qui est en train d'arriver.
(dixit Éclipse à Miryo, de Mirage).
Regarder en arrière, c'est alimenter le doute. Et il arrive qu'on ne puisse pas se permettre un tel luxe.