Les Éclaireurs de Dialogues, le podcast de la librairie Dialogues, à Brest.
Dans cet épisode, nos libraires du rayon littérature, Julien, Rozenn, Laure et Nolwenn, vous livrent leurs premiers coups de coeurs de la rentrée de janvier 2024.
Voici les romans conseillés dans cet épisode :
La Fille de Lake Placid, de Marie Charrel (éd. Les Pérégrines) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109440-la-fille-de-lake-placid-marie-charrel-les-peregrines ;
Ceux qui appartiennent au jour, d'Emma Doude van Troostwijk (éd. Minuit): https://www.librairiedialogues.fr/livre/23012111-ceux-qui-appartiennent-au-jour-emma-doude-van-troostwijk-les-editions-de-minuit ;
Du même bois, de Marion Fayolle (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22871516-du-meme-bois-marion-fayolle-gallimard ;
Mon nom dans le noir, de Jocelyn Nicole Johnson (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23047285-mon-nom-dans-le-noir-jocelyn-nicole-johnson-albin-michel ;
Une simple intervention, de Yael Inokai (éd. Zoé) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23113442-une-simple-intervention-yael-inokai-zoe ;
La Langue des choses cachées, de Cécile Coulon (éd. L'Iconoclaste) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23140391-la-langue-des-choses-cachees-cecile-coulon-l-iconoclaste ;
Arctique solaire, de Sophie van der Linden (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22914881-arctique-solaire-sophie-van-der-linden-denoel ;
Kintsugi, d'Isabelle Gutierrez (éd. La Fosse aux ours) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109315-kintsugi-isabel-gutierrez-fosse-aux-ours.
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Le secret d'une vie heureuse réside dans l'amour de soi, pas dans la haine des autres.
À force de tourner trop vite les mots deviennent tranchants comme des rasoirs. Quand on ne les laisse pas sortir, ils se transforment en fardeaux malfaisants.
Le secret d’une vie heureuse réside dans l’amour de soi, pas dans la haine de l’autre.
Sa danse est celle d’une solitude hantée. Autour d’elle virevoltent des séraphins refusant de dévoiler leurs mystères au monde des hommes. Ses mouvements sont un défi à l’espace et au temps.
La femme en kimono est sa mère, Aika. Les parents de celle-ci l'avaient fait poser devant un photographe de Kyoto, afin d'envoyer son portrait à un inconnu de l'autre côté de l'océan Pacifique, au Canada."Il m'a trouvée belle" avait résumé Aika le jour où elle avait montré le cliché à sa fille. L'une des rares fois où elle s'était confiée sur sa vie d'avant. "Il a proposé de m'épouser, alors j'ai pris le bateau pour le rejoindre. Voilà comment j'ai rencontré ton père. " Comme des milliers d'autres Japonaises, au début du XXe siècle. On les appelait les picture brides. Les fiancées sur photo.
Je m’enroule dans le plaid et zappe Julien Lepers pour un épisode d’Amour, gloire et beauté, l’un des soaps américains lobotomisants dont raffolait mamie. Je l’entends encore se justifier : « Et alors ? Dans la vie il faut savoir se détendre avec des idioties, les gens trop sérieux finissent par se tuer avec des cancers. »
Les angelots, l’océan agité et les rêves miraculeux sont des contes destinés aux esprits crédules : l’inspiration ne tombe jamais du ciel, elle est enfantée par un travail acharné, des années de quête, une vie à creuser en soi, autour de soi, à racler la montagne à mains nues jusqu’à déterrer la pépite grâce à laquelle naîtra l’oeuvre.
- Tu sais ce que cela veut dire, Hannah Hoshiko ? Que les peuples qui ne partagent pas la même langue ne pensent pas de la même façon. Cela signifie aussi que les mots ont le pouvoir d'inventer le monde. N'est-ce pas merveilleux ? Souviens-toi toujours de cela mon enfant. Peu importe ce que la vie t'arrache : tu pourras toujours le lui reprendre avec les mots.
(p.66)
Les terres désolées n’existent que pour aider les âmes perdues à distinguer l’essentiel.
Quelque part sur le canal, Colombie-Britannique
Octobre 1945
La brume ourlant l’horizon se colore timidement de rose lorsque Jack rejoint son chien Buck à l’avant du bateau. Son fidèle compagnon, un bâtard noir au sang de loup, apprécie autant que lui cette heure où l’obscurité règne pour quelques minutes encore. Ces instants où l’eau est un miroir paisible qu’aucun souffle ne brise. Il porte la tasse de café à ses lèvres. Caresse l’animal à ses pieds, tourné vers la forêt où les créatures de la nuit bruissent doucement. Ici bat le cœur du monde et le reste des hommes l’ignore.
(p.13)