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Critiques de Marie-Christine Horn (49)
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La piqûre



Bzz.

Bzzzz.

Enfoiré de moustique. Je n'ai pas été très malin non plus de laisser la fenêtre ouverte ce soir après avoir allumé la lumière.

Mais bon, j'essaie de dormir là. Je me donne donc une grosse claque en pulvérisant probablement au passage l'insidieux insecte en un amas sanglant de pattes et d'ailes.

Il va ressembler quelques heures à un vilain grain de beauté un peu poilu qui séchera sur ma joue, mais au moins je peux me rendormir maintenant.

A peine les bras de morphée retrouvés, trois minutes plus tard ...

Bzz. Bzzzzzz. Bzzzzzzzzzzzzzzzzzz.

Alors j'enfonce ma tête sous l'oreiller afin de ne plus être dérangé par l'agaçant bruit d'ailes. Jusqu'à 2300 battements par seconde ...

Le lendemain, bien sûr, des picotements me démangent en différents endroits stratégiques. Je sais bien que je ne dois pas gratter, mais c'est difficile de m'en empêcher.

J'imagine que quelques-uns se reconnaîtront dans cette mésaventure si commune et désagréable. C'est en tout cas ce qui est arrivé Lou, le principal personnage de "La piqûre".



"Tout en parlant, Lou grattait avec acharnement la papule qui ornait son sein gauche. le gonflement semblait augmenter à mesure que sa voix s'élevait dans les aigus, la piquant de mille aiguilles à vif."



Enceinte secrètement de quelques semaines, Lou est amoureuse de Carlos, son compagnon, un peintre brésilien venu s'installer en Suisse. le couple connaît cependant des hauts et des bas. Carlos a en effet un gros défaut : il est mythomane : "Carlos mentait pour ne pas la peiner, Carlos mentait pour lui faire des surprises qui, bien entendu, tombaient à l'eau à cause de l'esprit inquisiteur de la jeune femme, Carlos mentait car il manquait de confiance en lui !" "il n'avait rien à lui offrir, à part une ribambelle de mensonges."

Cet après-midi là, c'est le mensonge de trop. L'artiste a prétendu être dans son atelier tout l'après midi alors que Lou sait pertinemment qu'il n'y était pas. Elle n'en peut plus de ces affabulations et part. En revenant chez lui le lendemain, elle découvre le cadavre de son amant dans la baignoire, les poignets en sang.



"En un jour, la plaie avait doublé de volume. Une croûte de pus s'était formée sur la partie du renflement, sans doute due aux assauts répétés des ongles de Lou."



C'est l'inspecteur Rouzier qui sera chargé de l'investigation. Pourquoi enquêter ? Parce que le suicide n'est pas certain. Ca y ressemble pourtant : Une rupture, de l'alcool et des somnifères retrouvés dans les analyses de sang : tout indique une mort volontaire. Mais Lou ne le conçoit pas. Carlos savait qu'elle allait revenir : il en a toujours été ainsi. Et il ne buvait pas. En outre, elle a également reçu une lettre anonyme se réjouissant de son malheur.

Rouzier se rendra compte rapidement des anomalies entourant la vie si secrète de la victime, concernant par exemple son autorisation de séjour en Suisse ou ses difficultés financières.

Lou quant à elle sera soutenue par sa grande soeur Nicole, qui l'a adoptée à la mort de leurs parents, et par Daniel son ami d'enfance amoureux de la jeune femme , qui l'aidera à combler les lacunes de la vie du défunt et s'intéressera à son passé méconnu.



"Par contre, l'aspect de la plaie empire. Actuellement, j'ai des écoulements de pus et j'ai peur d'avoir une infection."



Après Tout ce qui est rouge, roman qui m'avait enchanté, j'étais ravi de retrouver la ville de Lausanne et certains protagonistes : Rouzier bien sûr mais aussi Isabelle, sa perle d'assistante ou encore Arbig le légiste. Ainsi qu'un(e) patient(e) de l'hôpital psychiatrique de la Redondière. Mais le charme a moins opéré qu'avec la seconde enquête.

Roman comparé à ceux d'Agatha Christie et Maurice Leblanc, je lui ai trouvé un côté un peu vieillot même s'il a été publié en 2006. Il s'agit d'un livre moins abouti que son successeur, moitié plus court également, et je n'y ai retrouvé ni son grain de folie, ni son humour.  Peut-être aurais-je donc du commencer par celui-là tant pour respecter la chronologie que pour discerner les clins d'oeil, mais je n'aurais probablement pas eu en ce cas la curiosité de lire Tout ce qui est rouge.

La piqûre demeure néanmoins un livre bien écrit, qui nous fait voyager de la Suisse aux favelas brésiliens, et qui aborde avec une certaine finesse ce qu'on est prêt à faire par amour, la bisexualité, l'intégration, l'avortement, les conditions de vie déplorables des bidonvilles. Il parvient aussi à maintenir un certain suspense concernant l'enquête parce que même si le nombre de personnages est restreint, le lecteur hésite entre le suicide et les coupables potentiels et pour ma part, je n'ai découvert la solution que peu de pages avant l'explication finale. Et bien sûr, l'une de ses originalités est cette piqûre en filigrane qui ne guérit pas, qui enfle, et qui est forcément le symbole ou la manifestation d'autre chose. On pense par exemple à la blessure de Martin Freeman ( Lester ) dans la première saison de Fargo, dont le minuscule éclat de plomb logé dans la main prend des proportions dantesques en s'infectant, au fur et à mesure que le timide personnage s'affirme.

Son corps proteste-t-il quant à sa grossesse inattendue ou indésirable ? Se sent-elle coupable des évènements tragiques ? Est-ce le symptôme de mensonges faisant référence au nez de Pinocchio ?

Les plus curieux pourront le découvrir en lisant ce sympathique roman policier qui pour ma part n'a pourtant pas su totalement me transporter.



"Daniel posa son regard sur l'immense rougeur surmontant son sein, dont la fissure centrale encroûtée s'étalait sur quatre centimètres de long."

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Tout ce qui est rouge



Vous souvenez-vous de l'exposition parisienne controversée "Our Body, à corps ouvert" ? En 2009, à Paris, espace Madeleine, une vingtaine de cadavres étaient exposés à des fins mi-artistiques, mi-éducatives.

Une exposition qui a finalement été jugée illégale par la Cour de Cassation.



Transformer les corps de ses victimes en oeuvres d'art, en reproductions de célèbres dessins ou peintures pour être plus précis, est justement le hobby du tueur en série qui sévit dans le roman de la Fribourgeoise Marie-Christine Horn.

Et comme l'action se situe dans la région lausannoise, et qu'à Lausanne se situe le célèbre musée de la collection de l'art brut, c'est en s'inspirant de ce patrimoine culturel que ces meurtres aux macabres mises en scène auront lieu.

"ils étaient bel et bien face à un tueur en série qui transformait les cadavres de ses victimes en oeuvres d'art brut."



L'assassin s'inspirera d'artistes réels : Josef Hofer ( "le sexe de la femme dessinée avait été gratté jusqu'à la feuille, offrant au regard une béance blanche" ), Paul Gosch, Pascal-Désir Maisonneuve,  Sylvain Fusco, Josep Baqué. Autant d'artistes aux oeuvres extrêmement différentes que les plus curieux pourront visualiser sur internet.

Vous imaginerez ensuite l'état dans lequel on peut retrouver un cadavre inspiré de leurs toiles.

"Quel message voulait on transmettre en transformant des corps en oeuvres d'art brut ?"



Quant à cet art, si vous ignorez ce dont il s'agit exactement - ce qui était mon cas avant cette lecture -, il en est donné quelques définitions sommaires dans le roman : "le terme d'art brut avait été inventé par Jean Dubuffet et était le prolongement, entre autres, des travaux d'un certain docteur Hans Prinzhorn sur "l'art des fous", "l'art brut regroupe une catégorie d'artistes catalogués hors normes et hors des diktats de la société. Ca, c'est la définition lambda. Pas d'école d'art, pas de règles, aucune imposition des matières ou respect des dimensions, structures, techniques."

Indissociable initialement de la folie, l'art brut et la psychiatrie seront justement les deux principales thématiques du roman.

"Tu savais que de nombreuses personnes estiment que les oeuvres produites par des hommes et des femmes souffrant de troubles psychiatriques sont une des clés de compréhension de l'âme humaine ?"



La majeure partie de l'action se déroule au sein de l'hôpital psychiatrique de la Redondière, ou concerne son personnel. Cet établissement dont les occupants - qu'il s'agisse des médecins, des infirmiers ou des patients - sera au coeur du récit.

Les malades qui y sont internés sont répartis en catégories : les tentatives de suicide au deuxième étage, les toxicomanes au premier, et bien sûr il y a également les fous dangereux, les criminels jugés irresponsables, au sous-sol.

"Le sous-sol de la Redondière offrait un échantillonnage des plus dangereux cas de maladies psychiques, et on leur imposait en guise de chaperons des gens à l'expérience inexistante."

On retrouve dans cette zone sécurisée un quartier masculin avec notamment un jeune zoophile au complexe oedipien, un sadique particulièrement dangereux, des pédophiles... Et dans celui des femmes une nymphomane atteinte du VIH, une exhibitionniste qui se mutile ( "Elle s'était dévêtue et s'était lacéré les bras à l'aide d'un économe à légume" ) et surtout Corinne Faller, ancienne artiste désormais mutique, léthargique, qui quand elle a le sentiment d'être acculée peut mordre ses médecins ou leur projeter ses excréments. Violée par son mentor, un célèbre peintre dont elle suivait les cours aux Beaux-Arts, elle perdra alors son peu de raison et le tuera de trente-cinq coups de couteau. Elle a d'ailleurs peint des fresques avec son propre sang ou avec celui de sa victime ( "Sur les rapports des gendarmes, il était écrit qu'un pénis lui servait de pinceau." )

Quant au titre du roman, si vous pensiez que la couleur rouge était justement celle du sang coulant à flots, sachez que "Tout ce qui est rouge est diabolique" est une phrase prononcée par August Walla, autre artiste brut qui avait alors neuf ans, et qui sera diagnostiqué par la suite schizophrène puis interné.

Pour autant, les toiles rouges de Corinne laissent bien cette impression : "On y distinguait une mare de sang en mouvement, un lac rouge et vivant, une vague d'hémoglobine emprisonnée, impatiente et pressée d'émerger du support, qui ne tarderait pas à déborder et à dégouliner le long du mur en une explosion sanguinolante."

Ces personnes seront soignées tant par le dialogue, la création de liens, la lecture d'histoires, l'art-thérapie que par la médication lourde de tranquillisants.



C'est Nicolas Belfond qui a été propulsé responsable de cette unité, davantage grâce à ses aptitudes physiques lui permettant de se défendre face aux agressions, qui sont monnaie courante à la Redondière. Consciencieux, attentif au bien être des malades, il ne se fera pas que des amis en privilégiant des attitudes constructives même envers les pires criminels qu'une partie de son personnel ne supporte pas, estimant que leur place est en prison ou au cimetière. Principal personnage du livre, il est aussi un coureur de jupons invétéré, toujours à la recherche d'une nouvelle conquête, ce qui expliquera sa rupture avec une dénommée Anne qui le mettra à la porte et sa recherche d'appartement dans les petites annonces journalistiques. Malgré ses défauts, c'est un homme très attachant, ce qui ne m'a pas empêché de m'amuser de ses multiples déboires professionnels, sentimentaux ou judiciaires.



Pour l'enquête, on retrouve l'inspecteur Rouzier, déjà  présent dans un précédent roman policier de Marie-Christine Horn, la piqûre. Mais son rôle demeure secondaire et sa vie privée n'est quasiment pas évoquée, et pas un instant je n'ai été perturbé de ne pas avoir lu sa première enquête. A charge pour lui de résoudre ces meurtres, avec pour première victime une infirmière renvoyée de la Redondière aux graves manquements professionnels et dont on retrouvera le corps déguisé et mutilé : sexe charcuté au scalpel recouvert d'une feuille blanche, perruque rose,

appareil auditif alors qu'elle n'était pas sourde.



Roman policier moderne davantage que thriller, l'éditeur en parle comme d'un roman noir avec une dimension sociale et psychologique. C'est vrai pour l'aspect social : Outre son intrigue et la recherche du coupable on en apprend beaucoup sur les difficultés quotidiennes de ce genre d'établissement : les problèmes d'effectifs, la difficulté que représentent les soins, certains dilemmes moraux également ( quelles erreurs dénoncer, qui réinsérer ou non dans la société ), les raisons qui peuvent faire basculer un être humain dans les abysses de la démence, mais avec un trait volontairement grossi. La dimension psychologique est moins présente mais c'est une bonne chose. C'est justement parce que les personnages sont assez caricaturaux que le roman se lit aussi bien, et que son côté décalé fonctionne tant y compris dans des scènes qui auraient pu heurter certaines sensibilités.



Parce que le gros point fort du roman, c'est son humour. Pas très subtil, il est plutôt cocasse. Les petites réflexions des uns et des autres, les quiproquos et les situations qui prêtent à sourire de bon coeur sont légion. A titre d'exemple, quand Nicolas Belfond est convoqué par Rouzier au sujet d'Irène Volluz, l'infirmière retrouvée morte, il a dans sa poche sans le vouloir l'article correspondant au meurtre, les annonces immobilières se situant au verso de la feuille de journal, ce qui fait de lui d'emblée le suspect idéal.

Les personnages sont tous très hauts en couleur, et même s'ils peuvent paraître stéréotypés parfois, leurs réactions et leurs défauts offrent des moments savoureux. Qu'il s'agisse du médecin-légiste, des patients, de Nicolas qui découvre l'amour ou du directeur de l'établissement psychiatrique davantage préoccupé par la réputation de la Redondière que par le sort funèbre de certains membres du personnel soignant, chaque personnage offre à un moment l'occasion de s'amuser en lisant en dépit de la gravité des évènements.



Un grand merci à Babelio et aux éditions l'âge d'homme pour m'avoir fait parvenir ce roman, à la couverture très réussie d'Alex Kanevsky, illustrant particulièrement bien l'histoire.

Tout ce qui est rouge a été une lecture agréable, au sujet original, qui m'a incontestablement fait passer un excellent moment de lecture.

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24 heures

Dans le domaine de la littérature noire helvétique, on appréciera la cohérence de la maison d’édition BSN Press qui est parvenue à mettre en avant des auteurs d’horizons très variés intégrant de manière plus ou moins marquée quelques notions du roman noir, voire même du roman policier en y incorporant une dimension sociale. Dès lors, dans le cadre de sa collection Uppercut, abordant la thématique du sport sous la forme d’opuscules percutants, il n’est guère étonnant de retrouver Marie-Christine Horn qui signe son retour avec 24 Heures, un bref roman à suspense évoquant le milieu de la compétition automobile en rendant ainsi un hommage détourné à son père qui fut pilote de course.



Dans la vie de Hugo Walter tout est question de compétition, de trajectoire et de timing pour cet ancien coureur de F3 qui a remporté tous les championnats. Mais les défaites ont également marqué cet homme qui a dû surmonter la terrible épreuve de la perte de sa femme Line au terme d’un long combat contre la maladie. Il ne lui reste plus que sa fille Marion qui ne donne plus signe de vie après une soirée passée avec sa meilleure amie. Une disparition inquiétante qui résonne comme une course contre la montre, contre la mort. Le chronomètre est enclenché et Hugo se lance dans la compétition la plus importante de son existence. Celle qu’il ne peut pas perdre.



Avec Marie-Christine Horn, la notion du bien et du mal ne saurait se répartir sur un simple mode binaire et c’est bien cette ambivalence des personnages qui confère à l’ensemble du récit une espèce d’imprévisibilité où tout peut basculer au détour d’une quête haletante. Cette ambivalence on la perçoit également au niveau de la temporalité de l’intrigue qui s’étend sur 24 Heures tout en permettant de découvrir au gré d’analepses subtiles et savamment maîtrisées les parcours de vie de Hugo Walter et de son entourage en mettant ainsi en place tous les éléments du puzzle qui nous permettra de comprendre les tenants et aboutissants de la disparition de sa fille Marion. Mais au-delà d’un récit bien réglé, aux allures de thriller qui se déroule dans la torpeur d’un paysage hivernal, il faut s’attarder à la périphérie du roman pour en apprécier l’atmosphère et les tensions qui en émergent.



C’est bien évidemment l’ambiance de ces courses de côte que Marie-Christine Horn restitue parfaitement avec 24 Heures tout en implémentant quelques réflexions au travers du personnage de Line, cette femme au caractère fort qui doit se positionner dans un univers sportif plutôt viril. Mais bien au-delà de ces apparences de femme forte et d’homme déterminé, on décèle également par le prisme de l’intimité du couple que forme Line et Hugo une certaine forme d’émotion et de vulnérabilité qui transparaît notamment dans leur volonté d’avoir un enfant à n’importe quel prix.



La thématique du sport, et notamment l’esprit de compétition qui en découle, devient ainsi l’enjeu de ce récit trépident où Marie-Christine Horn s’emploie à décortiquer les pressions sociales pouvant s’exercer sur un couple qui ne saurait se résigner à accepter une quelconque défaite, ceci bien au-delà des joutes sportives. En partant de ce principe, 24 Heures distille, avec cette tonalité mordante propre à la romancière, toute l’ambiguïté de la victoire à tout prix dont on découvrira la mise en abîme au terme d’un épilogue singulier à l’impact cinglant.



Marie-Christine Horn : 24 Heures. BSN Press/Collection Uppercut 2018.



A lire en écoutant : Blue Rondo a la Turk de Dave Brubeck. Album : Time Out. Colombia Records 1959.
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Sans raison

L'occasion a été donnée à de multiples reprises d'évoquer les éditons BSN Press qui font figure de pilier de la littérature noire helvétique avec Giuseppe Merrone comme maître à bord mettant en valeur les textes de Nicolas Verdan, d'Antonio Albanese ou de Marie-Christine Horn ainsi que ceux de Jean-Jacques Busino pour ne citer que quelques auteurs à la noirceur assumée figurant dans l'immense catalogue de l'éditeur lausannois. On trouvera désormais certains d'entre eux dans la collection Tenebris issue d'une collaboration avec les éditions OKAMA créées en 2019 par la dynamique Laurence Malè afin de publier des textes davantage orientés vers le fantastique et la fantasy. On découvre ainsi, dans cette nouvelle collection, Le Complexe D'Eurydice (BSN Presse/OKAMA 2023) d'Antonio Albanese, Cruel (BSN Presse/OKAMA 2023) de Nicolas Verdan ainsi que Sans Raison, dernier roman noir de Marie-Christine Horn nous rappelant, dans sa thématique sociale, Le Cri Du Lièvre (BSN Press 2019) où elle décortiquait les rouages tragiques des violences domestiques. Avec le même regard acéré, débutant autour des prémisses d'une tuerie sur une place de jeu, Marie-Christine Horn aborde, cette fois-ci, le sujet de l'exclusion sociale et des conséquences terribles qui découlent parfois.



Par une belle journée ensoleillée, peut-être un peu trop chaude, Salvatore Giordani empoigne son fusil d'assaut, ouvre la fenêtre et fait un carnage sur une place de jeux en blessant et tuant plusieurs enfants ainsi qu'une femme enceinte. De son côté, Margot doit quitter son logement à la suite de loyers impayés, ceci au grand soulagement de ses voisins qui ne supportaient plus les visites intempestives de son fils adulte faisant régulièrement du scandale entre hurlements et tambourinements aux portes des appartements de l'immeuble. Désormais elle occupe une caravane vétuste d'un camping en côtoyant toute une communauté de résidents à l'année qui tentent de surmonter, tout comme elle, les difficultés d'une existence précaire. Mais contrairement à Salvatore, c'est dans l'adversité que Margot prend la mesure de la solidarité de celles et ceux qui refusent de flancher tout en découvrant que les actes, aussi innommables qu'ils soient, ne sont pas dénués de raison.



Tout en abordant les thèmes de manière frontale, l'écriture de Marie-Christine Horn se caractérise par cette pudeur qui imprègne ce récit aux accents tragiques, bien évidemment, sans pour autant prendre une tournure larmoyante ou une allure horrifique comme on peut les trouver dans certains romans putassiers se complaisant dans l'abjection de scènes sanguinolentes tout en glorifiants des monstres de pacotille. Dans Sans Raison, Marie-Christine Horn dresse ainsi, avec beaucoup de nuance, le portrait et certains éléments du parcours de Salvatore qui n'a rien d'un monstre, bien au contraire, ce qui accentue d'ailleurs l'ignominie de ses actes, tout en observant l'amour et le désarroi d'une mère meurtrie par les actes de son fils. Par petite touche, la romancière assemble donc un puzzle existentiel, dépourvu de révélations fracassantes mais imprégné d'une humanité ordinaire qui nous conduit sur la trajectoire d'un homme qui s'est enfoncé dans la marginalité jusqu'au point de rupture. Il n'y a aucune complaisance dans les propos de Marie-Christine Horn qui, en parallèle, nous invite à découvrir toute la petite communauté de personnalités précaires qui entourent l'existence de Margot refusant de perdre pied au sein de ce camping où elle pourra s'appuyer sur Marcel le gérant, son amie La Duchesse, ainsi qu'Anita, Carmen, René et l'ineffable Moumousse, autant de personnages attachants refusant de basculer dans la fatalité, ce qui n'a rien d'une évidence. Parce que Sans Raison, donne également l'occasion à Marie-Christine Horn de mettre en exergue l'absurdité des rouages administratifs qui broient de manière impitoyable l'existence de femmes et d'hommes qui n'entrent pas dans les cases d'une société plus prompte à rejeter qu'à tenter de comprendre les aléas de ces personnes précaires. Sans concession mais avec un regard empreint d'humanité, Sans Raison lève ainsi le voile de cette opulence helvétique pour mettre en lumière celles et ceux, toujours plus nombreux, qui n'entrent pas dans les critères d'une collectivité bien pensante mais se révélant bien plus abjecte qu'il n'y paraît avec les individus qu'elle réprouve.





Marie-Christine Horn : Sans Raison. Editions BSN Press/Okama. Collection Tenebris 2023.



A lire en écoutant : Etna de Lomepal. Album : Mauvais Ordre. 2022 Pinéale.
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Le cri du lièvre

Dans le paysage de la littérature noire helvétique, Marie-Christine Horn s’est toujours distinguée en adoptant les codes du genre afin de mieux les transgresser pour surprendre le lecteur au détour d’une écriture aussi maîtrisée qu’incisive qui met davantage en lumière le thème abordé. Ainsi La Piqûre (L’Âge d’Homme 2017) et Tout Ce qui Est Rouge (L’Âge d’Homme 2015), deux romans policiers mettant en scène l’inspecteur Rozier, prennent une tournure déconcertante puisque le policier reste toujours en retrait pour laisser un espace plus important aux protagonistes impliqués dans les enquêtes, ce qui permet d’avoir un regard plus aigu et plus sensible sur les sujets évoqués, que ce soit l’immigration et les défis qui se posent en matière d’intégration ou l’univers psychiatrique et les thérapies des patients au travers de l’art brut. Avec 24 Heures (BSN Press 2018), bref roman oscillant entre le thriller et le roman noir, le lecteur découvrait le monde de la course automobile et de ses rivalités tout en s’immisçant dans l’intimité d’une famille et des secrets qui en découle. D’ailleurs on reste dans le domaine du cercle familial puisque le dernier ouvrage de la romancière aborde le délicat sujet des violences domestiques avec un roman noir engagé, au titre mystérieux et inquiétant, Le Cri Du Lièvre.



Comme à l’accoutumée, Manu est partie en forêt, à la cueillette de champignons, lui donnant ainsi l’occasion d’échapper à l’enfer de son quotidien, de laisser derrière elle, les affres d’un travail pesant et d’un chef odieux et surtout de ne plus croiser Christian son mari aussi volage que violent. Une balade incertaine qui prend la forme d’une errance volontaire de plusieurs jours. Une fuite en avant avec cette volonté de se fondre dans cette nature luxuriante. Mais la découverte d’un lièvre se débattant vainement pour s’extirper du piège qui l’entrave va déclencher toute une série d’événements qui s’enchaînent en donnant l’occasion à Manu de croiser d’autres victimes de maltraitance comme Nour la jeune infirmière fragile ou des femmes révoltées à l’instar de Pascale, une gendarme qui peine à étouffer cette colère qui gronde en elle. Les trajectoires de trois destins de femmes bafouées qui s’entremêlent pour ne former plus qu’une seule et même tragédie.



Le Cri Du Lièvre met donc en lumière ce hurlement silencieux de la souffrance domestique qui s’installe dans l’intimité du cercle familial et que les proches, amis et collègues ne sauraient ou ne voudraient percevoir. Un sujet tabou que Marie-Christine Horn aborde, avec autant de force que de conviction, au travers d’un texte pertinent qui décline toutes les formes de brutalités qui s’installent parfois de manière insidieuse au sein du couple. Parce que le thème des violences conjugales a fait l’objet de récits ineptes, particulièrement dans le domaine du thriller, avec des auteurs renouvelant leur fond de commerce d’horreurs, de tortures et de violences gratuites où le sensationnalisme du récit desservait un sujet si sensible, il faut saluer toute les nuances d’un texte subtile, tout en retenue, qui aborde pourtant, de manière frontale, ce mal insidieux qui frappe tant de femmes. Une violence sous-jacente, qui n'en est que plus impactante, imprègne donc l’ensemble de ce court récit faisant l’étalage de tous les maux qui peuvent ronger un couple à l’exemple de celui que forme Christian et Manu et dont cette dernière se remémore, au gré de son errance forestière, quelques épisodes marquants qui l’ont peu à peu détruite. Mais que dire du mariage des parents de Manu dont Marie-Christine Horn dépeint le lent déclin avec une lucidité et un réalisme qui fait frémir. Bien loin de toutes mises en scène spectaculaire, la tragédie s'inscrit dans la dérive d'un quotidien qui n'en est que plus terrifiant en entraînant les protagonistes vers leurs funestes destinées.



Oscillant entre son envie de fuite et sa volonté de se confronter à son agresseur, Manu, jeune femme vulnérable, s'achemine à son corps défendant vers le fait divers qui va bouleverser sa vie. Point de bascule et symbole omniprésent d'un destin auquel elle ne peut échapper, le lièvre piégé devient ainsi la représentation de cette épouse meurtrie qui ne peut supporter l'image de détresse que l'animal lui renvoie. Fuite ou confrontation voici donc pour Nora les enjeux qui sont posés en fonction des rencontres qu’elle va faire avec d’autres femmes meurtries comme Nour ou Pascal cette policière ambivalente dont on regrettera le manque de développement tant ce personnage de gendarme paraissait prometteur et dont on aurait aimé découvrir plus en détail le parcours au sein de l’institution policière qui semble avoir généré toute une partie de sa colère et de sa frustration, devenant ainsi source de danger. Glaçant.



Cruel et poignant éclairage d’un mal insidieux générant de terribles faits divers défrayant l’actualité, Le Cri Du Lièvre est un roman noir essentiel qui dépeint avec beaucoup de justesse et d’à propos les mécanismes de délitement et de violence rongeant des foyers à la dérive qui abandonnent leurs rôles de conjoints pour endosser désormais ceux de victimes et de bourreaux.



Marie-Christine Horn : Le Cri Du Lièvre. BSN Press 2019.



A lire en écoutant : Retourne Chez Elle de Ariane Moffat. Album : Le Cœur Dans La Tête. 2005 Les disques Audiogramm Inc.
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La piqûre

Depuis quelques années, alors qu'elles s'en désintéressaient totalement, d’emblématiques maisons d’éditions romandes, comme Zoé ou L’Âge d’Homme, se sont lancées dans le roman policier sans que l’on ne comprenne très bien le sens de cette démarche si ce n’est une volonté de saisir l’opportunité du regain d’intérêt du public suisse romand pour la littérature noire, ceci d’autant plus que les médias ne cessent d’encenser les auteurs se lançant dans le polar sur le mode local que l’on affuble désormais du qualificatif ridicule « d’ethno ». Mais bien au-delà du phénomène de mode teinté d’accents folkloriques racoleurs ou de l’aspiration à épouser les modèles des best-sellers scandinaves ou d’autres contrées, ou même de réitérer un coup d’édition à la Dicker, on peut comprendre, à la lecture de certains textes, que les éditeurs n’aient pas voulu voir échapper quelques auteurs brillants, capables de saisir l’atmosphère de nos contrées helvétiques par le prisme du genre policier. Ainsi en compulsant le catalogue de l’Âge d’Homme on découvre une collection Poche Suisse Noir comportant un titre de Marie-Christine Horn, intitulé La Piqûre que l’auteure avait publié en 2006 et dont elle nous propose une version rémaniée pour la présente publication.



Surmonter le deuil n’est pas chose une aisée pour Lou, surtout lorsqu’il s’agit de Carlos, son amant brésilien qu’elle a retrouvé mort dans sa baignoire, les veines tranchées. Une image sordide qui ne cesse de la hanter, ceci d’autant plus qu’elle ne peut admettre la thèse du suicide. Fantasque, mythomane, alternant les moments joyeux et quelques humeurs plus mélancoliques, Carlos était un homme secret ne parlant que très peu de son pays d’origine. Mais pour faire la lumière sur sa mort et à mesure qu’elle découvre le passé de son compagnon, Lou met à jour un parcours de vie insoupçonné qui se dévoile peu à peu laissant entrevoir toute la détresse de ces immigrés clandestins devant tout abandonner dans l’espoir de trouver une vie meilleure dans de lointaines contrées. Et comme cette piqûre qui la démange, Lou n’aura de cesse de trouver la vérité, tout comme l’inspecteur Charles Rozier en charge d’une enquête se révélant moins routinière qu’il n’y paraît.



Sur une trame narrative plutôt classique où l’héroïne, envers et contre tous, découvre dans le passé de la victime quelques obscurs secrets en lien avec le crime, Marie-Christine Horn met en place une dramaturgie originale, un peu décalée notamment au niveau de l’introduction avec cette piqûre nous renvoyant au souvenir du crime dans une redoutable et efficace mise en perspective permettant de percevoir toute la détresse d’une femme désemparée. Outre l’efficience d’un schéma narratif maîtrisé on appréciera avec Marie-Christine Horn la convergence des genres pour une intrigue oscillant entre le polar et le roman noir. Ainsi l’enquête policière se met en place par l’entremise de l’inspecteur Charles Rouzier dont le profil s’apparente à celui d’un policier comme Jules Maigret ou Martin Beck tout en occupant un rôle plutôt secondaire pour mettre en exergue les carences des institutions cantonales révélant une corruption ne tournant pas forcément autour d’une simple question d’argent. Mais La Piqûre emprunte davantage de thèmes afférents aux romans noirs en mettent en scène cette dichotomie entre l’insouciance de Lou, représentation d’une classe moyenne aisée, et l’angoisse de Carlos dont le statut de séjour précaire le contraindra à quelques compromissions dont il ne peut révéler les tenants et les aboutissants. Parce qu’elle ne peut se départir du cliché du brésilien séducteur, Lou ne voit, dans les dissimulations de son amant, que de vagues petites histoires d’infidélité la conduisant sur le seuil de la rupture. Bien évidemment, rongée par le remord, ce n’est qu’à la mort de son amant que Lou va découvrir une réalité beaucoup moins glamour en se rendant dans un bidonville de Rio de Janeiro où vivait Carlos. Dans le cadre de cette dynamique de rédemption bien trop tardive, on appréciera également les personnages secondaires composant l’entourage de l’héroïne à l’instar de sa sœur Nicole, incarnation de la mère de famille modèle et de Daniel, son ami d’enfance dévoué, qui voit dans la quête de Lou, l’occasion de conquérir son cœur. L’ensemble se décline dans une atmosphère lausannoise que Marie-Christine Horn restitue par petites touches et avec beaucoup de justesse tout comme la ville de Rio de Janeiro et ses bidonvilles, dépeints avec beaucoup de pudeur en évitant tous les clichés sordides.



On l’aura deviné, l’ensemble du récit, dépourvu d’éléments gores ou de scènes d’actions trépidantes, tourne autour d’une tension psychologique continue que l’auteure entretient au gré de rebondissements surprenants qui alimentent une intrigue à la fois subtile et prenante. Avec une écriture précise et dynamique, sans abuser d’artifices narratifs propres au genre et avec une logique implacable, l’intrigue baigne dans une atmosphère de suspense se déclinant au rythme des nombreuses péripéties jalonnant le roman et dont l’issue ultime révélera encore quelques surprises que l’on découvrira sous la forme d’un épilogue à l’ironie mordante.



Pertinente dans le choix des thèmes qu’elle aborde avec beaucoup de finesse au travers de la belle énergie de cette figure héroïque d’une femme forte mais désemparée devant surmonter les obstacles de la disparition suspecte de son amant, Marie-Christine Horn nous offre, avec La Piqûre, un excellent polar dynamique conciliant la veine populaire du genre tout en abordant les multiples disfonctionnements sociétaux pouvant pousser l’individu à la commission d’un crime. Dans le paysage de la littérature noire helvétique il faut compter sur Marie-Christine Horn.



Marie-Christine Horn : La Piqûre. Editions L’Âge d’Homme 2017.



A lire en écoutant : O Caminho de Bebel Gilberto. Album : Bebel Gilberto. Crammed Disc 2004.


Lien : http://monromannoiretbienser..
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Le nombre de fois où je suis morte

A travers ces quelques treize nouvelles, c'est à un voyage à travers la psychologie féminine que Marie-Christine Buffat nous convie. On y rencontre des personnages féminins à différents âges de la vie, de différentes classe sociales, qui toutes nous racontent la complexité féminine.





On y retrouve la fin de l'enfance avec la première relation sexuelle, l'évolution du corps à la puberté, la honte face à ce corps en changement, la gène provoquée par le regard de l'autre :



"Dès qu'on la regarde, son regard à elle cherche un paravent, un bout de placard, un trou où se terrer. Elle a les yeux dominos que d'autres yeux dominos font tomber à peine on les effleure."





Il y est bien entendu question des relations avec les hommes. Ces hommes si recherchés mais qui ne comprennent rien aux femmes et se comportent avec elles comme des goujats. Des hommes qu'il faut savoir appâter sans les faire fuir :



"Les "je t'aime" sont des tremplins à bonshommes qui les envoient directement en orbite autour d'une planète sur laquelle les téléphones sonnent sans cesse dans le vide."





Marie-Christine Buffat sait à travers ces nouvelles nous faire voyager sur une gamme d'émotions qui va du rire aux larmes aux yeux. Elle nous décrit toutes ces petites morts du quotidien qui sont autant de petites défaites, de petites victoires, des moments de la vie de femme avec un style à la fois poétique et terre à terre, fait de phrases courtes et rythmées. Elle nous prend par la main et ne nous lâche plus. Décidément ces auteurs suisses savent nous transporter.
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Le cri du lièvre

La violence contre les femmes



Chaque jour, les femmes sont confrontées à la violence. Selon les estimations publiées par l'OMS, environ une femme sur trois (30%) dans le monde est victime de violences physiques et / ou sexuelles de la part d'un partenaire intime ou de violences sexuelles d'une autre personne au cours de sa vie. L’héroïne principale de ce livre, Manu,fait partie de ces 30 %.

Cette histoire nous raconte comment une jeune femme, Manu, s'enfuit dans la forêt en essayant d'échapper à la violence domestique de son mari. Plus tard dans la forêt, elle trouve un lièvre dans un piège et elle s'associe à lui, peu importe comment elle essaie d'échapper à cet enfer, elle tombera encore dans un “piège”. Sur son chemin de vie Manu rencontre 2 autres filles qui sont soumises à différents types de violence. Et chacune d'elles est une image de l'intimidation faite aux femmes.

Ce livre est passionnant car il soulève un problème aussi important que la violence contre les femmes, comment chacune d'elles y fait face et parfois les filles sont tellement blessées qu'elles veulent juste mettre fin à cet enfer. Par exemple, l'histoire de Manu reflète bien ce problème , elle ne pouvait plus faire face à ce bourreau qui était son mari qu'elle décide même de fuir, mais voyant un lièvre, elle comprend que peu importe comment elle échappe aux “prédateurs”, elle tombera toujours dans un “piège” et cette histoire nous montre clairement le sort difficile des filles, car elles peuvent faire face à des abus et à la pression des hommes partout.

L'allégorie entre les femmes victimes de violence et le lièvre peut nous intéresser , parce que personne ne peut les aider, qu'elles ne peuvent pas sortir de cette situation grave elles-mêmes, les femmes sont comme un lièvre, même si elles s’en sortent , les femmes peuvent ressentir de la douleur ou il y a même une possibilité que ces filles ne sortent pas vivantes. C'est très tragique et effrayant que les hommes se permettent trop de liberté et brisent la vie des femmes tout en s'amusant. Ainsi, Manu, Nour et Pascale ont essayé de sortir ou elles sont déjà sorties de cette captivité appelée violence et bien sûr chacune d'elles éprouve une douleur insensée dans son âme et elles essaient de la combattre même quand cela semble insupportable.

Donc ce livre sera éducatif pour la majorité des gens car ils ferment les yeux sur ce problème mais c'est assez courant et les gens sont obligés d'en parler sinon la violence continuera et beaucoup de femmes en souffriront.
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Tout ce qui est rouge

Un bon polar, d'un auteur suisse que j'ai découvert à cette occasion.

La plongée dans "l'art brut", un courant de peinture que je ne connaissais pas vraiment, n'étant pas très attirée, m'a beaucoup intéressée.

L'histoire est bien ficelée et se lit volontiers.

Un agréable moment de lecture.
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Sans raison

Je remercie BABELIO qui avec la masse critique m'a permis de découvrir une nouvelle autrice et merci également aux éditions TENEBRIS.



Ce petit roman de 130 met en scène deux personnages principaux. Il y a Margot qui vit dans la précarité et doit trouver refuge dans un camping de résidents à l'année



En parallèle nous découvrons l'histoire de Salvadore qui est arrêté et jugé pour meurtre.



La couverture m'avait attirée mais son contenu me laisse un goût

dinaccompli.

En effet j'aurai aimé que MARIE CHRISTINE HORN approfondisse davantage la personnalité de la Duchesse, de Moumousse de René ou encore Anita. On sait rien sur eux.

Quel est le lien entre Margot et Salvadore ? Vous le découvrirez en lisant le dernier chapitre



Ce roman m'a tout de même donné l'envie de découvrir "le cri du lièvre" un autre roman de MARIE CHRISTINE HORN.
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Sans raison

La noirceur de certains romans dénonce souvent les dérives de notre société et c’est toujours bénéfique.

Avec Sans raison, la Suisse Marie-Christine Horn nous livre un éblouissant témoignage des absurdités administratives et sociétales de notre système technocratique et déshumanisé.

Sans raison, c’est l’histoire de Margot et c’est aussi l’histoire de Salvatore.

Margot a un certain âge, peu de moyens, un fils qu’elle ne voit plus. Trop pauvre pour louer un appartement, mais pourtant trop riche pour percevoir des aides, elle vit dans une caravane au camping municipal, au milieu de ses compagnons d’infortune, en proie à leurs manques eux aussi, affamés, avides et désespérés. Ces pauvres hères réunissent leurs solitudes pour former une grande famille.

Salvatore, lui, purge une peine de prison. Il a pris perpète pour avoir tué des enfants trop bruyants.

Le lecteur va longtemps se demander quel lien unit ces deux êtres paumés et ce lien s’avérera inattendu – je ne vous dis que ça.

D’une plume riche en émotions et terriblement élégante, Marie-Christine Horn nous offre un portrait sans concession de notre société. Pas larmoyant et sans jugement, cette analyse clinique et féroce des hypocrisies de ce monde m’a fait l’effet d’un uppercut.

L'auteure suisse parle d'une voix qu'elle souhaite absolument faire entendre !

Une fable morale, doublée d'une réflexion sur les incongruités de notre monde, ses injustices et ses contradictions.

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Le cri du lièvre

Le cri du lièvre est un roman qui traite de la violence conjugale contre les femmes. Marie Christine Horn raconte l’histoire de Manu une femme qui vit une vie trop lourde à porter. Fatiguée de la violence exercée par son mari Christian ,elle décide de s’enfuir pour recommencer une nouvelle vie libre dans les montagnes. Pendant son voyage elle va rencontrer deux autres femmes Pascale et Nour. Deux femmes avec des histoires différentes, caractérisées par un point commun, la violence.



D’abord le livre est un roman noir on peut relever certaines éléments comme un univers violent, un regard tragique et pessimiste sur la société. Par ailleurs le romain est riche en figures de style comme la métaphore notamment le titre : « le cri du lièvre ». Dans l’œuvre le lièvre signifie Manu. La lecture du roman éclaircira le mystère du titre. Je dirais que l’auteur a traité ce sujet sensible avec une facilité remarquable et très compréhensible pour les lecteurs.



D’une part le fait qu’il a utilisé une description très détaillée fait ressentir aux lecteurs la douleur de ces femmes, d’autre part tous ces détails peuvent sembler choquants et dérangeants pour certains lecteurs. Personnellement, je trouve ce livre touchant, triste, émouvant mais surtout réaliste.



Pour conclure, je recommande ce livre à tout le monde afin qu’il puisse faire comprendre à tout le monde que la violence est mauvaise, mais surtout aux femmes qui vivent cette violence tous les jours car ce livre peut être une source d'inspiration qui peut changer leur vie.

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Le cri du lièvre

Un livre bleu, pas le bleu azur du ciel, mais le bleu des coups, voire violé(t).

Comment échapper à la violence conjugale dans notre société patriarcale étriquée ? La fuite ? La soumission ? La folie ? La violence ?

Œil (au beurre noir) pour œil, dent pour dent (cassée).

Un regard cru mais pudique, juste, sans compromis sur ce fléau hélas encore présent au XXI ème siècle.

Christophe
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Sans raison

Ce n'est pas un roman noir mais un roman prise de conscience que Marie-Christine Horn nous propose là.



C'est plein de justesse qu'elle décrit l'existence difficile des personnes n'ayant plus rien ou qui choisisse une vie faite de petits riens.

Une vie au camping, une vie avec des personnes qui se ressemblent et forme une famille même si elle n'est pas de sang.



Notre système déshumanisé les rabaisse encore plus alors que nous autres essayons de nous en sortir.



Elle y décrit également le système carcéral Suisse où tout est mis à disposition pour les détenus qui, selon, auraient eu besoin de ces aides dans leur vie d'avant.



Merci à elle pour ces mots, pour cette plume pleine de justesse et de sensibilité.
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Le cri du lièvre

Ce que je retiendrai de ce livre : sa réalité.

Ce livre poignant, choquant et assez fou nous emmène dans la vie d’une femme traumatisée à tel point qu’elle en perd les habitudes humaines/citadines. Ce personnage apparaît comme complexe, perdu, mais également sûr de ses envies, qui détonnent avec la vie que chacun de nous connaît.

Après un passage dans la montagne où elle vit les moments les plus sains et les plus agréables de sa vie, une rencontre avec un lapin piégé la ramène à la réalité : elle doit affronter son mari violent et ses soucis en ville. C’est pour elle une épreuve. Christian, mari violeur, violent et imbu de lui-même a tant abusé d’elle qu’elle n’a plus aucune pitié pour lui. Cette absence d’empathie, de pitié, signifie tant que cela s’inscrit en nous en lisant le roman.

Son rapport aux autres est également perturbant et perturbé tant il est changeant. Lorsqu’elle rencontre une policière qui subit le sexisme au travail et assiste à l’injustice des victimes quotidiennement, ainsi qu’une infirmière qui subit, elle aussi, les coups de son mari, une relation se crée entre elles. Entre volonté de se sauver, relation qui tourne au toxique et détachement pur et simple de la part du personnage principal, là encore les émotions que le récit nous provoque sont sans équivoque et uniques.

C’est pour cela que ce livre m’a tant touchée : il restera gravé en moi par ses paroles et actes crus et réalistes qui nous prennent aux tripes et ne veulent plus nous lâcher, même après avoir tourné la dernière page.
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Le nombre de fois où je suis morte

Plutôt peu assidu à la lecture en temps normal. Je me suis plongé dans ses nouvelles toutes plus prenantes les unes que les autres, comme dans un bassin massant à température du corps. On y est bien, On a pas envie que ça s’arrête, et lorsque c’est terminé on se réjouit de la prochaine fois. Une histoire puis une autre et ainsi de suite. On ne les voit pas passer toutes ses morts. Surprenantes, saisissantes, étonnantes, anecdotiques et parfois même biographiques.



Un ouvrage qui m’a fait passer par toutes les émotions et qui sait alpaguer le lecteur du début à la fin. A lire et à relire. Bravo à l’auteure.

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Le cri du lièvre

La violence domestique, l'intimidation et l'humiliation des femmes sont un sujet brûlant à notre époque. C'est ce de quoi l'auteur Marie Christine Horne dans son livre « Le cri du lièvre » veut nous parler.



L'histoire commence par le voyage habituel de la protagoniste - Manu dans la forêt pour chercher des champignons, ce qui lui donne l'opportunité de quitter cet endroit infernal appelé «sa maison». Cette fois Manu ne rentre pas chez elle, elle reste errante dans la forêt, espérant rester seule avec la nature un peu plus longtemps et loin de son mari, du monstre. Sur son chemin, elle rencontre un lièvre, qui essaye désespérément d'échapper au piège, et plus tard d'autres filles, qui comme elle souffrent de la violence et tentent de s'en échapper.



L’œuvre est extrêmement intéressant, car il décrit une problème urgente: la souffrance de la violence domestique des femmes et leur cri "tranquille" avec une demande d'être sauvées. Et surtout, c’est le fait que ce type de la violence ne se prête pas à la publicité. Par exemple, lorsque Manu rencontre d'autres femmes, elle comprend leurs états, leur colère, la haine à leurs maris, mais voit aussi qu'elles crient en silence à ce sujet. Ils ont peur de parler au public de tout cet enfer.



De plus, l'idée même de l'histoire est très intéressante: fuir ou mourir. Cela est présenté au moment où le protagoniste, se promenant simplement dans la forêt, décide de fuir le tourment qu'il a vécu, de courir le plus loin possible de sa maison, de son mari. Cela fait même craindre au lecteur le sort future inconnu du personnage, ses actions et aventures futures.



L’autre chose qui attire dans ce livre est la description incroyable des sentiments des personnages. La façon dont l'auteur utilise avec compétence les diverses d’expressions littéraires, dont qu’il travaille avec des adjectifs donne au lecteur la compréhension complète des émotions des héros de l'œuvre: par exemple, quand Manu dit «L'état des planches, vermoulues et bancales, me rappelait ma vie qui tombait en ruines. Nous étions identiques». En utilisant ces mots comme la comparaison, l'auteur transmet parfaitement toute l'horreur que la jeune fille avait vécu.



Il y a beaucoup de sens dans ce livre, ce qui peut en quelque sorte affecter sur les lecteurs.

Et finalement vous ne resterez pas indifférent avec les personnages.
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Le cri du lièvre

Violence domestique un sujet fort

Je viens de terminer Le cri du Lièvre, que j’ai vraiment apprécié et bien aimé.

Le roman parle d’un sujet très sensible, celui de la violence domestique envers les

femmes, qui sont maltraitées par leurs maris et aussi la violence sur le lieu de travail où les

femmes sont violées et maltraitées par leur chef ou supérieurs.

La protagoniste de ce roman s’appelle Manu. Elle vit avec son mari, Christian, un

homme décrit comme possessif et violent.

Malheureusement Manu vit la même situation en dehors de sa maison, dans son lieu de

travail dur où elle a dû faire face à un chef odieux qui ne la respecte pas.

La protagoniste dans le roman raconte avoir perdu beaucoup d'amis à cause de son mari

et se sentir seule au monde.

Un jour elle décide de se rendre en forêt et d’échapper à son mari et elle rêve de

recommencer de zéro, d’avoir un bon travail avec un chef plus gentil et un collègue aussi

gentil et chaleureux.

Elle enfile donc les chaussures de marche, attrape un sac à dos, glisse les couteaux dans la

poche arrière de son jean et au moment où elle entre dans la forêt, elle commence à se sentir libre, comme une reine et à avoir le contrôle de la situation. Elle nous fait comprendre qu’elle se sent aussi très respectée par la nature.

Que fera Manu seule dans la forêt ? survivra-t-elle ? mourra-t-elle ? pourra-t-elle échapper à

son mari et réaliser ses rêves?

Le roman explique les faits à la première personne avec une description très détaillée pour nous faire comprendre les sentiments qu'elle éprouve ou qu'elle a éprouvés.

Le roman explique aussi les conséquences psychologiques que peuvent avoir les personnes qui subissent des violences domestiques pouvant avoir des répercussions graves sur la santé mentale.

Pour conclure, j’ai beaucoup aimé ce livre et je le recommande à tout le monde pour deux

raisons:

La première c’est pour avoir parlé et dénoncé d’un sujet très délicat qui, de nos jours, est

très fréquent dans le noyau familial qu’il faut résoudre et interdire ces actions parce qu’elles

causent des morts et des problèmes psychologiques.

La deuxième est la technique qu’a utilisée l’auteur pour décrire chaque moment du livre : elle arrive à transmettre aux lecteurs la même expérience..





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Le cri du lièvre

Marie-Christine Horn nous parlera et nous emportera vers l’enfer au quotidien subi par des femmes meurtries. Elle va nous permettre de nous introduire dans la vie de ces femmes malmenées d’une manière ou d’une autre. Pour la première, battue au quotidien, c’est vers les montagnes que cette personne va nous expliquer et nous faire vivre un moment-clé de sa vie, celui du lâché prise et de résister et vivre un semblant de liberté. Une femme qui aime la nature et qui va s’y engouffrer corps et âme pour essayer de garder la tête au-dessus de l’enfer qui la consume petit à petit. La forêt et les pâturages seront son domaine .Un cri de rage, de haine ou de peur se ressent a travers ce livre.  Marie-Christine Horn donne une puissance sans égal a la violence conjugale. Ce récit est très violent, dans le sens où la souffrance et le déchirement se font ressentir.Ce livre dénonce les violences faites aux femmes, mais également les réponses qui s’offrent à elles suite à ces actes. En quelques pages, l’auteur nous parle de trois femmes différentes, qui ont pourtant toutes le même point commun : être remplies de souffrance, d’une sorte de frustration et d’un manque cruel de liberté Chacune va se battre finalement à sa manière. Les actes commis suite à une profonde souffrance, frustration ou peur sont bien différentes d’une personne à l’autre. Je n’ai pas trop aimé ce livre a cause de son style d’écriture particulier puis je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire. Je trouve quand même celui ci intéressant car il pointe du doigt les violences faites aux femmes.
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Le cri du lièvre

Le Cri du lièvre de Marie-Christine Horn

Du piège à la liberté



L'histoire est celle d'une femme battue, Manu. N'en pouvant plus de la violence de son mari Cristian, elle va partir vivre en totale autonomie dans la forêt. Cependant, elle va réaliser, grâce à un lièvre piégé qu'elle aussi était prise au piège et qu'il était temps d'en terminer. Elle va donc retourner à la civilisation avec un but bien précis.



J'ai apprécié ce livre car il aborde des sujets différents comme les violences conjugales mais aussi le fait de vouloir vivre indépendamment en se servant des ressources à disposition. Manu est un personnage très intéressant. Son histoire est inspirante. Même si sa vie a été gâchée par son mari elle va quand même réussir à rebondir et à faire ce qu'elle aime, vivre dans la forêt, cohabiter avec les animaux et respecter l'environnement.



Le personnage qu'incarne Pascale, la policière qui devient presque effrayante en voulant protéger Nour, une autre femme battue que Manu a rencontré lors de son séjour à l'hôpital est très intéressant car on remarque une sorte de hiérarchie dans le trio. Pascale domine.

J'ai beaucoup aimé la manière dont Cristian est mort car c'était comme si la nature l'avait voulu, il méritait de mourir. J'aurai presque voulu qu'il souffre plus.



Je pense que ce livre est un bon moyen d'ouvrir les esprits sur les violences conjugales. Il m'a aussi donné envie de faire comme Manu, vivre dans la forêt. Ce livre m'a fait réaliser beaucoup de choses sur la nature, la société et notre mode de vie qui est si facile, où on a tout à portée de main.
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