"La Cadillac des Montadori" de Marie Ferranti
L'artiste n'est pas au-dessus du monde. Il est le monde. Il doit nous faire rêver, pas nous embrigader.
Avant d'être soi, de pouvoir l'être, on imite le voisin, on lui ressemble. On veut une identité en profondeur.
De nos jours, la gloire est confondue avec une notoriété à laquelle n'importe qui peut prétendre, avilie par la facilité à l'obtenir, offerte par une télévision dont la vulgarité n'est plus à démontrer.
« Sais-tu, me dit Michèle, pourquoi jadis, les femmes ne chantaient pas la paghjella ? »
Je l'avais constaté, mais avouai mon ignorance.
« La bouche étant un organe éminemment sexuel, sans être dit, on considérait que ce serait obscène qu'elles le fassent. As-tu noté que les femmes arabes quant elles chantent, comme on voit leur langue, mettent la main devant la bouche ? »
J'étais sidérée, je n'avais jamais fait le lien entre toutes ces choses. C'était fascinant.
La lune est pleine. Je songe aux vers de Musset :
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
A la fin de chacun de leur concert, I Campagnoli descendent dans la nef et se mettent en cercle, se tenant par la taille, ils chantent le -Dio vi salvi regina- au milieu du public. Pour moi, c'est ce qui demeure encore de cette émotion partagée dans la douleur du deuil, le jour des funérailles du père de Guidu. C'est aussi le signe d'une amitié féconde. (p.26)
N'est pas musique seulement la voix bien accordée qu'on écoute, est musique tout ce qui est consonance.
page 247 [...] En visite dans une école, Petru s'étonne que peu d'élèves soient intéressés [...]
"On peut aimer le rap, le reggae, le hip-hop et le chant de vos ancêtres", leur a dit Petru.
Je ne le crois pas. Cela exige un apprentissage. Pour un adolescent, avouer aimer le passé, c'est avouer une rupture avec son temps, se mettre à l'écart. Rien de plus difficile. Aussi les discours ne servent-ils à rien. Ils n'en seront pas persuadés davantage. Il faut chanter et espérer qu'ils soient sensibles à cette beauté, qu'ils ne la considèrent pas incompatible avec leur identité sociale en gestation. [...]
Il m'arrive de parler aux arbres. Je m'étonne d'avoir ces élans primitifs dont j'ai un peu honte. (p.17)
C'est une des plus belles compositions de Jean-Paul.
Jean-Paul chante seul, accompagné au piano.
Un soffiu di libertà
Quandi u mare amurosu carezza le to sponde,
È chì l'aria s'infiara à l'imbruni di a terra.
M'incantanu e stagione chì azzicanu e to stonde,
È l'ombra di a pace ch'invadisce la sera.
Cum'è un soffiu di libertà.
(Un souffle de liberté
Quand la mer amoureuse caresse tes berges
Et que l'air s'embrase à la tombée de la nuit
Les saisons qui bercent tes instants
Et l'ombre de la paix qui envahit ta soirée m'enchantent
Comme un souffle de liberté.)