Le temps a un goût d'espace. Oui je sais, ça paraît bizarre mais je sais pas comment le dire. C'est pas du temps qui passe comme ça. C'est du temps qu'on est dedans. Même si je ne vois pas le moindre coin où on pourrait poser la tente, je ne m'inquiète plus. Je sais que je n'oublierai jamais ce truc bizarre que je suis en train de vivre. Vertical. Je suis vertical entre la terre et le ciel. Vivant.
En attendant, j'aimais bien me mettre à mon bureau et écrire des histoires que j'inventais. Des histoires d'Indiens, ou bien d'animaux abandonnés. J'aimais bien lire aussi, dessiner ou peindre en écoutant de la musique sur ma radio. C'était si bon d'avoir une chambre à soi ! Quand Thérèse était partie, je me glissais en cachette dans les chambres vides. A chaque fois, je m'imaginais un destin différent. Un jour, j'étais une Américaine richissime qui fuyait ses admirateurs. Un autre jour, dans une autre chambre, j'étais une danseuse-étoile qui venait passer quelque temps loin du monde après un succès fantastique. Je faisais alors des pointes et des lancers de jambes devant le miroir de l'armoire. Parfois, je me dissimulais sous un foulard, car j'avais commis un crime atroce, et ma photo était dans tous les journaux. Je passais ainsi des heures à guetter les moindres bruits, prête à disparaitre sous le lit ou dans l'armoire si des pas semblaient s'approcher de la chambre où je me tenais cachée. Quand je me couchais, mon cœur battait encore des peurs fictives que je m'étais faites.
Combien de temps a duré ce premier interrogatoire ? Une heure, trois, dix ? Elle n’a rien dit, presque rien. Elle a fini par reconnaître son adresse « après de nombreuse réticences », est-il noté dans le procès-verbal. Ce qui veut dire, après nombre de gifles, coups de poing, de pied, de cravaches, de matraque, de ner de bœuf, brûlures de cigarette, de semi-noyade…
Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps.
Elle n'en est que plus déterminée à se battre, mais à sa manière, par l'information, l'éducation, la solidarité... par un meeting qui leur permettra d'unir leurs forces au lieu de se disperser et de se faire tuer
(...)
Non coupable
Les cris, les rires, les baisers, les étreintes, les hurlements même couvrent le bruit du marteau du président.
Angela sort triomphante du tribunal, le poing levé, comme toujours. Elle ne desserre le poing que pur serrer sa mère dans ses bras
Elise a beaucoup de respect et d'admiration pour ses parents, mais depuis quelques mois elle est animée d'une sourde révolte pour laquelle elle n'a pas de mots.
[La grand-mère, à sa petite-fille amoureuse]
- Prends garde à toi, lui dit la Vieille, ne mange pas la mangue verte car tu auras mal au ventre !
Bonjour petite fille, tu as mis un bel anorak rouge à la capuche bordée de fourrure pour venir visiter les Inuits! Je m'appelle Nanuq. Mais oui, je suis un Inuit, un vrai. Tu m'imaginais autrement, je parie! Tu as raison. Je n'ai pas toujours été le vieil ivrogne que tu vois....
Assieds-toi près de moi, n'aie pas peur.
Je vais te raconter.....
Elle a déjà l'intuition géniale que tout est lié dans l'univers! "Il n'y a qu'une seule bête"
- Mais si tu ne vas pas au collège, tu ne pourras pas aller à Paris!