Qu'on la surnomme « la Vierge rouge » ou « La pétroleuse », près de cent vingt ans après sa mort, Louise Michel reste un personnage ambivalent de notre histoire nationale, encore récupérée par une certaine frange de la politique française.
S'appuyant sur des sources inédites, avec une plume alerte, Marie-Hélène Baylac nous raconte la vie épique de Louise Michel avec objectivité et impartialité.
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... Elle croit en la grève générale, sans caisse de secours, "sans autre meneur que l'instinct de la vie - se révolter ou mourir, pas d'autre alternative... Tocsins, tocsins, sonnez la révolte! Alors le monde sera à l'humanité, le progrès sans fin et sans borne : ce sera le triomphe de l'anarchie, le règne de "I'ordre par l'harmonie" "
Ce thème de la grève générale, la "clubwoman" en fait son leitmotiv... : "La grève ne saurait aboutir si elle n'est pas générale... Quand tous seront en grève, quand les rails ne seront plus remplacés, quand le gaz ne s'allumera plus, quand tous les métiers s'arrêteront, que feront les inutiles, ceux qui vivent sans rien faire du travail des autres ? Et que craindre après tout ? La mort! Et ne vaut-il pas mieux mourir écrasé dans la tourmente que sous le fouet du maitre comme les chiens ? Vive la mort si la mort doit nous délivrer ! Vive la grève ! "
Il y a aussi les amies de Clara qui viennent prendre le thé. Agatha, en robe de mousseline empesée, descend pour dire bonjour, en fillette bien élevée, mais sans plaisir. Elle déteste les femmes qui minaudent et se précipitent sur elle pour l'embrasser...un supplice qu'elle s'efforcera de ne pas infliger aux enfants quand elle sera elle-même adulte !
Agatha prendra vite goût aux nuits dans un sac de couchage, même s'il lui faudra l'aide de son mari pour s'y glisser la première fois. Prévoyante, elle emporte toujours à l'étranger un bon oreiller, bien moelleux. "A mes yeux, cela fait toute la différence entre confort et supplice".
De nouveau, elle se prend à rêver : ne pourrait-elle vraiment pas devenir un jour chanteuse d'opéra ? Le verdict tombe de la bouche d'une amie américaine de passage qui a ses entrées au Metropolitan Opera de New York : sa voix n'est pas assez puissante pour l'opéra et ne le sera jamais. Je décidai donc de regarder la réalité en face et expliquai à ma mère qu'elle pouvait désormais faire l'économie des cours de chant. Je n'avais jamais vraiment cru que mon rêve puisse un jour se réaliser, mais c'est bien d'avoir eu un beau rêve du moment qu'on ne s'y accroche pas trop.
Avant-propos
La Vierge rouge, la pétroleuse, la nymphe du pétrole, la déesse du pétrole, la sanglante cabotine, la louve sanguinaire, la nymphe égérie du parti révolutionnaire, la fée de l'anarchie, la femme héroique, l'héroique citoyenne, la Jeanne d'Arc du drapeau noir, la Jeanne d'Arc du socialisme, la pucelle de Belleville, la sublime, la sinistre saltimbanque, la mère des anarchistes, la grande citoyenne, la sainte de l'anarchie, la douce qui voit rouge, la club-woman, une Velléda communaliste, la bonne sœur des pauvres, la sœur de charité, la mère aux chats, la Mère Michel, la larme à l'oeil, etc. Louise Michel est un cas unique : aucun personnage de l'histoire de France ne s'est vu attribuer autant de surnoms de son vivant. Elle a rassemblé des foules, donné à rêver un monde idéal aux misérables, fait trembler les possédants et les gouvernements qui n'ont cessé de la surveiller et l'ont emprisonnée et même déportée sans jamais la faire taire.
Dans notre histoire, faite et dominée par les hommes, elle apparait parmi les très rares figures politiques féminines célèbres.
Jusqu'alors, les sentiments amoureux qu'elle a éprouvés relevaient de l'univers fantasmé que son imagination et ses lectures alimentaient.
Ses voisins - une majorité d'artistes et d'intellectuels - se souviendront que Mrs Mallowan (Agatha Christie) les fréquentait peu. L'un d'eux, l'architecte Stefan Buzas, se rappelera la femme qu'il croisait dans le couloir : "Une dame affable, bien en chair, et qui semblait plus susceptible de planter des roses que d'écrire des romans policiers".
Dès ce moment aussi, elle lui adresse "L'heure zéro", qui ne paraîtra qu'en 1944. C'est une belle illustration de la théorie énoncée dans le prologue et qui vaut pour nombre de ses romans : "Le meurtre n'est jamais que la fin. L'histoire débute bien avant ça - des années plus tôt parfois -, avec les mille et une causes de la longue suite d'événements qui font que les individus donnés sont présents un jour donné, à une heure donnée, dans un endroit donné. Tous ont convergé vers un point donné dans l'espace et le temps.
Les préparatifs s'achèvent bien sûr avec le casse-tête des valises, toujours trop pleines, essentiellement de livres : "Je suis appelé à la rescousse pour jouer les poids lourds et m'asseoir sur les valises rebondies de mon époux.".
Le roman n'est jamais la réalité, mais les deux se mêlent et parfois se confondent. Chez Agatha Christie, la frontière entre le réel et l'imaginaire n'est jamais totalement étanche.