Citations de Marie Laberge (612)
Tout le monde ne peut pas faire quelque chose de rare, parce que ce ne serait plus rare.
Les conseils, ça coûte pas cher, c'est pour ça que tout le monde en donne autant. Si y fallait les payer, on aurait la paix.
Comme c'est difficile de faire sa paix avec ceux qu'on a aimés et pour qui notre amour n'a pas suffi. (p. 444)
Elle est là. Elle est venue. Le monde est sauvé. La mort est remise à plus tard. Et c’est bien tout ce qu’il lui demande. Comment François peut-il expédier rapidement tout ce monde ? Comment finit-il par être libre alors que les corridors se remplissent? Il veut lui parler, lui dire. Mais Anne ne veut pas de paroles, ni de promesses. Elle veut le pacte du corps, celui qui, dans leur délire éblouissant, les scelle l’un à l’autre, les soude. Et François sait cela s’il l’a oublié. Et son corps et ses mains se souviennent de l’exacte mesure de cette démesure lorsqu’il saisit Anne et la ploie et la recommence en pleurant d’amour.
Je vais élever notre enfant pour qu'il connaisse la bonté d'une païenne et qu'il ignore l'intolérance des croyants.
L'écrivain n'est pas un voleur, pas un fou, c'est un imposteur : quelqu'un qui dit vrai en créant du faux.
C'est certain qu'un bar, c'est fait pour ceux qui veulent pas être seuls. Dans le genre qui ont pas trouvé leur façon d'être. Ou ceux qui veulent du changement. C'est pas pour les solitaires bien heureux sur leur radeau. ("Ceux qui restent", Pocket, mai 2017, p. 189)
On reconnait les grands à la façon dont ils traitent les petits. Gagner en humiliant, c'est perdre
Savoir qu'on peut faire quelque chose change tout, même pour celles qui choisissent de ne rien faire. C'est avoir le choix qui est important, avoir la possibilité.
La vie n'est pas une promesse après laquelle on doit attendre. La vie est là, à prendre ou à laisser, pleine et vide à la fois.
Apprendre
Il me faut quand même mentionner qu'un des lieux d'apprentissage les plus riches à mes yeux, c'est la lecture. Je crois que les livres m'en ont appris plus sur l'être humain, ses travers, ses grandeurs et ses excès que tous les jours de ma vie. En lisant, je recrée le monde en prenant une distance vis-à-vis de ma petite personne. S'échapper à travers les pages d'un livre, c'est à la fois décrocher du quotidien et se rapprocher de soi. (...) Lire détruit beaucoup de barrières et m'offre le monde (p. 117)
… fuir ne donnait rien : la souffrance court toujours plus vite que nous. Elle nous rattrape. Et, comme le loup dans les contes, elle nous dévore.
Il faut tourner le dos aux morts et aller son chemin, quelle que soit l'envie qu'on ait de les rejoindre.
- Bande d'hypocrites !
Ce qui fait énormément rire Léa. "Bande de pas crites", comme elle le répète, dès qu'elle est surprise ou contente. Et quand elle est fâchée, elle s'écrie : "Bande de crites !".
Très tôt, Stéphane a conclu que le sexe était accessoirement une pratique duale dans laquelle chacun se sert de l'autre pour atteindre un plaisir qui demeure solitaire.
S'il fallait échapper à tout ce qui enlaidit la vie , tout ce qui l'altère, la rend souffrante et surtout nous rappelle sa finitude, est-ce qu'on serait encore des êtres humains ? (p. 310)
- Et vous êtes riches. Les Canadiens français vous en veulent de votre réussite et de celle des Anglais. Ils pensent que c'est du pareil au même et ce que vous avez, vous le leur enlevez.
- Quel raisonnement ! Qu'ils fassent de l'argent au lieu de vouloir nous écarter. Qu'ils nous devancent, qu'ils soient meilleurs que nous. Vouloir abattre et faire disparaître celui qu'on jalouse, c'est de la barbarie.
« Où il est, Dieu ?
- Tu voudrais Lui parler ou L’engueuler ?
- Je veux savoir pourquoi on meurt.
Il la relève, époussette sa jolie robe : « Je ne suis pas sûr que même Dieu le sache. Peut-être que tout ce qu’on peut trouver, c’est pourquoi on vit. »
Les six premiers mois, ce n'est pas le deuil de Sylvain qui a été difficile, c'est le deuil à vie de ma fausse tranquillité d'esprit. On ramasse tout ce qui se trouvait sous le tapis quand un tel événement survient. (p. 126)
Ecouter cette histoire est un péché. Voilà la vérité : on ne peut emêcher des actes pareils, parce qu'on n'arrive jamais à l'acte lui-même, on fuit avant de l'entendre. Comment pourrait-on condamner ce qui n'est pas évocable ? Le sexuel est si douteux que, même quand c'est heureux et beau, ce n'est pas avouable. Alors, quand c'est odieux, perverti, répugnant et dégradant... on laisse une petite fille faire face toute seule à trois ivrognes débauchés.