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Critiques de Marie Laberge (489)
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Ceux qui restent

Si aucun des verbes suivants : “abrier, achaler, baiser, patenter, pogner“ ne titille un tant soit peu votre curiosité, sans doute aurez-vous quelques difficultés à faire un petit bout de chemin avec “Ceux qui restent”.



Ce roman choral repose équitablement sur deux piliers thématiques : la mort et la sexualité.

Les trois personnages, dont le lecteur suit tour à tour les états d'âme, n'ont pas réussi à faire le deuil de Sylvain qui, l'année de ses vingt-neuf ans, s'est pendu sans laisser la moindre explication. Ce suicide remonte à quinze ans et aujourd'hui encore sa femme Mélanie-Lyne, sa maîtresse Charlène et son père Vincent s'interrogent chacun de son côté.

Il est vrai que la personnalité introvertie de Stéphane, le fils de Sylvain et de Mélanie-Lyne, ravive la peine et nourrit l'inquiétude. Âgé maintenant de vingt ans, il croit son père décédé dans un accident mais ce mensonge maternel de longue date ne rassure personne.

Le jour où Charlène apprend que Stéphane vend ses charmes auprès de femmes mûres, des alarmes soudain clignotent à travers les brumes tenaces du passé…



Dans l'épreuve, certains êtres découvrent leur véritable nature. “Ceux qui restent” est un roman intimiste, sans voyeurisme et dans lequel perce une humanité réconfortante.

Marie Laberge a construit une histoire en apparence simple mais qui peu à peu se complexifie en raison de la forte personnalité de plusieurs protagonistes.

La grande dame des lettres québécoise mène son roman comme elle l'entend, se joue du lecteur, le tient en haleine et au final le récompense d'une étude de moeurs intergénérationnelle étonnamment moderne.

L'auteure pioche de temps à autre dans le vocabulaire québécois mais n'ayez crainte : dans le contexte où ils sont prononcés, les mots se comprennent aisément.



Un grand merci à Babelio et aux Editions Stock de m'avoir initié au talent de cette écrivaine francophone dont la plume ne doit pas achaler grand monde !

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Encore un trésor déniché par le bouche-à-oreille !



Lors de mon dernier congé maternité, après avoir fait durer le tome 13 de la saga "Le Chardon et le Tartan" de Diana Gabaldon, j'ai bien dû me rendre à l'évidence : mon stock de lectures-fleuves était à sec ! J'ai donc rappliqué ventre à terre (!) chez ma libraire préférée avec mon cahier des charges pour trouver le livre idéal en cette période (enfin, cela n'engage que moi), à savoir : 

1. Une prose accessible (pouvoir d'attention bien amputé par le manque de sommeil)

2. De l'originalité, de l'aventure et du romantisme (sensibilité au top)

3. Ne pas lésiner sur le nombre de pages (ce n'est pas le temps qui manque pour lire...)



Et là, avec un sourire entendu, elle m'a sorti "Le Goût du bonheur", de Marie Laberge, plébiscité par ses clientes : une saga historique et familiale en trois tomes qui commence vers 1930 à Québec et se poursuit sur 2 générations.

Bon, je dois vous avouer que pendant les 40 premières pages de "Gabrielle" je me suis demandé si c'était une bonne idée... Mais soudain, le récit a décollé, et moi avec !



Premier atout, et non des moindres, le texte est écrit en québécois, ce que j'ai trouvé très rafraîchissant. Quel plaisir de découvrir des expressions insolites et de deviner le sens de certains mots inusités en France. Savez-vous, par exemple, que le verbe "placoter" signifie bavarder ?

La reconstitution historique du Québec après la crise de 1929 est soignée et j'ai beaucoup appris sur ce pays que je connaissais finalement assez peu. Marie Laberge souligne sans complaisance le peu de libertés dont disposaient les femmes, entre le carcan religieux et les pleins pouvoirs accordés aux maris.

Mais la plus grande richesse de ce livre, ce sont ses personnages éperdument attachants et leur volonté de goûter au bonheur, même si cela dérange les conventions étriquées de la bonne société catholique francophone. Dans ce premier tome, on entre dans l'intimité du couple brillant formé par Gabrielle et Edward Miller. Gabrielle, qui a osé se marier par amour, mère attentive de 5 enfants et bientôt 6, toujours à l'écoute des plus faibles, nous charme par son courage et sa générosité. Difficile aussi de résister au charisme de Nic McNally, l'ami de la famille, toujours prêt à aider ses proches. Et parmi les enfants Miller, on remarque déjà la force de caractère d'Adélaïde, qui prend sous son aile le fragile petit Florent, le fils des domestiques de leur maison d'été...



Au fil de leurs aventures, certains trouveront que Marie Laberge force parfois le trait sur la tragédie ou les sentiments charitables. Mais insuffler des sentiments jusqu'à créer l'empathie avec le lecteur, n'est-ce pas là le propre d'une saga réussie ? Et celle-ci l'est à l'évidence, vu l'urgence ressentie à la fin de chaque tome pour se procurer le suivant.



Allez, trêve de placotage ! C'est une pépite, tout simplement.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

C’est fou ce que l’on s’attache à une famille quand on apprend à la connaitre !

C’est fou, oui...car c’est une famille de papier !



Et pourtant, le couple formé par Gabrielle, la belle jeune femme aux yeux gris et Edward, son mari amoureux m’entraine à sa suite dans les activités quotidiennes à Québec et en vacances sur l’île d’Orléans, de l’autre côté du fleuve.

Quelle vie mouvementée ! C’est vrai qu’avec cinq enfants, deux sœurs, un beau-frère, deux nièces et de très bons amis, il ne peut arriver que des péripéties.

C’est vrai aussi que nous commençons cette histoire en 1930 et que la misère règne dans bon nombre de foyers, suite au krach boursier de 1929. Notre Gabrielle s’engage corps et âme dans l’aide aux défavorisés, luttant également pour l’émancipation des femmes, tout en essayant de rester en bons termes – en surface – avec l’Eglise rétrograde et avec la société en général, toute en commérages si quelqu’un fait un pas de travers. C’est qu’on ne badine pas avec les mœurs en ces temps d’avant-guerre !

Cette société aura fort à faire avec la famille de Gabrielle...



J’ai beaucoup aimé cette histoire de famille pleine de vie, de bons et moins bons sentiments, de joies immenses et de drames atroces, une histoire témoin de cette division entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, avec toujours, la toute-puissance de l’Eglise et des hommes.

Les questions de mariage – souvent « de raison » - sont abordées maintes fois, ainsi que celles de la contraception, de la maladie (ah...la tuberculose qui a fait des ravages en ce temps-là ! ), de l’amour aussi, omniprésent, ciment du couple-phare de ce 1er tome. Gabrielle est heureuse et le bonheur fait tache d’huile.

Mais la société corsetée laissera-t-elle s’épanouir Gabrielle, Edward et tous ceux qu’ils ont pris sous leur aile, morale ou physique ?

Je l’apprendrai à travers ces presque 900 pages, avec intérêt et bonheur. Une langue savoureuse (ouf, il y a un lexique à la fin) me conduit à travers les pensées et les actes des multiples personnages, dans des lieux bien pittoresques.



Et franchement, j’ai vraiment eu de la peine à quitter ces personnages de papier si attachants !

Il parait qu’il y a encore 2 tomes. Celui-ci se termine en 1942, sur des rebondissements de taille. Vite, la suite !

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Quelques Adieux

J’ai découvert ce livre sur le blog de mon amie Lili Galipette et sa critique faisait tellement envie que je me suis laissée prendre au jeu. En effet, je ne lis que très peu de romans d’amour, encore moins lorsqu’il s’agit d’adultères. Pourtant là, j’ai aimé. Il faut bien avouer que le style de Marie Laberge, que je ne connaissais pas, y est pour quelque chose ! C’est bien écrit, le style est alerte. On a envie de tourner les pages, de savoir… et l’on oublie presque qu’il s’agit ici de passions coupables.



Je suis friande de romans québécois. J’ai découvert cela il y a peu mais depuis, je les lis avec frénésie. Cependant, jusqu’à présent, les histoires se passaient dans le Québec du XIXe siècle ou du début du XXe. C’est le premier qui se passe à notre époque. De ce fait, il m’a manqué ce sentiment d’évasion que je recherche, je pense, chez les écrivains du Grand Nord. En même temps, je ne peux pas en vouloir à Marie Laberge puisque son histoire est concentrée sur les rapports humains et la passion qui les lie.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Ceux qui restent

« Faut que j’y aille, le p’tit a la picote. Bye, Chou ! » Ce sont les derniers mots que Sylvain a prononcé pour sa maîtresse, Charlène. A peine sorti de son lit, il va se pendre dans la maison de campagne familiale. A même pas trente ans. Pourquoi ?



Il était beau, gagnait beaucoup d’argent avec son métier de dépanneur informatique, avait une femme pas exigeante et un petit garçon de cinq ans. Pourquoi ?



Ce pourquoi va empoisonner la vie de Vincent, son père, qui va chercher désespérément une réponse pendant quinze ans. Il va aussi tourmenter Charlène au point qu’elle écrive des lettres à Sylvain quinze ans plus tard. « On a ri ensemble, on a baisé, on a niaisé… si t’allais pas bien, t’as jamais pensé que ça pouvait se régler ? C’est quoi le problème qui est assez gros pour qu’on se tue à cause de lui ? Même ceux qui se font dire qu’y vont mourir, y se dépêchent pas de se tuer. Ça t’a pris de même, en sortant d’ici ? Tu t’es dit, tiens, je vas écœurer tout le monde, je vas aller me pendre ? »



Tous les deux cherchent à comprendre, mais plus ils cherchent de réponses, moins ils en trouvent… Et ils n’en trouveront jamais car les réponses n’existent pas.



C’est en se rendant compte de cela qu’ils vont enfin pouvoir se reconstruire et laisser Sylvain maître de sa décision, sans culpabiliser, sans se sentir trahis, minables ou idiots de ne pas avoir vu venir son suicide.



Mélanie, sa femme, va reporter tout son amour sur son fils Stéphane, un amour toxique…



Muguette, sa mère, ne pourra pas tout à fait vraiment survivre à la perte de ce fils dont elle ne souhaitait pas la naissance.



Marie Laberge signe un magnifique roman choral dans lequel l’existence des personnages va être axée autour des conséquences dramatiques de ce suicide dans une spirale finalement libératrice.



Elle explore toutes les interrogations et les sentiments des personnages avec finesse et justesse en dégageant une bienveillance réparatrice du malheur.



Je ne connaissais absolument pas la littérature québécoise et j’ai eu du mal avec les personnages de Mélanie, Charlène et Stéphane car je ne comprenais pas toutes les expressions, mais au fil du roman, j’ai fini par m’y habituer. Ben j’vous jure y m’ont pas achalée pantoute !



Merci à Babelio et aux éditions Stock pour m’avoir fait découvrir Marie Laberge et son formidable talent.

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Chez Marie Laberge le goût du bonheur est sucré, capiteux et chaleureux. Elle nous fait goûter à la joie qu'on retire des choses simples de la vie et plus particulièrement dans la vie de famille.

Les descriptions vivantes et pleines de couleurs composent un récit d'une énergie ardente et regorge de scènes poétiques, tragiques ou comiques.

L'écriture somptueusement ciselée est agrémentée par des délicieux régionalismes québécois.



L'héroïne de ce premier tome, Gabrielle est une femme forte, volontaire et effrontée qui se bat pour la liberté de la femme et va au bout de ses convictions malgré le poids des convenances.

Les personnages qui gravitent autour d'elle sont charmants et bien travaillés, créant une ambiance digne des sagas familiales comme on les aime.



Trêve de placotage ! Ce roman est un formidable antidote contre les coups de blues, c'est un récit fin et sobre qui cache sous chaque ligne une tendresse infinie.





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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Gabrielle, 1er tome d'une saga familiale.

Ce 1er tome m'a emballé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une aussi belle histoire familiale. Dans la lignée des Jalna !

Au départ, j'avoue avoir été réticente à lire ce 1er livre : le nombre de pages (+ de 600), la taille de la police, la couverture qui n'est pas forcément attrayante.

Mais quel plaisir !

On se laisse embarquer par cette histoire, par cette famille qui vit à Québec dans les années 30.

Gabrielle est magnifique dans tous les sens du terme : c'est une mère accomplie, une femme amoureuse, honnête, droite, déterminée, moderne mais aussi respectueuse des traditions.

A cette époque, la religion catholique est extrêmement importante. C'est aussi le début de l'émancipation de la femme, le début de leur indépendance face à l'église, face à leur mari ou leur père, le droit de vote des femmes est réclamé, le tabou de la sexualité, les bonnes oeuvres, la maladie...

J'ai aussi découvert les prémices de la 2nde guerre mondiale vues du côté canadien.

Le statut des canadiens français, des canadiens anglais, des juifs, des pauvres...

Ce livre est riche de détails sur la vie au Québec à cette époque d'avant-guerre.

Durant toute ma lecture, j'ai eu envie de m'asseoir à la table en compagnie de Gabrielle, Edward, Nic, Adélaïde, Florent, et le reste de la famille et amis.

Une très belle histoire que je recommande.

Je commence d'ailleurs illico le 2ème tome : Adélaïde.
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Ceux qui restent

Abandonné page 305. Je n'y arrive plus. Entre le "parlé" canadien et le manque d'intérêt de cette histoire, je n'ai pas envie de me forcer à lire cette histoire. Ca ne passe pas.

Autant la trilogie "Le goût du bonheur" m'avait vraiment plu, autant cette histoire me parait rébarbative...
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Ceux qui restent

Très belle première lecture de cette dame des Lettres québécoise, avec ce roman , au sujet, pourtant fort douloureux, et des plus "épineux à traiter"...

Le suicide d'un fils , et la réaction de ses proches , à travers leurs récits entrecroisés!...



"Le 26 avril 2000, Sylvain Côté s'enlevait la vie.

Il avait vingt-neuf ans.

Si on lui avait dit combien de gens il marquerait par son geste , il ne l'aurait pas cru.

Qu'il y consente ou non, qu'il le veuille ou non, ces personnes ont eu à porter le poids de cette décision - pourtant archi-personnelle- toute leur existence. Poids inégal, réparti sur tant d'épaules, tant de vies alourdies, étourdies. "(p. 11)





Une narration à plusieurs voix qui interroge les tourments, les questionnements, les culpabilités autour du suicide d'un jeune homme, Sylvain, assez insaisissable, professionnel de l'informatique...une femme, une maîtresse, un petit garçon, Stéphane, et un jour, sa mère le retrouve pendu dans la maison familiale...Pas une lettre, pas une explication... rien pour "les proches survivants"...pour qu'ils puissent comprendre !





Ce suicide... qui n'a pas pu être pressenti...par ses familiers, est d'autant plus ressenti

comme un tsunami...par tous.



Ainsi l'objet de ce roman, ce sont les remises en cause de vie de ses proches... pour tenter de comprendre ce qui a pu pousser Sylvain à se détruire; ainsi, nous découvrons en alternance les récits, les vies des quatre membres les plus proches de Sylvain : Vincent , le papa-poule, Muguette, la mère aimante, mais qui au départ n'avait pas du tout la fibre maternelle, Charlène, la maîtresse, Mélanie-Lyne, sa femme, enfant mal-aimée elle-même...et cinquième personnage qui entrecroise ses 4 destins, celui du fils de Sylvain, Stéphane, à qui on a dit, sur l'injonction maternelle, que son père était décédé dans un accident de voiture...et qui va apprendre très tardivement la "vraie vérité"...



J'avais hésité à appréhender l'oeuvre de cette dame par ce texte douloureux... En fait, la

vraie réalité de ce texte est qu'il n'est pas larmoyant, ni plaintif... Il regorge d'angoisses

bien légitimes mais aussi d'une vitalité extraordinaire , d'amour, de bienveillance, de

luminosité , de fantaisie ( alimentée aussi par le style choisi, et du vocabulaire québécois

allègre, et très coloré!!), et d'espérance... Un roman poignant, bouleversant, mais aussi

déjanté, joyeux, entremêlant de façon bien acrobatique "Sexe et Mort"... sans être "morbide"... Un vrai coup de maître !!!





En attendant de réussir à acquérir "Treize verbes pour exister" (édité au Québec) et

"Le poids des ombres" (Stock, 2017), je viens d'emprunter à ma médiathèque, de la

même auteure, "Quelques adieux"...(Anne carrière, 2006)



De fort nombreuses critiques que me suis refusée à parcourir avant la rédaction de mes

propres impressions... je vais maintenant... de ce pas, aller jeter un oeil sur les ressentis

des "camarades babéliotes"...



Un grand coup de coeur... à tous niveaux... Il faut toutefois être d'aplomb... pour choisir cette thématique des "plus douloureuses humainement" !...



De très beaux questionnements sur nos rapports aux autres, à la mort, à la sexualité qui fait oublier "fugitivement" nos angoisses existentielles les plus sombres, au vieillissement, à la solitude intrinsèque de chaque être ! Lecture bouleversante, prenante, mais pas de tout repos !!!!...



"Mais je sais une chose: en mourant, Sylvain m'a montré un chemin exigeant et terrifiant. Celui de vivre avec la perte, avec le vide sans continuer à le creuser. J'ai essayé, j'essaye

de marcher droit avec ma part de creux et ma part de plein, et je sais que j'ai été choyé, que j'ai reçu beaucoup d'amour (...)

J'ai beaucoup perdu parce que j'ai beaucoup reçu." (p. 364)



"Comme c'est difficile de faire sa paix avec ceux qu'on a aimés et pour qui notre amour n'a pas suffi. "(p. 444)







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Ceux qui restent

Sylvain avait 29 ans quand il s'est donné la mort et s'il avait mesuré à combien de gens il manquerait et qu'il marquerait à jamais par son geste, il ne l'aurait pas cru, vraiment !



Ses parents, son fils, sa maîtresse .....qui, depuis son suicide, il y a des années de cela, apprennent chaque jour, à vivre avec.

"Il faut poser les armes et attendre que notre coeur refasse surface, émerge......Il faut tenter de rester en vie et ramper vers un peu d'air et de lumière", pense Vincent, le père de Sylvain, généreux et lucide, l'un de ces survivants auxquels l'auteur donne la parole au fil des quelques 540 pages de ce très beau choral incroyablement expressif et incarné .





L'existence de ces personnes est à jamais rattachée, ramenée aux conséquences dramatiques de cette fin brutale et incompréhensible !

L'auteur explore leurs sentiments avec finesse et doigté : sidération, inextinguible chagrin, le Pourquoi? Pourquoi sans fin ?, colère, remords, perte, vide abyssal, fuite dans l'alcool, mémoire trouée, cerveau vacillant, confusion entre passé et présent , noirceur , déchéance physique et mentale...........

Chacun n'a d'autre choix que de continuer à vivre !

Pourtant , par l'empathie que l'auteur manifeste , l'énergie qu'elle instille, l'aura bienfaitrice , réparatrice du malheur qu'elle génère, celle - ci réussit à rendre ce roman résolument vivant , confiant , humaniste .

Une plume sensible et juste qui mêle sexualité et mort , n'en disons pas plus .......

Une lecture intense, puissante, pétrie de réflexions profondes où chacun vit ses propres tragédies et tente de retrouver la joie de vivre , notamment ,Vincent, le père qui refuse de s'effondrer !

Un récit émouvant et des pages remarquables , lumineuses et magnifiques , une réflexion à propos du deuil, de la perte, de l'adieu, de l'apaisement aussi , de la seule issue du deuil :donner sa chance à la "VIE .."

J'avais lu avec bonheur la trilogie de cet auteur : "Le goût du bonheur ," "Gabrielle", "Adélaïde," "Florent "du même auteur en 2007, malgré les tournures canadiennes qui risquent de gêner le lecteur ( il faut s'y habituer au fil du récit ).

Merci à Reine qui me l'a prêté .

Je le conseille ..

Vive les auteurs Canadiens !

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

La lecture de ce livre m’a rajeunie de quelques dizaines d’années, lorsqu’adolescente, je me délectais de ces histoires familiales au long cours. Je me souviens avec nostalgie des « Jalna » de Mazo de la Roche ou « Les semailles et les moissons » d’Henri Troyat. Ces lectures me ravissaient, j’aimais y retrouver l'atmosphère d'une époque, grâce à un fourmillement de petits détails réalistes de la vie quotidienne.

Dans le premier opus de son « goût du bonheur », Marie Laberge nous entraîne à Québec dans les années 30 à la suite de Gabrielle mariée avec Edward depuis bientôt dix ans. Elle mène une vie bien remplie, entourée de ses cinq enfants. De toute évidence, il s'agit d'un mariage heureux. Mais le bonheur est suspect en cette époque où notre sainte mère l'Église nous dit que nous sommes sur terre pour accomplir notre devoir.

L’héroïne est une femme courageuse, intelligente qui essaie de changer le monde en allant au bout de ses convictions.

Les autres personnages, enfants et adultes sont attachants. Marie Laberge décortique les caractères de chacun.

Même si les 100 premières pages m’ont semblée un peu longues, je ressors de cette lecture totalement conquise. L’histoire se met peu à peu en place pour ne plus laisser place au moindre ennui.

Je ne vais pas tarder à lire les deux prochains volumes de la saga !



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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Lorsque l’on a passé un merveilleux séjour au sein d’une famille exceptionnelle, il est de bon ton d’envoyer un mot de remerciement à la maîtresse de maison.

Ces mots de reconnaissance, c’est à vous que je les adresse chère Madame Laberge.

Grâce à vous et à « vos enfants », Gabrielle, Adélaïde et Florent, j’ai passé quelques semaines hors du temps, bercée par leurs histoires d’amour, de bonheur, de chagrin, bref, des histoires de vie tout simplement.

J’ai aimé votre plume sensible et délicate. Votre talent de conteuse m’a émue et émerveillée.

Vos personnages m’ont attendrie, parfois jusqu’aux larmes. Ils m’ont agacée souvent mais plus que tout je les ai aimés dans leurs excès, leurs passions, leur amour de la vie, leur « goût du bonheur ».

Une saga exceptionnelle, j’ai adoré !

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Ceux qui restent

Un roman puissant d’émotions, sur un sujet peu réjouissant : le suicide et son effet sur ceux qui restent.



Sylvain s’est suicidé, sans laisser de message, sans que qui que ce soit ait pu deviner ses intentions avant le geste funeste. Tour à tour, le père, la mère, l’épouse et la maîtresse se partagent les chapitres et viennent exprimer ce qu’ils vivent : l’incompréhension, la culpabilité, le chagrin et la colère.



Des jours difficiles, mais la vie doit continuer. Le choc brutal déchire les couples, mine la santé mentale et la confiance. Des blessures anciennes refont surface, des histoires de famille et de manque d’amour se racontent. Les dommages collatéraux ne sont pas toujours évidents, car on peut aussi étouffer un enfant sous le poids d’un excès d’amour.

D’autres décès surviendront, avec des causes qui vont de la démence au cancer, en passant par la lente usure du grand âge. Des façons de mourir aussi : dans le brouillard de l’oubli, dans la haine manipulatrice ou la sérénité bienveillante.



Mais tout n’est pas noir dans ce roman, chacun des protagonistes a ses propres tragédies, mais aussi ses propres ressorts pour retrouver le goût de vivre et d’aimer.



Ce n’est peut-être pas le livre à offrir à une amie déprimée, mais c’est une lecture intense qui amène vers des émotions et des réflexions profondes.

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Annabelle

Annabelle, treize ans et déjà pianiste prodige. Sa voie est presque toute tracée, depuis des années, un long chemin devenu sacerdoce. Jusqu'au jour où la musique ne vient plus à elle. Elle ne ressent plus rien, n'y arrive tout simplement plus. La musique l'a quitté. Parallèlement, ses parents divorcent, un père souvent absent, imprésario d'une très grande pianiste, une mère très aimante, mais probablement trop. Le début de l'enfer pour Annabelle, ou la fin du monde, le sien, celui de sa famille, la musique oubliée.



Sur fond de "guerre" parentale, Annabelle se retrouve entre deux eaux. Elle se noie dans la baie du Saint-Laurent, plonge en apnée dans cette maudite vie. Ses notes perturbent, son silence aussi. Elle a envie de crier, mais contre qui, à part contre elle-même. Elle ne veut pas prendre partie, ne veut pas faire de mal ni à l'un, ni à l'autre, la sensibilité à fleur de peau, dans ces eaux troubles et glaciales où le blizzard du grand nord pique les yeux coulant de tristesse. Ferme les yeux, Anna. Belle au fond de toi, écoute tes larmes glisser le temps d'une mélodie de Schubert.



Il y a des romans qui te bousculent, sans rien dire, petit à petit, tu sens l'émotion grandir comme pour un tune de Sting par exemple. Et puis là, sans prévenir, le choc. Tu ne t'y attends pas, comme un métro qui arrive soudainement, ligne verte, station McGill. Et pis là, tu comprends. Tu comprends que tu n'en peux plus, que tu ressens la tristesse de ces mots, que tu souffles entre les pages, parce que cette sonate de Schubert qui te berce au début, te rend inexorablement sombre et triste, que ton âme a basculé bien au-delà de toute résistance, là où la littérature se mêle à la vie, là où la musique reste ton seul refuge. Merci encore et désolé si les dernières pages du livre se retrouvent gondolées, mouillées par les gouttes salées de ma peine, des larmes de Schubert.
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Ceux qui restent

La perte d'un être cher est un événement traumatisant dans une vie, la douleur de l'absence et la colère contre ce foutu destin sont autant de vagues qu'il faut affronter pour apprendre à vivre sans. Mais quand il s'agit d'un suicide, les vagues deviennent tsunami. En plus du deuil, il faut cohabiter avec une ronde de questions plus pernicieuses les unes que les autres. Pourquoi ? Est-ce que j'aurais pu l'empêcher de commettre ce geste ? Qu'est-ce que je n'ai pas vu ? Il faut porter un fardeau supplémentaire, celui de sa propre culpabilité, de sa propre introspection.



Premier livre pour moi de Marie Laberge, première rencontre donc, et premier coup de coeur. Le sujet m'effrayait pourtant un peu : Sylvain, du haut de ses vingt-neuf ans, s'est ôté la vie. Il avait tout pourtant pour être heureux, un fils, une femme peu encombrante, une maîtresse, un travail, des parents. Mais ça n'a pas suffi, il s'est pendu.



Ce roman choral se construit autour d'un "pourquoi" centré sur l'entourage qui n'a d'autre choix que celui de continuer à vivre, ces "ceux qui restent" qui doivent réapprendre comment respirer au fil des ans. Chaque chapitre donne la voix à un personnage, à ses pensées, à ses réflexions. Chaque chapitre nous livre le cheminement de chacun. La langue varie en fonction des uns et des autres. Il m'a d'ailleurs fallu un peu de temps pour m'y habituer, elle est déstabilisante au début, addictive ensuite. Distanciés dans le cas de Muguette, équilibrés dans celui de Vincent qui ne veut pas s'effondrer, passionnées dans celui de Charlène qui aime la vie, décousus dans celui de Stéphane qui se cherche, les mots sont le miroir de leur âme.



Ce roman est un kaléidoscope d'émotions à l'état pur. L'on passe par toute palette de sentiments, la colère, le deuil bien sûr, les remords, la distance, le mensonge, la fuite, le faire face, l'amour, l'amitié, les sentiments ambigus, la perdition, l'errance, puis la reconstruction et enfin l'espoir.



J'ai aimé profondément Charlène qui porte ce roman, Charlène qui cherche à comprendre et qui devient un pilier de la vie des autres alors qu'elle n'est que serveuse. Charlène qui sera la lumière pour certains et qui ne pourra aider ceux sont aveugles. Vincent et résignation m'ont attendrie, sa bonhomie et sa générosité m'ont touchée. Stéphane m'a émue, ce garçon dont la vie est bâtie sur un mensonge et qui se cherche, mais qui finalement n'avait pas besoin de ce mensonge pour errer, parce que c'est la vie, tout simplement. Mélanie-lyne m'a attristée, c'est une femme brisée, non pas par l'acte mais par ce qu'elle est. Muguette m'a autant exaspérée qu'elle m'a fait de la peine. Sa folie est finalement le poids le plus lourd qui fait plier ses frêles épaules.



Je me suis surprise à tourner les pages et à vivre intensément chaque chapitre, à ressentir les mots. "L'on passe à Vincent, très bien, je l'aime beaucoup, il est apaisant Vincent", "Mais elle est où Charlène, j'aurais bien besoin d'une petite dose de Charlène moi !", "Mais Stéphane, ce n'est pas possible! Comme je te comprends malgré tout...", "Elle mériterait une bonne paire de claques la Mélanie-Lyne. Mais ouvre les yeux bon sang !", "Et Muguette, on n'a pas idée de porter un nom pareil ! Bon, d'accord, elle n'est pas responsable, mais quand même...".



Et la dernière page tournée, un étrange sentiment de plénitude m'a envahie. Parce que ce roman n'est pas noirceur, c'est un roman intimiste, bouleversant parfois, réconfortant souvent qui m'a touchée en plein coeur.



Surprenant et juste, une très belle première rencontre.


Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Contrecoup

Une petite déception que ce pseudo-thriller. En général, la littérature québécoise, avec ses expressions exotiques pour un français de France, me dépayse ou me fait voyager.

Ici, j'ai cru un instant (enfin plus...) que j'étais en présence d'un thriller.

L'intrigue se développait petit à petit, laissant supposer des rebondissements inattendus, des clés de compréhension cachées. Je reconnais une certaine qualité à la construction.

Celle-ci m'a tenu en haleine une centaine de chapitres... Et puis... rien. C'est une basique romance psy à la sauce moderne, multisexualité obligée (un type pour chaque personnage) et voyeurisme/introspection de télé-réalité.

Perte de temps de mon point de vue.

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Affaires privées

Pouet pouet pouet amis babeliotes, je vis quelque chose de bizarre.

Il y a quelque temps, je terminais Amelia de Kimberley McCreight.

1- Une adolescente se jette en bas du toit de son école.

2- C'est un suicide pense - t- on.

3- Mais pourquoi une élève si douée, intéressante, belle et riche pense-telle à se tuer?

4- Est-ce parce qu'elle cherche sa sexualité ? Est-ce du harcèlement ? Est-ce un accident? Un meurtre? Est-ce à cause de l'école?

5- La mère s'acharne avec l'aide d'un policer afin de connaître une vérité. On fouille sa vie...

Voilà (ou presque) pour Amélia.



Maintenant, je ferme Affaires privées de Marie Laberge.

1- Une adolescente se jette en bas du toit de son école.

2- C'est un suicide pense - t- on.

3- Mais pourquoi une élève si douée, intéressante, belle et riche pense-telle à se tuer?

4- Est-ce parce qu'elle cherche sa sexualité ? Est-ce du harcèlement ? Est-ce un accident? Un meurtre? Est-ce à cause de l'école?

5- La mère s'acharne avec l'aide d'un policer afin de connaître une vérité. On fouille sa vie...

Voilà (ou presque) pour Affaires privées. En plus dans Affaires privées, c'est long, ca se répète, ça tourne en rond, on piétine et on s'ennuie.



Alors voilà, je suis pantoise de cette lecture telle un jour de la marmotte!

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Voilà, je suis bien embêtée pour donner mon avis sur ce roman tant encensé par tout le monde.

Il est très bien noté. Et ma foi, j'ai été bien contente de le débuter, à l'issue d'une pioche tenue par @neneve. (lectrice canadienne).

Et surtout que dans quelques mois, j'irais faire un petit tour au Québec pour la première fois. Je voulais donc bien m'immerger dans ce vocabulaire si cher aux Québecois.

J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, il m'a bien fallu 150 pages pour m'approprier l'essence des personnages.

Mais malgré l'écriture fluide, les mots québecois si charmants, les dialogues bien sentis, je n'ai pas adhéré à la trame narrative. Ce fût une lecture laborieuse. J'ai reposé ma liseuse maintes et maintes fois. Lu d'autres romans en parallèle.

Cela est bien dommage. Les thèmes me plaisaient bien.

Je ne poursuivrais pas forcément tout de suite les tomes suivants.

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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Et voilà, je viens de terminer la trilogie de Marie Laberge. Pendant quelques semaines, j'ai eu l'impression de faire partie de l'entourage de la famille d'Adélaïde.

Dans ce troisième tome, on retrouve les proches d'Ada, sa famille, ses amis.

Le début de ce troisième tome est prenant. Ada est veuve et Marie Laberge arrive à nous transmettre le désespoir de son héroïne.

Peu à peu, la vie reprend son cours, avec des hauts et des bas pour chacun.

Dans ce tome, chacun se retrouve face à ses propres questionnements, face à ses propres choix (qu'ils soient religieux, sociaux, culturels, amoureux, etc...). Chacun se cherche et peu à peu se trouve et s'assume.

En cela, le roman est riche.

Petit bémol sur ce dernier opus, je n'ai pas compris le titre "Florent".

Autant le 1er tome est clair : "Gabrielle" relate l'histoire de cette femme.

Le 2ème tome "Adélaïde" est également basé principalement sur son histoire et celle de Nic.

Mais pour ce 3ème tome, je ne comprends pas. Florent est présent, mais pas au centre de l'histoire. Il s'agit surtout de l'histoire de tous... "L'entourage d'Ada" aurait été plus adapté !!

J'ai beaucoup aimé cette saga familiale et amicale en 3 tomes. Il n'en fallait pas plus...
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Le Goût du bonheur, Tome 2 : Adélaïde

Dans ce 2ème tome, on retrouve avec plaisir les personnages du 1er tome, et plus précisément la génération suivante : Adélaïde et son mari Nic, Florent, Isabelle... et de nouvelles personnes de leur entourage.

Ce ne sont plus les prémices de la libération de la femme, mais son émancipation qui sont ici clairement évoqué.



En ce début de roman, nous sommes en pleine 2nde guerre mondiale, les hommes sont partis à la guerre sur le vieux continent.

Les femmes supportent et subissent leur absence, leur famille, leur emploi à reprendre. Cela a pour conséquence directe qu'elles doivent se débrouiller seules, sans la décision du mari, du père, du frère... Après la guerre, rien ne pourra être pareil à avant.



Adélaïde est différente de sa mère, Gabrielle (malgré leur ressemblance physique) : plus sauvage, plus autonome, elle se découvre de plus en plus. Elle s'assume et accepte les changements de la société.



Dans ce tome, ce n'est plus la condition de la femme qui est en avant, mais la façon de vivre de chacun, le fait de devoir assumer la différence et assumer ses choix. Personne n'est épargné : Adélaïde, Florent, Isabelle, Alex, Fabien, Jeanine...

On retrouve cependant un couple à toute épreuve, pilier de cette histoire, un couple uni d'un amour éternelle, un couple exemplaire : Adélaïde et Nic. (Gabrielle a laissé sa trace !!).



Je n'avais jamais pensé aux répercutions de la guerre outre-atlantiques. J'étais restée sur l'arrivée des américains et canadiens sur le sol français lors du débarquement de 1944. Merci à Marie Laberge pour avoir comblée cette méconnaissance.



Ce roman est riche d'histoires familiales, riches d'Histoire avec un grand H. La guerre, l'après guerre, on ressent l'évolution de notre société. Très proche de la religion, puis peu à peu, le détachement qui nous amène vers une évolution des moeurs plus actuelle.



Une belle suite. J'entame le 3ème tome de suite.
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