Pierre-Olivier Sanchez éd. Passage du Nord Ouest
À propos de Mario Bellatin
4e édition du Salon du livre dAmérique latine
Toujours dans la même boutique, j'ai appris que, dans certaines cultures, la simple contemplation des carpes était un plaisir. Ce qui devenait mon cas. Je pouvais passer des heures et des heures à admirer les reflets de leurs écailles et de leur queue. Par la suite, quelqu'un m'a dit que ce passe-temps était un dérivatif.
La campagne de dénigrement fomentée dans le quartier où se trouve le salon a fait que, plus d’une fois, j’ai craint pour ma vie quand je sortais dans la rue.
J’ai acheté un aquarium de taille moyenne et j’y ai mis une femelle enceinte, une autre encore vierge et un mâle à la longue queue colorée. Le lendemain matin, le mâle était mort. Il était couché sur le dos entre les pierres multicolores que j’avais disposées au fond de l’aquarium. J’ai tout de suite pris le gant en caoutchouc avec lequel je faisais les teintures des clientes et j’ai enlevé le poisson mort. Les jours suivants, il ne s’est rien passé d’extraordinaire.
Tiempo de rosa
Este ejercicio de desplazarme por espacios alternos hace que no esté seguro de que lea realmente los libros que pretendo leer. Más bien los contemplo, los admiro, husmeo en su interior. Para realizar una mecánica semejante es necesaria la presencia de varios volúmenes al mismo tiempo. De diferentes características además. Recuerdo épocas en las que he estado atrapado en quince libros o más. Esta práctica puede estar motivada por una necesidad de orden personal antes que artística. No pienso, al hacerlo, que semejante manera de leer me pueda servir para luego componer mis propias obras. Aunque si tomo en cuenta el método que utilizo para acercarme a los libros y la forma que tengo de crearlos, me parece que ya el simple hecho de apreciar un libro es una manera de creación.
Tiempo de orquídea
Lo que parezco buscar en un texto, como en cualquier manifestación artística a la que me enfrente, es la posibilidad de transitar por un espacio paralelo de la realidad, sometido a reglas propias. Pienso que no sólo en los libros o en el arte se pueden encontrar estas características. Siento que también pueden hallarse en los espacios religiosos, en los cuartos oscuros, en las casas del terror de los campos feriales, y en los estados personales cuando se encuentran exaltados.
Je me souviens que je l’ai connu alors que nous marchions tous deux sur le chemin qui s’étend le long de la falaise. Monsieur Bernard remontait de la plage et moi j’y descendais. Nous marchions en sens contraire. Juste quelques secondes avant de nous croiser, une pierre se détacha de la falaise et tomba sur sa tête. Monsieur Bernard se couvrit le crâne avec ses mains. Aussitôt après il s’agenouilla. Je pouvais voir jaillir le sang au travers de ses mains tendues.
"Il y a quelques années, mon intérêt pour les aquariums me conduisit à décorer mon salon de beauté avec des poissons de différentes couleurs. Maintenant que le salon est converti en un mouroir où vont terminer leurs jours ceux qui n'ont aucun autre endroit pour le faire, il m'est très difficile de constater que les poissons ont peu à peu disparu." (p.7)
Quelquefois, je me préoccupe de l’avenir du salon, quand la maladie se déchaînera. Jusqu’à présent je n’ai ressenti que quelques signes, surtout externes, comme la perte de poids et la baisse de moral. Je n’ai développé aucun signe interne. Il y a un instant, j’ai fait référence à la puanteur et à l’habitude, car mon nez ne sent quasiment plus les odeurs. Je m’en rends généralement compte quand je vois les grimaces de dégoût que font les gens de l’extérieur, après avoir mis à peine un pied ici. C’est pourquoi j’ai conservé l’un des aquariums en eau avec deux ou trois poissons rachitiques dedans. Même s’ils ne reçoivent pas autant de soins qu’avant, j’ai l’impression que quelque chose de frais persiste dans le salon. Néanmoins, on dirait qu’une raison inconnue m’empêche de m’occuper d’eux comme il faut. Hier, par exemple, j’ai trouvé une araignée morte qui flottait les pattes en l’air.
Dans tout Ike-no-wo, il n'y a personne qui ne connaisse le nez de Zenki Naigu. Il doit mesurer dans les seize centimètres, et ressemble à une pendeloque qui descend plus bas que le menton. Même grosseur entre la base et le bout ; bref, une longue chose, rappelant une saucisse, pend au milieu de son visage.
Après cette opération, le nez ressemblait à une passoire, il l'immergeait de nouveau dans l'eau chaude comme pour le rincer : en cuisant, il rétrécissait et recouvrait sa taille normale.
Mais il suffisait de deux ou trois jours pour qu'il s'allonge démesurément.