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Critiques de Marion Brunet (1200)
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L'été circulaire

Céline la belle, la pulpeuse, la sexy, la « garce » pour ses parents et quelques autres : « Son short en jean coupé si court que le pli de chair entre fesse et cuisse s'ouvrait et se fermait à chaque pas. » (p. 12), car Céline est enceinte, et elle a 16 ans. De qui ? Nul ne le sait. Sauf elle, bien sûr.



Pas même sa soeur, Johanna, « Jo », la « bizarre » aux yeux vairons, taillée comme un fil de fer cachant son corps sous d'amples vêtements. Revêche mais lucide : « elle porte un peu de cette lassitude désespérée qui fait parfois office de maturité » (p. 19). Jo a 15 ans.



Deux soeurs dans la chaleur de cet été caniculaire du Luberon. Un été comme un autre ? Non. Un été circulaire... qui tourne en rond comme la grande roue de la fête foraine... comme la roue de leurs vies.



Il y a la famille : Manuel, le père, maçon qui construit « des maisons sans avoir les moyens de payer la sienne. » (p. 77) et Séverine, la mère, elle aussi « fille mère » quasiment au même âge que Céline.



Il y a aussi les amis, ceux des parents, Patrick et Valérie, celui des filles, le seul sur lequel elles peuvent compter, Saïd, « l'Arabe ».

Bien sûr, il y aura des tensions. Bien sûr, il y aura un drame, « mâtiné de racisme ordinaire »...



De ses phrases acérées, Marion Brunet nous offre une essoufflante plongée dans une petite ville de province d'aujourd'hui. Une famille populaire comme les autres qui ne sait plus qui ou quoi combattre pour soulager l'injustice dont elle est victime.

C'est un roman noir. Un noir profond qui vous emporte, en apnée jusqu'à l'issue... qui sera injuste, forcément.



C'est une cinglante réflexion sur notre société actuelle, brûlante comme le soleil qui attire mais qui piège, étouffante comme la chaleur de cet « été circulaire ». Un roman brillant.



Lu en février 2018.



Merci à Ana et Benoît pour cette découverte exceptionnelle.

Je connaissais l’auteur pour ses écrits classés "ado", je ne suis pas sûr que j’aurai pris le temps de lire son premier roman "adulte"...



Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/L-ete-c..
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Vanda

J’ai adoré. Adoré Vanda et son petit Bulot, Noé de son prénom, son petiot de six ans. Adoré cette complicité et fusion entre une mère et son fils. Seuls contre le monde entier.

Ce livre est puissant tant par la force de l’amour qu’il distille que par le caractère trempé de cette Vanda tatouée sur tout son corps.



Vanda et Noé sont seuls au monde. Perdus au bord de la mer dans un cabanon où règnent le désordre et l’exiguïté. Vanda elle fait avec ce qu’elle est, ce qu’on lui a donné. Elle pousse des gueulantes pour un oui pour un non. Elle donne son corps aux marchands de plaisir, elle boit et fume sur la plage avec ses potes. Puis elle retrouve Noé. Près de lui, elle voudrait être ailleurs, loin de lui, elle voudrait n’être qu’avec lui. C’est tout le paradoxe de Vanda.



Quand surgit Simon, le père de Noé plus de sept ans plus tard, Vanda a peur. Peur que sa bulle explose, peur que le duo mère-fils se disloque.



On alterne dans ce très beau roman la voix de Vanda puis celle de Simon. Leurs angoisses se rejoignent sans crier gare. Vanda et Simon, deux êtres qui ont grandi sans père, un peu trop vite, tant bien que mal.

On pourrait reprocher à Marion Brunet des personnages au ton un peu trop vulgaire, c’est vrai. Parce que Vanda ne pèse pas ses mots. Elle parle comme elle pense, comme elle est, ses tatouages et sa rage pleins la bouche. Cela ne m’a pas choquée. Ça colle avec cette Vanda, ça la caractérise, ça la dessine, ça la rend tout à fait proche de nous. Et malgré ses bavures et ses imprudences, on s’attache à elle, on regarde émus son courage, sa spontanéité, son amour fou pour son fils.



Un très beau roman que j’ai trouvé puissant et évocateur. La mer, les moustiques, le sable, la misère, l’oiseau rare, Noé sans son doudou qui plonge ses mains dans la chevelure de sa mère pour s’endormir. Tout et plus, j’ai trouvé ce roman éblouissant.



Merci aux éditions Albin Michel, à Marion Brunet et à Babelio pour l’envoi de ce roman qui m’aura retourné le cœur.
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Katja

Un contre la montre contre la mort et le mensonge.



La plume affûtée de Marion Brunet convoque l’Histoire, la vérité et l’intimité dans cette novella d’à peine 70 pages à l’intensité resserrée.

Katja doit savoir, quoiqu’il en coûte, et connaître avant qu’il ne soit trop tard la vérité sur son passé hanté par un drame familial, quitte à faire ressurgir les remugles de la guerre froide.



Impossible de lâcher cet exemple parfaitement maîtrisé du texte court !
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Vanda

Vanda vit un peu en marge de la société. Des boulots parfois précaires, des amis qu'elle fréquente de loin en loin, des coups d'un soir, un cabanon sur la plage pour seul logement, sa Bretagne natale et accessoirement sa mère qu'elle a quittée pour s'installer à Marseille. Son seul rayon de soleil, c'est son fils, Noé, qu'elle surnomme affectueusement son petit Bulot. Un lien indéfectible et immuable les unit depuis que le petit garçon est né. Mais voilà qu'un soir, dans un bar, elle reconnaît son ex petit ami, Simon. Sept ans qu'ils ne se sont pas vus mais s'accordent tout de même pour se revoir dans les jours prochains. Lors de leur rendez-vous, alors qu'il est revenu pour le décès de sa mère, il est surpris d'apprendre qu'il a un fils. Le retour de ce père risque de bouleverser la vie qu'ils s'étaient faite à deux...



Vanda et son petit Bulot contre le reste du monde... Si jusqu'ici la jeune femme a tenu bon, portée par l'amour de son fils et la complicité sans faille qui les unit, l'arrivée de Simon, le père de Noé, va mettre en émoi Vanda, mère protectrice et aimante qui, jusque là, s'est très bien passée de lui. Après Ab Stenson, Marion Brunet dresse une nouvelle fois le portrait d'une femme sans reproche et sans peur. Un portrait saisissant d'une mère ultra-protectrice, presque possessive, qui ne supporte pas d'être séparée de son fils (excepté à quelques occasions), et qui, évidemment, voit l'arrivée de Simon comme intrusive. Cet amour immodéré ne court-il finalement pas à sa perte ? Un roman émouvant mais aussi éprouvant de par cette relation mère/fils, prenant de par ce drame que l'on sent poindre, révoltant de par cette peinture sociale miséreuse et une plume juste et vivante...

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Vanda

Odeur de drame, tension extrême, cela pèse dès le début sur l'atmosphère de ce roman très social de Marion Brunet : Vanda. J'ai pu le découvrir grâce à Babelio (Masse critique) et les éditions Albin Michel (épreuves non corrigées).

Vanda est une jeune femme, mère de Noé (6 ans), enfant qu'elle élève seule et qu'elle appelle affectueusement Bulot. Personne très indépendante, elle a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Marseille où elle a rencontré Simon, fait l'amour puis s'est retrouvée enceinte alors qu'elle était à Tanger, au Maroc.

Toujours farouchement seule, elle n'a rien dit au père qui ignore totalement qu'il a un fils. Il vit à Paris et ne l'apprend que six ans plus tard alors qu'il est revenu à Marseille à la mort de sa mère. Détail important, Chloé, la compagne de Simon, refuse catégoriquement d'avoir un enfant.

Vanda et Noé vivent dans un cabanon, sur une plage, dans des conditions très précaires. Elle travaille dans un hôpital psychiatrique où elle fait le ménage mais où elle révèle surtout une profonde humanité. Hélas, alcool et envie fréquente de faire la fête reprennent souvent le dessus.

Ce roman, en plus des portraits fouillés de Vanda et de Simon, raconte un affrontement terrible entre une mère très possessive et un père qui voudrait simplement offrir un peu de confort et de sérénité à son fils. Ce fils, Noé, est viscéralement attaché à sa mère. Ils dorment ensemble, ne se séparent que parce que Vanda est obligée de travailler. C'est un amour fusionnel qui ne peut que causer des dégâts par la suite.

J'ai apprécié Vanda dans ses combats sociaux, au travail, mais je n'ai pas aimé ses choix de vie pleins de risques pour elle mais surtout pour son enfant. Elle est toujours sur la corde raide, presque une sans domicile fixe car l'été, le propriétaire du cabanon préfère louer aux vacanciers. Cela donne un épisode Corse très intéressant et très instructif sur la personnalité de Vanda.

Elle est immensément courageuse quitte à priver son fils d'un père qui tente un peu maladroitement d'apporter un peu de confort à son fils et à sa mère. Confort égale-t-il bonheur ? La question mérite d'être posée et chacun y répondra selon ses convictions et d'après son expérience personnelle mais, en lisant ce très bon roman, j'ai eu la sensation désagréable d'un immense gâchis.

Marion Brunet que je découvre pour l'occasion, raconte tout cela avec talent, précision et je conseille vraiment de lire ce livre en continu car l'auteure crée une ambiance, une atmosphère indispensable à la compréhension de son personnage principal : Vanda.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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L'été circulaire

De la fête au village à la fête au village , une année qui s'écoule, terne , morne ,sans grand changement , sans changement notable dans la vie des deux soeurs Jo et Céline .... Pas de grand changement , si ce n'est que Céline sera " maman " , et ce n'est même pas forcément un événement exceptionnel , sa propre mère l'ayant été avant elle et au même âge . Bien sûr , la différence est que Manuel , son père a , au risque de perdre la vie , assumé ses responsabilités en épousant Séverine , sa mère.

Manuel , il est maçon , il construit des maisons pour les autres sans pouvoir jamais espérer en posséder une à lui....Non , lui , il aime boire , " secouer " les ouvriers qu'il dirige , traficoter pour arrondir ses fins de mois , il a la main leste....Quant à Séverine, son épouse, elle travaille à la cantine , sans enthousiasme . Un couple sans histoire , sans grande ambition , sans grand espoir , un couple dont l'amour....Et deux filles , Jo et Céline , donc ,qui s'apprêtent à suivre scrupuleusement leurs traces .Le sort en serait - il jeté dès la naissance , d'une fête annuelle en fête annuelle ? Et que viennent faire Patrick et Said dans cet imbroglio familial ?

Ce roman est désespérant de noirceur, les personnages sont " prisonniers " de leur condition , on aimerait les voir échapper à ce sort qui les accable au lieu de les pousser à la révolte qu'on espère, en vain , jusqu'au bout.....

Ça vous prend aux tripes , comment dire , ça vous secoue , oui , c'est ça , ça vous secoue , au point de crier " mais ,bon sang , vivez , foncez vers autre chose ".......Une désespérante beauté exprimée d'une plume ferme et efficace .Une désespérante beauté dans la description d'émois d'ados en manque de socle et de repères familiaux .Une désespérante beauté traduite à travers des dialogues parfaitement adaptés à la situation de communication.Une désespérante beauté dans la description d'un foyer comme il en a existé , il en existe et il en existera encore sans doute malheureusement beaucoup , à moins que la petite Jolene......

En lisant cet ouvrage , j'ai pensé à deux très beaux films , " Dupont Lajoie" avec le regretté Jean Carmet et " l'été meurtrier " avec Adjani et Souchon . Pourquoi ? Allez savoir ...Une magie de la littérature sans doute et de son impact sur nos modestes personnes.

Et puis , je terminerai là- dessus , la fête annuelle au village...Le ciment d'une collectivité qui , n'ayant pas grand chose à vivre en commun , se fédérait autour de cet événement cyclique. Quelle belle idée .Et attention , polar noir...et s'il y avait une ou des victimes , hein , ce serait peut- être pas mal.....non?
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Plein gris

Lorsque le corps de leur ami, Clarence, émerge de l'eau, aucun ne réagit. Choqué, abasourdi, dans l'incompréhension totale. Élise est la première à se reprendre en suggérant de remonter le corps à l'intérieur du voilier. Les deux garçons, Sam et Victor, s'y attellent, non sans effort, les habits gorgés d'eau de leur ami l'ayant alourdi. Une fois à bord, ces derniers, Élise Emma descendent dans le carré, boivent un coup, sidérés, effarés devant l'inconcevable. Maintenant qu'il n'est plus question de faire demi-tour, l'Irlande étant trop loin maintenant, il va leur falloir rejoindre les côtes françaises. Mais la pluie déjà devenue plus insistante, c'est au tour du vent de forcir, les voiles se gonflant dans le plus grand désordre. Dans le but de prévenir les secours, Sam réussit à joindre la capitainerie mais au bout de la ligne, une voix masculine, tendue, leur ordonne de rentrer immédiatement : une tempête de force 10, montant jusqu'à 12 au large, approche dangereusement...



Emma, Élise, Clarence, Sam et Victor, cinq copains qui ont pris la mer. Direction l'Irlande. Mais sur la route du retour, ils ne sont plus que quatre. Vivants, certes, mais sous la menace d'une affreuse tempête. Marion Brunet nous plonge dans un huis clos en pleine mer, terriblement oppressant et addictif. Si elle nous immerge parfaitement au cœur de cette tempête que les quatre amis doivent affronter, elle s'attarde, à coups de flashbacks, sur les relations qui unissent les cinq jeunes adultes. Se dessinent alors peu à peu les caractères, les relations particulières qui unissent certains, qu'il s'agisse d'amour, d'admiration, d'inimitié, de déception, de rancœur, de jalousie, d'humiliations... Autant de sentiments, parfois confus, parfois complexes, qui les unissent mais aussi les désunissent. Sous les confessions d'Emma, le groupe d'amis, d'apparence solidaire, tangue et se fissure, et le portrait de Clarence, personnage ô combien charismatique, se dessine peu à peu. Et ce qui était la promesse d'une belle escapade sur le voilier va vite prendre une tournure pour le moins inattendue, en premier lieu la mort de ce dernier. Réellement prenant et habilement construit, ce roman glaçant se révèle d'une efficacité redoutable...
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Sans foi ni loi

"Jambes écartées, talons plantés dans le sol, épaules rigides, ... Tous les muscles sont tendus vers le mouvement imminent, sortir son colt et tirer avant l'autre.

Juste et bien."

Il était une fois dans l'Ouest, un duel au soleil, entre Ab Stenson et le père de Garett . Un harmonica pleure avant les détonations.

Tuer ou être tué...



Garett n'avait pas demandé à croiser la route d'Ab (Abigaïl ) Stenson qui vient de braquer une banque, afin d'assurer un avenir à sa fille Pearl (5 ans)

" Son visage s'illumine et elle se redresse, galope maladroitement vers Stenson".

Et à Jenny, sa protégée.



Ab fascine Garett, et il est amoureux de Jenny,(juste 16 ans, comme lui) danseuse au saloon, au bordel. Le garçon a envie de caresser le peau de Jenny, mais se retient...

Garett se souviendra de la jeune fille, qui lui a appris à danser, lors du duel dans la poussière...



Il y a un duel, un saloon, des filles de joie dans ce western crépusculaire. Et puis, il y a Jenny, la jolie petite Pearl et Ab qui va apprendre la valeur de la Vie et la liberté au jeune homme...





Avec tendresse et sans la brutalité que professait le père de Garett, (rien que pour lui apprendre à devenir un Homme, pas une poule mouillée !)

"Griffée de cicatrices, la chair du dos de Garett ressemble à un champ de ravines."



Dans le film de David Miller, "Seuls sont les indomptés" , Kirk Douglas restait seul, pour garder sa liberté. Mais un shérif le recherche... Libre et indépendante, Ab a aussi le shérif et un dénommé Jefferson, à ses trousses.

Jefferson a un compte à régler. Il n'aime pas cette femme habillée comme un homme...

Le Destin est en marche...



Ab parle rarement :

"Je ne tue pas pour le plaisir, Garett, ni les hommes, ni les bêtes."



Un style percutant, comme une balle fusant d'un colt. Vous vous souviendrez d'Ab Stenson, en refermant le livre, en espérant une suite.



"Si toi aussi, tu m'abandonnes

Il ne me restera plus rien

Plus rien au monde, ni personne

Qui me comprenne, qui me soutienne

Ou qui me tente simplement la main."

High noon.
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Sans foi ni loi

Des habits d'homme, le cheveu court, de la poussière rouge sur chaque pli du visage et un fusil braqué sur lui, c'est ainsi que Garett fait la connaissance de Ab Stenson. Ce n'est qu'après qu'il réalisera qu'il avait affaire à une femme. Tandis que des bruits de sabots des chevaux du shérif et ses adjoints se font entendre au loin, Ab n'hésite pas à menacer le jeune garçon de le tuer s'il fait allusion à sa présence. Si Garett obéit, le shérif se doute que quelque chose ne va pas. Après de nombreux tirs de part et d'autre et un adjoint blessé, Ab n'a d'autre choix que de s'enfuir en prenant le jeune garçon pour otage. Si les relations entre les deux fuyards sont quelque peu tendues et froides au début de leur cavale, ils vont, peu à peu, apprendre à se connaître et vivre des moments mémorables...



Des poursuites, des chevauchées, des duels, des saloons emplis d'alcool et de prostituées, des Indiens et une tête brûlée... Marion Brunet coche toutes les cases du western pour ce roman épique. Il met en selle Abigail Stenson, femme de tempérament insaisissable qui fuit le shérif après le braquage d'une banque, et Garet, fils malheureux de pasteur. Autour d'eux, une galerie de personnages tout autant inoubliable. Que ce soit Will, le demi-Indien qui peine à trouver sa place, Jenny, la prostituée au grand cœur, ou le pasteur à la main lourde. D'une force incroyable et avec beaucoup de justesse, l'auteure aborde différents thèmes tels que la notion de liberté, l'amitié, la différence, la violence familiale ou encore la loyauté. Un western féministe pertinent, à la fois sensible, violent et finement troussé.

Une chevauchée littéraire époustouflante...
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L'été circulaire

Troisième Brunet au compteur en un temps plutôt ramassé.

Le constat perdure.

C'est bon, diablement bon.



L'été circulaire ne vous fera pas voyager.

Focalisé sur un espace géographique plus que réduit, il mijotera tranquillou vos petites cellules grises jusqu'à la carbonisation finale.

Ping !

À table !



Livre désabusé sur une jeunesse qui l'est tout autant.

Livre désenchanté sur des adultes qui n'ont rien à lui envier.

Livre sur le racisme ordinaire initiateur de faits divers sordides.

Livre du morne quotidien connu par moult familles sans autre espérance que celle de vivre leur vie plutôt que la subir.



L'été circulaire ou l'art de narrer le médiocre en le sublimant d'une plume expressive au service d'un scénario sans failles.



Très très beaucoup bien, encore.
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L'été circulaire

L'été circulaire. L'été qui tourne en rond. Etés après étés.

Y a rien à faire ou bien pas grand-chose, y a guère que la fête du village ou la kermesse qui ramène un peu de vie dans ce patelin au pied du Lubéron.

Johanna et Céline, quinze et seize ans zone un peu. Johanna avec Saïd. Céline un peu avec tout le monde sans vraiment s'attacher, elle n'a qu'à se baisser pour les ramasser. Elle est tellement sexy dans son short taillé à raz la foune. A la maison c'est pas jouasse, le père maçon de profession tutute dur, la mère elle s'en fout un peu de tout, leurs amis, Patrick et Valérie ne valent pas mieux. Ce sont fait une raison de ne pouvoir avoir de gosses.

Pour s'éclater y a le centre commercial ou les piscines des résidences secondaires qui ne sont pas encore habitées. Ambiance …

Tout coule tout doucement sans réelle perspective d'avenir, les choses sont en place et paraissent immuables. Jusqu'au jour où les événements vont se précipiter.

L'écriture nous décrit cette situation. Dans la première partie, c'est un peu l'ennui, la chaleur est écrasante, la vie étouffante. Une vie de gens repliés sur eux-mêmes. Tout doucement de sa plume acérée Marion Brunet nous entraine dans les profondeurs des sentiments de ses personnages. Le lecteur passe de la pleine lumière de l'été au noir profond de la nuit

Une descente aux enfers pour certains, d'autres se sont forgés une carapace pour échapper au quotidien.

Un roman habile pour regarder la société au fond des yeux et y déceler les disfonctionnements.

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Frangine

Joachim et Pauline, respectivement 17 et 14 ans, vivent dans une famille que certains qualifient de différente. En effet, ils ont deux mamans, Maman et Maline, qui ont eu recours à la PMA en Belgique. Une famille aimante et unie mais qui a dû faire face à de nombreux regards, de nombreuses critiques, dont la maman de Julie, qui n'a jamais accepté le mode de vie de sa fille et qui a coupé tout lien avec elle et les siens. Et si Joachim, qui fait son entrée en terminale, a réussi, très vite, à faire taire les mauvaises langues, il n'en est pas de même pour Pauline qui, elle, fait son entrée en seconde. Dès les premiers jours, l'adolescente est moquée, narguée, voire malmenée par certains élèves. Une situation qu'elle tait à sa famille même si son grand frère voit bien que quelque chose ne va pas...



L'on sait qu'il n'est pas facile de s'intégrer dès lors que l'on sort du cadre ou de la normalité. Joachim et Pauline le savent mieux que quiconque, eux qui vivent avec deux mamans. Dès lors que les critiques et les moqueries fusent, l'on peut se défendre, attaquer de plus belle ou se taire. Si Joachim a réussi à faire taire ses détracteurs, le sexe et le caractère aidant, il n'en est pas de même pour Pauline qui, à 14 ans, n'ose répliquer. Tout en justesse, Marion Brunet aborde un sujet ô combien sensible pour certains : les familles homoparentales. Elle montre la complexité des rapports qu'entretiennent la famille des deux adolescents avec l'extérieur. Outre ce thème particulièrement intéressant, elle aborde également l'adolescence, les premières amours, le harcèlement, le lien indéfectible entre frère et sœur, le monde du travail qui épuise... Une peinture d'une famille somme toute normale ! Un roman qui prône évidemment la tolérance et le respect de l'autre et de ses choix (qu'ils soient intimes ou professionnels). Marion Brunet, de par son écriture à la fois légère et profonde, nous offre un récit émouvant et percutant...

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Vanda

L'occasion m'a été donnée de m'intéresser à ce roman par Babelio qui me l'a proposé lors d'une Masse Critique privilégiée. Hélas, cette fois - là le sort m'a été défavorable et d'autres amis et amies babeliote ont profité de cette belle opportunité. Pourtant , le "poisson était ferré " et s'était bien promis de se lancer un jour " à l'assaut " de ce petit livre à l'histoire bien intrigante Alors , dés la sortie " en poche " , jeudi dernier ..... L'histoire ? Oh , finalement , elle est assez banale .Simon se rend à Marseille aux obsèques de sa mère qu'il ne rencontre plus que de temps à autre . C'est qu'il a sa vie à Paris , une profession reconnue , une compagne , Chloé avec qui tout va pour le mieux . Alors , sa mère....Pourtant , en se rendant à ses obsèques, ce qu'il ignore , c'est que sa vie va basculer : face à lui , par hasard , se tiennent Vanda , une ancienne " rencontre " de jeunesse ....et un petit garçon . Dés lors , plus rien ne sera comme avant , une " machine infernale " jette son emprise et déferle sur le trio .

Le livre est court , si court qu'on pense être vite " au bout " et pourtant , on se complaît à traîner, à savourer une écriture loin d'être " légère " , à s'immiscer de ci , de là, à droite , à gauche , deux côtés comme séparés par une ligne rouge infranchissable , une ligne rouge sur laquelle évolue, en équilibre précaire un " fildefériste" , un petit garçon , un petit Noé , le petit " Bulot " à sa maman . C'est dur , n'ayons pas peur des mots , violent aussi de cette violence quotidienne qui fait parfois ressurgir " les cendres d'un volcan qu'on croyait éteint " et fait chavirer le " bateau du bonheur " , fragile certes mais qui , bon an , mal an , résistait tout de même aux " coups de vent " jusqu'à ce que ....

Ce roman nous implique , pas moyen d'échapper à l' intervention de notre " moi profond " , pas moyen pour notre coeur de " se planquer " pour ne pas parler , pas moyen non plus pour notre " raison " de " rester " en retrait . Un sacré bouleversement de notre être autour de ces personnages peu nombreux mais inoubliables , dépeints par l'auteure avec tact et grande intelligence . Un roman marquant sur un sujet difficile , mené avec art de bout en bout , sans excès aucun . J'ai adoré et je pense ne pas avoir été le seul ....
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L'été circulaire

La soirée commençait plutôt bien. Toute la famille, les parents, Manuel et Séverine, apprêtés et presque beaux, Céline, dans des fringues trop étroites contrairement à Johanna, désinvoltement vêtue, se rend, comme tous les ans, à la fête foraine. Des coups bus avec les copains, des flirts innocents, des tours de manège qui font tourner la tête sur fond de musique entêtante... Sauf que, cette année, dans son état qu'elle a caché à tout le monde, Céline n'a pas supporté le tout dans l'araignée, a fait un malaise avant de vomir sur les pieds de son ami, Enzo. De retour à la maison, Manuel a beau gifler, crier, menacer Céline, la jeune fille ne lâche rien. Surtout pas le prénom du futur père... Un coup dur pour Manuel et Séverine qui ont pourtant fait ce/comme ils pouvaient pour élever leurs deux filles...



Loin de la carte postale du Lubéron qui, pourtant, regorge de jolis villages tels que Gordes, Cavaillon ou L'Isle-sur-la-Sorgue, Marion Brunet nous emmène dans un lotissement pavillonnaire, comme il en existe beaucoup, là où la famille trime à longueur de journée. Un père maçon qui, pour arrondir les fins de mois, trafique ; une épouse cantinière, devenue mère bien trop jeune qui s'occupe de loin en loin de ses deux filles ; une sœur aînée qui aime jouer de ses charmes et enfin une cadette, plus raisonnable mais qui suit volontiers son ainée. Face au silence de la mère, le père, lui, a la main parfois lourde. Et ce soir-là encore plus que de raison lorsqu'il découvre que sa fille est enceinte. À 16 ans ! D'un été à l'autre, l'on suit ainsi la vie de cette famille où cohabitent une jeunesse désenchantée et des parents désabusés, presque résignés. Sur fond de racisme ordinaire, ce roman, âpre et désespérément noir, à l'atmosphère lourde, démontre que Marion Brunet excelle aussi dans les romans pour adultes. Une peinture sociale, juste et intelligente, de la classe populaire servie par une plume pertinente et sensible.
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Vanda

Moi qui abordais ce livre dans l'esprit d'une lecture de détente entre deux thrillers noirs, moi qui pensais que c'était une lecture plutôt "grand ado/jeune adulte" (j'ai lu "Sans foi ni loi" récemment"), eh bien...je me suis bien plantée !

Cette histoire m'a serré le coeur à tel point que je n'ai pas pu la lire d'un trait, alors même que le roman est court et ne prends que quelques heures à terminer. Je me sentais étouffée par cette fusion entre Vanda et son "bulot", ainsi qu'elle surnomme son fils Noé. Et c'est vrai qu'il s'accroche à sa mère comme un bulot à son rocher, ce petit garçon, tant il craint de la perdre, par exemple lorsqu'elle va nager trop loin, ou qu'elle le laisse seul pour s'adonner à l'ivresse de l'alcool et des étreintes aléatoires. C'est d'ailleurs lors d'une de ces soirées où alcool et autres dérivatifs permettent d'oublier tous les aléas de la vie que Noé a été conçu, par hasard, avec Simon, un "petit ami" qui est parti ensuite faire sa vie ailleurs sans se douter un instant qu'il avait semé un enfant dans le ventre de Vanda. Au moment du retour de Simon à Marseille (il vient enterrer une mère avec laquelle il n'avait plus vraiment de contacts), Vanda et Noé, qui a 6 ans, vivent comme ils le peuvent dans un cabanon, avec des moyens très réduits et le moins possible d'intrusions extérieures. Pourtant Vanda travaille, en contrat précaire et mal payé, ce qui lui permet de fournir le nécessaire à son fils et de "faire la bringue" quand l'envie lui en prend. Noé, lui, va à l'école et aimerait bien parfois voir un peu plus ses copains, même s'il est toujours aussi "accro" à sa mère. Quand Simon apprend par une gaffe de Vanda qu'il est papa, son premier réflexe est de faire connaissance avec ce rejeton tombé du ciel, d'autant plus que sa compagne Chloé ne veut pas d'enfant et ne semble pas trop se soucier de sa propre opinion sur le sujet.

Le roman nous parle d'une part de la prise de conscience de Simon, qui est plutôt un brave type et voudrait donner à son fils ce que lui-même n'a pas eu avec son propre père, et d'autre part de la crainte de Vanda qu'un quasi-étranger vienne s'immiscer dans sa relation avec Noé. J'ai d'ailleurs eu du mal à comprendre que cette crainte soit si forte, au point qu'elle envisage très vite une fuite à l'étranger, sans laisser la moindre chance à Simon de lui expliquer ses intentions. Mais elle est comme ça, Vanda, tout d'une pièce, et sans concessions dès qu'il s'agit de son bulot. Autant elle se permet pas mal de "légèreté" dans sa propre façon de l'élever, autant elle imagine Simon comme un intrus qui n'apportera rien de bon puisqu'elle s'en est très bien passée jusqu'alors, et Noé aussi. Elle est touchante et agaçante, profondément humaine (par exemple à son boulot dans un hôpital psychiatrique alors qu'elle n'est "que" femme de ménage), mais aussi parfois complètement égocentrique et irresponsable.

Marion Brunet a beaucoup travaillé la personnalité de son héroïne, je suis complètement entrée en communion avec elle, du coup les passages qualifiés de "vulgaires" par certains commentateurs ne m'ont absolument pas choqués. Ils font partie de sa façon d'être, son mode de vie aurait rendu très incongru un langage châtié ! Le personnage de Simon par contre est un peu moins approfondi, on sent ses tiraillements entre sa vie actuelle plutôt bourgeoise avec Chloé et son envie de rester à Marseille pour s'occuper de son fils, mais il aurait mérité d'être un peu plus développé. Je me suis également demandé comment il se fait que les services sociaux n'aient jamais mis leur nez dans la vie de Vanda et Noé, dans un cas pareil il y a en général signalement (conditions de vie précaires, enfant souvent laissé à lui-même alors que la maman s'alcoolise dans des bars...). Peut-être sont-ils plus pointilleux en Alsace qu'à Marseille. Le petit Noé m'a fait fondre, il essaie tant de faire plaisir à sa maman (et en est parfois bien mal récompensé !), il demande si peu en retour, juste qu'elle l'aime et reste un peu plus auprès de lui. Mais il voudrait bien connaître un peu plus ce papa qui surgit de nulle part...

Alors non, ce n'est décidément pas un roman léger, même s'il n'est pas noir, la fin est ...non je dis rien, et ce n'est pas non plus une lecture destinée aux ados. Mais je ne regrette absolument pas de l'avoir choisi, Marion Brunet est décidément une auteure qui maîtrise plusieurs registres et je vais très certainement continuer à la suivre. Je recommande sans réserve !

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Dans le désordre

Lors d'une manifestation, au cours de laquelle les flics, nerveux, n'ont pas hésité à balancer de la lacrymo, pourtant bousculée par la foule grandissante et en furie, Jeanne remarque aussitôt un jeune homme. Soudainement figée, elle l'observe, le cœur battant fort. Ses mains, ses gestes, ses cheveux en vrac, sa désinvolture agaçante... Basile, interpelé par son ami Tonio, voit, dans la foule, cette jeune fille immobile. Sa longue silhouette, ses cheveux fauve, sa petite cicatrice sous l'œil. Ses yeux plantés dans les siens avant que Tonio ne l'entraîne avec lui pour éviter que les flics ne leur tombent dessus...

Alison, effrayée mais tenace, continue d'avancer parmi les manifestants. Mais les flics chargent, avancent en grand nombre. Aussi suit-elle, dans leur sillage, un jeune couple, près de qui elle a marché pendant des kilomètres... Lucie a malheureusement lâché la main de Jules et c'est à la terrasse d'un bistrot, les yeux rougis, secouée, qu'elle s'inquiète pour lui. À la table d'à côté, Tonio, en compagnie de Jeanne et Alison, lui propose de venir avec eux. Viendront bientôt se joindre à eux Jules, Basile et Marc... Parce qu'ils partagent tous à peu près les mêmes idées, c'est presque naturellement que tous les sept allaient décider d'habiter ensemble…



Jeanne, Alison, Lucie, Basile, Jules, Marc et Tonio... Soudés comme jamais. Une belle et grande amitié qui commence lors d'une manifestation. Si certains suivent les cours de la faculté et crèchent en cité U, si d'autres travaillent, plus ou moins, créchant à droite à gauche, ils vont très vite décider de squatter une maison. C'est à coup de débrouilles, de vols, de jardinage qu'ils s'en sortent. Si chacun arrive avec ses failles et ses blessures, ses manquements, tous soufflent le même vent de révolte. Si l'amitié s'invite comme une évidence, l'amour, lui, se fait plus timide entre Jeanne et Basile. Sur fond de manifestation, de colère, d'indignation, Marion Brunet nous dresse une galerie de personnages, tous avec la même volonté de changer les choses, très attachante, pétillante, exultante. L'auteure aborde avec intelligence et subtilité divers thèmes tels que la société de consommation, la révolte, la famille, l'amitié, l'amour mais aussi le deuil. Un roman poignant et fort, servi par une plume percutante...
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Vanda

Second Marion Brunet au compteur et le constat s'impose, l'auteure adore les femmes fortes, libres, fidèles à leurs idéaux.



Vanda s'inscrit pleinement dans cette lignée.

Femme de ménage en HP, élevant seul son bambin, Noé, et vivotant en marge d'une société qu'elle conchie, elle voit d'un très mauvais œil le retour du père qui pourrait bien lui ravir sa raison de vivre.



C'est court mais c'est bon.

En peu de pages, Marion Brunet dresse le portrait d'une louve au bord de la rupture.

Habitée par un amour inconditionnel envers son gamin, Vanda ne demande qu'une seule chose, le droit de bosser, enfin survivre, et de ne surtout pas se faire emmerder.

Il se trouve que ces deux aspirations pourraient bien lui être ravies, je vous laisse imaginer le degré d'ébullition de la cocotte minute.

Mais ce court récit pose également la question des droits en paternité.

Rien de manichéen chez Brunet mais le désir prégnant de visiter le spectre des possibilités plausibles tout en tissant le portrait de première bourre d'une marginale assoiffée d'amour et d'indépendance.



C'est encore un bien joli portrait.

Merci Marion Brunet.
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Vanda

Vanda raconte l'histoire d'une mère et de son fils Noé, âgé de 6 ans, qu'elle élève seule. Ils vivent dans un petit cabanon sans confort au bord de la mer, vers Marseille. Vanda s'en contente car elle est assez marginale, plutôt solitaire, même si elle aime faire la fête avec des copains. Cette mère célibataire est prête à tout pour garder son fils, en dépit des difficultés auxquelles elle est confrontée au quotidien. Elle entretient une relation forte avec son fils, trop forte, fusionnelle, et l'entraine parfois dans des situations difficiles, mais ce qui importe pour elle c'est qu'ils sont ensemble, elle et lui « contre le reste du monde ». Cette relation est d'autant plus exclusive que Vanda est seule depuis longtemps, elle veut garder sa liberté, les autres ne comptent pas et ne peuvent être au mieux que des relations d'un soir.

Cet équilibre fragile va se rompre quand Simon l'ex petit-ami de vanda, et père de Noé, réapparaît inopinément après sept ans d'absence. Celui-ci découvre qu'il est le père de Noé et entend faire valoir ses droits sur son fils. le roman se construit désormais sur la tension qui va naître quand Vanda réalise le danger que pourrait représenter Simon et voit sa vie lui échapper.



Marion Brunet ne décrit pas seulement la précarité des personnages mais relate leur combat quotidien. L'amour que Vanda porte à son fils est évident, mais maladroit et exclusif, aussi veut elle le priver de l'amour de son père qui a un vrai désir de paternité et une légitimité à s'inquiéter et à vouloir exercer ses droits.

Par petites touches, Marion Brunet sait habilement décrire la tension que le lecteur ressent au fil des pages sans savoir sur quoi elle va déboucher. le regard de l'auteure reste toujours humain et subtil, un beau roman.

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L'été circulaire

Céline & Jo, soeurs de 16 et 15 ans, dans la touffeur d'un été du Luberon.

Le dernier été de l'insouciance adolescente ?

Céline est sexy, aguicheuse ; Jo, lucide, rebelle, pragmatique, vit dans son ombre.

Elles ne sont pas touristes (d'ailleurs elles ne sortent jamais d'ici), elles vivent dans cette petite ville près de Cavaillon, entourées de copains. Les parents triment - la mère est employée municipale, encore jeune, pas trop mal, un peu vulgaire, dure, fière ; le père est maçon, descendant de réfugiés espagnols. Il boit trop, parce qu'il fait chaud, qu'il a un boulot éreintant, et surtout « pour rendre les choses floues ». A l'occasion, il cogne ses filles, quand « ça vrille », parce qu'il « n'a pas beaucoup de vocabulaire ».



Roman noir très réussi, qui frappe fort, aussi fort que le précédent 'Dans le désordre', de la même auteur.

Là encore, Marion Brunet décrit brillamment le désarroi d'adolescents et de parents pris eux aussi dans la tourmente, alors qu'ils ne sont guère plus mûrs et qu'ils ont été propulsés trop tôt dans une vie d'adultes pas vraiment à la mesure de leurs rêves.



J'ai pensé au 'Paradoxe d'Anderson' de Pascal Manoukian pour la fresque sociale, à 'Corniche Kennedy' (Maylis de Kerangal) pour les jeux de séduction/domination et d'épate entre ados. Et surtout aux excellents 'D'Acier' et 'La vie parfaite' de Silvia Avallone - même ambiance, même contexte, et une écriture aussi juste.



Mention spéciale pour Jo, une gamine attachante dont la clairvoyance, le sens de la repartie et la colère rappellent certains personnages de Virginie Despentes.

❤️



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=wOwblaKmyVw
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Plein gris

C'est bientôt la rentrée, je me suis donc replongée un peu dans l'ambiance avec ce roman jeune adulte d'une auteure qui est devenue une valeur sûre pour moi après "Vanda" et "Sans foi ni loi".

Et pour ce qui est de plonger, j'avais choisi le bon titre, ce récit se déroule en grande partie sur une mer démontée, attention au mal de mer ! D'ailleurs pour se mettre tout de suite dans l'ambiance, on commence par remonter un noyé sur le pont du Céladon, un beau voilier perdu quelque part entre l'Irlande et la Bretagne. L'équipage était au départ constitué de cinq amis, Emma la narratrice, Elise, Sam et Clarence, férus de voile depuis la plus tendre enfance, et Victor, nouvellement intégré dans le groupe et plus novice en matière de navigation. Il n'en reste que quatre, plus le cadavre de Clarence, "capitaine" de l'expédition. Ce qui devait être de belles vacances pour décompresser avant le bac vire au cauchemar, d'autant plus qu'une très grosse tempête s'annonce, et que les communications ne passent plus. Le huis-clos est propice aux réminiscences, et Emma, la narratrice, remonte le temps pour comprendre comment la situation a pu dégénérer jusqu'à ce point de non-retour. Tous les petits et grands secrets remontent à la surface, comme des corps de noyés, les inimités et les malentendus prennent une autre dimension sur la mer en furie, les esprits s'échauffent, et la peur de la mort exacerbe les tensions. On alterne tout au long du récit entre la progression de la tempête et les tentatives des jeunes pour s'en sortir, et les retours en arrière qui nous permettent de cerner les caractères et les interactions dans le groupe.

Beaucoup de tension, on est happés dans l'histoire et pour ma part je l'ai lue d'un trait, en apnée (oui, c'est facile !). J'aime l'écriture de Marion Brunet, elle est l'une de ces auteures qui ne prennent pas les jeunes pour un lectorat de seconde zone, et est souvent appréciée des adultes aussi pour la qualité de ses romans. On peut juste déplorer à certains moments l'immaturité ou la naïveté de certains personnages, notamment Emma. Si on ne connait rien du tout à la navigation, le nombre de termes techniques peut également rebuter, d'ailleurs Victor est souvent désarçonné quand on lui demande d'aider à certaines manœuvres ! Je n'ai pas eu ce problème, ayant une petite expérience sur 420 quand j'étais ado, les bases sont encore là.

Un bon choix pour me remettre dans le bain ! (oui, je sais aussi !)
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