(...) il est plus facile d'éviter le premier pas sur le chemin de la ruine que de résister aux milliers d'autres qui suivent inéluctablement.
Un complot exige le secret; or la nature humaine étant ce qu'elle est, plus de gens s'en mêlent, moins le secret est préservé.
Alors même que nous nous congratulons de notre raffinement, la misère et la souffrance accablent les hommes à un jet de pierre de ces fenêtres. Comment ne pas s'interroger ? Nos réussites comptent-elles pour rien si tant d'hommes ne peuvent encore en bénéficier ? Quelle valeur accorder à notre passage dans cette vie ? Quel héritage - si héritage il y a - notre époque lèguera-t-elle aux générations futures ?
Il émanait de cette mélopée, impossible à transcrire sur une portée à l'aide des signes conventionnels de la musique classique, une puissante expressive traduisant d'indicible souffrances, exposant à nu la blessure d'une chair déchiquetée et meurtrie.
Elle ne pouvait voir le visage du garçon.
Celui-ci courait comme un dératé sur un chemin de montagne, poursuivi par des ombres noires ténues. Leur intention était claire. Ce garçon se trouvait en grand danger. Il avait besoin d'aide.
Elle ouvrit les yeux.
Les rideaux claqués contre la fenêtre obscure. Un air glacial entrait par une fissure du châssis. Elle était trempée de sueur, son cœur cognait fort dans sa poitrine.
Un simple rêve ? Non. Elle ignorait qui était ce garçon. Ce qu'elle savait, en revanche, c'est qu'il existait bel et bien et qu'il courait droit vers elle.
" - N'oublies jamais de te rappeler, dit-elle d'une voix proche du murmure, ce qui te rend heureux. Et rappelle-toi toujours d'oublier... ce qui te rend triste."
En effet, Jack. Quand je vois autour de moi cette salle luxueuse, cette foule élégante, quand le pense aux mets délicats dont nous venons de nous délecter, je suis tenté de me dire : voilà ce que la civilisation nous offre de meilleur, la fine fleur de ce que produisent l'éducation, le progrès des sciences et l'évolution sociale. Et pourtant, ces plaisirs sont éphémères, illusoires. L'échantillon d'humanité que nous avons sous les yeux ne représente qu'une infime proportion de la population de la terre. Alors même que nous nous congratulons de notre raffinement, la misère et la souffrance accablent les hommes à un jet de pierre de ces fenêtres. Comment ne pas s'interroger ? Nos réussites comptent-elles pour rien si tant d'hommes ne peuvent encore en bénéficier ? Quelle valeur accorder à notre passage dans cette vie ? Quel héritage - si héritage il y a - notre époque lèguera-t-elle aux générations futures ?
Le génie du mal rôde dans ce monde et j'avais vécu sous son ombre.
-Votre fils a-t-il franchit la ligne ?
La jeune femme fit signe d'incompréhension,
-Je ne sais pas.....Nous ne sommes pas sur.....Un sanglot l'interrompit.
Mais que sont nos vies, en réalité, sinon des contes que nous nous disons à nous même afin de chercher un sens à la difficulté d'être?