Colloque de rentrée 2016 : Migrations, réfugiés, exil
Conférence du jeudi 13 octobre 2016 : Artistes et déracinement : le cas de Mark Rothko
Intervenant(s) : Annie Cohen-Solal, Université de Caen
Retrouvez la présentation et les vidéos du colloque :
https://www.college-de-france.fr/site/colloque-2016
Le Collège de France est une institution de recherche fondamentale dans tous les domaines de la connaissance et un lieu de diffusion du « savoir en train de se faire » ouvert à tous.
Les cours, séminaires, colloques sont enregistrés puis mis à disposition du public sur le site internet du Collège de France.
Découvrez toutes les ressources du Collège de France :
https://www.college-de-france.fr
Suivez-nous sur :
Facebook : https://www.facebook.com/College.de.France
Instagram : https://www.instagram.com/collegedefrance
Twitter : https://twitter.com/cdf1530
LinkedIn : https://fr.linkedin.com/company/collègedefrance
+ Lire la suite
Le silence est tellement juste.
L'artiste a accepté son destin les yeux ouvert, et je ne crois pas qu'il souhaite quelque aumône en rapport avec le sacrifice qu'il a librement consenti. Il ne désire que la compréhension et l'amour de ce qu'il fait. Il ne saurait y avoir d'autres récompenses.
L'artiste est tel l'explorateur à l'aube de la Renaissance : toujours à l'affût de nouvelles richesses artistiques.
La peinture est un language aussi naturel que le chant ou la parole. C'est une méthode pour forger une trace visible de notre expérience, visuelle ou imaginaire, colorée par nos propres sentiments et réactions, et indiquée avec la même simplicité et la même spontanéité que chanter et parler.
Il a mal choisi celui qui cherche à plaire
À ce monde vain, il a mal choisi
Car souvent il doit se donner des airs
Quand il a le coeur chagrin ;
Et souvent quand il est bien aise,
Il doit affecter la peine,
Et celant toujours ses meilleurs pensées
Il doit louer fort une sorte de Grandeur,
Et aux erreurs de la foule ignare
Acquiescer d'une langue mensongère.
Michel-Ange
Dans ses carnets, Ambroise Vollard nous raconte que Degas faignait d'être sourd pour se soustraire aux discussions et harangues autour de choses qu'il jugeait fausses et désagréables. Que l'orateur ou le sujet changeât, et aussitôt son ouïe s'amiliorait. Nous devons nous émerveiller de sa sagesse puisqu'il lui avait fallu conjecturer ce que nous savons avec certitude aujourd'hui : que la répétition constante du faux est plus convaincante que la démonstration du vrai.
Comme je suis engagé dans l'élément humain, je veux créer un état d'intimité _ une transaction immédiate. Les grands formats vous prennent en eux. L'échelle est d'une extrême importance pour moi _ l'échelle humaine. [...] Je crois que les tableaux de petit format depuis la Renaissance sont comme des récits ; que les grands sont comme des drames auxquels on participe de manière directe. Chaque sujet nécessite des moyens différents.
p.48
Et si je devais placer ma confiance dans quelque chose, ce serait dans la psyché du spectateur sensible, libre de tout modèle de pensée conventionnel. Je n'aurais aucune idée de la manière dont il pourrait user de ces images pour les besoins de son esprit. Mais tant que ces deux choses _ le besoin et l'esprit _ sont présentes, on est garanti qu'il y a un échange vrai.
p. 60
Je peins de très grands tableaux ; j'ai conscience que, historiquement, la fonction de peindre de grands tableaux est grandiloquente et pompeuse. La raison pour laquelle je les peins cependant [...] c'est précisément parce que je veux être intime et humain. Peindre un petit tableau, c'est se placer soi-même hors de sa propre expérience, c'est considérer une expérience à travers un stéréopticon ou au moyen d'un verre rétrécissant. Quelle que soit la manière dont on peint un plus grand tableau, on est dedans. Ce n'est pas quelque chose qu'on décide.
p.34
L’histoire de l’art est l’histoire d’hommes, qui pour la plupart, ont préféré la faim à la soumission.