Publiés pour la première fois en France, le Monde est à toi et Pompières et pyromanes, livres-collage entre essai poétique et récit autobiographique, forment un ensemble. le premier est un saisissant récit d'amour filial ; le deuxième, l'amorce d'un combat engagé contre la crise climatique. Féminisme et écologie, deux luttes qui se répondent, se complètent et se nourrissent, et passent dans le fin tamis de Martine Delvaux. Émerge alors une pensée essentielle, fédératrice, intergénérationnelle qui remet au centre la justice, l'égalité, le vivre-ensemble. Et nous oblige à regarder courageusement les lendemains qui nous attendent, et à aider la génération combative qui arrive.
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Il n'a pas senti, autour de lui, les bras qui consolent, qui calment, qui sèchent les larmes.
Il mériterait de recommencer sa vie dans un autre ventre que celui où il a été conçu.
Parfois, je prends la mesure de notre amitié par la place qu'y tient le silence.
Ne rien dire, ne rien faire, seulement être ensemble.
C'était l'histoire d'un couple de jeunes mariés qui vivaient dans la pauvreté, en Russie, au tournant du siècle dernier.
Pour offrir une chaîne en or qui allait remplacer la lanière en cuir usée à laquelle était attachée la montre de son mari, la jeune épouse avait coupé et vendu ce à quoi elle tenait le plus : la magnifique chevelure rousse qui tombait en une lourde masse le long de son dos. Pour offrir à son épouse les peignes d'écaille qu'elle convoitait pour orner sa chevelure, son mari avait vendu ce à quoi il tenait le plus : la montre de poche de son grand-père, dont il avait hérité. En échangeant leurs étrennes, les jeunes gens s'étaient rendu compte du ratage et de l'ampleur de leur amour : le don était pur.
Il a le profil d'un Abénaquis, héritage de la lignée maternelle. C'est un grand chef à qui un roc, un pic, un cap, donne au visage son panache.
Être féministe, ce n'est pas, comme certains individus se plaisent à le caricaturer, se complaire dans une position de victime. Être féministe, c'est être vigilante, curieuse et à l'affût, critique et soupçonneuse des discours dominants. C'est regarder derrière pour voir devant, et continuer à rêver, par des paroles et des gestes militants, un monde plus tolérable, un monde où l'on vivrait mieux.
Il déteste s'astreindre aux appels inutiles durant lesquels la fonction phatique se limite à un discours sur le temps. Il fait beau, il fait mauvais, il fait soleil, il y a du vent, comme dans les manuels d'apprentissage qu'on utilise pour enseigner le français.
Il préfère le silence à la vacuité de tels échanges.
être juste à côté, tourner autour, ne rien dire de sa douleur sinon en ravalant son souffle, en effleurant le papier ou en riant à gorge déployée, c’est la seule manière de revenir après une absence, de ne pas vous effrayer avec notre grâce ployante d’oiseau mort, de maintenir le trait, le fil entre nous lorsque notre être-au-monde se résume à une infinie convalescence
Marguerite Duras
Je ne sais pas quel genre de vie tu vas mener, mais j'espère que tu n'oublieras jamais que tu as le droit d'en changer le cours. Le droit de te dire, un jour, en regardant autour de toi : ceci n'est pas ma vie. Et tout faire pour te remettre à bouger et recommencer à respirer.
Ce que ma mère a vécu, je ne me suis jamais permis de l’imaginer. Ca m’est tout aussi inaccessible que ce que j’ai moi-même pu ressentir en tant que petit bébé et qui parfois peut-être se réactive malgré moi, la peur de disparaître, d’être oubliée pour de bon.
Ou bien je n’ai jamais su trouver les mots, ou bien j’ai manqué de courage pour le dire parce que dire certaines choses, c’est leur donner le pouvoir d’exister. Très vite, j’ai compris que briser le silence, ce serait trahir, et que même l’écriture ne m’évitait pas de trahir, parce que l’écriture, c’est encore pire. (p. 74)
(...) il faut avoir une passion, il faut trouver cette chose qui te fait respirer et sur laquelle tu pourras toujours compter parce que tu pourras la sortir de ta poche comme un as qui donne un sens à ton existence.