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Critiques de Martine Desjardins (127)
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Méduse

bouleversant

Commenté en France le 12 décembre 2023

L'auteure nous plonge dans une histoire hors norme, avec des personnages atypiques, Un roman totalement déroutant et captivant à la fois, C'est l'histoire de Méduse , surnom donné par ses sœurs ,née avec une difformité oculaire , qui fait d'elle un " monstre". Elle doit vivre en se cachant le visage avec ses cheveux, elle ne peut que sortir la nuit. Ses parents ne supportent plus de la voir, ils ne lui donnent pas le choix , ils décident de se débarrasser d'elle , en l'envoyant dans un institut pour personnes ayant un handicap physique. Elle fait peur, sa vie sera de récurer les sols, personne doit voir son visage, Cette institut, profite des personnes pour assouvir, la perversité des personnes hauts placés. Méduse va vivre recluse pendants des années, un jour un échappatoire, elle n’hésite pas, est ce vraiment une bonne idée, est ce vraiment le bon choix, arrivera t-elle à accepter son handicap? Nous sommes dans le questionnement tout le long du récit J'ai eu une énorme empathie pour Méduse, malgré ses tourments, il y a encore un souffle d'espoir. Un roman intense en émotion,

L'auteure ne tergiverse pas dans ses descriptions, ce qui m'a mis mal à l'aise, j'ai eu un sentiment de voyeurisme, envers Méduse, Un histoire d'une noirceur extrême, glauque à souhait, une atmosphère terrifiante ,L'auteure use d'une plume efficace, subtile sensible, entraînant une lecture fluide qui nous plonge directement dans un monde irréelle , que nous avons du mal à nous imaginer L'humiliation, la vengeance, un monde pervers, la remise en question de la condition féminine, des mots qui résument parfaitement cette histoire, Un livre court, qui nous fait passé moult messages, Un roman que je vous conseille fortement, Un gros coup de cœur.
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Méduse

Dans leur volonté de mettre en avant des voix francophones de l’imaginaire, les éditions L’Atalante traversent l’Atlantique pour visiter la Belle Province. Après Faunes de Christiane Vadnais en début d’année, voici maintenant Méduse de Martine Desjardins. L’autrice de La Chambre Verte nous invite cette fois à suivre l’histoire d’une jeune fille jetée en pâture à de libidineux bienfaiteurs dans un institut aussi mystérieux qu’inquiétant… Mais cette jeune fille, Méduse, n’est pas comme les autres…



Affublée depuis sa naissance de globes oculaires qualifiés de monstrueux, Méduse n’a jamais connu l’amour, ni de ses parents ni de ses sœurs et encore moins celui d’un hypothétique prétendant. Devenue beaucoup trop encombrante pour les siens, elle est emmenée après un énième incident à l’Athenæum, un institut pour jeune fille tenue par une directrice particulièrement stricte qui fait tout pour satisfaire les « bienfaiteurs » de son établissement. Celui-ci n’est en rien un refuge ou une école, mais bel et bien une sorte de maison close où des « protégées » aux attributs grotesques doivent satisfaire les extravagantes envies des haut dignitaires de la ville toute proche. Ses pouvoirs grandissants avec le temps, Méduse devient la plus recherchée des concubines. Mais en secret, celle-ci ne rêve que de s’échapper…

De façon complètement transparente, Méduse renvoie à la Gorgone de la mythologie grecque capable de pétrifier les hommes qui croise son regard.

Si Martine Desjardins assume pleinement cette filiation, et même si le surnom de la jeune fille lui vient tout d’abord d’une comparaison douteuse avec l’animal marin du même nom, c’est pour mieux moderniser le mythe et le mettre en phase avec un sujet actuel, celui de la place du corps de la femme dans la société. Sous la forme d’un conte rapporté directement par la principale intéressée, le roman dégage une noirceur à la fois délicieusement surannée et délicatement moderne.

Sauf qu’ici, le monstre n’est pas celui que l’on voudrait faire croire.



En réalité, nous allons suivre la vie terriblement triste et douloureuse de Méduse qui est non seulement perçue comme une abomination mais également comme un objet, celui du désir des hommes.

La vision de la gente masculine n’a ici rien de reluisante, c’est une plongée cruelle que nous propose Martine Desjardins dans ce que les hommes font des femmes et ce que les femmes, à leur tour, peuvent faire aux femmes.

C’est au cœur du sinistre Athenæum que se déroule le roman et où Méduse découvre petit à petit l’étendue de ses dons. Rongée par la honte qu’il lui a été inculquée depuis sa plus tendre enfance, la jeune fille reste prisonnière du regard des autres et, bien sûr, de celui des hommes qui la possèdent à tour de rôle lors de rendez-vous pour le moins malaisants.

L’écriture méticuleuse de Martine Desjardins parvient parfaitement à restituer l’atmosphère onirique du conte tout en y mêlant un soupçon de réalisme qui fait froid dans le dos. Méduse devient page après page une histoire universelle qui fascine autant qu’elle répugne, entretenant jusqu’au bout le mystère sur la véritable nature des Affrosités de son héroïne, tout en faisant remonter à la surface l’injustice de l’héroïne face à des hommes qui l’avilissent et la torturent encore et encore. Pour briser le joug, l’autrice convoque la puissance de l’enseignement et des livres mais aussi la prise de conscience de ses propres possibilités, ouvertes sur le monde et qui rendent aux monstres leur vraie visage, enfin.



Méduse quitte les rivages de la Grèce Antique pour aborder ceux de notre imaginaire moderne, s’emparant sans vergogne du corps féminin et de ces hontes qui le rongent depuis trop longtemps. Martine Desjardins signe un conte aussi noir que redoutable d’intelligence, un de ceux qui devrait vous ouvrir les yeux une bonne fois pour toute.
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Méduse

Avec de simples mots, on peut créer de la magie. Avec des phrases, inventer des émotions, parfois inimaginables. Ce pouvoir n’est pas à la portée de tous, les écrivains qui le maîtrisent ont de l’or entre les doigts.



C’est le cas de la québécoise Martine Desjardins. Bonne pioche de la part de l’éditeur L’Atalante que de proposer ce Méduse aux lecteurs de ce côté-ci de l’Atlantique, sublimé par sa couverture magnifique.



C’est l’histoire d’une jeune fille qu’on dit tellement laide que son simple regard pétrifie. A tel point que quasi personne n’a vu ses yeux si « terribles », elle qui vit tête baissée depuis son enfance, cachée derrière ses cheveux. Elle qu’on surnomme Méduse, jusqu’à même oublier son vrai patronyme.



Elle sera envoyée dans un horrible institut pour enfants difformes, jetée purement et simplement par ses parents. Avant de devenir la pupille d’un des « bienfaiteurs » de l’endroit. Notez le clin d’œil par rapport à la particularité physique de la jeune fille ! Le livre en est plein, très subtilement. C’est un personnage en apprentissage, qui gagne en force au fil des années, jusqu’à s’accepter, s’assumer.



Ce texte allégorique, empli de poésie noire, au travail ciselé sur la langue, est un conte gothique, qui joue avec le mythe de la Méduse pour en proposer une réinterprétation moderne.



Un court roman de 200 pages, mais c’est amplement suffisant pour raconter l’histoire de cette femme en devenir. A lire comme une métaphore de la honte liée aux corps féminins, au fait d’être femme. Un premier niveau de lecture prenant, mais un second qui touche au cœur.



Ce roman est de la dentelle (noire). Écrit avec finesse et créativité, jouant avec la langue autant qu’avec les concepts. Jusqu’à inventer à chaque chapitre un nouveau mot pour décrire l’indescriptible, ces yeux de Méduse, ces Immondices comme elle le dit.



Étonnant talent que d’ainsi modeler les mots et traiter avec subtilité, puissance et astuce du diktat de la beauté et de la condition féminine. Jusqu’à une fin surprenante, mais qui donne tout son sens au récit.



Méduse est un roman qui ressemble à nul autre, dérangeant, sinistre. Mais beau et enrichissant, par la poésie noire de sa narration autant que par les idées véhiculées. Et sacrément ludique aussi.



Il fallait un sacré talent pour rendre cette expérience de lecture atypique aussi marquante, c’est le cas de Martine Desjardins qui cultive l’amour de la langue comme son verger.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Méduse

Histoire d’une petite fille trop laide, un monstre rejeté par ses parents.



Ses sœurs lui ont donné le surnom de Méduse depuis si longtemps qu’elle a oublié qu’elle avait un autre prénom. On l’envoie dans un « institut » pour enfants difformes, mais même là, on ne l’accepte que comme domestique pour astiquer les planchers. Elle ne doit jamais lever les yeux de son travail, personne ne doit jamais croiser son regard.



Méduse découvrira que cet institution cache des activités mystérieuses. Une fois par mois, les fillettes enfermées serviront de jouet aux vieux riches qui finance la maison.



Allégorie des diktats de la beauté imposée aux femmes, allégorie aussi de la peur atavique qu’inspire le corps des femmes.



Un roman qui flirte avec l’horreur et plonge dans un imaginaire tragique.

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La chambre verte

Séraphin Poudrier, figure de proue de l’avarice et de la cupidité, peut bien aller se rhabiller. À côté de la famille Delorme, il est relégué au statut de piètre amateur. Car, pour ce clan, l’argent est une religion avec ses dogmes, ses rituels et même ses prières. La grande prêtresse en est Estelle Delorme, belle-fille de Prosper, le fondateur, dont l’intransigeance règle chaque geste de cette secte familiale. Tous les membres sont écrasés sous la botte despotique de cette mégère, sauf Vincent, son fils unique qui osera confronter la folie familiale. Et, bien sûr, les agissements criminels de la tribu engendreront des désirs de vengeance . . .



L’auteure nous entraîne dans un monde délirant où chaque nouveau geste d’économie, de rognage sur l’essentiel, de négation du bon sens le plus élémentaire, suscite étonnement, déni et dégoût. Ici c’est l’argent pour l’argent, la thésaurisation comme obsession, l’idée de la dépense comme péché impardonnable, un culte exclusif, démesuré, aliénant. La petite intrigue en filigrane n’a presque pas d’importance tellement l’univers dément dans laquelle elle se déroule a déjà monopolisé toute notre attention, rempli notre soif de découvertes et fourni son lot d’étonnements au-delà de toutes attentes. Une sorte de folie est poussée dans son extrême limite dans ce roman, et j’en redemande.
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Méduse

Enfin, un autre coup de cœur pour l’année 2023 ! Cela faisait longtemps…



En commençant ce roman, j’ai tout de suite accroché au style d’écriture, à l’ambiance, au personnage de la jeune fille, surnommée Méduse.



Méduse, cette jeune fille aux yeux étranges, si laids que personne ne peut la regarder dans les yeux. Ses parents l’obligent à vivre cachée, à laisser ses cheveux pendre devant ses yeux.



Ensuite, lorsqu’on l’enverra dans cet horrible institut pour enfants difformes, on lui ordonnera à marcher à quatre pattes.



Cette réécriture du mythe de méduse, est un conte cruel, sombre, violent, notamment en raison des bienfaiteurs de l’abominable institut, qui se comportent comme des enfants cruels, lorsqu’ils obligent ces jeunes gamines à jouer avec eux.



En 200 pages, l’autrice nous fait passer par bien des émotions, souvent fortes et la jeune fille que l’on a surnommée Méduse est un personnage fort, emblématique, qui marque durablement (elle rejoint les personnages féminins que j’ai adorés dans divers romans).



Elle devra s’accepter, grandir, trouver sa place dans ce monde qui n’accepte pas les différences, les difformités, au point d’abandonner et ensuite d’enfermer des enfants qui en sont pourvus.



Dans ce roman sombre, les hommes n’ont pas le beau rôle, ils sont tous un peu lubriques, méchants, dominateurs, certains de posséder un pouvoir grâce à leur sexe, considérant toutes les femmes comme des moins que rien, juste bonnes à les servir, de toutes les manières possibles et imaginables (sans oublier d’être belle et de se taire).



Dans nos sociétés, de tout temps, une femme doit d’être belle, élégante et répondre aux diktats de la mode de son époque. Les femmes font peur aux hommes (certains les obligent même à se couvrir la tête).



Ce récit, pris au premier degré, est une réécriture d’un mythe, mais analysé au second, parle assurément du féminisme et de la difficulté pour les femmes de se faire une place dans ce monde phallocrate et patriarcal.



Avec peu de dialogues (quasi aucun), avec une écriture ciselée, que l’on aimera ou pas (moi, j’ai adoré), avec un choix nombreux d’adjectifs que Méduse utilisera pour parler de ses difformités, de ses monstruosités, sans jamais nous parler de l’époque, l’autrice arrivera sans problème à nous entrainer dans ce monde de noirceur où tout ne sera pas si noir que ça. Oui, il y a parfois des lueurs dans la nuit, même la plus noire.



Méduse fait partie de ces romans qui m’ont sorti de ma zone de confort, qui m’ont apporté des émotions fortes lors de ma lecture.



C’est un récit dérangeant, qui met mal à l’aise, mais que l’on ne peut s’empêcher de lire, tant on est subjugué par le style d’écriture et par ce conte, gothique, dramatique et sombre.



Une allégorie puissante… Un coup de cœur.


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Maleficium

Présenté comme un livre interdit sous peine d'excommunication, Maleficium comporte sept nouvelles à classer entre fantastique et horreur. Ces sept nouvelles sont en fait sept confessions d'hommes qui ont été mis en présence du but de leur vie, sans se rendre compte sur le moment que le prix à payer pour l'obtenir était terriblement lourd. L'Enfer s'est bien renouvelé, troquant le soufre pour le safran le plus raffiné, les écailles de tortue les plus rares ou les précieux tapis de cheveux.



L'auteure nous balade dans les coins les plus exotiques de la planète : au cœur de l'Afrique, en Inde, au Moyen-Orient, … L'ambiance de fin du XIXe siècle contribue aussi au dépaysement. Les nouvelles présente toutes la même structure de récit. Les ayant lues à plusieurs jours d'intervalle, ça ne m'a pas particulièrement gêné, mais les lire toutes à la suite n'est sans doute pas une bonne idée.
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Maleficium

Les apparences sont trompeuses, ce livre commence par un avertissement au lecteur, qui bien entendu fait partie intégrante de l’œuvre, nous tenons entre nos mains « un livre si dangereux qu’il avait été emmuré au fond d’une alcôve » et « Quiconque aurait la témérité de l’exhumer de ses oubliettes serait excommunié sur-le-champ sans espoir de pardon ». Nous sommes alors en conditions, prêts à souffrir les émanations sulfureuses que dégagent ce livre, prêts à en subir les conséquences, prêts à recevoir les foudres de Dieu, ou du moins de ses représentants sur terre.



Les apparences sont trompeuses, malgré sa forme en huit confessions, huit récits apparemment indépendants, cet ouvrage est bel est bien un roman, il forme un tout cohérent aux parties finalement indissociables si l’on souhaite en saisir toutes les saveurs, en connaître tous les parfums, en explorer toutes les facettes, en effleurer le moindre relief... C’est au huitième récit que notre lecture des confessions précédentes bénéficie d’un nouvel éclairage, les liens se retissent pour former un nouveau motif, tout est bouleversé… Le doute, le doute s’insinue… Aussi, est-il important de lire jusqu’au bout. Mais pour préserver tout le piquant de cet œuvre, je ne dévoilerais aucun passage de cette dernière parole confessée à l’oreille du prêtre. Non, je ne déflorerais pas l’ultime secret… car, s’il y a bien une chose à retenir de cette lecture, c’est qu’il faut savoir rester sobre et se contenter de peu. Alors, chut !



Je commencerais donc moi aussi par un avertissement :

Si vous ouvrez ce livre, lisez-le impérativement jusqu’au bout.



Oui, lire jusqu’au bout. Si je le précise, je vous le confesse, c’est que j’ai bien failli m’arrêter au milieu du chemin, lassée, dès le quatrième, par la structure répétitive des sept premiers récits :



Confession faite à un prêtre par un homme infirme, mutilé. Il raconte que cela s’est produit lors d’un voyage en Orient ou en Afrique, en quête de richesses et de gloire,…



" Avant ce moment, je n’avais pas pleinement mesuré mon espoir d’atteindre un jour les villes verticales du désert. Et voilà que je commençais à imaginer les conséquences que leur découverte aurait sur ma propre vie. Je me voyais rentrer au pays couronné de gloire, devenir le maître d’œuvre des plus imposants édifices jamais érigés, et inscrire mon nom en lettres d’or dans le grand livre de l’architecture. " (4- INCENSUM NEFARIUM, p.85)



… généralement parti à la recherche d’un bien précieux et des plus rares, il a rencontré une femme étrange à la lèvre fendue…



" J’avais parlé trop vite. Car des profondeurs du sépulcre me répondit presque aussitôt une voix qui me glaça les sangs tant sa manifestation était soudaine et inattendue. Comment vous décrirais-je cette voix ? Elle était susurrante, suspicieuse, avec des inflexions sinistres qui me firent l’associer à un sifflement de serpent. " (1- STIGMA DIABOLICUM, p.22)



… qui a porté à sa connaissance l’existence d’un bien encore plus rare, plus noble, plus parfait…



" « Pourquoi l’odeur du safran n’aurait-elle qu’une seule source ? La mienne ne provient pas du crocus et si vous désirez la connaître, il faudra m’accompagner aux jardins flottants. »

[…] elle avait piqué ma curiosité. Si une autre plante possédait les mêmes principes aromatiques que le Crocus sativus, n’était-il pas dans mon intérêt de m’en assurer ? " (1- STIGMA DIABOLICUM, p.26-27)



… sous le charme duquel il est tombé en admiration totale,…



" Comment en étais-je venu à mépriser ce que j’admirais tant quelques heures auparavant ? J’imagine que la valeur que nous attachons à un objet s’établit par comparaison, et que l’arrivée d’une curiosité encore plus rare suffit à le déprécier à nos yeux irrémédiablement. " (5- OCULUS MALIGNUS, p.102)



… et qu’il a alors désiré posséder plus que tout, et ce malgré toute l’étrangeté de sa provenance, jusqu’à oublier tout le reste, jusqu’à en perdre tout bon sens, …



" Ne soyez pas rebuté par les vapeurs astringentes qui s’en émanent, humez-le comme si vous cherchiez à vous en repaître… Voilà. Vous êtes déjà impuissant à vous en détourner, vous titubez, vous avez l’impression que vos sens vont bientôt vous abandonner. […] L’arôme de ce brin cramoisi, en s’insinuant en vous, n’éveille-t-il pas des pensées vénéneuses où la douloureuse douceur de la dépravation se mêle à la joyeuse amertume de la corruption ? " (1- STIGMA DIABOLICUM, p.14)

" […] je me laissai subjuguer par le parfum vénéneux qui s’en dégageait. J’en gavai mes narines, ma gorge et mes poumons, je me perdis dans ce que je ne pourrais décrire autrement que comme une contemplation olfactive – un état qui gagna bientôt mes autres sens. En proie aux plus brûlantes extases, j’avais des visions exaltées, je goûtais des saveurs interdites, j’entendais des musiques profanes. " (1- STIGMA DIABOLICUM, p.30)



… jusqu’à être puni par où il a péché, à en être marqué définitivement jusque dans sa chair.



" En enlevant mes vêtements, je constatai que ma peau était couverte de marques rouges partout où le fouet l’avait léchée. Je ne m’en inquiétai pas et m’enduisis généreusement de pommade avant d’aller me coucher. Le lendemain, à mon réveil, les marques ne s’étaient pas estompées. Elles étaient devenues au contraire plus foncées, presque cramoisies. Elles ne sont jamais disparues. Elles ont peint la honte sur mon visage à l’encre indélébile. " (2- FLAGELLUM FASCINORUM, p.53)



Certains récits sortent un peu, mais si peu, de ce schéma par de légers détails… Insuffisamment pour empêcher la lassitude, malheureusement. Sept fois quasiment la même histoire, il y a de quoi s’ennuyer ! J’en ai même lâché le bouquin pendant au moins une semaine avant de m’y remettre. Par contre, au sixième récit, quelque chose change, la créature se rapproche… Méfiance, mon père, « Refusez-lui votre bénédiction ». Non, « Fuyez, mon père » car à la septième confession, le danger a d’ores et déjà pris place en votre église, la créature « a déjà commencé à transformer votre église en pandémonium de l’Enfer ».



Et nous voici à la huitième confession, bien différente, celle qui donne tout son sens à l’histoire et nous propose une autre vision des autres confessions, celle qui unit tous ces destins, celle qui est la plus intéressante mais qui serait quelque peu dépourvue d’une partie de son sens sans les autres, cette dernière confession sur laquelle je garderai le silence, je vous ai promis le secret, je m’y tiendrai… du mieux que je peux !



Personnellement, je ne suis pas tombée en pamoison devant l’écriture soit disant « somptueuse » de cette œuvre (cf 4e de couv.). Oui, ces pages dégagent un léger parfum de souffre, elles possèdent certes aussi un charme suranné, deux arguments auxquels je n’ai pas été totalement insensible. Cela me rappelle même les histoires du folklore autour des rencontres avec le diable ou d’autres créatures étranges, telles que j’ai pu en lire dans ma jeunesse dans des ouvrages comme « Les Evangiles du Diable » (documents rassemblés par Claude Seignolle aux éditions G.-P. Maisonneuve et Larose) ou plus récemment dans les anthologies de Claude Lecouteux (collection Merveilleux des éditions J.Corti : « Elle mangeait son linceul », « Elle courait le garou »). Ici, les récits sont à peine mieux écrits que dans les documents précités qui, eux au moins, n’ont pas de prétention littéraire. Non, là j’exagère. Disons que cette œuvre se trouve quelque part entre le récit fantastique du 19e siècle (Maupassant, Théophile Gautier, Villiers de L’Isle-Adam…) et le document, froid mais intéressant. Effectivement, j’ai trouvé ces récits très surfaits, voire scolaires, sans doute à cause du schéma répété à chaque confession, mais aussi parce que les éléments posés sur cette trame semblent tout droit sortis d’une encyclopédie ou d’un guide touristique (ce qui peut s’expliquer à la lecture du dernier récit... mais c’est un peu facile !). De plus les différents personnages paraissent totalement inexistants. Résultat, je suis restée à distance de l’histoire, et même si j’ai apprécié certaines descriptions et l’emploi d’un vocabulaire plus soutenu que d’ordinaire, je me suis vite ennuyée. Le dernier chapitre, renversant si je peux dire, ne peut pas tout sauver à lui tout seul, malheureusement. Je m'attendais à mieux après la lecture de la quatrième de couverture et de divers avis lus sur la Toile... Donc, forcément, assez déçue...



http://chaosdecritures.over-blog.com/article-maleficium-martine-desjardins-112069822.html
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Méduse

Si je vous dis « méduse », peut-être aurez-vous une pensée pour cet animal étrange et fascinant, au corps gélatineux vivant dans les mers et les lacs ; à moins que vous ne songiez plutôt au personnage de la mythologie grecque, dont les yeux ont le pouvoir de pétrifier quiconque la regarde. Saviez-vous que dans un usage désuet à présent, c'était ainsi que l'on pouvait surnommer quelqu'un jugé laid et repoussant ? C'est tristement là toute l'histoire que va nous conter Martine Desjardins.



Méduse est une jeune fille née avec un problème aux yeux. Ce qu'il en est, elle l'ignore elle-même mais une chose est sûre, ils sont suffisamment insupportables pour qu'elle doive vivre tête baissée, avec une lourde frange de cheveux pour les cacher. Sa propre famille ne pouvant supporter sa vue, elle est envoyée dans une institution nommée l'Athenoeum, dont l'objet est de recueillir des jeunes filles affligées de différentes malformations.

L'institut s'avère sinistre et lugubre, avec une directrice qui a pour unique objectif, avec la complicité de ses subordonnés, de satisfaire les envies des « bienfaiteurs », des notables qui se retrouvent régulièrement dans la bâtisse pour assouvir leurs cruels désirs aux dépens des pauvres pensionnaires.

Méduse, dans une forme de résilience, découvre petit à petit le pouvoir de ces yeux particuliers, le développe et imagine alors que, peut-être, son salut réside dans sa différence.



Voilà un roman des plus surprenants, qui peut tout autant séduire que rebuter.

Personnellement, j'ai été enchantée par cette écriture fine et ciselée, savante parfois, mais portant admirablement le récit.

Défini comme un conte gothique, c'est aussi un roman d'apprentissage, parfois âpre, perturbant mais autant philosophique qu'inattendu.

Désiré par son auteure comme un roman sur la féminité, j'ai été plus sensible à l'analyse du sentiment de la honte qui est abordé sur plusieurs pans : celui de la famille déjà, avec ce rejet de la différence et du qu'en dira-t-on, mais au-delà, celui de la condition féminine, avec le développement de la difficulté à accepter le corps féminin dans son entièreté et sa sexualité.

Tel un mythe réécrit version contemporaine, il émane de ce récit une force, une énergie contagieuse, qui tient en haleine tout au long du roman, un souffle onirique qui transporte et laisse pantois : à la fois surpris et ému.



Pour les amateurs d'étrange et de bizarreries...
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Méduse

La Méduse de ce conte moderne est une jeune fille que l’on qualifié de monstruosité. C’est une gamine regrettait de toute part. Ses parents, ses sœurs personne ne sait l’aimer. Pire elle dérange

Dotée d’une anomalie aux yeux, notre jeune héroïne est rejetée dès son enfance. Elle reçoit de ses proche le surnom de Méduse. Car à l’instar de la gorgone de la mythologie, il parait que sa difformité est telle que son simple regard pétrifie.

On ne veut plus la voir, il faut qu’elle disparaisse à jamais des regards de sa propre famille qui décide de la faire enfermer à l’Athenaeum, un institut pour les jeunes filles avec des malformations

O, cet établissement n’a rien d’une école ou d’un sanatorium non, c’est un bordel haut de gamme, si je puis m’exprimer ainsi. A l’Athémaeum, la directrice est une femme austère et froide, elle soumet ses pensionnaires aux désirs cruels de notables du coin.

La seule échappatoire de notre jeune fille, jeune femme en devenir est la bibliothèque. C’est là qu’elle peut enfin découvrir le monde.

Et peu à peu la vilaine chenille devient un vrai papillon, elle déploie ses aille ou plutôt elle ouvre les yeux. Elle prend conscience du pouvoir de ceux-ci. Ainsi va-t-elle les utiliser pour échapper à sa condition.

J’ai eu beaucoup de mal à poser des mots sur ce conte cruel. Je crois qu’il m’a profondément mise en colère car profondément bouleversée.

Il faut dire que ce Méduse, au-delà du mythe réinventé, est une œuvre aussi sombre que violente !

Il y est question de l’avilissement des femmes ; simple objet de désirs les plus vils

Il y est question du corps de la femme et du rapport que l’on a à celui-ci.

Méduse est forcément complexée, elle à qui on a dit et répété depuis sa plus tendre enfance (enfin tendre, rien n’est moins sûr) qu’elle est un monstre, une horreur pire une abomination.

On est ici aussi dans ce que l’on pourrait appeler un conte initiatique, la métamorphose d’une jeune fille repliée sur elle-même en jeune femme bien plus sûre d’elle. Meduse que l’on a, déconsidérée, abâtardissée, soumisse aux perversions des hommes, fait acte de cognition et elle acquiert la conscience de la fascination qu’elle inspire et du pouvoir qu’il est possible d’en tirer !

Il y est question de pouvoir, de mesquineries et de méchancetés, de domination et ascendances. Bref de tous les sentiments qui régissent l’être humain. Et là notre autrice est balaise pour décrire la psyché humaine. Aussi bien celle des hommes ou celles des femmes qui ici ne sont pas tendre entre-elle.

Je vous le disais, Méduse est un roman intense et brutal !

Et ce qui est encore plus surprenant c’est la poésie qui se dégage de ce livre.

Il faut dire que l’écriture de Martine Desjardins est envoutante. Sa plume est sombre et acérée et surtout particulièrement méticuleuse.

Elle nous offre un conte gothique incroyablement efficace et particulièrement actuel qui je l’avoue m’a mise KO. Et ce n’est, croyez-moi, pas donné à tout le monde !

Bref vous l’aurez compris j’ai eu un gros coup de cœur pour ce court et intense roman et cette confession intime et féministe !
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Méduse

Purée.



Je crois que c’est LE livre de cette rentrée qui va m’accompagner jusqu’au bout (et bon courage aux autres pour arriver à défoncer la place qu’il vient de s’attribuer).



Martine Desjardins ne se contente pas de revisiter la figure mythologique de Méduse, elle fait de son récit, une voix capable de dénoncer l’image qu’on renvoie à celles qu’on juge différentes, qui sortent des carcans, des critères de beauté, des femmes qu’on plie pour en faire des jouets en leur collant cette honte d’être anti normative.



C’est un récit initiatique aux multiples références ; explicites par son côté mythologique, mais il y a tellement de degrés de lectures que chacun.e peut aisément y trouver son compte.

Ce texte est un vrai bijou, une métaphore de 200 pages, qui conclue entre autre en dénonçant le fait que les personnes les plus déviantes et les plus toxiques sont le plus souvent celles qui s’efforcent de vous faire porter le poids de votre honte en vous désignant comme impropre au groupe.



Langue sublime, cruel, Méduse peut également se lire comme un conte moderne qui pétrifie la structure patriarcale comme il se doit.



Pfiou. Ecore bordel !
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Méduse

Une étonnante et puissante réécriture du mythe de Méduse – qui se prête en effet très bien à des réinterprétations féministes.



Méduse a une tare : les Abominations difformes qui lui servent d’yeux et pétrifient d’horreur les gens dont elle a le malheur de croiser le regard. Rejetée par sa famille, elle est envoyée dans un institut pour jeunes filles où les pensionnaires sont malmenées par leurs riches « bienfaiteurs ». Mais elle prendra peu à peu conscience que ses Monstruosités, et les étonnantes capacités qu’elles lui procurent, pourraient en fait représenter sa plus grande force. À condition d’être capable d’affronter son pire ennemi : Persée… ou bien son propre reflet dans un miroir.



L’histoire, racontée par Méduse à la 1e personne, se passe à une époque indéterminée, mais que l’on situe à peu près pendant la première moitié du vingtième siècle. L’ambiance a quelque chose de gothique, voire quasi horrifique, très « cabinet de curiosités ». Le tout est servi par un style quasi clinique qui n’en est que plus percutant – quoique l’autrice se laisse parfois aller à employer un vocabulaire très sophistiqué qui n’était peut-être pas nécessaire.



Mais la raison pour laquelle ce court roman fonctionne aussi bien, c’est son aspect allégorique. Les Aberrations oculaires de Méduse peuvent être lues de bout en bout comme une métaphore de la honte liée aux corps féminins et à la sexualité féminine – honte créée de toutes pièces par une société patriarcale et dont on a tant de mal à se dépêtrer. En toute honnêteté, j’ai généralement du mal avec les lectures purement allégoriques : je les trouve souvent inutiles et prétentieuses, soit parce qu’elles sont trop évidentes, soit parce qu’elles sont trop obscures. Mais ici, la métaphore se prête superbement bien au propos et rend le texte d’autant plus puissant.
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Méduse

Je commence mes lectures de l'année par un ovni littéraire qui divise ses lecteurs en deux camps assez distincts : ceux qui n'ont pas aimé et qui reprochent à l'autrice sa complaisance dans la description de sévices corporels et ceux qui ont vraiment beaucoup aimé le style délicat et précieux de cette romancière canadienne. Comment me direz-vous peut-on parler de maltraitances tout en utilisant un style très littéraire où chaque mot est serti tel un joyau ? C'est pourtant le parti pris stylistique de Martine Desjardins et je dois dire qu'elle maîtrise son art à la perfection. le récit est extrêmement recentré et rythmé par l'alternance de courts chapitres et nous emporte sur des hauteurs avant de nous faire dégringoler des marches quatre par quatre. J'ai lu ce texte avec un réel plaisir de me confronter à une écriture travaillée et pensée même si elle se veut par moment triviale et perturbante – sans jamais toutefois tombée dans la grossièreté ou le voyeurisme, de mon avis. Tout y est dit - et bien dit - de façon métaphorique, emballé dans un joli papier de bonbon brillant mais le fiel est bien là, au coeur même de l'enrobage sucré du bonbon. La narratrice, méchamment surnommée Méduse par ses soeurs, dérive dans ses abysses où ses parents mal aimants l'ont rejetée, avant d'être abandonnée comme bonniche dans un institut pour jeunes filles présentant un handicap disgracieux. le problème de Méduse vient de son regard insoutenable. Condamnée à rester courbée, regards vers le sol, la jeune fille ne connaît rien de la vie ni de son corps. Ce n'est que confrontée aux maltraitances de l'ignoble directrice et de ses bienfaiteurs masculins que la jeune fille va se découvrir et laisser ses pouvoirs s'épanouir. Consciente du peu de place que ce monde consentira à lui accorder, Méduse va s'imposer et se révéler envers et contre tous. J'ai lu pour ma part entre les lignes de ce récit un conte initiatique et parfois très cruel sur la condition d'être femme dans un monde où la satisfaction des besoins masculins règne en maître. Méduse est niée, opprimée, foulée au pied mais Méduse ne plie pas et concentre ses forces à trouver la faille et le pouvoir qui seront ses armes dans cette lutte où il est question de survivre avant tout, pour exister à tout prix que ce soit en tant que femme ou bien en tant que monstre. J'ai retrouvé dans ce texte le plaisir de lire une écriture féminine engagée, ornementée de dorures gothiques qui m'ont rappelées les romans sulfureux de Rachilde ou ceux plus troublants de Poppy Z. Brite de mes années étudiantes. Certes, le texte est dérangeant et l'atmosphère trouble mais le personnage de Méduse surnage et scintille dans cette noirceur. Femme – Monstre – même combat : pour qui, pour quoi rester cachée derrière un voile ou un rideau de cheveux quand tous nos sens et notre être palpitent de vie ? Découvert dans le petit écrin de la Librairie à soi-e, histoires de femmes, de Lyon qui nous propose sur son fronton de « lire, partager, re-penser », ce roman à la couverture somptueuse d'une Méduse aveuglée, profondément féministe dans sa trame, sera certainement échangé, prêté, recommandé quitte à me faire engueuler ! Il mérite que l'on s'y arrête, qu'on le regarde au plus profond de sa noirceur d'encre tendue pourtant comme un miroir de nos vies sans cesse opacifiées par la crasse bête de la méconnaissance, du mépris et de la convoitise.
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Méduse

Précédemment édité par les Éditions Alto, « Méduse » de Martine Desjardins vient tout juste d’être republié chez L’Atalante qui présente l’ouvrage comme « un roman d’apprentissage, gothique et féministe ». Forcément ça m’intéresse. Le texte est court (un peu plus de deux cent pages) et, si la lecture est intéressante, le sentiment qui prédomine une fois la dernière page refermée est celui d’étrangeté et de malaise. La première chose qui étonne lorsqu’on entame la lecture est que l’autrice ne nous fournit aucune indication précise quant au lieu et à l’époque auxquels se déroule l’intrigue. Cette absence de repères spatio-temporels instaure dès le départ une ambiance atypique, tout en paraissant revendiquer l’intemporalité du mythe de Méduse, cette fameuse figure issue de la mythologie grecque, changée en monstre par Athéna après avoir été violée par Poséidon et avec laquelle notre héroïne partagent bien des similitudes. L’histoire nous est en effet narrée par une jeune fille surnommée Méduse et qui, pour une raison que l’on ignore, est condamnée à ne croiser le regard de personne au sein de la demeure familiale. Son quotidien se résume à des heures passées recluse dans sa chambre et à de brèves sorties à l’extérieur lorsqu’une tempête incite les voisins à se calfeutrer chez eux. Ses parents comme ses sœurs ne lui manifestent aucune affection et expriment même ouvertement le dégoût qu’elle leur inspire, bien que ses yeux demeurassent toujours cachés ou baissés. Et puis, après un incident de trop, la simple présence de Méduse finit par leur être insupportable. Le père prend alors la décision de la faire interner dans un institut isolé dédié aux filles atteintes de malformations physiques, aussi diverses soit elles. Un institut financé par de mystérieux « Bienfaiteurs » qui demandent fréquemment à rencontrer les pensionnaires pour des soirées privées, et autour duquel règne une aura malfaisante.



Le propos de l’autrice dans ce roman est intéressant, et le message féministe assez explicite. Le récit permet de mettre en lumière les violences et l’invisibilisation forcée dont sont victimes de nombreuses jeunes filles, et ce grâce à un procédé narratif habilement utilisé. L’autrice se réapproprie en effet l’une des particularités du mythe de Méduse (le pouvoir pétrifiant de ses yeux) pour le placer au service de son message, et il faut avouer que le résultat est plutôt réussi. Le roman se révèle toutefois franchement glauque, et l’ambiance malsaine qui entoure l’institut et le quotidien des pensionnaires rend parfois la lecture malaisante. Aussi, si aucune scène ne dépeint de façon explicite des violences sexuelles commises à l’encontre des mineures, le lecteur est lui même tenté de faire le rapprochement à partir du moment où l’héroïne commence à relater les soirées passées aux côtés des donateurs de l’institution. Soirées au cours desquelles les jeunes filles, droguées, se voient soumises à des jeux habituellement associés à l’innocence mais qui prennent ici des tours bien cruels. Autant de passages franchement dérangeants qui servent, certes, le propos du roman mais dont la lecture se révèle très inconfortable. Les personnages qui gravitent dans l’entourage de Méduse, qu’il s’agisse de la directrice de l’institut, des bienfaiteurs ou encore des membres de sa famille, sont pour la plupart tout aussi déstabilisants. L’héroïne ne possède en effet aucun véritable allié, tous éprouvant pour elle de la crainte ou une fascination malsaine qui les poussera à tenter de l’asservir. Le seul personnage véritablement humain dans cette histoire est finalement Méduse elle-même, une jeune femme qui peut parfois heurter par le détachement ou la froideur dont elle fait preuve, mais à laquelle on ne peut s’empêcher de s’identifier.



Martine Desjardins signe avec « Méduse » un roman insolite dans lequel elle se réapproprie le mythe grec éponyme en en soulignant le potentiel féministe et émancipateur. L’ambiance qui imprègne le récit est quant elle très particulière et pourra mettre certain.e mal à l’aise dès lors qu’il implique des violences commises à l’égard d’enfants.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Méduse

Je reste indécise quant à mon appréciation de ce livre. J'en ai cependant apprécié l'écriture fine, poétique, sensuelle, jouant avec les mots et les symboles pour nommer l'innommable, ainsi que cette atmosphère brumeuse, charnelle, et sinistrement gothique où les femmes prétendument monstrueuses finissent comme jouets d'hommes détestables.



Relecture du mythe de Méduse, déjà revisité et exploité. Notamment depuis la renaissance en tant qu'archétype du pouvoir féminin et de la femme fatale, et revendiquée comme un puissant symbole de colère et de pouvoir par le courant féministe.



C'est là où l'autrice nous amène avec une certaine subtilité, du malaise, et des errances avant que Méduse ne se révèle finalement, incarnant ainsi pleinement la signification de son nom grec : La protectrice.



Une autrice dont je serais curieuse de suivre l'évolution et les publications à l'avenir.



Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2023 : Automne des bois et au-delà - Catégorie Mélodie infernale de la corne de chasse. Mots-clefs : Monstre / Créature.
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Méduse

Quand un auteur contemporain revisite un mythe de l’Antiquité à la sauce de notre époque, je suis immédiatement attirée. Et puis cette couverture, rien qu’elle, ne peut que vous donner envie, non ? Rendez- vous avec une Méduse étonnamment monstrueuse.



« Etendue à plat ventre sur le tapis, le nez enfoui entre les pages de l'encyclopédie, je me faisais une idée de ce monde qui m'était interdit. San me lasser, j'étudiais les visages dans les livres d'images et j'examinais les yeux d'autant plus voracement que mes propres Exécrabilités étaient à l'abri de leurs regards. » Petite fille, surnommée Méduse par ses sœurs moqueuses, elle passe sa vie dans les livres, cachant ses yeux que personne ne peut, ni ne veut voir. Comment expliquer cette différence ? L’auteure ne nous donne pas d’indice.



« De toutes les tares contre nature qui affectent mes Difformités, c'est sûrement la moindre ; pourtant, je n'ai pu me résoudre à te la divulguer. Je suis restée sans voix, le bec cloué par le marteau de mon embarras, le caquet rabaissé au niveau du sous- sol... et la minute de vérité a passé comme un ange aphone. » Méduse grandit et devient gênante. Son père la place dans un institut pour enfants difformes. L’adolescente raconte son expérience sur elle- même et sur les autres à un destinataire mystérieux, qui ne sera dévoilé qu’à la fin du roman.



« Comme tu vois, le rire du roi du rye m'était resté au fond du gorgoton - et je ne l'ai toujours pas digéré. » L’écriture de l’auteure est originale. Jeux de mots, de sons et champs lexicaux déclinés dans des registres soutenus feront le régal des littéraires !



Au final, une première partie qui m’a transportée ! Puis j’avoue que l’ennui a pointé son nez… J’ai fini le livre grâce aux tournures lexicales originales de l’auteure, mais l’histoire en elle- même avait perdu tout intérêt. J’ai même trouvé l’explication finale grotesque, voire inadaptée par rapport à certains événements narrés. A lire par curiosité.

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Méduse

Revisite entêtante et déstabilisante du mythe de Méduse, le texte de Martine Desjardins est à l’image de sa couverture étrange, envoûtant et surprenant. Une expérience à faire !



Une fois n’est pas coutume, je salue le superbe travail de Marcela Bolivar sur la couverture et les rabats intérieur qui participe à cette expérience unique de lecture que fut le Méduse de Martine Desjardins. Cette femme ou statue, on ne sait, cachée derrière la végétation où eau et larme se mélangent dans un accord flou, doux et terrifiant à la fois, représente terriblement bien la sensation que je vais avoir tout au long de cette lecture.



Récit féministe rendant hommage aux romans d’aventure et d’érotisme de la fin du XVIIIe, l’autrice y fait preuve d’une plume littéralement envoûtante pour nous conduire dans cet univers quasiment intemporel où réel et fantasme se mélangent dans un fantastique de la plus belle eau. Il y a du Sade par moment dans ce récit (pas la partie la plus sulfureuse et scabreuse), il y a du Paul et Virginie également dans les aventures vécues par l’héroïne, et pour une touche plus moderne, un petit air du Bal des folles pour bien nous glacer. Pourtant, l’autrice y fait toujours preuve de prudence, de sensibilité et de mesure.



Il en faut pour nous conter, et c’est le mot, le destin chahuté de cette jeune fille qu’on prénommera Méduse à cause de ses yeux si singuliers, à qui elle donnera mille noms plus effroyables les uns que les autres au cours de l’histoire, redéfinissant ainsi la notion de monstruosité aux yeux même dudit monstre. Méduse, c’est cette femme, sans cesse cachée, rejetée, ostracisée à cause de sa particularité : son regard qui gêne et suscite l’effroi. Pourquoi ? On le découvrira avec panache dans les ultimes pages et tout prendra sens. Mais avant cela, il faut se laisser conduire dans les méandres de sa vie, reflet de la nôtre et de ses diktats sur la beauté, après que son père ne l’ait abandonnée dans une drôle de maison qui tient lieu d’orphelinat très spécial, puisque sa maîtresse adopte des jeunes filles porteuses d’une difformité ou particularité physique qui les met à l’écart de la société.



On le sent bien, le récit sera dur. Comme dans le Bal des folles, l’autrice nous confronte à la misère humaine mais aussi à la différence et à la façon dont on y réagit. Il y a cette institution où des choses bien étranges se déroulent sous couvert de parrainage. Il y a également le monde extérieur tout aussi cruel par ses mots et ses actes. L’autrice utilise un nombre pharamineux d’images, de métaphores, de litotes même, mais on comprend combien ces filles, ces femmes souffrent aussi bien sous le regard toxique et violent d’autres femmes que sous celui toujours méprisant et dominateur des hommes. La plume est belle, l’enrobage envoûtant avec sa touche de mythologie revisitée de manière fantastique, mais le message n’en reste pas dur et violent. Nécessaire.



J‘ai beaucoup aimé me laisser emporter par ce récit étrange, qui n’a pas vraiment de rythme pendant longtemps, malgré ses chapitres ultra courts : 3-4 pages. J’ai aimé me laisser bercer par cette ambiance différente de bien des romans que j’ai pu lire. J’ai aimé tenter de lire entre les lignes pour comprendre ce qui se jouait vraiment derrière ce décor d’inspiration mythologique où l’autrice reprenait bien des codes et éléments de celle-ci. Il y a quelque chose de fascinant à se laisser ainsi aller au fil de l’eau, à suivre cette pauvre Méduse et les drames qu’elle connaît, dans ce qui semble être un inéluctable destin tragique.



Parlons-en justement de Méduse, son personnage m’a interpellée d’entrée de jeu. Il est extrêmement bien écrit, très fin, très psychologique, avec un regard porté sur le corps, les apparences et le regard de l’autre saisissant. Les hommes tiennent une place toute particulière dans sa vie et on ne peut que le déplorer, l’autrice faisant de celle-ci le chantre d’une révolte silencieuse contre ce que leurs regards et leurs normes nous imposent à nous les femmes. Alors assister peu à peu à la métamorphose de la petite Méduse effrayée à la Méduse adulte, plus sûre d’elle, qui se connaît et ose relever la tête, c’était jouissif !



Texte court mais texte puissant, Méduse détonne dans le paysage éditorial féru de mythologie en ce moment. C’est un texte qui frappe et interpelle pour peu que l’étrange ambiance quasi gothique des débuts n’ait pas perdu le lecteur. Il faut savoir se laisser porter par la plume sombre et envoûtante de Martine Desjardins, la surprise est au rendez-vous, l’émotion et la réflexion aussi.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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La chambre verte



Nous avons tous connu dans notre vie des gens qui vouent un culte de l'argent. La Chambre Verte de Martine Desjardins décrit une famille pour qui l'argent est égal à Dieu, j'ai pensé à une citation du gangster Lucky Luciano ¨ En Amérique Dieu c'est le Dollar Américain¨. Dans ce conte les Delorme vont jusqu'au boutisme pour amasser le plus d'argent ou chaque sou a valeur de vie. La lecture de ce roman qui page après page nous amène dans les fondations d'une famille ou la tentation et le plaisir est vu comme un gaspillage qui s'approche du Mal. Bravo un roman comme on en voit rarement.

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Maleficium

Présenté comme un livre mis à l'index, le lecteur est menacé d'excommunication s'il l'ouvre. A nos risques et périls donc, de plonger dans ce recueil de confessions composé de sept tableaux. Me voilà, courageuse que je suis, a en lire le contenu et à être déçue. Les histoires sont inégales, certaines sont bonnes et d'autres m'ont ennuyées. Je dois tout de même reconnaître une belle plume à l'auteure, son style est fluide et les mots bien choisis. Bref, une lecture sans grandes émotions, mais je retenterais l'expérience d'un bouquin de Desjardins, sachant que celui-ci est son premier.
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Le revenant de Rigaud

Une nouvelle effrayante publiée en édition limitée, reliée à la main, avec une couvertures magnifiquement imprimées de façon artisanale qui s'illumine dans le noir! C'est un conte de Noël pour ceux qui n'aiment pas Noël, avec tout ce que ça implique de parenté désagréable, de décorations kitsch et de gâteaux aux fruits confits! Sauf que dans ce cas-ci, le Réveillon tourne carrément au cauchemar! J'ai bien aimé les jeux de mots et la touche d'humour noir. Un très beau petit livre à glisser dans le bas de Noël...

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