Rencontre avec Martine Pilate, à propos de son roman "Les Roses sauvages du Maquis" (Éditions de Borée, août 2017).
Enfant de l'Assistance publique, Vincent est élevé par les Bourdelle, un couple d'agriculteurs droit et aimant qui lui lègue l'amour de la terre et son penchant pour l'horticulture. Quand la France entière se trouve occupée à la fin de la guerre, Vincent n'a d'autre choix que d'abandonner femme et enfant pour s'engager dans la Résistance. Sous le nom de "Valentin", le maquis sera une expérience qui marquera à jamais son existence. Il va y rencontrer "Clarisse", pour laquelle des sentiments encore jamais éprouvés vont naître, et découvrir un coffret contenant une grosse somme d'argent et une boucle d'oreille en forme d'étoile de David. A la Libération, Vincent rentrera chez lui pour se consacrer à la culture des roses et, dans un coin de sa tête, à la recherche de ces deux femmes mystérieuses : la belle résistante et la Juive pourchassée... Il n'avait pas encore réalisé qu'il ne serait plus jamais comme avant. Lutter, n'était-ce pas espérer ? À présent, il lui tardait de retrouver sa terre abandonnée. Les cultures devaient avoir souffert du manque d'entretien. Il était déjà prêt à retrousser ses manches pour lui redonner sa vigueur d'antan. Incrédule, il inspectait du regard le grand champ en friche. La nature avait repris ses droits, anéantissant tant d'énergie dépensée à la canaliser !
Martine Pilate est née à Marrakech. Elle a passé de longues années à l'étranger. Après des études littéraires, elle s'est tournée vers le droit. Depuis une quinzaine d'années, elle se consacre entièrement à l'écriture. Après avoir vécu dans la région de Montpellier, elle est à présent installée en Provence.
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Que l'on soit homme ou chat, on a besoin d'être reconnu, accepté, respecté et surtout aimé. (p.160)
Les racines d'un homme ne sont pas toujours uniquement là où il est né ou bien là où il a grandi, elles peuvent être là où les émotions et les sentiments auront empli son existence. (p.265)
L'anxiété conduit à la déprime et l'imagination devient nuisible. Il faut savoir laisser les choses arriver si elles doivent se produire et ne pas aller à leur devant. (p.167)
L'espérance et le bonheur, tout comme le malheur, provoquent l'anxiété. (p.134)
Nos cinq mistigris savaient aussi interpréter les expressions que prenaient les lèvres de leur ami, le regard qu'il lançait à son entourage, les moments de tristesse et de déception qu'il essayait de dissimuler. L'amitié est de se comprendre sans avoir à prononcer un mot, seul le cœur parle, et ce courant passait entre les félins et le jeune homme.
Bien des gens n'aiment pas les chats par ignorance. Cependant, quand ils apprennent à les connaître, tel André, ils en deviennent des inconditionnels. D'autres en ont peur : d'ailleurs, tout au long de l'histoire des hommes, les chats n'ont-ils pas été tantôt adorés, voire déifiés comme en Egypte, tantôt tellement haïs qu'au Moyen Age on les assimilait à Satan et qu'on les brûlait avec les sorcières !
Avec l'âge, on devient le spectateur de sa propre vie. Un "je me rappelle" et le spectacle commence.
Les papés ne perdaient jamais une occasion pour refaire le monde à leur façon, souvent avec la sagesse de leur âge et de leurs observations. En fait, le luxe de la vieillesse n'est-il pas de retrouver ce naturel et cette spontanéité des jeunes années ? Peut-être est-ce pour cette raison que l'on dit "retomber en enfance", alors que les années s'amoncellent. Avec en plus cet acquis de connaissances dû à une existence bien remplie : la philosophie de la vie.
Ceux qui ont consacré tant d'heures à leur labeur, accèdent enfin à la capacité de ne consacrer désormais leur temps qu'à eux-mêmes et à ceux qui les entourent. C'est le grand retour sur soi-même, sans masque. C'est là que nous retouchons à l'enfance, à ses bouderies, à l'assurance de son bon droit et à son impatience. La vieillesse rejoint bien l'enfance. A la différence qu'elle ne soupire pas après les années à venir.
Tiger - attention à bien prononcer à l'anglaise, avec le son "aÏ ", monsieur y tient, c'est son côté snob de chat de gouttière -, ils avaient voulu l'appeler Tigrou quand ils l'avaient recueilli. En fait de recueillir, c'est lui qui les avait séduits et qui s'était imposé en se blottissant contre elle, puis dans ses bras à lui, en ronronnant à s'époumoner et les marquant tous les deux de ses phéromones. Enfin, si ça leur fait plaisir de croire que c'est eux qui l'ont choisi... L'essentiel est qu'il soit là, la panse repue, sans souci du lendemain, à se prélasser sur leur, pardon, sur "notre" canapé.
Tigrou, c'est un nom de chaton, de petit minet, pas d'un gros matou tigré qui avait réussi à échapper aux chasseurs et dont les deux plombs qu'il portait toujours sous son jabot attestaient de sa capacité à survivre. Il aurait eu l'air de quoi en acceptant de répondre à des "Tigrou, Tigrou" puérils et avilissants ! Question de dignité !
Il taisait l’indicible peur, l’odeur de la mort et celle du sang, se limitant à des « C’était dur ! » et esquivant par « On s’en est sorti, c’est l’essentiel ». Les détails sordides n’avaient plus leur place dans leur existence. La mémoire fécondait l’histoire, mais cette histoire-là n’était plus la sienne. Mariette buvait ses paroles. Elle ne le quittait pas des yeux et, à la moindre occasion, allongeait la main pour le toucher comme pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un mirage.