A l'occasion de la parution du roman "Les fantômes de Théodore" (Editions Murmure des Soirs), interview de l'autrice Martine Rouhart
Edmond Morrel
Lorsqu’on est en train de se noyer, on ne choisit pas la main qu’on prend, on saisit celle qui se présente.
Si l’on pouvait de temps à autre tourner le dos aux nuits obscures, aux barbelés, au vacarme du monde, si tout pouvait basculer dans le bleu, juste un instant…
Dans la vie on ne recolle rien, après chaque épreuve on devient quelqu'un d'autre à réapprivoiser. On naît d'innombrables fois, plus vrai, plus dépouillé.
Consanguinité d'esprits qui fait jaillir à tout moment la joie . En fait nous étions comme frères et soeurs ? Ou âmes sœurs ?
La vie est un mouvement permanent . Chaque instant que l'on vit est imprégné de tous ceux déposés derrière soi , et en même temps sans cesse renouvelé , régénéré par un appel d'air vivifiant : la réserve inépuisable de tout ce qui est encore possible . Et pour ce qui est du passé , si l'on est incapable de le modifier , on peut au moins changer le regard que l'on y porte .
- ´ Nous ne lisions pas pour nous distraire , ni pour nous instruire , voyez - vous ´ , dis-je un rien pompeusement, plagiant Flaubert , ´ mais simplement pour vivre , pour nous enrichir l'esprit et échanger nos idées ´.
Comment peut-on se sentir roche d’un total étranger ? Il y a un lien entre nous, incertain et invisible, un lien sans existence réelle,impossible à définir. Ou plutôt si, un lien entre deux lueurs éloignées, une sorte d’amitié interstellaire. A-t-on jamais vu des étoiles se rejoindre ? Me voilà partie dans des rêveries sur le monde des étoiles. Théodore et moi, un couple d’étoiles comme on en voit dans le ciel, tournant inlassablement autour d’un centre de gravité commun... (p. 110)
Une fortune que la crise n’avait pas encore entamée ou si peu, grignotage indolore, dernier domino de la chaîne qui se mettrait à vaciller.
Nous avons échangé tant de propos , élaboré toutes sortes d'idées sur nos lectures . La litterature était un pont jeté entre nos deux esprits , qui a résisté à bien des remous et ne s'est jamais brisé .
Pourquoi les gens se sourient-ils si peu dans les métros, dans la rue, dans leur vie précipitée ? Un regard, un sourire, des brèches pour percer tous les murs, pour toucher, pour trouver l'autre.