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Critiques de Maryse Condé (330)
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé rouvre une Affaire Classée à Salem.



L'écrivaine française lauréate du Prix Nobel de Littérature alternatif, nous offre une ensorcelante aventure de la Barbade, perle des Caraïbes, aux bois sombres et glacés du Massachusetts. Elle redonne chair et souffle à Tituba, l'une des sorcières des célèbres procès de Salem, à la fin du XVIIème siècle.



Condé veut rendre sa belle innocence à l'impétueuse, naïve, ingénieuse et sensuelle Tituba. Ces épithètes, l'héroïne les partagent avec le style de l'ouvrage, à la fois très abordable et marqué d'un style personnel à l'auteure.

La personnalité de Tituba, sorcière, dont les procès verbaux exacts sont retranscrits par Condé, est très bien campée, nous avons une femme d'un grand courage, d'une bonté et compassion naturelles, lesquelles sont mises à rude épreuve… Mais avant tout et une amoureuse de la vie, pour qui faire l'amour, être auprès d'un homme (ou d'une femme…) est comme prendre un congé presque mystique de l'enfer de son existence.



A travers cette histoire, Condé explore immanquablement la mémoire de sa Guadeloupe, elle dont la famille n'abordait jamais les tourments de l'esclavage. Mais, généreuse, elle veut embrasser dans son roman, mettre en lumière toutes les minorités et leurs oppressions celle des noirs bien sûr, mais aussi des femmes, et des juifs.



Un roman divertissant, entre récit de voyage et d'aventure, roman historique et portrait d'une affranchie qui veut parler à notre époque.



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Traversée de la Mangrove

J'ai découvert la littérature antillaise à la Fac. C'est dire si ça remonte ! J'ai de suite été attirée par cette ambiance magique, associée à la réalité, faisant du petit monde insulaire un peuple évoluant entre onirisme et dure réalité de la vie.



Francis Sancher est mort, assassiné. Comme il est de coutume, une veillée funèbre s'organise. Mais qui est le défunt ? Visiblement, un écrivain, et peut-être même celui qui est en train d'écrire le livre. Mais pourquoi est-il venu dans cette petite communauté de Rivière au Sel ? Chacun y va de son récit, racontant le passé du mort et ce qu'il a apporté. Les points de vue, positifs et négatifs, s'enchevêtrent. Nous avons affaire à une vingtaine de personnes, une vingtaine de voix. On comprend dès lors le titre : les narrations sont comme le rhizome de la Mangrove.



Entre mystères et déceptions, le roman laisse découvrir une Guadeloupe certes luxuriante mais complexe : complexité de ses habitants, des mœurs, de la culture...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Moi, Tituba sorcière

Tituba a réellement existé, citée lors du procès des sorcières de Salem, en 1692 comme étant une esclave noire venue de la Barbade et pratiquant le vaudou, mais d'autres sources pensent qu'elle était Indienne, tout simplement parce qu'à l'époque, les deux peuples se confondaient dans l'esprit des colonisateurs.

Maryse Condé, elle, a pris le parti d'en faire la fille d'Abena, jeune Ashanti (du Ghana) enlevée et violée sur un vaisseau négrier, pour être vendue à des colons à la Barbade.

Tituba découvre très tôt l'oppression de son peuple, devient orpheline, est recueillie par Man Yaya, guérisseuse qui l'initie aux bienfaits des plantes et aux sacrifices rituels.

Adulte, elle est vendue à un pasteur, Parris, et emmenée avec son compagnon John Indien à Salem, où elle l'une des toutes premières à être accusée de sorcellerie, elle qui persiste à ne l'utiliser que pour guérir et non se venger.

Ainsi, toute sa vie, elle connaîtra les barbaries du 17ème siècle: esclavage, pendaisons, tortures, prison, oppression de son peuple mais aussi celui des Indiens et celui des Juifs et enfin celui des femmes, qui dans tout ça, resteront toujours les premières victimes.

Maryse Condé s'est fondée sur les rares informations qu'on ait sur Tituba - contrairement aux autres accusés, elle n'a jamais reçu le pardon officiel, n'étant qu'une simple esclave, et sa vie n' a pas été retracée dans les archives de Salem - et a imaginé le reste.

En lisant ce roman, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Beloved, de Toni Morrison, et j'ai aimé l'écriture, envoûtante, belle et tragique. Par ce personnage, en partie fictif, elle réussit à nous faire entrevoir tous les vices de cette époque.
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Le fabuleux et triste destin d'Ivan et d'Iv..

J'ai toujours aimé les romans de Maryse Condé mais j'avoue que celui-ci m'a laissée totalement indifférente. Le décalage entre l'écriture de la romancière et le sujet, les Antillais et le Djihad, m'a paru tellement énorme que je n'ai pas adhéré du tout à cette histoire.

J'ai trouvé le style si daté que j'avais l'impression que le début de l'ouvrage se déroulait dans les années 50, comme si la forme du roman, l'écriture, le rythme ne pouvaient rendre compte de la réalité économique et sociale de la Guadeloupe d'aujourd'hui, des aspirations politiques, de la révolte et du questionnement identitaire. J'en suis bien triste car c'est la première fois que j'ai hâte de terminer un roman de Maryse Condé. La seule chose que je retiendrai du Fabuleux et triste destin d'Ivan et Ivana, c'est le pessimisme de l'auteure quant à l'avenir de la jeunesse guadeloupéenne, et son isolement face au monde. Elle semble porter le deuil d'une île qui n'est plus celle de sa jeunesse.
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Traversée de la Mangrove

C'est mon petit Théo qui m'a menée vers cette lecture. Je viens de lire, de la même auteure, avec lui « Rêves amers » qui nous a beaucoup plu et fait réfléchir sur la condition humaine, et subitement je me suis souvenue que dans les tréfonds de ma Pal un livre de Maryse Condé m'attendait depuis des années. J'ai des trésors incroyables dans ma Pal !





En cette veillée mortuaire, chacun tour à tour va prendre la parole en son for intérieur pour nous parler de Francis Sancher, retrouvé mort la face enfouie dans la boue grasse, pour évoquer leur rencontre et leur ressenti vis à vis du défunt. Certains l'ont aimé et beaucoup detesté.

On est étonné de la version de chacun et l'on se dit que définir une personne est un processus bien personnel et soumis aux interactions que chacun à avec l'autre. de plus, Francis Sancher incarne l'étranger par excellence, il est différent des îliens et dérange par sa pratique.

« Sans doute parce qu'il venait d'Ailleurs. D'Ailleurs. de l'autre côté de l'eau. Il n'était pas né dans notre île à ragots, livrée aux cyclones et aux ravages de la méchanceté du coeur des Nègres. »

Mais chercher l'autre c'est aussi se chercher soi-même et découvrir ainsi de quel bois on se croit fait.



C'est aussi à travers les révélations de chacun, toute une peinture de la société guadeloupéenne qui est brossée. On y découvre les anciennes rancoeurs contre l'esclavagisme, le racisme, la couleur de peau, la multiplicité des sangs mêlés et les différentes identités qui peuplent cette île.



Un roman choral d'une écriture très poétique, hautement colorée d'expressions créoles (et expliquées), et révélatrice des tensions internes de cette île papillon, richement décrite pour en évoquer la luxuriante nature.

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Moi, Tituba sorcière

A la Barbade, la jeune Tituba - née du viol de sa mère par un marin anglais - est élevée par la vieille Man Yaya qui l'initie aux secrets et aux vertus des plantes, des potions, des onguents et des esprits. A la mort de la vieille femme, à quatorze ans, Tituba succombe aux charmes de John Indien, un esclave qu'elle finit par épouser. Vendus par la propriétaire de John, ils doivent suivre leur nouveau maître, le pasteur Samuel Parris à Boston, puis à Salem où le révérend a trouvé une cure. L'attitude fondamentaliste et rigorisme de l'homme d'église s'épanouit dans la communauté très religieuse de la petite ville mais bientôt l'hystérie s'immisce dans l'esprit de jeunes filles fragiles qui accusent d'autres femmes dont Tituba, de s'adonner à la sorcellerie et de pactiser avec le malin.



Maryse Condé mêle adroitement petite et grande Histoire en imaginant le destin de Tituba, une jeune esclave qui, par les aléas de transactions commerciales ou dettes, se retrouve vendue avec son mari à un pasteur. A Salem, la jeune femme se retrouve dans la tourmente de l'hystérie collective provoquée par le fondamentalisme religieux de la petite communauté, encouragée par l'ambiance de suspicion qui règne dans la communauté et favorisée par l'esprit rigide et bigot du pasteur Parris. Contraintes et sévices corporels sont pratiqués dans un obscurantisme religieux qui rappelle celui de l'inquisition catholique, mais perpétré, là, par les puritains protestants avec toujours autant de radicalisme. La jeune femme, après avoir connu l'esclavage, sera accusée d'être une des sorcières de Salem et il lui faudra toute son énergie pour échapper à la sentence réservée aux sorcières.

Moi, Tituba sorcière est une très beau portrait de femme, une biographie imaginée d'après quelques rares informations disponibles sur cette femme qui a réellement existé. Maryse Condé en fait une héroïne résiliente, intelligente et courageuse face à une société pétrie d'interdits et de violences.
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Moi, Tituba sorcière

C'est une histoire fascinante : la réalité mêlée à la fiction que nous conte la plume alerte de madame Maryse Condé.

Méfiance ,suspicion, superstition, bêtise, cruauté, intolérance ou l'histoire d'une jeune guérisseuse: Tituba, seule contre l'hypocrisie d'une société qui se veut pure et qui tombe dans une hystérie collective meurtrière.Tituba est fille d'esclave : sa mére Abena, violée par un marin Anglais à bord d'un vaisseau négrier, a été pendue pour avoir défendu sa vie contre un blanc....

Orpheline, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya , faiseuse de sorts et guérisseuse. Solitaire, sa rencontre avec John Indien l'entraîne à Boston puis au village puritain de Salem.....au service d'un nouveau maître , le révérend Paris.

Elle est accusée injustement de sorcellerie à cause de ses connaissances et de sa liberté d'esprit, puis jetée en prison, finalement amnistiée aprés le procès des sorciéres de Salem en 1692.

On entre facilement dans la peau de cette jeune femme noire grâce à la belle plume à la fois réaliste et poignante de Madame Condé, à l'époque de l'esclavage.

On souffre, on vibre, on ressent sa force et son désarroi, sa douleur et la lourdeur de ses chaînes au sens propre et figuré! On plonge dans un monde et une époque au sein d'une Amérique naissante où cette jeune esclave passera par tous les tourments que lui feront endurer sa condition.....

Elle ne cédera ni à l'amertume ni à la rancune...

Un univers riche où magie et histoire sont mêlées , un ouvrage captivant et rude , empreint de beaucoup d'humanisme!
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La vie scélérate

Enfant turbulent, adolescent rebelle, jeune homme coureur de jupons, Albert Louis a souvent fait couler les larmes de sa mère Théodora. Il lui brise le cœur quand, en 1907, alors âgé de 32 ans, il quitte sa Guadeloupe natale, las de plier l'échine dans les champs de canne à sucre. Il embarque pour le Panama et le chantier de son fameux canal. Mais là-bas aussi, il faut obéir, travailler dur, et là-bas aussi, les noirs sont de la main d'oeuvre bon marché, exploitable à l'envi. Albert n'y fait pas fortune mais y rencontre l'amour dans les bras de Liza et rêve de l'or californien grâce aux histoires de son beau-père. Quand Liza meurt en couche, il ramène son nouveau-né, Bert, chez Théodora et part chercher fortune à San Francisco. Il reviendra en Guadeloupe, les poches suffisamment pleines pour y paraître riche et, dans la tête, les idées de Marcus Garvey qui militait pour la fierté noire. Remarié avec Elaïse, il lui fait plusieurs fils. Envoyé à Angers, Bert, son premier-né, sera renié et c'est Jacob qui prendra sa suite. Lui aussi rêvera de voir son peuple se relever et réclamer ses droits. D'ailleurs tous les Louis toucheront à la politique avec plus ou moins de succès. Thécla, la fille de Jacob aussi cherchera de part le monde un sens à sa vie et un endroit où trouver le bonheur, libérée des classes sociales et des considérations raciales. L'histoire des Louis, c'est Coco, arrière-petite-fille d'Albert qui la mettra en mots, qui racontera ses hommes et ses femmes, exploités devenus exploiteurs, miséreux devenus bourgeois, tous marqués par leur aïeul Albert, imprégnés de ses convictions, y faisant allégeance ou s'en détachant.



A travers le destin des Louis, du patriarche Albert jusqu'à la petite dernière, Coco, Maryse Condé décrit les mouvements politiques et sociétaux qui ont agité la communauté noire à travers le monde dès le début du XXè siècle. Du jamaïcain Marcus Garvey à Martin Luther King, en passant par Malcolm X se dessinent l'émancipation des noirs, les révoltes, les droits civiques et certaines philosophies parfois contradictoires. Le noir égal du blanc, le noir supérieur au blanc, le noir de retour en Afrique qu'il n'aurait jamais dû quitter, le noir terroriste pour faire entendre sa voix, le noir rastafari pacifiste, le noir qui partout veut s'affranchir du joug des blancs, l'ennemi naturel. Albert Louis fait sienne la devise de Garvey : ''Je vais à l'homme noir à voir sa propre beauté''. Homme fier et taciturne, blessé par la vie, il ne fréquente ni les blancs, ni les mulâtres et se méfient des noirs. Ses descendants, pourtant, transgresseront ces règles. Le sang des Louis se mélange à celui des blancs, comportement honteux et impardonnable pour l'intransigeant patriarche.

La vie scélérate est donc l'histoire d'une famille sur quatre générations, une histoire portée par des personnages forts, sublimée par les croyances créoles, et qui brasse de nombreux thèmes, comme le militantisme, l'identité raciale, la culture ''nègre'', les liens familiaux, l'atavisme. C'est une très belle saga, à la fois émouvante et instructive. A travers les heurs et malheurs des Louis, Maryse Condé nous convie dans une fresque historique de la communauté noire, des Caraïbes aux Etats-Unis, en passant par Haïti ou la Jamaïque. Un bonheur de lecture !
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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

Suite de mon voyage dans le Mali du 19e siècle. La ville de Ségou comme décor, la famille Traoré comme personnages essentiels.

Pauvre Ségou, deux fois conquises, brisant sa culture, son histoire.

Par la violence, elle est devenue musulmane. Par la violence, elle est devenue française. Et ce en quelques années.... Le polythéisme ou l'animisme a été banni, les populations ont été brimées dans leur religion, dans leur liberté.

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Mon voyage s'est également déroulé sur la Gold Coast (le Bénin ou le Nigeria) où là c'est la religion chrétienne qui s'implante. Nous suivons l'un des héritiers Traoré décidé à changer de vie ce qui l'amène à partir en Jamaïque.

Certes c'était intéressant, mais vraiment je préfère les pages centrées sur Ségou. De ce fait je retournais à Ségou avec des petits sauts dans le temps déstabilisants, me perdant un peu dans l'arbre généalogique familial... D'où mon 4 étoiles comparativement aux 5 étoiles du premier tome.

Mais cette nuance reste mineure, ce livre est passionnant riche d'informations et de découvertes.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Ségou. Grande ville le long du fleuve Niger entre Tombouctou et Bamako.

Fin du XVIIIe : Segou est la capitale du royaume du même nom, où vivent les Bambaras, peuple noir, polythéiste.

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L'auteure va entreprendre une grande et passionnante saga familiale autour d'un père (un grand notable) et ses 4 fils pour nous décrire l'Histoire de ce royaume, la vie quotidienne à cette époque.

Typiquement le genre de roman que j'adore : j'ai été embarquée par l'histoire des 4 frères, j'ai découvert l'Histoire de ces contrées. Passionnant et instructif !

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4 frères. 4 aventures. 4 vies bouleversées par l'Histoire.

Si vous voulez savoir comment l'Islam s'est implanté dans le Mali d'aujourd'hui, allez-y vous découvrirez plein de choses. Si vous voulez en apprendre plus sur ces anciens esclaves d'Amérique du Sud revenant sur leur terre natale, pareil !

A noter que les femmes ne sont pas mises de côté, au contraire elles ont une place centrale.

Les rites, la culture sont détaillés. On partage avec plaisir les repas des personnages. On découvre aussi les traditions familiales, le mépris envers d'autres groupes ethniques....

Vraiment le genre de livre qui me plait !

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Ce livre est à la fois un récit historique mais aussi un incroyable voyage qui vous fera découvrir évidemment le Mali du XIXe, mais aussi Fès, le Brésil.

Et la violence pour imposer une religion.......

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A noter que j'ai commencé le 2e tome avec plaisir. Livre coupé en 2 plus pour des raisons éditoriales ou de facilité pour le lecteur vue l'épaisseur finale de cette saga.

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Le coeur à rire et à pleurer

Maryse Condé évoque ici son enfance à Guadeloupe auprès de parents instruits fiers d'être Français. Le thème de la culture est essentiel ici et réapparaît dans son oeuvre. Dans sa famille, on tourne le dos au créole, on parle français. Ils vivent d'ailleurs une partie de l'année à Paris, ville des musées, de la culture et du savoir-vivre.

Dernière-née d'une famille nombreuse, elle grandit seule auprès de parents qui se montrent arrogants et fiers de leur réussite sociale, alors qu'elle est elle-même le cancre de la classe, refusant l'autorité, trop franche au goût des adultes et de ses camarades. se dessine ici la force de caractère et les valeurs politiques et féministes de l'écrivain qu'elle deviendra.

On est aux antipodes des auteurs se revendiquant créoles et c'est assez intéressant de voir l'autre face. Ceci dit, dans ses romans, elle s'interroge sur mes origines de son peuple et retrace son histoire bercée de multiples cultures et influences.

C'est un témoignage très intéressant sur le Guadeloupe des années 50 et la vie d'une grande écrivaine.
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Le fabuleux et triste destin d'Ivan et d'Iv..

Il était une fois Ivan et Ivana, frère et soeur jumeaux, nés il y a un quart de siècle à Dos d'Ane, Guadeloupe. Vrais jumeaux, ils étaient inséparables. A cinq ans, on les surnommait « les petits amoureux ». Un amour trop grand pour eux, trop lourd, qui plombera leurs destins. Car si leurs vies étaient indissociables, Ivan et Ivana n'en devinrent pas moins les faces opposées de la même médaille. Ivana s'engagea volontairement dans une belle avenue, ligne bien droite et claire, élève modèle qui rêvait de faire un métier au service des gens. Ivan, quant à lui, se laissa dériver sur les chemins tortueux et brouillons de la délinquance et des mauvaises influences, sans avoir la moindre idée de ce qu'il voulait faire de sa vie. Une formation en chocolaterie, peut-être ? Pour pouvoir rester auprès d'Ivana, qui avait décroché une bourse pour entrer à l'école de police à Paris. Mais c'est à ce moment-là que le père des jumeaux, musicien malien exilé au Canada, se rappela à leur plus ou moins bon souvenir. Il avait décidé de rentrer au pays, et voulait réunir ses enfants autour de lui. de Pointe-à-Pitre, Ivan et Ivana débarquèrent donc à Kidal, dans une ambiance surréaliste de menaces d'attentat terroriste et d'escarmouches entre milices et djihadistes. Lumière et ombre, Ivana et Ivan reproduisirent le même schéma qu'à Dos d'Ane, elle travaillant de son plein gré dans un orphelinat, lui engagé de force dans la milice. On monta d'un cran dans la tension entre frère et soeur, l'une comprenant que l'autre glissait décidément sur la mauvaise pente, et de plusieurs crans dans la catégorie des actes répréhensibles et de la radicalisation. Contraints de fuir le Mali, Ivan et Ivana arrivèrent alors à Paris, où elle entama ses études de future policière et s'épanouit comme une fleur au soleil, et où il traficota, glanda, déprima, et sombra dans les ténèbres.

L'amour, la haine, le Bien et le Mal, la lumière et la noirceur, Ivan joua avec la vie et la mort, et tout le monde perdit à la fin.



Cette fable tragique est un voyage initiatique de la Guadeloupe à la métropole en passant par les racines africaines des personnages, avec ce que cela suppose de réflexions sur l'esclavage, la colonisation et le racisme. Tour à tour triste, rocambolesque et même drôle, ce roman contemporain, brûlant d'actualité est le conte sans fées du gâchis et de l'innocence perdue.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Ségou est une immense fresque qui raconte l’Afrique de l’Ouest, essentiellement au XIXe siècle. Cette région du monde magnifique, aux cultures et aux traditions riches et millénaires est souvent négligées, tant dans la littérature que dans l’actualité. L’autrice Maryse Condé, bien qu’originaire de la Guadeloupe et ayant fait une partie de sa scolarité en France, voyage et travaille une dizaine d’année en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Ghana, au Sénégal. Même de retour en Occident, elle continue à s’intéresser à cette région du monde. Et c’est sans doute ce qui lui inspira Ségou.



Le premier tome de cette saga s’intitule Les murailles de terre. Il raconte le déclin de l’empire des Bambaras, l’ordre ancien renversé par des dissensions internes (intrigues de palais) mais surtout la progression de l’islam et du christianisme ainsi que le colonialisme et l’esclavagisme (traite négrière et déportation outre-Atlantique).



La famille Douskila est au cœur de cette grande saga, au cœur également des thèmes mentionnés plus haut. Le fils aîné Tiékoro Traoré se convertit tôt à l’islam et sera persécuté pour cela. En effet, pour le fils d’un grand dignitiaire dans une société aux croyances fétichistes, c’est osé. Le deuxième frère est capturé par des esclavagistes et transite par le Nigéria avant d’être vendu au Sénégal. Par la suite, il s’embarque pour le Brésil, travaillant dans une fazenda. Quant au troisième, Malobali, il se fait mercenaire dans l’empire Ashanti. Un autre frère, fils d’une esclave, exerce différents métiers qui le font voyager dans la région, même jusqu’au Maroc.



Ainsi, la fratrie voyage dans toute l’Afrique de l’Ouest et dans des régions où les populations locales se sont retrouvées par la suite, souvent malgré elles. Beaucoup d’aventures, beaucoup de souffrance également. Je crois que c’est la meilleure façon de résumer (à l’extrême) ce roman dense sans le dénaturer.



Les murailles de terre est un roman de fiction, toutefois, il incorpore beaucoup d’éléments historiques. Par exemple, le voyage de l’explorateur Mungo Park, la présence des officiers et des signares (femmes métis) à Gorée et Saint-Louis (au Sénégal), la montée en puissance d’El Hadj Omar et de son empire toucouleur.



L’intrigue est certes pertinente et accrocheuse. Le rythme est très rapide, il se passe beaucoup, vraiment beaucoup de choses. Aussi, le mode de vie des gens des différents peuples (bambaras, peuls, wolofs, ashantis, yorubas, etc.) est très bien décrit. J’arrivais facilement à les imaginer dans ma tête, à les différencier les uns des autres. Pour nous aider, plusieurs notes de bas de page ainsi que, à la fin, des notes historiques et ethnographiques (afin de pousser notre compréhension sur plusieurs éléments effleurés dans le roman). Aussi, des cartes et un arbre généalogique présentant la fratrie, mais aussi leurs épouses, leurs enfants et leurs petits-enfants. Très utile!



Toutefois, si Les murailles de terre permettent de reconstituer une époque, un petit je-ne-sais-quoi m’agaçait tout le long de ma lecture. Je n’arrivais pas à me sentir complètement investi dans l’histoire de ces trois frères et cela malgré un début prometteur. Je mets ça sur trois facteurs. Le premier, c’est que tout déboule rapidement (à mon goût), avant que l’on ait eu le temps d’assoir les personnages. Le deuxième, ce sont les sauts dans le temps, ce qui se produit à plusieurs endroits. Tout d’un coup, un, trois, cinq ans se sont écoulés, à peine une phrase ou deux pour signaler que la narration est propulsée de l’avant. Par exemple, alors qu’il se trouve encore à Tombouctou, Tiékolo songe à prendre pour épouse Nadié sa concubine, malgré son rang inférieur. Le chapitre suivant, ils sont mariés, parents de trois enfants et de retour à Ségou. When did that happen! Au début, je croyais avoir sauté des pages, avoir été dans la lune, d’autant plus que parfois l’on passe des aventures d’un frère à celles d’un autre. C’était mélangeant, et pas rien qu’un peu.



La troisième raison rejoint un peu la première : plusieurs personnages secondaires sont peu exploités, décrits seulement de manière superficielle, avec une certaine distance. Ça va pour des individus qui ne font que croiser la route des protagonistes mais certains tiennent des rôles importants (comme les différentes épouses ou les dignitaires du royaume de Ségou). Pourtant, l’auteure en fait peu de cas et plusieurs sont expédiés (pour ne pas dire tués) très rapidement une fois leur utilité dans l’intrigue finie. J’aurai aimé avoir la chance de les comprendre mieux, d’apprécier leurs tourments intérieurs. Ceci dit, avec déjà deux tomes de presque 500 pages en grand format, cela aurait sans doute fait déborder cette histoire déjà complexe.



Dans tous les cas, j’ai bien aimé Les murailles de terre, un roman captivant qui m’a fait découvrir davantage l’histoire de cette partie du monde.
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La vie sans fards

Sans fards c'est exactement comme ça que Maryse Condé se décrit mais parfois j'ai trouvé qu'elle exagérait , comme elle le dit si bien souvent , on embellit ses souvenirs , sans doute fait-elle la démarche inverse par souci de vérité et cela est en sa faveur .

Elle ne craint pas de dénoncer la piètre mère qu'elle fut , l'épouse qui ment , qui trompe mais après les malheurs dit-elle vient le bonheur .

Mais ces malheurs ne les a-t-elle pas crées , j'ai été étonnée par ces contradictions flagrantes entre son talent de conteuse et la façon désastreuse dont elle mène sa vie de femme .

Comment une femme follement amoureuse d'un africain célibataire , sans enfants peut-elle renoncer définitivement à la maternité sans se saborder consciemment ? Mystère .

Bien sûr il nous arrive à tous de prendre des mauvaises décisions mais à ce point c'est difficile à comprendre ;

je n'ai pas aimé non plus quand elle se plaint de ses maigres salaires , n'est-ce pas un peu indécent ni quand elle se lamente sur l'accumulation de ses malheurs , j'avoue n'avoir pas trop compris la démarche de son livre .

Par contre ce qui m'a intéressé c'est lorsqu'elle évoque les écrivains , les poètes , les grands hommes africains et antillais , Maryse Condé m'a donné envie de connaître entre autres Aimé Césaire que je ne connais que de nom , donc bilan assez mitigé pour cette lecture , une critique difficile à faire .
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Moi, Tituba sorcière

Tituba, sorcière jugée au procès des sorcières de Salem en 1692, a réellement existé et Maryse Condé décide de tirer ce personnage de l'ombre et de lui donner une histoire. Tituba n'a pas eu une vie facile, elle nait sur l'île de la Barbade mais se retrouve très vite orpheline. Man Yaya, une guérisseuse l'élève alors. Quand elle est vendue à un pasteur qui l'emmène à Salem, sa vie va prendre une nouvelle direction...

Premier roman de Maryse Condé que je lis et j'avoue que j'ai fait une belle découverte. Je ne savais pas qu'il était question d'une des sorcières présentes au procès de Salem, à vrai dire, je pensais me découvrir moi-même le sujet de cette histoire. Il s'agit en fait d'une biographie romancée. L'auteure choisit de donner la voix à Tituba, c'est elle qui nous raconte sa vie, ses amours, ses peines, les accusations... C'est un peu frustrant par moments car certains moments manquent de détails, d'explications car Tituba choisit ce qu'elle veut raconter. A part son acte du début, très cruel, la jeune femme semble obéissante, très gentille et sa vie parait infiniment triste par tous ces malheurs... La fin est un peu vite expédiée, ça manque encore plus de détails sur cette révolte. Historiquement, on ne connait pas grand chose de Tituba, cette esclave noire accusée de sorcellerie mais Maryse Condé arrive à lui donner vie de façon réaliste. Je relirai cette auteure !

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Moi, Tituba sorcière

J'ai rencontré Tituba pour la première dans "La Chasse aux sorcières", puis dans mes lectures relatives à l'affaire des sorcières de Salem. Je n'y peux rien, c'est une histoire qui me passionne comme tous les faits de "sorcellerie" au creux desquels se mêlent la question de la place de la femme, celle des croyances et de la folie des hommes ainsi qu'une bonne dose d'Histoire.

Je me souviens m'être souvent demandé ce qu'il était advenu de Tituba après l'amnistie générale accordée aux accusés de l'affaire, quand il fallait calmer les esprits échauffés et échaudés par des accusations toujours plus nombreuses et des exécutions toujours plus iniques.

Du destin de l'esclave du révérend Parris après Salem, nul n'a rien écrit. Ni Miller, ni les autres.

Jusqu'à Maryse Condé.



De l'écrivaine guadeloupéenne, je n'avais rien lu, malgré les exhortations de ma maman pour qui elle est l'une des plus grandes. Lorsqu'on lui demande de parler des romans qui ont le plus marqué sa vie de lectrice, elle cite "Pêcheurs d'Islande", "Premier de cordée", "Germinal" et "Segou", dont elle conserve précieusement l'édition de 1984.

"Segou" qu'elle m'incite à lire depuis... longtemps.

Je me dis qu'après "Moi, Tituba, sorcière", j'y viendrai sûrement puisqu'en effet, il m'a fallu Salem et Tituba pour venir à Condé. Il m'a fallu ce roman dont j'ai tout aimé et que j'ai dévoré en quelques heures.



Dans une langue dure, âpre mais poétique, Maryse Condé redonne vie, chair et souffle, à Tituba, et tout en lui redonnant aussi sa voix -puisque la narration se fait toute entière à la première personne- elle lui permet de se réapproprier son histoire, ou ce qui pourrait être son histoire, puisque le texte, bien que prenant appui sur des faits historiques qu'il relate le plus rigoureusement possible, demeure un roman.

Coulent bien sûr dans la vie de cette héroïne foncièrement humaine, forte et attachante la violence, les mensonges et l'odeur du sang et du soufre, la rumeur de sorcellerie charriés par les flots de Salem, mais pas seulement.

L'histoire de Tituba est aussi celle de la Barbade et de l'esclavage, des croyances vaudous et animistes mises à l'épreuve du Dieu que voulait imposer les colons à leurs esclaves. C'est celle des plantations et de la traite négrière. C'est celle des femmes qui sont toujours moins que les hommes et des hommes qui trahissent après s'être faits aimés, de leur lâcheté. C'est celle de tous les fanatismes qui poussent à exterminer: sorcières, juifs, esclaves... Qu'importe le bouc émissaire, pourvu qu'on ait l'ivresse.



De sa conception -deux phrases brutales et presque insoutenables qui viennent ouvrir le roman- à son enfance dans une plantation où elle n'est rien, de la mort abject de sa mère à son désir pour John l'indien qu'elle épousera, des riantes Caraïbes au Massachussetts tendu de noirceur et de brumes à sa geôle, du second voyage à son retour à son point de départ, "Moi, Tituba, sorcière" nous attache aux pas d'une héroïne d'exception, marquante, bouleversante et à qui Maryse Condé rend enfin l'hommage qu'elle mérite tout en tissant un vibrant hommage aux premières révoltes d'esclaves et aux nègres marrons.

Bouleversant. Révoltant. Cruel et magnifique.



Je ne croyais lire qu'un récit sur l'une des protagonistes de l'Affaire des sorcières de Salem pour assouvir mon intérêt un peu boulimique pour le sujet et c'est ce que j'ai trouvé, pour mon plus grand plaisir, mais j'ai trouvé bien plus.

J'ai trouvé la beauté sous la cruauté, la puissance des mots qui fait celle de l'engagement.

Dans "Moi, Tituba, Sorcière", j'ai également trouvé une langue incantatoire et hypnotique comme je les aime, mâtiné de ce rien de surnaturel, de transe qui envoute.

J'ai trouvé Toni Morrison, j'ai trouvé "Beloved". J'ai trouvé Billie Holiday, comme en visite chez Thomas Gilbert et Arthur Miller.



J'ai trouvé Tituba et Maryse Condé.





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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

Si le premier tome de la série Ségou m’avait plu, j’y découvrais l’Afrique de l’Ouest, ses gens, ses traditions. Dans le deuxième, La terre en miettes, toute la nouveauté avait disparu. Puisqu’une grande partie de son intrigue est basée sur des événements historiques (guerres d’El-Hadj Omar, constitution de l’empire toucouleur, colonisation française, sort réservé aux Noirs dans les Amériques, etc.), sa lecture demeure pertinente. Malheureusement, je n’ai pas autant accroché et, pour être franc, je me suis ennuyé à plus d’un moment pendant ma lecture. C’est peut-être, justement, parce que son auteure Maryse Condé visait trop grand? Je m’étais attaché à plusieurs personnages des première et deuxième générations de la famille Douskila. Toutefois, comme je l’avais écrit précédemment, beaucoup d’entre eux ont été expédiés rapidement avant que j’ai eu le temps de m’intéresser à leur sort. C’est d’autant plus vrai pour les troisième et quatrième générations. Je suivais les aventures de Mohammed, Eucaristus, Olubunmi et de tous les autres de manière très détachée. Pour tout dire, rendu vers la fin, j’avais surtout hâte d’arriver à la fin pour savoir ce qui allait arriver au Mali en général. Ça et l’aspect historique évoqué plus haut, la montée et la chute de l’empire d’El-Hadj Omar, beaucoup plus que les péripéties des Douskila. Encore une fois, les appendices (arbre généalogiques, cartes, notes) m’ont été d’un grand secours, je suggère qu’ils soient consultés avant d’entreprendre la lecture de ce roman, ne serait-ce que pour se remémorer ce qui s’est passé dans le premier tome.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Ce roman relève les quatre événements qui se sont passées et qui ont mis l’Afrique en ébullition : l’influence de l’esclavage, l’influence de l’Islam, l’influence du christianisme et l’influence du colonialisme. La famille de Dousika Traoré souffre durant des générations à cause de ces influences sur les habitants de Ségou. La souffrance de la famille Traoré symbolise la souffrance de tout le continent africain et la complexité à résoudre les problèmes qui ont duré plusieurs générations.
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La belle créole

Dieudonné, vingt-deux ans, vient d'être acquitté, à la grande surprise de son entourage. Mais loin d'être accueilli à bras ouverts, sa grand-mère et sa tante restent distantes, se méfiant de ce gamin qui a mal tourné depuis la mort de sa mère quand il n'était qu'un enfant. le jeune homme reste hanté par la mort de Loraine, béké, une belle cinquantenaire, pour laquelle il travaillait comme jardinier et qui le traitait avec considération, du moins le croyait-il...

Se sentant abandonné, livré à lui-même dans cette île de la Guadeloupe en pleine crise économique - entre grèves, conflits sociaux, quartiers mal famés et délinquance, Dieudonné souhaite retrouver le temps du bonheur, celui où la famille Cohen, l'emmenait sur la Belle Créole, leur voilier au mouillage à Port Mahault, le considérant presque comme un skipper, lui donnant confiance en lui, le traitant comme leur égal.



Maryse Condé nous emmène avec la Belle Créole, sur les traces de DIeudonné, ce jeune homme, qui après dix-huit mois de prison, se retrouve de nouveau abandonné à son sort et qui va se lancer dans une errance pour retrouver ses appuis. Mais c'est d'abord auprès de la famille qu'il ressent du rejet, arrivant comme un chien dans un jeu de quille, et puis Boris, l'ami SDF, poète qui s'est embourgeoisé, qui n'a pas de temps pour lui, ou Dorisca, la petite haïtienne qui le prend sous son aile. Difficile d'oublier le drame et, dans un Port Mahault en pleine déconfiture économique, taillé en pièces par quelques nantis, rebondir paraît impossible...

Entre évènements présents, réminiscences du passé, rêves ou souvenirs fantasmés, cette longue course à la rédemption, dans des lieux autrefois rassurants mais devenus hostiles et surtout les rencontres avec les amis du passé, Maryse Condé brosse le portrait ce jeune homme en fuite car seul. Un roman choral qui n'épargne aucune des populations, antillais, békés, ou étrangers installés dans l'île pour y chercher un peu d'exotisme.

Sombre et marquant dans une langue originale et colorée.
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En attendant la montée des eaux

C'est avec ce roman En attendant la montée des eaux que je découvre le talent de Maryse Condé. Née en Guadeloupe,diplômée de la Sorbonne en lettres classiques, elle a vécu longtemps en Afrique , Guinée, Ghana, Sénégal avant de rentrer en France et de se partager entre la Guadeloupe et les USA. Ce roman m'a littéralement envoutée . Je me suis laissée porter par l'écriture de Maryse Condé et par l'histoire de nos trois héros: Babakar le médecin, né au Mali d'une mère guadeloupéenne qui "fait peur" avec ses yeux bleus, Movar l'haïtien, analphabète ne parlant que le créole mais au coeur grand comme ça et Fouad le Palestinien établi en Haïti.Comment ces trois hommes se trouvent ils ? Pourquoi cette empathie entre eux ? Sans doute leur parcours chaotique, guerre, mort , misère , deuil, exil, leur envie d'aimer , de continuer à vivre si ce n'est pour eux que ce soit au moins pour les autres .

A travers le parcours de ces trois hommes c'est le parcours de centaines de milliers d'hommes femmes et enfants que Maryse Condé nous narre. Sobrement, simplement mais avec force les choses sont dites . Quand cette course au pouvoir, cette envie de détruire celui qui ne nous ressemble pas cesseront t'elles?

Un roman fort, douloureux, mais plein d'espoir, de tendresse ,d'amour et d'amitié . Un bien beau message .
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