derrière la chair
après césure
le noir
entre en lumière
le rouge
se montre
la main vient
andromeda polifolia
femme des murailles
ondulée de bravoure
et défi qu'importun
ne s'approche garde
les yeux ouverts la
bête t'a offert son
cuir protecteur tes
boucles te sont des
talismans tu règnes
(l'original est en vers justifiés)
Et si le quotidien,
non pas celui d'un être exceptionnel,
[un de ceux qui parcourent le réel à grande vitesse et en le transformant bien plus vite et plus fort que le passant qui passe]
mais précisément, le passant qui passe, vous et moi
donc, si le quotidien se retrouvait tout naturellement traversé de poésie, d'une poésie qui ne devrait rien, elle aussi, à l'exceptionnel transplanté, mais qui naîtrait du terreau même où pousse le quotidien du passant qui passe.
Baleine paysage contient le germe de cela et quelques plantes : arbustes, mousses, fleurs et tous les insectes qui y bruissent ... dans le quotidien.
Et si l'extraordinaire semble y surgir, c'est une illusion d'optique, c'est un effet de l'accoutumance de notre esprit aux censures mécaniques de tout ce qui dans ce quotidien dissonne avec la logique de ceux qui s'efforcent de mesurer le quotidien et prétendent qu'il s'y résume fort bien.
Ce germe est puissant et propre à sauter d'une des lignes des 223 textes à votre caverne en calcium.
L'un des premiers symptômes d'une contagion irréversible est l'absence totale de perception du tragique à la vue d'une baleine échouée et d'étonnement quand
"une baleine échouée s'installe encore dans le poème près d'un pétale fané rose"
nous avons trouvé le bonheur, nous en savons le chemin, nous avons trouvé l'issue à travers des milliers d'années de labyrinthe
http://wp.me/p5DYAB-1oY
ce drap ça contient mon corps qu'il aille pas s'éparpiller
Il fait sombre dans cet après-midi de décembre 29 — sur le meuble laqué blanc / des rêveries bleues ou roses guettent au creux des fauteuils à décor de roses noires / un chat roux se promène sur les lames du parquet de chêne clair
on entend la benne à manger nos restes
http://wp.me/p5DYAB-1gX
/ terre mouillée et amas de
feuilles exhalent leur histoire d'hiver / des
pensées d'autrefois se prennent dans le fil
à linge / une mémoire claire verrait presque sa
silhouette se promener dans l'allée en herbes
folles et — puisque ce serait lui — pour un
peu elle irait jusqu'à réinventer ses yeux
bleus dans les ailes des mésanges
http://wp.me/p5DYAB-UC
Le ventre d'une baleine échouée brille sur la berge d'un souvenir.
http://wp.me/p5DYAB-ZU
poème en chantier : 1, 2, 3, 4, 5, 6
1.
trembler d'émotion
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec celui qui désire
et celle qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
_émotion_ |trop explicatif, démonstratif, voire explicite
laisser plus d'énigme, davantage de silence, où peut venir se poser le lecteur | plutôt en dire moins que trop
_celui/celle_/même remarque
referme la griffe sur l'étiquetage du genre et du nombre
laisser l'expansion possible de la langue, lui offrir l'air et l'espace où s'épanouissent les grands arbres en lumière du deuxième vers
2.
trembler d'émotion
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec celui qui désire
et celle qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
3.
trembler
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
où est le focus
où le poème fait-il le point
entre trembler et être un arbre, voire le devenir
le devenir tellement la conscience sensible s'y installe et s'y abandonne
donc pour l'infinitif un vers séparé des autres par un interligne
rythme dans les signes posés sur le papier et rythme de la respiration de leur lecture
4.
trembler
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
une unité dans les trois vers qui suivent ce trembler me semble réclamer un interligne à leur suite pour qu'elle apparaisse plus clairement, et séparée des deux vers suivants qui construisent une autre unité
revient aussi la question musicale du rythme
et quelque chose dans la succession des trois pluriels de la fin de chaque vers me gêne
trop flou / l'image manque de piqué
et encore le rythme : 8 7 8 plutôt que 9 7 8
alors il n'y aurait qu'un arbre
il n'y a qu'un arbre dans lequel la conscience sensible s'abîme
ça donnerait ce qui suit
5.
trembler
avec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
encore quelque chose dans le rythme ne convient pas dans les deux derniers vers
peut-être ne sont-ils pas à donner sans interligne pour sauvegarder l'arbre en solitude, l'arbre qui se détache dans l'espace du poème autant que celui de la vision extérieure, il est dans le focus, il convient qu'il se voie
et la succession des deux derniers vers peut laisser supposer que être un arbre serait conséquence de ce refus, ce dire non, ce qui n'est pas le cas
alors ajout d'un interligne
cela dissociera la fuite et le qui dit non auquel le poème ne veut pas le lier
et cela mettra aussi en valeur ce "qui dit non " auquel ici je tiens, en cette occurrence-là, manière de ne pas céder, manière de tenir, de stehen, à la celan
6.
trembler
avec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
mais la dissociation n'est pas assez forte
ce qui dit non est trop tranchant, brutal, ne correspond pas à l'élan sensible, il fait écran au mouvement, au vent, à la lumière
je vais reprendre le verbe trembler et voilà que le poème me dit la conscience sensible entrée dans la contemplation de l'arbre jusqu'à sa métamorphose
élan final du poème
trembler
avec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
et qui dit non
trembler
jusqu'à être un arbre