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Citations de Mathieu Gaborit (128)


- J'ai le courage de douter de moi.
- Vous manquez d'orgueil.
- Vous tenez le même discours que mon père.
- Il vous obsède. Quel merveilleux bouc émissaire, n'est-ce pas ? Mais vous l'accusez à votre place, vous le reniez parce qu'il a eu le malheur de voir clair dans votre cœur. Vous vouliez mettre un visage sur votre culpabilité, sur ce dégoût de vous-même. Au lieu de vous battre pour admettre la vérité, vous avez inventé un père qui puisse cristalliser votre lâcheté.
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Mèche releva son capuchon et glissa des boucles rebelles sous les mailles végétales.
«Mère disait que le danger est une chance, murmura-t-elle d'une voix grave. Une chance de revenir à soi. Que l'on ne risque que le bien en prenant des risques.
- Et elle avait foutrement raison.>
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Avec le stylet, Jog n'a pas son pareil pour trancher une phalange, pour cisailler les attaches d'une armure et dépecer un cadavre de son cercueil d'acier. Il agit avec une précision diabolique et ce, pour une seule raison : il respecte le chevalier. Depuis qu'il exerce ce métier, il n'a jamais oublié de murmurer une prière sur les corps qu'il allège. Les autres pillards ne comprennent pas ces honneurs rendus à des cadavres que l'on s'apprête à amputer. Jog, lui, est convaincu qu'il s'agit là d'un devoir sacré dont tous devraient s'acquitter. A l'image du chasseur qui rend hommage à son gibier, le pillard doit respecter celui qui l'enrichit.
("L’Étreinte de Babylone")
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Mathieu Gaborit
Ma tante faisait partie des compagnons à Tours. Quand on allait déjeuner là-bas, il y avait les chefs-d'oeuvre dans le réfectoire, avec les compagnons. C'est un monde qui m'a totalement bouleversé. Ça m'a scotché. Ça m'a tellement hanté que j'ai toujours eu une espèce d'admiration un peu béate/bobo/parisienne pour l'artisan.Tout ça pour dire aussi que je déteste la magie sortie de nulle part. Je préfère qu'elle ait une explication, une assise, et que celle-ci soit issue d'un savoir-faire.

(extrait de l'entretien accordé à ActuSF et publié dans le recueil "D'une rive à l'autre")
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 -Es-tu en concubinage avec une méduse ou un minotaure ?
-Non...
-As-tu eu des relations sexuelles avec l'un ou l'autre dans les six derniers mois ?
-Non plus.
-As-tu l'intention d'en avoir dans les six prochains jours ?
-Sérieusement ? J'en sais rien moi. Peut-être ?
Elle émit un petit rire aigrelet et gratta le vélin avec application.
-Vous en doutez ? répliquai-je, piqué au vif.
-Un peu.
-J'ai été l'amant des duchesses de Boldia, des sœurs treize fois siamoises. Et je m'en suis sorti avec les honneurs !
-Tu les as vraiment baisées ?
-Vous êtes vulgaire, me renfrognai-je. Je leur ai fait l'amour avec révérence et passion.
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Je m'engage dans un lacis de ruelles dont la pente s'accentue à chaque carrefour. L'odeur devient presque irrespirable. Je suis obligé de ménager mon souffle avec soin. À l'heure qu'il est, la nourriture périmée ne va pas tarder à pleuvoir du toit des greniers disséminés dans le quartier. Elle nourrira les sans-logis, des silhouettes qui peinent sous le poids de leurs grands chapeaux de paille destinés à recueillir fruits et légumes avariés qui tomberont du ciel. Leurs yeux sont déjà morts et les miens se détournent.
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Une proie, une victime.
Acculée, les mains meurtries à force de vouloir escalader le mur qui clôt l'impasse. Je revois ma main, les phalanges qui blanchissent, je me souviens de l'excitation mais aussi de l'angoisse qui bouillonnent dans mes veines. Je n'obéis qu'à une seule idée : séduire, le séduire lui, ce père tutélaire, pour qu'enfin il consente à me laisser en paix.
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La formule d'un patient, ancien boxeur, me revint spontanément en mémoire : « Si t'as peur du gars, imagine-le sur la cuvette des toilettes, avec la gueule toute tordue par la colique. Tu verras, docteur, c'est radical... ».
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Secousses. Premier arrêt et nouvelle bousculade. J'esquive une première vague de voyageurs mais ne parviens pas à éviter un adolescent qui me passe au travers. Une vague grimace sur son visage boutonneux. Il se sent sale, soudain. Et moi aussi. Je déteste passer "au travers". Sensations parasites, émotions résiduelles. L'empreinte de l'adolescent fait écran entre moi et la proie.
("Mime")
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Ah, Paris ! Paris et sa Seine immortelle, serpent d'eau sombre encombré de pontons et d'embarcadères entre lesquels, suant leurs âcres vapeurs, se faufilaient les navettes cuirassés de la brigade fluviale et les péniches aux cabines cuivrées ! Paris et ses immenses boulevards illuminés, vibrantes artères bordées d'or où couraient les lignes des tramways suspendus, striant la ville de leurs zébrures électriques ! Paris et ses ruelles, ses allées et ses avenues, les ponts et les passerelles en leur grandeur arquée, réseau de cristal et de fer, noces miraculeuses de l'Art et du Progrès !
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On ne s’éclipse pas d'une histoire d'amour, ce n'es pas possible, Paul. On la termine, on la commence, on y met fin ou on la questionne, mais on ne la quitte pas sur la pointe des pieds. (Mathieu Gaborit, L'obus délibéré)
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Vous portez notre Maître des Vents de vos coups d'ailes. Vous caquetez ma fureur sans fin, et je fulmine vos appétits de chair ; j'aiguise votre goût des gorges, des cœurs et des tripes moelleuses sous le bec. Nous hantons les cieux, bas sur l'air, pour nous jeter sur tous les navires éoliens qui ont le malheur de s'éloigner des traverses. Nous sommes la terreur des voyageurs nobles, et de leurs esclaves, tout autant. Nous sommes la légende noire des dirigeables perdus. (Nicolas Le Breton, La chute du Maître des Vents)
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Mais tu as toujours eu un faible pour la flamboyance, Maspelio, et c'est plutôt facile quand on est Prince-voleur et que l'or coule à flots. Tu avais le luxe d'aimer les Gros, tu pardonnais toutes leurs facéties sous prétexte qu'ils représentaient une vision artistique de la cité. La flamboyance toujours ! Tu connaissais la réalité, non ? Toute cette nourriture jetée par les fenêtres du palais, les plus pauvres qui se battaient pour des reliefs moisis... Des gens qui crevaient pour des miettes... Et on est censé trouver cela folklorique ? Quelle indécence ! La misère est bien jolie quand on la regarde de loin à travers sa longue-vue... Tu défendais une vulgaire ploutocratie...
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Le primat se pinça les lèvres :
«C'est une femme mon ami. Paresseuse par nature, sujette à ses passions, et, par essence, peu susceptible de raison et de justice. Les femmes ont une mollesse de caractère qui les rend incapables d'une vertu mâle nécessaire à commander. [...]»
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Nos asiles se transformaient en machines et se bornaient à perpétuer l'aliénation. Ce monde-là n'était pas le mien. J'affrontais des fonctionnaires de la psychiatrie convaincus que le progrès se résumait à l'hydrothérapie ou aux traités de Leuret sur l'intimidation thérapeutique. Il s'agissait moins de soigner que de "garder". Et cela, de toutes mes forces, je m'y refusais, quel qu'en soit le prix.
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Il ne me restait plus qu'à longer le boulevard des Italiens pour arriver jusqu'aux abords de l'Opéra, et j'en profitai pour admirer les devantures des grands magasins, dont les merveilles s'offraient à ma convoitise, derrière de grandes vitres de verre coloré. Ce quartier-ci était encombré de passerelles, de passages, d'enseignes et de badauds. Le ciel était noir de circulation: les aéronefs se succédaient sans discontinuer aux stations aériennes, couvertes de dômes vert-de-gris. Les arabesques de fer forgé le disputaient à la rigueur de la pierre et du marbre, matériaux nobles mais dépourvus de fantaisie. Des automates de réclame aux yeux nacrés vantaient d'un débit monotone les agréments de tel ou tel magasin, et les passants les regardaient la tête haute, comme s'ils craignaient quelque chose.
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- Ils avaient des mauvaises intentions?
- Les hommes?
- Oui. Peut-être voulaient-ils juste... communiquer?
- Ce sont des hommes, bon sang, grince-t-il.
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Je levai les yeux au ciel. Un immense aéropaquebot, frappé aux armes de la Cunard, filait paresseusement dans le ciel d’azur, en partance pour quelque contrée lointaine. Les gens s’arrêtaient et le regardaient passer. Seigneur, quel monstre ! A ce qu’on disait, un tel engin pouvait embarquer près d’un millier de personnes à son bord
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L’orgueil se ravale si la cause est juste.
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Votre psychiatrie était impuissante, incapable de franchir les mailles de son cauchemar. Le remords engluait son esprit. Il avait tissé une toile de fer autour de ses pensées et aucun aliéniste, aucune thérapie digne de ce nom n'était en mesure de la délivrer. Pardonnez-moi : j'ai toujours pensé que votre rôle se bornait à observer. Vous sondez l'esprit, vous voyez le mal mais jamais vous n'êtes capable d'agir, de voyager jusqu'à lui pour l'affronter.
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