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Citations de Mathieu Riboulet (139)


La mère de Fabrice était de ces femmes naturellement menues que l'habitude de jouer les intermédiaires, et donc de prendre des coups de tous côtés, entre son mari et ses enfants avait amenuisée encore davantage. La mort de son fils avait achevé le travail, de sorte qu'on se demandait après l'avoir croisée si on avait vraiment vu quelqu'un ou s'il s'agissait de quelque ombre s'attardant dans un champs de vision fatigué. Devant la violence des antagonismes familiaux, elle avait dû se résoudre à battre en retraite, incapable de choisir qui, en elle, de la mère ou de l'épouse finirait d'anéantir la femme. Elle avait espéré que le conflit entre Fabrice et son père, évidemment né de l'homosexualité du premier et de l'incapacité profonde du second à se déprendre de l'image qui l'avait aussitôt aveuglé, celle du corps de son fils pénétré, se résoudrait avec le temps. La pauvre femme était loin de se douter qu'en fait de temps, c'est la mort qui apurerait le compte. Et bien plus loin encore d'imaginer que l'homme aux côtés de qui elle continuait à dormir avait accueilli la nouvelle de la mort de son fils avec un inavouable soulagement qui lui avait enfin ôté la rage stérile dont il était envahi. Plutôt mort qu'enculé, donc.
Cette image-là n'était jamais venue danser devant les yeux de la mère, pas même à cette heure navrante où elle rassemblait les quelques bricoles qu'elle tenait à conserver. Ces deux dernières années, elle avait vu le fils à l'insu du père, ils ne s'étaient pas beaucoup parlé, Fabrice petit à petit glissait dans l'inconnu, elle restait avec son mari, sans lui donner raison et sans le désavouer. Après tout, c'était sa vie. Il ne lui restait plus qu'à cheminer doucement dans le silence qui recouvrait son fils, maintenu par le père, observé par ses autres enfants qui ne leur pardonneraient jamais le grand déni dans lequel ils s'étaient enfermés et s'éloignaient un peu plus chaque jour. La douleur sèche dans laquelle ils la laissaient finirait par l'effriter tout à fait.
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Parfois je descends aussi du plateau calcaire où je vis pour des destinations plus triviales, me ravitailler, voir du monde, trouver un garçon à aimer, toutes choses quasiment impossibles à concrétiser sur ces hautes terres où ne souffle que le vent qui en été rabat ces longues graminées qu’on appelle cheveux d’ange, en hiver clôt le monde en apportant la neige. De toutes les incongruités que génère la vie que nous nous fabriquons, d’un accord de moins en moins commun, de plus en plus tacite, certes, mais que nous fabriquons, la floraison des longues galeries marchandes à la périphérie des villes n’est pas la moindre, mais elle n’est pas, tant s’en faut, la plus accablante, car il s’y est rapidement inventé des usages plus ou moins détournés qui relèguent de temps à autre leur fonction commerciale au second plan, ce qui est une victoire, modeste mais réelle, sur le rôle d’hommes économiques auquel nous assigne le dieu Commerce qui par ailleurs prospère avec notre actif concours. On peut ainsi, du moins dans les provinces mordues par l’oubli et le givre, terriblement continentales, à Rodez, au Puy, à Mende, à Aurillac, y trouver le pain, le sel, le vin et le garçon qui se laissera convaincre de prolonger ses courses d’une étreinte rapide mais dense, précise, dans le temple même du commerce ou dans quelque bosquet discret des alentours. Puis il regagnera, la chose faite, une petite amie en ville, une ferme isolée à quelques kilomètres, un travail de routine ou une ivresse feinte. C’est à cela que servent à des gars dans mon genre les vallées où l’on vit, l’on échange et l’on passe.
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Mathieu Riboulet
L'art est à peu près la seule façons que nous ayons d'échapper au poids des choses, qui sans cela pourraient nous tuer.
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Vous avez conquis Thèbes, craché sur la mémoire de vos pères endormis, et ceux qui, à ma place, souhaiteraient vous aimer sont contraints au néant.
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En mémoire de Martin, et de toutes les gueules d'ange qui laissèrent sang, cervelle, tripes et rage abyssale sur les pavés des villes abattus comme des chiens sans l'ombre d'un regret par les exécutants des forces de la paix, de la prospérité – car le regret, il ne faudra jamais se lasser de le dire, n'est pas dans les manières de cette armée des ombres –, je dois redire ici que je suis incapable de condamner d’un trait celles et ceux qui s’armèrent et du jour au lendemain s’évanouirent dans les villes pour nous débarrasser d’engeances assassines. Cela fait quarante ans que les emprisonnés, quand ils ne sont pas morts, expient leurs divers crimes de lèse-Etat, cela fait quarante ans qu’on demande à tous ceux qui s’en sont sentis proches, s’en sont faits les soutiens et parfois les complices, d’expier publiquement leurs errements passés, de renouveler sans cesse l’allégeance sans faille aux processus honnis qui les ont condamnés, de dire sur tous les tons le poids de faute morale qui pèse sur leurs épaules – car la soif de réassurance de ceux qui ont eu peur est inextinguible –, alors qu’on ne demande rien aux assassins d’en face, dont l’infamie patente passe en profits et pertes. Je dois redire ici que les ouvreurs de bal ne sont pas tous en prison, que la plupart d’entre eux ne l’ont jamais été, je dois reprendre ici, au risque que l’on dise voilà bien de l’orgueil et de la prétention, les mots qu’étouffèrent dans la gorge de Pier Paolo Pasolini, cinquante-trois ans pédé comme moi, des coups de bottes, de rasoirs ou des roulements de pneus passé sur la trachée, des coups de haine, de corruption et d’abjection : Io so. Car nous savons les noms des assassins.
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[…] ce qui m’a manqué à Auschwitz parce que j’avais douze ans me manque encore aujourd’hui, me manque toujours, manque aux hommes de raison comme aux hommes de colère, aux hommes de liberté comme aux hommes apeurés, aux hommes de poésie comme aux hommes de rien. Parce que la raison n’est plus d’aucun secours là où surgit le manque. Auschwitz et son silence herbeux, sa désolation sèche, est un grand manque humain au revers de l’Europe, qu’on lui tourne le dos ou qu’on lui fasse face.
Les lieux où quelque chose manque sont des lieux où l’on sombre. Ce qui a sombré dans ces quelques kilomètres carrés désormais situés dans la voïvodie de Petite-Pologne est davantage que la somme des âmes qui y brûlèrent au rythme de leurs corps. Quand nous nous y rendons, nous nous tenons debout au rebord de la perte. Certains d’entre nous se penchent, cherchent à distinguer quelque chose dans les herbes, à démêler le naufrage préparatoire de la perdition proprement dite. Puis ils relèvent la tête, font deux pas en arrière, tournent le dos au gouffre et reprennent le chemin sans qu’aucun de leurs gestes ait comblé ce qui manque.
Ces lieux ont aboli le temps.
Ce sont des lieux inconscients.
La colère qu’ils ont engendrée ne connaît pas la fin.
Ils ne nous laissent pas un instant en paix.
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Les chronologies, comme les fictions, sont parfois étouffantes quand on les considère comme telles, qu’on les arpente comme un qui fait les cent pas à la poursuite de la solution qu’un problème donné lui pose. On fait partie ou du problème ou de la solution. Entre les deux, il n’y a rien. Sur le moment bien sûr nul ne se pose la question de savoir à quel degré d’étouffement la réalité nous conduit, même si on se doute qu’il est parfois très haut. On vit et on agit. Je suis allé en Pologne, j’ai vu ces morts dans les rues de pays en paix, mon regard a suivi les index tendus qui désignaient l’Etat, et mon oreille perçu les souffles raccourcis de ceux qui l’attaquaient. J’ai su que mon désir était placé là où il pourrait faire grincer des principes et des dents, à condition que je lui donne la forme qu’il fallait. Martin m’a dit voilà comment ça marche, et j’ai dit à Martin voilà comment ça marche, ensemble on a marché. Aujourd’hui je suis seul et je dois respirer, prendre une limonade, retourner en Pologne.
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Remettre un semblant d’ordre dans la chronologie, même si c’est une fiction. Surtout celle des intervalles, ça se joue à si peu ! En 1976 j’entre avec Martin dans le grand jeu du cul et de la politique : on usera du premier sans regarder la dépense jusqu’en 81, cinq ans, de la seconde jusqu’en 78, deux ans, et de 78 à 81 on s’en éloignera, œuvrant sans même le voir à l’ouverture des failles où bientôt s’en iront nos aînés, donc une partie de nous. Pendant trois ans nous avons été nos propres fossoyeurs, au sens figuré, avant de l’être au sens propre, après 81. Le monde de nos seize ans, le monde que j’avais deviné sur le pont de Billancourt, qui suintait des corps abandonnés aux rues, des coups de feu, des rafales, des ambitions illimitées destinées à l’abattre, qui jaillissait tout droit, odorant et fleuri, des cuisses de Martin, mettrait encore huit ans à sombrer tout à fait. Ça tient dans une jeunesse ce genre de basculement, notre jeunesse. Ça tient à rien, à un petit ajustement du monde sur son axe, pour qui nous sommes toujours quantité négligeable, chair à canon, chair à travail et cher à foutre, des chiens. Mais pendant les deux ans où nous avons usé du cul comme de la politique, quel plaisir, quelle tension, quel espoir et quelle paix, jamais goûté depuis. Je n’en ai pas la nostalgie, ce mot-là n’est pas plus dans mes habitudes que celui d’érotisme, je ne peux m’habituer à son évanescence ; mais je cherche à savoir où cela est passé, à exhumer la faille, ou sa trace. Je le dois à Martin, et à chacun de ceux qui, parmi mes aînés de France, d’Allemagne et d’Italie, ont laissé leur cadavre sur le carreau du temps, ou bien, restés vivants, ont filé dans l’alcool, la dope ou la déprime, ou encore ont tenté, et tentent chaque jour, de rester cohérents, travaillant en silence à penser et à vivre, à aimer et à jouir, sans lâcher un instant le fil ténu qu’ils tissent depuis que sur le monde ils ont ouvert les yeux.
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Aucun de ceux qui tombèrent au fil de ces années-là, dont les corps jonchèrent brièvement les rues d’Allemagne, d’Italie et de France avant d’être emportés, autopsiés, rendus, enterrés ou brûlés, n’eurent le temps d’être inconsolés de quoi que ce soit, du moins je le leur souhaite. Ils n’ont pas eu l’occasion de voir l’axe du monde se déplacer lentement sur la droite, de s’apercevoir que la vue initiale n’était plus tout à fait celle qui s’offrait à eux à l’heure d’agir, de sentir cette faille s’ouvrir sous leurs pas, qui en engloutit tant. Tout est allé trop vite. Ils ont pourtant côtoyé des abîmes, mais c’était ceux, connus, qu’offrait le monde donné. Pas de tricherie dans l’air, de la violence pure, visible de partout : celle, dite légitime, de l’Etat, celle, dite terroriste, de ceux qui questionnèrent la légitimité même de ces régimes nés de la guerre et tout grouillants encore de nazis, de fascistes, de collabo, tous unis dans la conjugaison des effets économiques et des menées anticommunistes. Et entre les deux rien. Dix ans durant, nous ne vous avons pas laissé un instant de paix. Nous le payons encore, la rage est toujours vive.
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Mourir en guerre dans un pays en pays. Car c’est la paix. Aucune guerre militaire à l’horizon européen, pas de guerre civile non plus, pour en retrouver les accents il faudra patienter encore dix-neuf ans et voir, incrédules, le temps du monde basculer et entraîner 200 000 à 300 000 personnes dans les abîmes des mécanismes haineux entre Ljubljana et Skopje. Les ressorts de l’affaire étaient autrement tordus, et chacun de méditer sur la dissolution des empires ou de relire Thucydide. Dix ans de guerre européenne en pleine paix, de quelles fictions avons-nous habillé tout cela pour laisser ces béances à nos portes alors qu’elles étaient dans la maison ? Comme était dans la maison, officiellement depuis 1967 en Allemagne, 1968 en France, 1969 en Italie, officieusement partout depuis la fin de la guerre, la volonté farouche, arc-boutée sur le déni qui lui était opposé, de ne pas se payer des mots de la paix officielle, un mensonge d’une taille inédite : guerre froide pour tout le monde, chaude pour les Algériens de 54 à 62, les Coréens en 53, les Vietnamiens de 54 à 73, j’en passe, sans compter que, ayant abandonné aux délices des régimes communistes la moitié orientale du continent, l’autre moitié n’en recensait pas moins deux bonnes vieilles dictatures fascistes officielles, celles de Salazar et de Franco, qui avaient traversé la guerre sans sourciller et n’allaient pas tarder à s’évanouir, l’une deux ans plus tard dans un lancer d’œillets, l’autre trois ans après dans son sommeil taché de sang, et une plus jeune installée à Athènes en 67 pour sept ans. Pax americana. Au milieu de tout ça on va relever la tête, le gant des oppressions aimables, le défi des raisonnements pervers, et tout ça finira, j’aurai alors vingt ans, les rues pleines du sang des chiens dont on a transpercé les côtes, le cœur et la raison, mais si bien bitumées qu’on pense avoir rêvé.
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Ils sont nombreux ceux qui n'ont que quelques années de plus que moi, trois ou quatre, ces petits éclats de temps si dérisoires à l'heure des comptes et si décisifs à l'heure d'agir.
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Ça a duré dix ans, le temps que je sorte de l’enfance. Dix ans en gros, parce que c’est plus commode pour désigner une période, la décennie est un instrument fictionnel que tout le monde comprend. En Allemagne, de 1967, Benno Ohnesorg, à 1977, Hans-Martin Schleyer, l’automne et le 18 octobre. En Italie, de 1969, piazza Fontana, à 1978, Aldo Moro. En France, là où j’étais et où on ne fait jamais rien tout à fait comme tout le monde, de 1968, le Joli Mai, à 1972, Pierre Overney, avec résurgence tardive quand tout était plié, 1979-1987 Action directe. Mais évidemment ça commence bien avant, j’ai dit que si on se mettait à tirer un fil toute la pelote européenne se dévidait, ça en fait des causes. Ça sort de la fumée des crématoires, des diverses résistances nationales, bien sûr des collaborations des pays qui ont envoyé les Juifs brûler dans l’enfer nazi, contents de n’avoir pas à les brûler eux-mêmes, et de façon plus générale de cette très longue saison européenne d’exactions inaugurée à Sarajevo par l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, là même où, quatre-vingts ans plus tard, la page se refermera sur un épisode caractérisé de nettoyage ethnique – appellation serbe, soit dit en passant, remontant au milieu du XIXe siècle, mais pratique assurément sans frontières. Ce n’est pas ça qui m’a fait sortir de l’enfance, mais c’est le paysage qui est peu à peu apparu sous mes yeux, se constituant en un ensemble, certes partiellement illisible mais offrant une indéniable continuité.
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Lève la main sur moi si je te le demande, aime ma soumission à nos communs désirs, et, la main du bourreau, les gestes d’assassins et le poids de la haine, sur cette terre d’Allemagne où ils ont tant pesé, dans ces corps d’hommes allemands où ils ont tant œuvré, pas plus tard qu’avant-hier, ici même où je suis à genoux devant toi, reléguons-les dans l’art, les livres et la pensée, et traitons d’aujourd’hui en tâchant de tout faire tenir en même place, et les millions de morts et notre joie de foutre.
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Flâner le long des haies, cherchant l'entrée des étourneaux, aura longtemps été son lot. Il s'abîmait en d'abruptes contemplations le long des chemins : voler, se nicher, bruire de l'aile comme les feuilles bruissent du vent, s'immobiliser au cœur d'un mouvement vital, comme ces oiseaux dont il observait à l'infini le vol affairé dans les haies, sport méconnu et délicat.
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J'entrais dans Thèbes la nuit, ils étaient déjà là et j'en rejoignis un qui me mena aux autres, et dans cette nuit de Thèbes, j'ouvris très grand mon corps à leur désir brutal.
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Le sport est un opium décérébrant le peuple
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Je sens qu'à l'intersection de la sexualité et de la politique des choses fondamentales se nouent qu'il faut défaire en clamant haut et fort qu'on les défait.
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Tout est plié fin 1977 en Allemagne avec la mort des prisonniers de Stammheim, celle du patron ex-SS Hans-Martin Schleyer retrouvé dans le coffre d’une voiture à Colmar, France, le détournement sanglant de Mogadiscio. Cela ne signifie pas que les esprits se sont arrêtés de penser, les corps d’agir, les rêves de s’enrager, mais c’est plié. L’horrible recul que l’histoire nous oblige à prendre dicte ces mots : c’est plié, c’est-à-dire perdu.
Tout est plié fin 1978 en Italie à la suite de l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges, retrouvé dans le coffre d’une voiture via Caetani à Rome. Cela ne signifie pas que les esprits se sont arrêtés de penser, les corps d’agir, les rêves de s’enrager, mais c’est plié. Bien sûr il y aura encore des morts, l’Italie a joué une partition étouffée, elle a donné des bis, elle se perd en reprises, aujourd’hui encore elle prend facilement la mouche à ce sujet. Mais c’est perdu, plié, à ce moment précis.
Le 13 janvier 1979, l’Autonomie française se manifeste en procédant dans le quartier de la gare Saint-Lazare à Paris à une série revendiquée de destructions symboliques de vitrines de magasins et de cinémas, accompagnée de quelques gestes de réappropriation de biens matériels appelés « pillages » par les médias, et le 23 mars suivant elle passe à l’action à plus grande échelle en fichant une pagaille monstre à l’issue d’une énorme manifestation de sidérurgistes venus de Lorraine à Paris protester contre la casse de cette industrie qui avait fait les beaux jours du Nord et de l’Est, casse que le gouvernement socialiste de François Mitterand achèvera quelques années plus tard, pressé par la transformation des outils de production. Le 1er mai, Action directe apparaît sur les écrans en mitraillant le siège du CNPF, et le 20 septembre Pierre Goldman sera abattu comme un chien dans la rue par un commando baptisé Honneur de la police. Pierre Goldman qui venait d’encore avant et d’encore ailleurs et qui a quand même fini là. Pourtant c’était plié, et bien plié, mais l’horrible recul de l’histoire n’était pas le seul à le dire.
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Nous avons pris le train en marche, moi comme les autres. En 1972 en ce qui me concerne, pour autant que je puisse en juger maintenant, entre l'assassinat de Pierre Overney et un voyage en Pologne que je fis avec mes parents, qui s'acheva sur les événements des Jeux olympiques de Munich. Et j'en suis probablement descendu au début des années quatre-vingt-dix, à l'orée des massacres yougoslaves. On ne peut pas toujours suivre le temps du monde. J'inscris ici ces éléments d'une chronologie personnelle, je les borne avec les dates de la chronologie historique dont nous convenons tous peu ou prou qu'elle reflète un certain déroulement des faits, un ordre du monde autour duquel nous tenons d'organiser un peu de pensée. Mais ces chronologies, bien sûr, sont des fictions.
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« D'instinct Martin et moi sentons que les portes qui s'ouvrent chez nous augurent d'autant d'impasses : soyons francs l'écologie on s'en fout, l'atomisation communautaire on la craint, et la jean-foutrerie des nouvelles philosophies on s'en gausse, sachant que ça n'avance à rien. » (p. 90-91)
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