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Citation de sl972


sl972
14 février 2016
En mémoire de Martin, et de toutes les gueules d'ange qui laissèrent sang, cervelle, tripes et rage abyssale sur les pavés des villes abattus comme des chiens sans l'ombre d'un regret par les exécutants des forces de la paix, de la prospérité – car le regret, il ne faudra jamais se lasser de le dire, n'est pas dans les manières de cette armée des ombres –, je dois redire ici que je suis incapable de condamner d’un trait celles et ceux qui s’armèrent et du jour au lendemain s’évanouirent dans les villes pour nous débarrasser d’engeances assassines. Cela fait quarante ans que les emprisonnés, quand ils ne sont pas morts, expient leurs divers crimes de lèse-Etat, cela fait quarante ans qu’on demande à tous ceux qui s’en sont sentis proches, s’en sont faits les soutiens et parfois les complices, d’expier publiquement leurs errements passés, de renouveler sans cesse l’allégeance sans faille aux processus honnis qui les ont condamnés, de dire sur tous les tons le poids de faute morale qui pèse sur leurs épaules – car la soif de réassurance de ceux qui ont eu peur est inextinguible –, alors qu’on ne demande rien aux assassins d’en face, dont l’infamie patente passe en profits et pertes. Je dois redire ici que les ouvreurs de bal ne sont pas tous en prison, que la plupart d’entre eux ne l’ont jamais été, je dois reprendre ici, au risque que l’on dise voilà bien de l’orgueil et de la prétention, les mots qu’étouffèrent dans la gorge de Pier Paolo Pasolini, cinquante-trois ans pédé comme moi, des coups de bottes, de rasoirs ou des roulements de pneus passé sur la trachée, des coups de haine, de corruption et d’abjection : Io so. Car nous savons les noms des assassins.
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