Citations de Melissa Marr (85)
Elle ne ressentait aucune panique. Cette émotion était pourtant là, hors de potée, l'idée d'une émotion, rien de plus. Que m'ont-ils fait?
Il n'est jamais possible de repartir en arrière.
-Me fuirais-tu ? dit-il à voix basse, tout en s'en voulant de sentir son soeur s'emballer à l'idée de poursuivre une mortelle.
Leslie s'arrêta en entendant un groupe de jeunes gens la siffler depuis leur voiture. L'un d'eux était penché par la fenêtre, exhibant sa vulgarité, comme si cela fesait de lui un homme. Niall se doutait qu'elle ne pouvait entendre leur voix, tant les basses qui s'échappaient de l'habitacle étaient puissantes. Mais leur attitude suffisait à les rendre menaçants. Leslie se raidit.
La voiture s'éloigna à toute allure, les basses grondantes s'évanouirent. La tempête était passée.
-Ce sont juste des gamins, Leslie, murmura-t-il à son oreille. Reviens à toi. Qu'as-tu fait de ton pas alerte ?
Le soupir qu'elle poussa fut si léger qu'il l'aurait manqué s'il ne s'était tenu tout près d'elle. La tension quitta un peu ses épaules, mais les traits de son visage restèrent tirés. Jamais ils ne paraissaient se détendre. Son maquillage ne parvenait pas à camoufler ses cernes, pas plus que ses manches longues ne dissimulaient les traces violacées qu'avaient laissées les coups de son frère, quelques jours plus tôt.
Si seulement je pouvais intervenir...
Mais cela lui était impossible. Il ne pouvait entrer dans sa vie, dans sa maison. Cela lui était interdit. Il pouvait simplement lui offrir ses mots - des mots qu'elle ne pouvait entendre.
-Si j'en avais l'autorisation, j'empêcherais quiconque de t'ôter le sourire, dit-il pourtant.
D'un air absent, elle posa une main dans son dos et jeta un coup d'oeil dans la direction de L'encre et l'Aiguille. Elle sourit. Un sourire identique à celui qu'elle avait eu en quittant la boutique.
-Ah, je vois, tu t'es enfin décidée à décorer cette jolie peau. Qu'as-tu choisi ? Des fleurs ? Un soleil ? commenta-t-il en laissant son regard s'égarer le long du dos de la jeune fille.
Leslie s'immobilisa. Ils avaient atteint le restaurant. Ses épaules s'affaissèrent. Il aurait voulu la réconforter, mais comme toutes les autres fois, il ne pouvait lui faire qu'une seule promesse :
-Je t'attends ici.
-Je ne suis pas heureuse, chuchota-t-elle. Je ne sais pas ce que je suis, mais en tout cas, ce n'est pas ça, le bonheur.
Pour cette mortelle, je serais capable de désobéir à ma reine, d'abandonner mon roi et la cour qui m'a protégé durant tant d'années. S'il la gardait dans ses bras, il ne la laisserait jamais. Il ne permettrait pas qu'elle souffre comme les autres mortelles qu'il avait abandonnées. Il resterait près d'elle, avec ou sans la permission de la Cour de l'Été. Irial ne la lui prendrait pas et Keenan ne se dresserait pas entre eux.
-Tu arrives à...
-Goûter ce que tu ressens, oui, répondit-elle.
-On est donc amis? Depuis quand?
[...]
-Quand j'ai compris que tu n'étais pas une paumée comme Ren, mais sa victime. T'es quelqu'un de bien, Leslie. Et tu mérites qu'on t'aide.
-Si je le pouvais, je resterais toujours auprès de toi.
-Déclencherais-tu une guerre pour cette fille?
-J'aimerais tant pouvoir le faire.
-Tu comptes dire non à tout ce que je vais te proposer?
-Peut-être, répliqua-t-elle en souriant. C'est ce que tu veux?
[...]
-Oui. Non. Peut-être, répondit-il avec un sourire incertain. J'avais oublié à quel point cette petite danse du désir était amusante, même si l'objet convoité est encore loin.
-Ça te va si je la mène?
[...]
-J'aime plutôt ça, dit-il avant de s'éclaircir la voix. Non pas te courir après...
-Chut....
-D'accord.
Elle le dévisagea. Lui, le garçon dont elle était tombée amoureuse au cours des semaines passées. A aucun moment elle n'avait imaginé qu'il pût être autre chose qu'un être humain. Mais à présent sa peau chatoyait, comme si des flammes tremblantes y affleuraient , et c'était à la fois si beau et si étrange qu'elle ne parvenait pas à détourner le regard.
Résistance passive. Ce que sa grand-mère lui aurait conseillé. Accepte ce qu'il te donne et va-t-en.
Eddy la dévisageait. La fée-cadavre aussi.
Le fé se pencha vers Aislinn.
- J'aimerai vraiment te connaître... murmura-t-il.
Il la huma, à la manière d'un animal.
- Vraiment... répéta-t-il.
C'aurait dû être le moment d'appliquer la règle n°1: n'attire jamais l'attention des fés sur toi.
Il fallait fuir. Et réprimer cette envie irrésistible, inexplicable, de s'abandonner.
La première fois
que je t’ai vu
tu étais si petit
et tout tremblant
comme un petit lapin.
« (Seth à Aislinn)
- C'est toi qui comptes avant tout.
- Dis, tu veux bien me prendre dans tes bras? Si tu en as encore envie, en tout cas...
- Quelles question, je veux pouvoir te serrer contre moi chaque jour, dit-il en s'avançant avant de la soulever dans ses bras et de la serrer, comme si elle était fragile, précieuse. Rien ne pourra jamais y changer quoi que ce soit. »
Elle retira sa main puis l'embrassa, les lèvres biens serrées pour éviter que son souffle glacial ne pénètre en lui.
Elle s'appuya contre lui. Elle avait besoin qu'il la réconforte, qu'il la soutienne. Elle avait peur, mais elle ne pouvait pas rester les bras croisés en attendant que quelqu'un vienne lui porter secours.
Sur ce, Keenan prit une broche dorée en forme de soleil. Si Aislinn est vraiment l’Élue, cela aura du sens pour elle. Il glissa le bijou dans sa poche. Va pour la broche.
"Une fois qu'ils vous ont enlevé et que vous avez goûté à leur nourriture ... impossible de repartir. Vous êtes transformé et devez vivre avec eux pour toujours."
On ne regarde pas les fés. On ne leur parle pas. On ne fait rien pour attirer leur attention, énuméra Aislinn en comptant sur ses doigts. Jamais. Et on obéit toujours aux règles.