Alors l'ogresse se changea en lièvre, car le lièvre a de longues oreilles, mais déjà Baraboche-arou lui transperçait le ventre de sa flèche. Et de ce ventre sortirent des tas de gens, les malheureux que l'ogresse avait mangés.
Certains ont remercié Baraboche-arou de les avoir délivrés, mais d'autres se sont fachées et lui ont dit :
"Qui donc t'a prié, Baraboche-arou, de nous libérer ? Nous nous trouvions parfaitement bien dans le ventre de l'ogresse. Il y faisait noir, c'est vrai, mais nous y avions bien chaud et là, nous ne devions pas travailler."
Ainsi en va-t-il souvent : on n'obtient pas de reconnaissance de tout le monde.
Un jour il voit se poser près de lui un dragon ailé, le dragon noir qui volait les vaches dans toute la contrée, et qui lui dit :
"Mon vieux Dalantaï, aimes-tu tes vaches ?"
"Sûr que je les aime, je les aime beaucoup." répond Dalantaï.
"Mon vieux Dalantaï," interroge encore le dragon, "tu aimes ton taureau ?"
"Naturellement, que je l'aime." répond DalantaÏ.
Et le dragon pose une troisième question :
"Mon vieux DalantaÏ, tu aimes ton énorme ventre bien gras ?"
"Lui, non, je ne l'aime pas, même pas un tout petit peu", dit Dalantaï, en hochant la tête. "Il ne fait que me gêner, et il me pèse."
"Fort bien", dit le dragon. "Alors je vais le manger."
"Mange-le si tu veux" accepte Dalantaï. "Mais pour cela, tu dois me couper le ventre avec le couteau du vieux Dountaï."