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Critiques de Michaïl Lermontov (59)
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Bela, princesse caucasienne

Petchorine est un jeune officier russe expédié dans le Caucase montagnarde du XIXeme siècle suite à un duel mortel mais aussi pour une mission diplomatique concernant l'intêret russe sur le Caucase. Il s'y ennuie fermement dans cette région sauvage et se met à distance des habitants qu'il juge rustre et peu civilisé. Mais un jour une belle femme captive son attention, Bela une Tcherkesse. Elle est jalousement gardée par sa tribu, d'autant plus qu'un autre homme la convoite, un brigand du nom Kazbitch. Que cela ne tienne, Petchorine compte approcher la damoiselle, aidé par Azamat le frère de cette dernière...

Voilà le résumé de cette longue nouvelle d'un auteur russe peu connu dans notre Hexagone, Michael Lermontov alors qu'il est célèbre en Russie et surtout dans le Caucase dont il est surnommé d'ailleurs le Poète du Caucase. Un romancier à la vie tumultueuse, inspiré par Poutchkine et Byron, fuyant une Russie étriquée par l'absolutisme et les vieilles conventions pour les libres terres caucasiennes à l'atmosphère primitive, et qui ne vécut pas longtemps puisqu'il décède suite à un duel alors qu'il n'a même pas trente ans. Un esprit fougueux et romantique qui se ressent fortement dans cette histoire d'amour tragique (car elle se finira mal évidement) où la vengeance, la mort et l'honneur en sont prédominants.

C'est un voyage passionnant dans la rude Caucase où les habitants sont frustres mais fiers, violents mais héroiques à leur manière, attachant une importance quasi sacrée à l'honneur. Le Caucase c'est l'équivalent de notre Corse et de la Sicile, une terre étrange pour les citadins perçue comme arriérée mais à l'audace et une certaine impertinence que les villes n'ont pas. Une terre qui surprend par l'influence orientale qui l'imprègne, une bonne partie de ses habitants étant musulmans et les mots perses et turques abondent dans le langage local. De quoi nous dérouter mais aussi nous charmer.

Dans le paysage romantique des montagnes, l'amour vient naturellement pour le protagoniste sentimental et libre mais la vision en est très mélancolique. Car Petchorine a des tourments intérieurs en lui qu'il fait que malgré les feux qu'il éprouve pour cette Tcherkesse, il ne parvient pas à se détacher de sa maussaderie qui l'encombre tel un lourd poids. . En revanche, de Bela on n'aura point son point de vue, ni de ses ressentis, symbolisant son statut inférieur dans un monde d'homme y compris même pour son amant.

Le style est byronien, tout délicat et lyrique, que la poésie y est présent souvent : les paysages sont longuement bien décrits et l'auteur y met du temps pour raconter les états d'âmes de ses personnages. Lermontov aime cette terre éloignée du monde civilisé et surtout s'indentifie à un héros au final morose et troublé, qui n'accomplira pas de grand fait héroique.

Une oeuvre bien singulière idéale pour découvrir un auteur des plus méconnus qui a pourtant influencé bien des écrivains russes comme Tolstoi où Dostoveisky, et qui bien qu'écrite dans un siècle romantique et quelque peu suranné, avec les préjugés qu'il peut y avoir, nous transporte dans les fougues de la Caucase. Une autre parcelle de la littérature russe et de ses idées slaves à lire en quelque sorte.
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Bela, princesse caucasienne

Superbe nouvelle, histoire d'amour et de vengeance, dans le cadre naturel grandiose des Monts du Caucase.



L'histoire est racontée au narrateur par un officier de l'armée russe, Maxim Maximitch, qui raconte le sort de son ami officier Grégory Alexandrovitch Pechorine, lorsque tous deux envoyés en mission dans les contrées reculées et dangereuses du Caucase, il tombe amoureux d'une belle princesse, Bela. Mais les peuples de ces contrées sont souvent rustres, fourbes, voleurs, fiers, à commencer par Kazbitch, le bandit au superbe cheval.

Pechorine parviendra-t-il à conquérir Bela et à la garder face à la jalousie de Kazbitch, mais aussi face à ses propres démons intérieurs ?



Lermontov, contemporain et grand admirateur de Pouchkine, livre là une des pièces d'"un héros de notre temps", son oeuvre majeure, qui préfigure et inaugure les grandes oeuvres romantiques des classiques russes qui s'annoncent, de Tourgueniev, Tolstoï ou Dostoïevski.



On y trouve un sens du drame, de l'aventure, des grandes épopées, mais aussi une couleur locale très présente et éloquente. On imagine ces superbes et rudes paysages des montagnes caucasiennes, et l'auteur nous fait partager les particularismes des mentalités de ces différents peuples, Tatars, Ossètes et autres Tchétchènes...marqués par les influences turques et perses (plusieurs jolis mots ou expressions dans ces langues sont jetés là avec parcimonie et à propos dans le texte), par la religion musulmane.



Une lecture agréable d'un auteur rare et injustement méconnu mort en duel à 27 ans, dont l'oeuvre forcément peu étoffée a pourtant influencé les plus grands écrivains russes.

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La princesse Ligovskoï

Les princesses ne sont plus ce qu’elles étaient… l’ascension sociale, les mariages arrangés et l’importance accordée au profil social ont transformé le visage de l’aristocratie pour donner jour à des princesses dont seule l’illégitimité semble incontestable. Afin de transmettre une image de cette situation bien connue de son quotidien, Lermontov écrit dès l’âge de vingt-deux ans l’histoire de la Princesse Ligovskoï.





A Saint-Pétersbourg, au cours de la première moitié du 19e siècle, Georges retrouve Viérotchka, une ancienne maîtresse. Le désarroi de la jeune femme semble immense –elle ne le cache même pas à Georges, reconnaissant avoir compromis son avenir et sa jeunesse pour obtenir un titre qui ne lui apporte finalement aucune satisfaction. Les retrouvailles s’effectuent donc sous le signe du malheur ambitieux, recoupé par le regard cynique et moqueur –insensible !- de Georges. On reconnaît derrière ce personnage le caractère du jeune auteur : son désenchantement, ses désillusions amoureuses, son goût pour l’(auto)dérision et son ambivalence vis-à-vis des soirées mondaines se confondent pour former un autoportrait dont la sincérité ne manquera de convaincre aucun lecteur.





L’histoire, si elle avait été racontée du point de vue de la princesse larmoyante, aurait sans doute été lourde, gonflée de colifichets, artificiellement éplorée ; racontée du point de vue de Georges, elle prend une tournure cruellement joviale, virevoltant de l’aversion la plus injustifiée (quoique toujours assumée) à l’humour le plus piquant. Le ton est enlevé, léger, faisant la part belle aux divagations et aux considérations les plus extravagantes d’un personnage enflammé. Surtout, Lermontov réussit à prendre suffisamment de distance avec son sujet pour en faire ressortir les caractéristiques les plus notables –ouvrant ainsi une voie de communication directe avec le lecteur français du début du 21e siècle.





Bien que l’histoire soit inachevée, la frustration sera légère. Lit-on l’histoire de la Princesse Ligovskoï pour son dénouement ? Non. Mais pour la cruauté réjouissante de ses considérations –oui !




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La princesse Ligovskoï

J'ai aimé "La Princesse Ligovskoï" de Michel Lermontov. Ce roman inachevé nous offre une description de la société russe du XIXème siècle où Georges (dit Petchorine) et Vierotchka se sont aimés mais, suite à la mobilisation de Georges à la guerre, se sont perdus de vue.



Georges est devenu un officier de la Garde, cynique ainsi que cruel, et le jour où il retrouve Vierotchka, qui est, quant à elle, mariée au vieux prince Ligovskoï, lui avoue (implicitement) qu'il ne l'a jamais oubliée...



J'ai beaucoup aimé les descriptions complètes des personnages; l'auteur, qui emploie tout au long du roman, le pronom personnel "je" nous indique son point de vue et permet ainsi au lecteur de "s'introduire" dans cette fantastique vie mondaine de Pétersbourg.



J'ai vraiment "dévoré" ce livre même si la fin, étant ouverte, m'a laissée curieuse de connaître la suite de cette histoire si captivante !



Un très beau livre que je conseille à tous ! A lire.
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La princesse Ligovskoï

un peu déçue , dommage qu'il est inachevé
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La princesse Ligovskoï

Roman inachevé à la première personne, offrant ainsi au lecteur une plus grande proximité avec ses descriptions et ses sensibilités.

Parcours de princesses et de cœurs à suivre et découvrir avec bonheur et partage.

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La princesse Ligovskoï

Un regret: roman inachevé. Alors on reste sur sa faim, alléché par un très intéressant début et un déroulement qui s'annonçait riche en rebondissements...

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La princesse Ligovskoï

Quel dommage que Lermontov n'ait pas terminé ce roman qui porte en lui tous les germes des grands romans à venir de Dostoïevski !



Mikhaïl Lermontov, grand écrivain de l'âge d'or de la littérature russe romantique et contemporain de Pouchkine, ne nous a laissé que les neuf premiers chapitres de ce roman déjà brillant avant de l'interrompre à peine un an après l'avoir commencé. En effet, en février 1837, il est arrêté et emprisonné pour le poème vengeur et jugé subversif qu'il a publié sur la mort tragique de Pouchkine puis est exilé sur le front du Caucase. Lermontov ne prolongera et ne terminera jamais ce roman, expliquant que "les circonstances ont changé". Bien sûr, au Caucase, c'en est fini des bals et des soirées au théâtre et c'est une vie de militaire et des combats qui l'attendent.



Avant cet exil, Lermontov a fréquenté le milieu mondain de Saint-Pétersbourg et a eu quelques expériences sentimentales plus ou moins malheureuses, qui ne lui ont pas toujours fait honneur. Le romancier s'en est directement inspiré pour se livrer à une belle étude psychologique doublée d'un portrait de la vie de plaisirs et d'oisiveté que menait l'aristocratie pétersbourgeoise. Le roman aborde ainsi plusieurs thématiques : l'état d'esprit superficiel de la noblesse de Saint-Pétersbourg, la lutte des classes qui oppose deux jeunes hommes, Piétchorine, oisif fortuné et détestable et Krasinski, fonctionnaire pauvre au caractère ombrageux, les amours contrariées de Piétchorine avec Vièra, les jalousies des deux anciennes conquêtes de Piétchorine...



Les figures masculines m'ont semblé être traitées avec plus de profondeur que les figures féminines. Et le personnage de Krasinski préfigure un certain type de personnage populaire dostoïevskien : un homme au cœur noble, fier et révolté, qui se bat sans moyens contre la société.



Malheureusement, la narration de La Princesse Ligovskoï s'arrête au moment même où les portraits des différents protagonistes sont bien achevés, où la haine entre les deux jeunes hommes s'est durablement installée et l'intrigue suffisamment étoffée pour nous laisser entrevoir les prémices de développements dramatiques...



Bien que le roman soit resté inachevé, Lermontov a repris son cynique héros Piétchorine pour en faire le personnage principal de son roman Un héros de notre temps, mais dans une veine plus réaliste...



Si, à l'instar de Pouchkine, Lermontov n'avait pas connu la même fin tragique lors d'un duel, quels magnifiques romans n'aurait-il pas encore écrits...



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La princesse Ligovskoï

Une lecture agréable, avec l'envie d'en savoir le dénouement, l'écriture est un plaisir. L'histoire, je l'ai acceptée, le début est plutôt drôle, curieux, puis, je me suis ennuyée, en raison des répétitions des situations. Superbement écrit, oui, mais je n'ai pas compris le fond.
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La princesse Ligovskoï

je regrette vraiment que l’auteur ne se soit pas attardé un peu plus sur la Russie et sur Saint-Pétersbourg, j’ai trouvé cela dommage, je voulais vraiment découvrir la Russie à défaut de ne pas pouvoir la voir en vraie !



Par contre, j’ai apprécié le style de l’auteur, plutôt soutenu, agréable à lire et presque poétique. Dommage que cette petite nouvelle soit en réalité un roman inachevé car il aurait pu être très intéressant et beaucoup plus complet.
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La princesse Ligovskoï

Court texte de Michel Lermontov, La Princesse Ligovskoï est un roman inachevé. Assez frustrant donc de ne pas savoir ce qu'il advient des deux héros, mais un pari que l'on prend en ouvrant ce livre. Difficile donc d'en dire beaucoup sans trop dévoiler l'intrigue.

La plume est très fluide et se lit avec aisance. Les phrases, longues, très ponctuées et souvent très imagées, invitent à la rêverie. Le narrateur nous entraîne avec malice dans cette histoire.

Une plongée dans la société pétersbourgeoise des années 1830 très agréable, portée par l'étiquette et les conventions de l'époque. Une intrigue bien menée, prélude à un roman qui aurait pu être très prometteur...

Un très bon moment de lecture, très rapide...
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La princesse Ligovskoï

Les fastes et les mondanités de l'aristocratie tsariste, à Saint Petersbourg.

Derrière l'histoire sentimentale entre le jeune mondain Georges et la princesse Ligovsköi, intrigue toute en allusions discrètes (on ne sait ni le comment ni le pourquoi de leurs amours), Lermontov peint un monde qui évolue entre réceptions, snobisme, raillerie et jalousie.

Je découvre avec ce roman un auteur qui me semble un brin sexiste.. Pour preuve, le tableau très réducteur des femmes à la page 77 "mais nous autres femmes, nous nous abandonnons si facilement aux accoutumances du cœur, et nous pensons si peu, malheureusement, à la culture en général, à la gloire de l'Etat."

Frivolité, coquetterie et cupidité seraient donc les particularités les plus visibles de la gent féminine, à en juger par la description de ces dames, lors du bal évoqué page 116 : "Que d'yeux étincelants et d'étincelants brillants, que de lèvres roses et de roses rubans... merveilles de modes. ravissants petits pieds et souliers merveilleusement petits, épaules marmoréennes et fards français...phrases sonores empruntées aux romans à la mode, bijoux de location."

Les messieurs, qu'ils soient jeunes officiers, vieux barbons ou fonctionnaires laborieux ne valent guère mieux. Cette société décadente préfigure-t-elle la tourmente qui s'ensuivra ? dans ce pays que j'aime malgré tout.
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La princesse Ligovskoï

Roman inachevé, La Princesse Ligovskoï, écrit en 1822, nous propose une admirable peinture psychologique de deux jeunes mondains russes du début du XIXè siècle, ainsi qu’une brillante évocation du Saint-Pétersbourg de 1830.



L’intrigue ne sort guère des sentiers battus en cette période phare du romantisme : un homme et une femme s’aiment puis finissent par se perdre de vue et se retrouvent lorsque leur amour est impossible.



Vièrotchka s’est mariée, elle n’est donc plus libre d’épouser l’homme qu’elle aime. Un thème qui n’est pas neuf et qu’on a lu à plusieurs reprises dans la littérature russe.



Mais l’important est ailleurs. Ce qui m’a cueillie ici dès les premières lignes, c’est la plume de Lermontov, qui m’a totalement séduite et happée. Se fondant sur ses expériences et des personnages réels, Lermontov décrit avec aisance et une certaine désillusion acide, la société pétersbourgeoise de son époque. Et c’est véritablement brillant.



J’ai cependant quelques bémols. Une qui n’est nullement la faute de l’auteur mais la mienne, je pensais à tort, que La princesse Ligovskoï était une nouvelle et non un roman inachevé, je suis donc restée sur ma faim au moment où cela devenait le plus intéressant !



L’autre bémol, ici la faute de l’auteur, c’est que je n’ai pas compris où Lermontov voulait en venir exactement, le savait-il lui-même ? Est-ce pour cela qu’il ne l’a pas achevé ?



L’auteur part dans plusieurs directions, hésite, puis finalement abandonne ce récit pour se consacrer à son grand roman, Un héros de notre temps.



A-t-il abandonné cette histoire faute d’inspiration ? Je ne saurai le dire mais je regrette en tout cas qu’il ne soit pas venu au bout de cette intrigue pleine d’humour parfois assez vachard.



Bien que je sois restée sur ma faim, je suis ravie d’avoir découvert la plume exquise de Michel Lermontov, et si vous aimez la littérature russe, je ne peux que vous conseiller de découvrir cet auteur à votre tour.



Lire la suite...
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La princesse Ligovskoï

Je m’empresse de poster mon avis sur ce petit roman de 122 pages. Commencé en 1836 et inachevé, il laissera (tout comme moi), les lecteurs sur leur faim mais peut-être est-ce là le secret de son succès ? Son auteur, Michel Lermontov, né le 3 octobre 1814 à Moscou, exilé à deux reprises au Caucase. Il est tué dans un duel en juillet 1841.

A premier abord, la princesse Ligovskoi ne laisse pas indifférent. A Saint-Pétersbourg, tomber amoureux d’une femme est chose naturelle, lui faire une cour assidue rentre dans les convenances de la société Russe, éconduire une et faire souffrir une autre est une « bataille gagnée ».

Je ne peux dire laquelle des deux femmes est à plaindre le plus car sont égales dans la douleur du cœur et même leur bourreau, le beau Pietchorine n’est pas aussi vainqueur qu’il le croit.

Je vous recommande de lire ce petit bijou, juste pour découvrir une plume aussi légère et gracile qu’une valse à Saint-Pétersbourg.

La couverture est magnifique !!!

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La princesse Ligovskoï

Une belle découverte avec ce livre qui parle des princesses russes en l'occurrence l'histoire de la princesse Ligovskoï. Nous sommes au XIXe siècle à Saint-Pétersbourg, Georges, un jeune officier de la Garde retrouve après des années Vièrotchka, son ancien amour perdu. Cette dernière est marié avec le vieux prince Ligovskoï mais ceci ne vas pas empêcher la renaissance de leurs sentiments l'un pour l'autre.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui nous offre une histoire fluide et assez légère qui n'est pas sans nous rappeler les belles valses russes.
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La princesse Ligovskoï

La Princesse Ligovskoï de Mikhaïl Lermontov (1814-1841) est un roman inachevé et c'est bien dommage !

Lermontov le commence en 1836 mais à la suite d'une dispute avec son cousin Nicolas Stolypine, il est arrêté, emprisonné, accusé d'« appel à la révolution », puis exclu de la Garde et envoyé dans un régiment de dragons dans le Caucase où il écrira entre autres le Démon. La Princesse Ligovskoï est publié pour la première fois en 1882 dans la revue littéraire le Messager russe, bien après la mort de son auteur.





le roman débute par un accident spectaculaire et emblématique. « En 1833, le 21 décembre à quatre heures de l'après-midi » dans le centre de Saint-Pétersbourg, un jeune fonctionnaire est renversé par un traineau qui appartient à un officier de cavalerie de la Garde. le trotteur bai et le plumet blanc filent sans se retourner. Pendant que le jeune fonctionnaire rumine son amertume, l'officier qui est arrivé dans son riche palais décoré d'un luxe clinquant, oublie immédiatement ce qui s'est passé. Grégoire Alexandrovitch Piétchorine, que les siens appellent Georges, à la française, a bien d'autres chats à fouetter. Il intercepte une carte de visite destinée à sa mère et y lit , imprimé en caractères gothiques : «  le prince Etienne Stiépanovitch Ligovskoï et la princesse ». Il tressaille, il pâlit et jette la carte au feu avant de s'en repentir. le soir même, au théâtre Alexandra, Piétchorine revoit une ancienne conquête et s'empresse de l'éviter. Puis il se rend au restaurant Phénix et tombe sur Krasinski le petit fonctionnaire qui exige des excuses. Piétchorine en réponse propose de régler leur différend par un duel...



Ce petit roman est épatant. On ne s'ennuie pas une seconde. D'abord les deux intrigues sont savamment entrecroisées avec digressions et clins d'yeux au lecteur. On se demande jusqu'au bout comment vont tourner l'affrontement entre le petit fonctionnaire désargenté et le riche officier, et puis les retrouvailles sentimentales entre Piétchorine et la Princesse. Ensuite la peinture de la société mondaine pétersbourgeoise est formidable, précise et ironique. On a une galerie de portraits esquissés en deux ou trois traits saisissants et cruels à la Gogol. Les descriptions des lieux sont remarquablement concrètes et précises. Les dialogues sont fameux, dans la vie quotidienne, chez les domestiques, au bal ou au dîner. Les conversations y sont vides et pompeuses, les potins, les calomnies terribles s'enchainent avec le plus grand sérieux, au point qu'une vieille dame manque de s'étouffer avec ses asperges. Les dames ne sont pas épargnées. Piétchorine est arrogant, cruel et cynique mais aussi très complexé. Il cherche constamment à savoir ce que les femmes pensent de lui. Il est jaloux de Krasinski au physique avantageux qui fait tourner les têtes. Piétchorine feint le cynisme à la mode pour épater la galerie «c'est-à-dire être connu comme une personne capable de faire le mal quand bon lui semble » et il réprime en même temps ses véritables sentiments. Il rappelle par certains aspects Eugène Onéguine, cité en exergue ("Tire ! Tire ! crie une voix"). Il cherche à être reconnu de la bonne société et la méprise tout à la fois. le personnage de Piétchorine sera amplement développé dans le chef d'oeuvre Un héros de notre temps.



Lermontov est un immense écrivain, méconnu en France. Ce petit livre permet de le découvrir.
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Le Chant du Tsar Ivan Vassiljevitch

Chant épique en l'honneur d'Ivan le Terrible

A la table du Tsar Terrible, Ivan Vassiljevitch, tout le monde fait bonne chère et se réjouit sauf un seul de ses gardes. Le Tsar fronce ses noirs sourcils et l'interroge menaçant. Le jeune garde s'incline jusqu à la terre humide et explique au Tsar qu'il a vu une beauté au regard de colombe, à la voix de rossignol... le Tsar souriant lui donne son anneau orné de rubis comme précieux cadeau de noce. Mais Alona Dimitrevna est déjà l'épouse d'un jeune marchand...

C'est un poème, épique et lyrique, en trois chants probablement inspiré d'une légende ou d'un conte traditionnel russe. Il est magnifique et terrible à la fois tant il mêle la beauté à la cruauté. La traduction en prose est fluide et laisse entendre un peu la puissante musicalité de l'oeuvre.

Lu gratuitement sur le site de la bibliothèque russe et slave ( 19 pages)

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Le Démon

Un ange déchu erre dans le monde, il « sème le mal sans plaisir » et finit par s’ennuyer. Il survole le Caucase et la Géorgie mais la beauté ne l’émeut pas, il est plein de dédain pour la création divine : les « neiges éternelles du Kazbek scintillant comme les facettes d’un diamant… les fleuves aux replis tortueux de serpent ou bondissant comme un lion à la crinière épaisse »… les bêtes les oiseaux …rien ne le touche. Mais, un jour, il entrevoit la belle princesse Tamara, elle va chercher de l’eau à la rivière et danse dans un rayon de lune ; « le démon la vit et à l’instant il ressentit dans tout son être une agitation étrange. Une bienfaisante harmonie vibra dans la solitude de son âme muette, et de nouveau il put comprendre cette divine merveille d’amour de douceur et d’incomparable beauté. » La belle Tamara vient de perdre son fiancé elle est inconsolable. L’ange déchu lui promet de renoncer au mal et de la libérer de son immense chagrin si elle accepte son amour. La belle Tamara va-t-elle se laisser tenter ?

Ce conte est un très beau poème romantique. La nature est magnifiquement présente, Lermontov exalte la beauté du Caucasse. Il nous trace le portrait d’un démon « démoniaquement » repenti, ses accents de vérité troublent et désarment, il est démon mais aussi amour et tendresse. La magie opère sous la plume de Lermontov. Il pose de multiples questions : Le démon existe –t-il vraiment ? Comment résister au mal ? La rédemption est-elle possible ? Nous n’avons pas vraiment de réponse, l’ambiguïté est là… Difficile de percer la portée philosophique et existentielle, il faut juste se laisser emporter par cette belle poésie.

Remarquons que Lermontov à peaufiner ce texte pendant 11 ans, le résultat est une surprenante poésie aux accents surnaturels !

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Le Démon

Un poème beau et sombre

Le Démon n'est pas un conte de fée du tout ! le Démon, c'est Lermontov, l'Exilé, le Proscrit, le Damné !

Le Démon n'a aucun but, ne sait où aller, il survole la Géorgie paradisiaque sans aucun intérêt. Il tombe amoureux de Thamar car elle est pure et vivante. Il voit en elle la possibilité d'une renaissance, d'une régénération. Vivre pour lui, c'est aimer et se battre. Il va donc se battre contre le fiancé de Thamar et le tuer pour la séduire ensuite avec ses belles paroles. Le Démon devient alors poète. Il fait appel à l'imagination de Thamar, qui doit avoir dans les 13, 14 ans. Il lui faut un conte pour l'ensorceler, la promesse d'une route céleste et magique. Il lui offre le monde des songes, la poésie, le merveilleux. Il la couronne d' un diadème d'étoiles. D'un rayon du soir écarlate, il fabrique une écharpe dans laquelle il enroule la jeune fille. Ca y est, il l'a ensorcelée. Par son baiser, Thamar croit donner son âme au Démon mais le Démon lui transmet son souffle, c'est-à-dire la lucidité, l'ennui, la mort. Le soleil n'éclaire plus, ne chauffe plus. Le sourire de Thamar, c'est le reflet de l'au-delà, c'est le désespoir du Démon, l'âme du Démon. Un sourire de marbre. Elle n'aura vécu qu'un instant. Où est dieu ? Où est la Justice divine ? Dieu nous met sur Terre pour y souffrir, C'est L'Ange même qui le dit. L'Ange qui est apparu, disparaît avec le corps de Thamar. Il retourne lui-même au néant, car au Ciel il n'y a rien. Et le Démon retourne à son ennui, sans espérance et sans amour.



(Lu dans la traduction en vers d'Henri Grégoire)
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Le Démon

Inspiration de Dosto, magique tout simplement. De la grand poésie, surpassant Baudelaire même.



A lire devant la peinture le démon assis de Vroubel inspiré du poème exposé au musée Tétriakov à Moscou. Expérience certifié inouïe.
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