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Citations de Michel Butor (408)


Michel Butor
Au XXe siècle, j’attendais beaucoup du XXIe siècle. Seulement le XXIe siècle a commencé si mal et continue si mal que je crois qu’il faut attendre le XXIIe siècle.

Entretien avec Emmanuel Legeard, juin 2016
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Michel Butor
La littérature, c'est l'expérimentation sur le langage.
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Michel Butor
Toute tête est un entrepôt, où dorment des statues de dieux et de démons de toute taille et de tout âge, dont l'inventaire n'est jamais dressé.

(Passage de Milan)
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Michel Butor
Je n'écris pas des romans pour les vendre, mais pour obtenir une unité dans ma vie ; l'écriture est pour moi une colonne vertébrale.

Répertoire
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REQUÊTE AUX PEINTRES, SCULPTEURS ET COMPAGNIE

Ne me laissez pas seul avec mes paroles
balbutiements-bafouillements radotages et ruminations
dans mon brouillonnement-bouillonnement
dans l'essoufflement de mon bavardage
dans mon donjon-cachot tour de Babel
j'ai le plus grand besoin de vos images
de vos fenêtres qui s'ouvrent sur le geste et la couleur
de vos escaliers qui s'enfoncent dans les ténèbres
pétillantes aux étincelles tièdes
de vos belvédères de vos caresses de vos jardins
permettez-moi de voir en votre compagnie
(...)
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"Ne sait si le rire
est comme on le dit
le propre de l'homme
mais s'il est absent
l'homme l'est aussi"
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Tout d'un coup la lumière s'éteint: c'est l'obscurité complète, sauf le point rouge d'une cigarette dans le corridor avec son reflet presque imperceptible, et le silence sur cette base de respirations très fortes comme dans le sommeil et du bourdonnement des roues répercuté par l'invisible voûte. Vous regardez les points, les aiguilles verdâtres de votre montre; il n'est que cinq heures quatorze, et ce qui risque de vous perdre, soudain cette crainte s'impose à vous, ce qui risque de la perdre, cette belle décision que vous aviez enfin prise, c'est que vous en avez encore pour plus de douze heures à demeurer, à part de minimes intervalles, à cette place désormais hantée, à ce pilori de vous-même, douze heures de supplice intérieur avant votre arrivée à Rome.
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ce voyage devrait être une libération, un rajeunissement, un grand nettoyage de votre corps et de votre tête;ne devriez-vous pas en ressentir déjà les bienfaits et l'exaltation?
Mais n'est-ce pas justement pour parer à ce risque dont vous n'aviez que trop conscience que vous avez entrepris cette aventure, n'est-ce pas vers la guérison de toutes ces premières craquelures avant-coureuses du vieillissement que vous achemine cette machine vers Rome où vous attendent quel repos et quelle réparation ?
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La nouvelle apparition de l'enfant qui dort au fond de nous-mêmes, recouvert par une si épaisse nappe de déceptions et d'oublis, exige attention et silence.
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Michel Butor
Fondamentale pour l’étude de tout écrivain, de tout lecteur, donc de nous tous, la constellation des livres de son enfance.
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[Une citation pour la Saint-Sylvestre, longue et belle, comme la fete que je souhaite a tous.]

C'ÉTAIT en Crète, le 31 décembre; j'avais pris le car tôt le matin à Héraklion pour me rendre à ce village de la côte nord [Mallia], tout en blancs cubes, entre la montagne couverte d'oliviers jusqu'à mi-pente, et les vergers se terminant à la mer.
J'avais photographié longuement les ruines de l'ancien palais minoen, ces bases rondes de colonnes autour de la cour, ces quelques marches, cette boule de pierre au milieu, tout cela mêlé de petites fleurs blanches et violettes; j'avais déjeuné dans un café au bord de la route, et j'étais retourné à l'arrêt du car pour l'attendre, bien avant l'heure à laquelle il devait passer.
Tout d'un coup je le vois qui vrombit dans la poussière sans ralentir, son toit tout chargé de sacs et de paniers. Avec les quelques mots de grec moderne que je savais et que j'ai oubliés depuis, les entremêlant de diverses bribes en d'autres langues que mes interlocuteurs pouvaient avoir entendu parler, je demande ce qui arrive, s'il y en aura encore un autre dans l'après-midi pour me ramener à la capitale de l'île. On me répond que cette voiture étant sans doute déjà trop pleine, elle ne pouvait prendre de nouveaux passagers, que sans doute la seconde allait suivre. Je me rassieds; ainsi passe une heure.
On m'explique qu'il n'y a plus d'espoir pour ce jour-là, que c'est la Saint-Sylvestre veille de fête, que le service est désorganisé jusqu'au lendemain.
Il n'est pas question de rentrer à pied: la ville est à trente-cinq kilomètres. Le jour baisse; le blanc des maisons devient bleu.
Des jeunes gens vont chercher dans sa maison, l'une des principales, un homme assez gras, déjà assez vieux, qui est allé en Europe, comme on dit en Grèce, et qui paraît-il parle anglais. Nous avons beaucoup de mal à nous comprendre; il s'agit de savoir où l'on va me coucher.
C'est alors que les choses devinrent merveilleuses.
L'homme chez qui j'avais mangé, vers une heure, mon pain, mon mouton, mes olives, avait un fils à l'esprit aventureux qui avait imaginé d'installer dans le premier étage de sa maison des chambres à louer en vue du printemps et l'été prochain; la première était prête et propre.
Je suis parti avec lui sur le chemin, et il m'a fait les honneurs de son verger dans le crépuscule, me faisant goûter à toutes les races d'oranges qu'il y cultivait, tandis que la roue de l'éolienne au-dessus de nos têtes ronflait doucement pompant l'eau claire.
A la tombée de la nuit, nous sommes descendus dans sa salle à manger souterraine où il m'a fait dîner avec sa femme et ses deux filles qui avaient à peu près six et sept ans (j'étais en face de l'entrée, je voyais les marches frappées par la lune, et je me souviens très confusément qu'il y avait une grande cruche, ou une figure dans les pierres, je ne sais plus, qui me regardait comme une énorme chouette immobile), puis, comme c'était veille de fête, la dernière nuit de l'année, nous avons joué pendant plusieurs heures, presque sans une parole naturellement, à part les quelques très simples, très vite apprises, nécessaires à ce jeu-là, avec un toton à six faces, misant des fèves, et ce n'est que lorsque les paupières des enfants ont commencé à ne plus tenir ouvertes malgré leur excitation devant l'étranger, devant cette soirée à l'ordonnance inhabituelle, qu'il a pris une lampe à pétrole et qu'il m'a fait monter par l'escalier extérieur craquant jusqu'à la chambre neuve et très froide dont je n'ai pas réussi à fermer les fenêtres.
J'ai ouvert les volets à l'aube; au-dessous de moi les feuilles des orangers tremblaient dans le vent; la mer grise bruissait au loin.
Il y avait dans l'église un bel iconostase en bois doré; je n'avais plus de pellicule pour photographier le village; à la fin de la matinée j'ai repris le car pour Héraklion qui est passé à l'heure prévue, conservant dans ma mémoire comme un talisman l'hospitalité de Mallia.
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Bavard, tel une bouteille d'eau gazeuse décapsulée, qui déborde de bulles.
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Ils avaient l'air tellement heureux tous les deux ; ils s'amusaient de ma surprise, alors que moi, je n'aurais jamais cru cela de moi, j'étais obligé de serrer les poings pour ne pas éclater en larmes et en fureur.
Dès que je les ai vus, avant même qu'ils aient ouvert la bouche, qu'elle ait prononcé avec ce si doux, ce si franc sourire, cet atroce mot "fiançailles", ces atroces phrases : "Vous êtes notre meilleur ami ; nous avons voulu que vous fussiez prévenu le premier", ces phrases mêmes, en français, avec cette grammaire presque trop correcte, avec ce délicieux accent humide et un peu tremblant, "d'ailleurs tout ceci est votre œuvre", j'ai compris de quoi il s'agissait, rien qu'à leur air, je me suis senti tout d'un coup dévoré de flammes, vacillant comme si le sol venait de s'ouvrir, perdant ma respiration comme si je m'étais trouvé enveloppé dans un tourbillon de vent, mon cœur devenant dur, comme se calcinant.
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Cécile Wajsbrot

Traverser les grandes eaux


Il faut un certain courage, une certaine innocence, une part de naïveté, peut-être d'inconscience pour nous mettre à cette table où tant d'autres nous ont précédés...Avant d'écrire le premier mot, tout à coup, nous regardons les livres qui nous entourent et qui, d'ordinaire, nous aident et nous soutiennent, lançant leurs signaux lumineux comme des phares dans la nuit, nous regardons les livres comme autant d'obstacles, autant d'ennemis dont nous serions cernés.

( p.173)
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Lundi 23 juin
De plus en plus de pourpre au-dessus de Dew Street, et puis le vert ; dans cet étang du ciel, parmi l'épaisseur des roseaux, fleurit une lune à peine brouillée, tel un pâle iris duveteux qui n'aurait encore déroulé qu'un seul de ses pétales.
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Mercredi 9 Juillet

Les grands magasins, Grey's, Philibert's, Modern Stores, se préparaient déjà pour Noël, remplissant leurs vitrines sur la place de l'Hôtel-de-Ville, sur Silver Street et Mountain Street, de sapins vrais ou en carton, aux branches couvertes de coton hydrophile ou de borate de soude, piquées de bougies électriques, chargées de boules brillantes et d'étoiles, au milieu de touffes de houx, de bouquets de gui suspendus, de chaumières tapies sous la neige aux fenêtres illuminées, de cloches, d'enfants de chœur les yeux au ciel, en surplis brodés, en collerettes élizabéthaines, les mains croisées sur la poitrine ou étalant des feuilles de musique, d'anges à longues ailes, de traîneaux pailletés à guirlandes de grelots, débordant de paquets d'où s'échappaient des flots de lingerie, des petits chevaux, des poupées, attelés de rennes ou de chiens polaires, conduits par ces immondes bonshommes joviaux, rougeauds, barbus, à l'œil pétillant, hottés, bottés, fourrés dans leurs grandes pelisses écarlates.
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Michel Butor
La méditation sur la mort est un thème littéraire fondamental, donc ce n’est pas une difficulté. J’ai eu une vie très difficile mais magnifique. J’avais très envie de courir le monde, je l’ai fait, j’aimais beaucoup enseigner, je l’ai fait, j’avais envie d’écrire, je l’ai fait, j’aspirais à avoir une famille, je l’ai eue. Je me considère comme très gâté.

Interview Le Soir, mai 2016
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Lundi 12 mai
Il y avait un peu de soupe, un peu de poisson frit, quelques pommes de terre dures, la bouteille de sauce rouge sur la table, pour assaisonner, un petit pain rond de la taille d'une balle de tennis, une tasse de thé, et pour finir, une pâtisserie justement nommée "éponge", couverte de cette immanquable crème couleur de jonquille fanée, qui laisse dans la bouche un goût de colle.
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Jeudi 1er mai.

Les lueurs se sont multipliées.
C'est à ce moment que je suis entré, que commence mon séjour dans cette ville, cette année dont plus de la moitié s'est écoulée, lorsque peu à peu je me suis dégagé de ma somnolence, dans ce coin de compartiment où j'étais seul, face à la marche, près de la vitre noire couverte à l'extérieur de gouttes de pluie, myriades de petits miroirs, chacun réfléchissant un grain tremblant de la lumière insuffisante qui bruinait du plafonnier sali, lorsque la trame de l'épaisse couverture de bruit, qui m'enveloppait depuis des heures presque sans répit, s'est encore une fois relâchée, défaite.
Dehors, c'était des vapeurs brunes, des piliers de fonte passant, ralentissant, et des lampes entre eux, aux réflecteurs de tôle émaillées, datant sans doute de ces années où l'on s'éclairait au pétrole, puis, à intervalles réguliers, cette inscription blanche sur de longs rectangles rouges : "Bleston Hamilton Station".
(incipit)
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LEBANON.

Ainsi ils nous ont servi à nous masquer ces yeux indiens, le regard indien, le scandale indien. Entre cette terre qui nous disait : non, vous n'êtes pas en Europe, et nous qui voulions que ce füt l'Europe, nous avons étendu cet écran noir...
Leurs prêtres noirs à soutane noire.
Le lac Taneycomo.
LEBANON.
La nuit sur Chicago.
Les trains qui s'en vont à Baltimore.
Les trains qui viennent de Wichita.
Chez Paul, canard rôti.
Le lac Carlinville.
LEBANON.
Les bois la nuit.
Le lac de la Fleur-de-Haricot.
LEBANON.
Les lacs la nuit.
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