Liés au prince et à son bon vouloir, pour l'avancement de leur carrière et de leur "standing" social, les sénateurs peuvent difficilement faire de leur assemblée un foyer d'agitation politique ou devenir un facteur réel d'équilibre dans le fonctionnement des institutions.
Les contemporains eux-mêmes saisirent l’importance de la création du solidus. L’auteur anonyme de De Rebus bellicis, écrivain de la seconde moitié du IVe siècle, esprit ingénieux et bien informé des phénomènes économiques, en relève les conséquences néfastes : la multiplication des espèces d’or et l’effondrement de la monnaie de cuivre ont élargi le fossé qui séparait les riches et les pauvres, les uns détenant les monnaies d’or et profitant de la stabilité, les autres éloignés de cette bonne monnaie, étant victimes de l’affaiblissement extrême des petites monnaies divisionnaires de cuivre. L’historien italien S. Mazzarino a mis en valeur ce témoignage exceptionnel en rapprochant politique monétaire et politique sociale des empereurs : la défense des humiles, sensible jusqu’au règne de Julien l’Apostat, passe par la revalorisation de la monnaie de cuivre, l’accentuation des privilèges de la monnaie d’or signifie, plus tard, l’écrasement des classes inférieures et l’élargissement du fossé entre riches et pauvres, puissants et faibles.
La notion d'abstinentia appartient au registre qui permet de qualifier en bien le magistrat en exercice ou le gouverneur, et même tout serviteur de l’État. Elle entre dans la panoplie des termes d'éloge relatifs au désintéressement et au refus du profit matériel.