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Critiques de Michel Déon (215)
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Un taxi mauve

Imaginez une campagne irlandaise aux couleurs plutôt délavées, avec quelques cottages et des ruines ténébreuses, des marécages et des volatiles, une campagne souvent embrumée et pluvieuse mais parfois ensoleillée (« À l'entour, un paysage de collines rousses, de futaies blêmes et de prairies vertes en damier, immuable sous la pluie comme dans le soleil, symphonie sans mélancolie que les frissons de vent argentaient »)

Transplantez-y des personnages insolites aux origines variées, parfois aux trajectoires troubles et aux caractères fluctuants («... peut-être est-il bon que certains êtres échappent aux explications et aux solutions tranchées. La marge d'ombre dans laquelle ils se meuvent a nom poésie, exerçant une attraction d'autant plus forte que nous avons l'impression d'avancer dans un brouillard délicieux où des formes mouvantes échappent à notre emprise et à notre soif de certitudes ») .

Ajoutez-y un rade, L'éperon, bourré d'autochtones.

Il manque encore un observateur à tout ce beau monde, alors prenez un narrateur expatrié là en quête de solitude, au ton résigné (« À me relire je trouve à mon ton de la lassitude (elle n'est pas affectée, elle est bien mienne). D'un autre je dirai : il pousse à l'extrême un ton monocorde. Rien n'est moins voulu.»)

Agrémentez d'intrigues amicales, amoureuses, de voisinage ou commerciales.

Mélangez le tout en y déversant une sauce à l'écriture majestueuse, de sorte que tout se confonde en volupté (« Mais peut-être la nature n'est-elle que le reflet miroitant et trompeur de nos âmes malades, errantes entre l'espoir et le désespoir, et, à la fin, si lasses qu'elles s'accommodent des bonheurs les plus simples dédaignés auparavant »).

Peut-être voyez-vous déjà un tableau envoûtant. Faites-y alors circuler un taxi mauve, et vous tenez un magnifique roman.

Mr Déon peut reposer en paix, il y aura souvent des étoiles dans les yeux de ses lecteurs.
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Les poneys sauvages

Michel Déon excelle quand il s’agit de faire traverser l’Histoire avec un grand H à son héros, ou à ses héros, comme ici.



Tout commence alors que la seconde guerre mondiale est devenue une évidence ; les années 30 finissantes, Cambridge… Quatre jeunes gens se lient d’amitié : Georges, le français, Cyril, Horace et Barry, les britanniques. Un « groupe » de jeunes plus ou moins hétéroclite − tels « les hussards » auxquels Déon a été assimilé, à son corps défendant − dont le point commun et ciment, semble leur professeur Dermot Dewagh.

Et Sarah ? la femme de Georges : une femme comme il s’en trouve tant dans l’œuvre de Déon ; élégante, libre, sulfureuse.

Des personnages qui traverseront plusieurs guerres, de la seconde guerre mondiale à la guerre d’Algérie… La guerre froide… et le monde dans tous les sens : Georges a rejoint Horace dans les services secrets.

Le monde… Il faut dire que chez Déon, il y a toujours un personnage en filigrane : le cadre. Que ce soit le New Forest et ses « Poneys sauvages » au sud de l’Angleterre, ou la Grèce, l’Italie, Aden, l’Irlande, le cadre participe grandement à la saveur de la prose de l’auteur…



Un pavé, le premier de l’auteur d’ « Un taxi mauve », autre pavé et du « Jeune homme vert », dont la structure narrative joue astucieusement entre le narratif « pur » et l’épistolaire, comme si la forme devait s’accorder avec les personnages, amis comme l’huile et le vinaigre dans la vinaigrette…

Un Déon sans amitié virile ? Connais pas. Une amitié virile traversée par quelques femmes libres, attachantes, attirantes… somptueuses…



Une lecture ancienne, une de mes premières de Déon, dont il me reste des souvenirs d’un style incomparable.

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Un citron de Limone - Oublie...

Ces deux nouvelles de Michel Déon sont délicieuses.

"Un citron de Limone" est extraite du recueil "Un parfum de jasmin" ecrit en 1967. Cette nouvelle lue, pour ma part, au doux soleil du printemps est très agréable, on se croirait en vacances en Italie près du Lac de Garde. C'est justement dans ce lieu que Georges et Stella cherche à louer ou à acheter une petite maison "La petite Maloya". En se renseignant à l'agence immobilière du coin, Stella apprend qu'elle n'est ni à louer ni à acheter bien que cette villa soit fermée. Le propriétaire de la "Grande Maloya" ne veut personne, juste sa tranquillité. Mais Stella tente le coup d'aller voir directement le propriétaire...

Une lecture très agréable de cette nouvelle, très bien écrite et la description des lieux est à couper le souffle. Une lecture à lire au soleil.



La seconde nouvelle intitulée "Oublie..." est tirée du recueil "Le prix de l'amour" écrit en 1992. Une nouvelle romantique à souhait qui se passe à Paris avec des accents russes.

Louis, étudiant regarde une jeune fille avec un béret écossais entrain de lire. Soudain un jeune homme lui vole son sac. Louis se précipite sur le jeune homme et récupére le sac. La jeune fille demande à Louis de laisser partir le voleur. Il s'exécute mais ne comprends pas pourquoi. Il fait ainsi connaissance de cette jeune fille au léger accent mais celle-ci part précipitamment. Ils se reverront au parc du Luxembourg à plusieurs reprises.

Le début d'une histoire romantique mais l'auteur Michel Déon nous emmène dans son Paris intemporel voire sa banlieue un peu glauque là où il veut.

Une jolie nouvelle également même si j'ai mieux aimé la à première.



Cela donne envie donnée découvrir d'autres romans ou nouvelles de cet auteur. Si vous en avez à me conseiller, je suis preneuse.

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Un taxi mauve

Michel Déon nous entraîne dans une histoire où chaque personnage est une énigme dans un pays énigmatique.

Le voile qui entoure les histoires de chacun se lève pour aussitôt retomber et nous envoûter un peu plus.

Laissez-vous enchanter par le décor irlandais, beau et mystérieux .



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Un taxi mauve

Mon premier Déon. C'est très difficile de départager s'il s'agit de littérature ou si c'est seulement bien imité. Entre des descriptions interminables et sans aucun intérêt à se cogner la tête contre les murs, et des lieux communs qui s'enfilent sans entrain comme des chiens errants dans un hall de gare (et que voilà une blonde incendiaire, et que je te décoche une flèche du Parthe…), quelques paragraphes sur Taubelman, quelques réflexions très personnelles qui laissent perplexe et retardent le verdict. On hésite. C'est grand, c'est petit? Bon? Mauvais? Peut-être que c'est à l'image de Taubelman, finalement. Et alors, là, ce serait magistral. Evidemment, le doute est dans la tombe, maintenant. Et comme une truie, regarde Caïn. Désolée, mais la seule façon de tuer le poncif, c'est de le surréaliser. Hein.
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Un taxi mauve

« Les mots sont inutiles, répéta-t-elle. Oui, c'est vrai. Je le sais. »



Et pourtant que n'ai-je lu des mots magnifiques dans ce roman ! Un régal.

Dans une Irlande pluvieuse, j'ai chassé quelques oiseaux en compagnie de personnages qui ne se laissent pas approchés facilement, sauvages comme la nature qui les environne. Silencieux et embrumés comme peut l'être une soirée humide lorsque le brouillard tombe dans les marais. Tout devient flou, invisible, et pourtant on pressent la présence de la vie qui grouille tout autour, de la magie qui sourd des tourbières et des secrets enchantements de cette Terre fertile pour l'imaginaire.



« Il est possible aussi qu'Anne n'ait existé que physiquement, dégagée des limbes par quelques mots abandonnés aux vivants pour qu'ils rêvent. Il est possible que tout ait été comédie, une immense farce jouée à l'abri et avec la complicité de Taubelman. Je ne sais pas. »



Le narrateur en fera l'expérience et tentera de relater ses expériences. Lui qui n'attendait plus rien sauf une fin, trouvera sur son chemin boueux des êtres aux multiples visages. Pourra-t-il les décrypter ? Difficile à dire, il n'est pas Irlandais. Il est dans l'attente du rien, du noir. Mais certaines rencontres vous troublent à tout jamais, et illuminent l'avenir.



« L'action se resserre, nous allons savoir la vérité si tant est qu'il y ait une vérité avec des types de cette envergure et des femmes aussi ambiguës. »



Anne, Sharon, Taubelman, Jerry, Seamus et tellement d'autres... Je crois que c'est une des forces de ce roman. Chaque personnage, qu'il soit sur le devant de la scène ou secondaire, existe par la plume de Michel Déon. Chacun devient une connaissance du narrateur et du lecteur. Tous sont ancrés dans ma mémoire car l'auteur a su me les rendre attachants, entiers. J'oublierais sans doute les prénoms mais pas la trace laissée dans mon souvenir. Et pour autant certains garderont une ombre, une image trouble, digne de ce pays aux légendes si vivantes. Il est des îles où il fait bon rêver. Des îles peuplées de farfadets, des îles sauvages qui vous font grandir, mourir mais aussi ...vivre.



« Mais peut-être la nature n'est-elle que le reflet miroitant et trompeur de nos âmes malades, errantes entre l'espoir et le désespoir, et, à la fin, si lasses qu'elles s'accommodent des bonheurs les plus simples dédaignés auparavant. »



Vivre contre vents et marées grâce à cette chaleur humaine qui se cache sous les visages rugueux, cachée parfois à l'arrière d'un taxi. Mauve de préférence. Les lutins, les leprechauns sont de drôle de taquins, ils disparaissent sans crier gare.



« En un sens, je regrette d'être aussi peu explicite, mais ces derniers mois, comme on le verra, n'ont rien éclairé, et peut-être est-il bon que certains êtres échappent aux explications et aux solutions tranchées. La marge d'ombre dans laquelle ils se meuvent a nom de poésie, exerçant une attraction d'autant plus forte que nous avons l'impression d'avancer dans un brouillard délicieux où des formes mouvantes échappent à notre emprise et à notre soif de certitudes. »
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Un taxi mauve

Un narrateur, dont l'auteur, Michel Déon, ne donne pas le nom ― Nous avons tous un nom ― ce qui me paraît un identifiant utile ― est venu en Irlande pour se refaire une santé. Il vit de façon solitaire. Il chasse, lit et écoute de la musique. Il va faire des rencontres et mènera une vie sociale pleine d'imprévus.



Alors qu'il chassait, il fit la connaissance de Jerry Kean dont l'arrière-grand-père Irlandais a émigré aux Etats-Unis et son fils à fait fortune là-bas. Jerry ayant consommer de l'opium aux E.U. est envoyer en Irlande pour un sevrage. Sa soeur Sharon vient le voir, occasion pour le narrateur de faire sa connaissance. Le narrateur éprouve des sentiments pour Sharon.



Lors d'une partie de chasse, le narrateur et Jerry font la connaissance de Taubelman. Au fil de l'histoire le lecteur s'apercevra que c'est un personnage gargantuesque, mythomane, escroc, tricheur, fabulateur, qui ne mange pas mais bouffe, qui s'impose chez les gens et a la folie des grandeurs.



Taubelman à une fille, une jeune femme supposée être sa fille car il y avait deux frères Taubelman, celui dont le narrateur a fait la connaissance et l'autre tué dans un accident d'avion. L'un avait pour épouse Maria Schmitt del Tasso, une célèbre pianiste, mais cette dernière avait le frère pour amant ce qui fait qu'Anne Taubelman n'a jamais su de qui elle était la fille.



Le Docteur Seamus Scully, médecin à la retraite, suit la santé du narrateur qui vit en Irlande chez une logeuse Mrs Colleen.



Ils vont s'inviter les uns chez les autres. Il y a des alcooliques parmi eux et lorsqu'ils le peuvent pour un oui ou un nom ils vont au pub.



Anne n'accompagne pas son père et ne parle pas. C'est un mystère mais ses facultés verbales vont revenir à la suite d'une chute de cheval.



Le narrateur va éprouver des sentiments et pour Anne et pour Sharon. D'une certaine façon construire une relation solide avec l'une ou l'autre s'avère impossible. Le narrateur va s'en rendre compte. Par contre Jerry qui ressent un amour fou pour Anne est naïf, il ne voit pas clair. Cette relation ne va pas tourner comme il l'espérait. Anne passe par une tentative de suicide.



Le narrateur est en relation téléphonique avec une certaine Marthe qui vit à Paris.



Je n'en dirai pas plus.



Que va-t-il advenir de ce petit monde ?



Jerry Kean et sa soeur Sharon avaient leurs projets avec un brin de fantaisie. Anne était à la merci d'un Taubelman imprévisible.



J'ai trouvé que le narrateur et le médecin était des gens sensés et réfléchis.



Je n'ai pas aimé les beuveries et les bagarres ….



Cela fait quelques années que j'ai la version cinématographique du livre en DVD, que j'ai regardé plusieurs fois car les paysages irlandais sont un véritable régal. J'ai été dans ce pays, que j'affectionne énormément.



Il y a quelques jours, je me suis précipité, presque sur un coup de tête, en bibliothèque avec le projet de prendre connaissance de la version livre. Je peux à présent dire que le scénario du film est fidèle au roman à quelques détails près.



Michel Déon connait bien cette Irlande. Il a vécu à proximité de Galway.



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Les poneys sauvages

Juin 1938, deux français traversent le Channel, ils rejoignent Cambridge. Georges Saval, condisciple de Cyril Courtney, Horace Mckay et Barry Roots, forment un quatuor sous la houlette de leur professeur Dermot Dewagh .La vie les attend pleine de surprises, bonnes ou mauvaises, d'épreuves, de non-dits, une vie qui verra leurs chemins se croiser ici ou là de part le monde, à l'Est à l'Ouest ..

Sous la plume de M défilent ces années d'après-guerre, de guerre froide qui mèneront les uns et les autres sur des chemins escarpés, fragiles acteurs d'un monde qui les dépasse.

Michel Déon est un auteur hors pair, sa plume est splendide et sa parole donne des frissons. Ce roman parait en 1970, il est facile d'imaginer le tollé de certains à la lecture de pages sur le massacre de Katyn incriminant l'armée rouge (les faits seront finalement reconnus dans les années 90), sur la fin de la guerre d'Algérie et l'affaire Sy Salah (archives ouvertes en mars 2021). 3O ans d' histoire défilent au fil des pages , impressionnant regard d'écrivain !

Un prix Interallié qui ne peut laisser indifférent.
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Une affiche bleue et blanche et autres nouv..

Ces quatre nouvelles sont extraites d'un recueil plus long " Un parfum de jasmin". Je m'aperçois que je suis la première à chroniquer ce court livre folio à 2 euros (qui date, je l'ai exhumé d'une pile de livres en souffrance...) .En m'informant sur l'auteur, dont je n'ai lu qu" Un taxi mauve" et dont je partage l'amour de l'Irlande, où il est mort il y a un peu plus d'un an à Galway, je tombe avec étonnement en pleine polémique concernant le désir de sa famille qu'il ait une sépulture à Paris opposé au refus de la maire de Paris... Je n'ai aucune envie d' alimenter le débat, qui semble , parait-il, politique. Le livre, rien que le livre!



La premiere nouvelle , la plus longue, donne son titre au recueil. Elle prend des allures de tragédie grecque , au coeur d'une île de la mer Egée en exaltant l'amour passionnel et destructeur.



Dans " La page arrachée", c'est tout le charme du Portugal qui s'offre à nous, mais il est source de nostalgie douloureuse pour un homme . La fin est assez inattendue.



" Une vraie jeune fille" joue sur la tromperie, les apparences...et le désenchantement.



La dernière" Une baleine" révèle une toute autre ambiance, entre farce et compassion. Rien à voir avec " Moby Dick" ! ( oui, je sais, c'est un cachalot....)



Le point commun entre ces différentes histoires, ce sont les paysages du Sud de l'Europe, surtout de la Méditerranée . Par contre, et c'est ce que j'ai apprécié, chaque nouvelle a son atmosphère. Cela donne un ensemble riche, varié, écrit avec finesse et sens de l'observation.



Cela valait bien, je pense, une critique...
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La Cour des Grands

Titre : La cour des grands

Auteur : Michel Déon

Editeur : Gallimard

Année : 1998

Résumé : Année 50, Arthur Morgan est un jeune français promis à un brillant avenir. Sa pauvre mère s'est sacrifiée pour que son fils fasse de brillantes études aux états-unis et pénètre enfin la cour des grands. Ainsi le jeune homme intègre une université huppée de la côte est et côtoie les puissants de ce monde. Si la réussite professionnelle d'Arthur sera incontestable, il n'en sera pas de même de sa vie sentimentale. Ballotté entre la fantasque Elisabeth et la mystérieuse Augusta, notre héros n'aura de cesse de poursuivre des chimères.

Mon humble avis : Du classique, du classique. Entre deux romans contemporains j'aime beaucoup découvrir des auteurs français plus traditionnels. Michel Déon (membre de l'académie française et rattaché au mouvement des hussards) faisait partie de ces auteurs dont je connaissais le nom mais pas l'oeuvre. Après quelques recherches mon choix se portait sur la cour des grands, à priori une porte d'entrée accessible pour pénétrer l'oeuvre de l'auteur parisien. Autant l'avouer d'emblée le choix fut pertinent et la découverte de cet auteur un vrai plaisir. Si la lecture des premières pages fut un peu déconcertante (style classique, références quelque peu surannées) la suite s'avéra tout à fait passionnante. Tout d'abord et après quelques pages d'acclimatation quel plaisir de lire un texte fait de phrases longues et travaillées. Déon déroule son oeuvre avec maestria et passé les écueils du premier paragraphe les situations et les personnages se mettent en place avec logique et un style admirable. Roman d'un amour impossible, d'une quête éperdue la cour des grands possède un charme indéniable, nostalgique et c'est l'une de ses plus grandes qualités. Les personnages (féminins surtout) sont nimbés de mystère sans jamais être ennuyeux et la description du microcosme universitaire se révèle fine et pertinente, un vrai régal vous dis-je ! Arthur Morgan est un héros pétri de contradictions, rongé par les remords et même si sa réussite est exemplaire son coeur demeure désespérément vide et c'est surement ce qui le rend si attachant. Vous comprendrez aisément à la lecture de cette chronique enthousiaste que la découverte de cet excellent roman n'est qu'un prémisse, j'ai hâte de me plonger à nouveau dans l'oeuvre de monsieur Michel Déon.

J'achète ? : Alors oui nous ne sommes pas ici dans l'efficace, nous ne sommes pas dans l'addictif (quoique?) ni dans le moderne et pourtant... Si tu apprécies une phrase bien faite, si le charme d'une écriture surannée peut t'envouter, si des personnages forts et mystérieux te tentent alors aucune hésitation, procure-toi cette cour des grands sans tarder.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Lettres de château

Lettre de château : « Lettre de remerciements qu’on envoie à une personne après avoir séjourné chez elle. », nous dit le dictionnaire…



Nous y sommes, malgré un petit élargissement du périmètre de la part de Michel Déon. En effet, il me semble très peu probable qu’il ait séjourné chez Nicolas Poussin (1594-1665) ou chez Guillaume Apollinaire mort de la grippe espagnole en 1918, soit un an avant sa naissance …



Oui, Michel Déon n’a pas séjourné chez la plupart des destinataires de ces lettres de château, mais on sent bien qu’il a longtemps (toujours ?) fréquenté leur œuvre. Il nous fait entrer successivement dans l’univers de Larbaud, de Conrad, de Manet, de Poussin, de Braque, d’Apollinaire, de Beyle-Stendhal, de Morand, de Toulet, le moins connu de « la bande »… mais aussi et surtout (pour moi, grand amateur) dans celui de Jean Giono.

Mieux : il nous invite chez lui, à Manosque, au « Paraïs ». C’est un après-midi de Juin 2006 et Déon nous offre de nous asseoir dans le fauteuil du maître ; celui qu’il utilisait pour lire et écrire, avec vue sur les toits par lesquels Angélo Pardi réussit à échapper à ses poursuivants ; et les cyprès…



Bref. Du grand Michel Déon…

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Ariane ou L'oubli

Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé et sœur de Phèdre ; Ariane qui permit à Thésée, grâce à son fil, de sortir du labyrinthe et de tuer le Minotaure…



Le rideau s'ouvre sur une scène de rivage, à Naxos. Ariane git, gémissante sur cette plage de Naxos, où Thésée l'a abandonnée, au large, Paros … Mais Dionysos n'est pas loin…



Qui, mieux que Michel Déon pouvait mettre en scène Ariane, Thésée, Phèdre et Dionysos sur une plage de Naxos… Lui qui écrit : « Partout où règne la beauté est mon domaine. Et c'est la Grèce que j'ai élue entre tous les pays. Pour sa lumière, ses parfums sauvages, les bleus de ses mers. Les îles grecques sont mes navires à l'encre. », Personne, bien sûr… Rappelons-nous les pages grecques de l'auteur du « Rendez-vous de Patmos »…

Une courte pièce en un acte qui fleure bon la mer Egée, les embruns sous un soleil brûlant et la soif que seul le vin résiné parvient à apaiser ; de même qu'il amène Ariane à l'oubli en lui faisant nommer les choses : « Souviens-toi, souviens-toi encore… Il faut te souvenir de tout, sinon tu n'oublieras pas… », « La mémoire est un puits d'oublis. »…



Pour avoir écumé les Cyclades, sac au dos, un texte qui… Nostalgie… C'était il y a bien longtemps…



Une pièce qui fut donnée pour la première fois au Nouveau Théâtre Mouffetard, le 19 janvier 1993 dans une mise en scène de Nicolas Briançon.

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Les gens de la nuit

Toujours sur les recommandation de mon directeur qui s'étonnait que jusqu'à présent, je n'avais encore lu aucun livre de Michel Déon, je me suis laissée tentée par cet ouvrage.

Ce dernier pourrait également s'appeler "Paris by night" car, comme vous l'aurez compris, l'histoire se déroule à Paris et, la majeure partie du temps, la nuit.



Jean Dumont, le protagoniste se remet lentement d'une déception amoureuse et, après s'âtre engagé trois ans dans la légion étrangère, réapprend à aimer, à faire confiance et à s'attacher aux gens, ce qui lui fera de nouvelles déceptions mais aussi plus de confiance en lui. En effet, cela n'a pas toujours été évident pour lui de vivre dans l'ombre de son père, un homme de lettres impressionnant, probablement futur académicien et qui ne lui a jamais montré réellement d'affection ni même chercher à le comprendre.



Un livre sur la nature humaine, sur la trahison et la confiance que l'on peut accorder aux autres, bref un livre sur l'être humain avec ses qualités mais aussi ses défauts. Un livre très agréable à lire, bien écrit mais qui traîne parfois un peu en longueur. En tout cas, un ouvrage que je ne regrette pas d'avoir découvert. A lire !
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Un souvenir

Décidément, je n'accroche pas. C'est insipide, mièvre, délavé. Michel Déon, celui qui aurait tant voulu être appelé un "hussard" - d'ailleurs, ce besoin d'être étiqueté, précisément rejeté par les trois vrais "hussards", en dit sans doute long - oui, celui qui aurait tant voulu faire le diable à quatre et n'a produit que des choses falotes, artificielles et sans substance... quelle distance incomparable le sépare de l'ambiguïté sulfureuse de Nimier et de son beau cadavre littéraire, de Jacques Laurent qui s'est suicidé parce qu'il "refusait de mettre un pied dans le XXIe siècle" et du clochard céleste qu'était Blondin. Sans doute ils n'avaient rien en commun, sauf l'alcool et le génie. Mais le génie, chez Déon... Désolé, Michel, mais c'est le truc qui ne s'improvise pas.
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Un taxi mauve

J'avais 16 ans quand je l'ai lu.Ce livre m'a donné envie de voir le monde.La beauté et le côté sauvage de l'irlande.Tous ces personnages venus d'horizons différents qui se rencontrent et font un bout de chemin ensemble .Ce fut une découverte.

Depuis j' éprouve une curiosité et un intérêt profond pour les autres et leurs histoires.
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Les gens de la nuit

Cela fait plusieurs semaines que je repousse le moment de faire cette critique. Ce n'est pas qu'il y ait urgence, mais je voulais éviter que d'autres lectures se superposent et ainsi que je perde finalement l'envie d'écrire un mot sur le premier Michel Déon que j'ouvre.

Même s'il s'en défend, l'auteur peut se classer dans le groupe des hussards. Rassemblement de quelques jeunes loups qui voulaient faire la nique à Jean-Paul Sartre et prendre le contre- pied de son mot d'ordre : la littérature sera désormais engagée. J'avais lu Roger Nimier, Antoine Blondin. Il était grand temps que je découvrisse Michel Déon.

Vous n'aimez pas l'imparfait du Subjonctif ? Moi non plus, et je me demande encore pourquoi Michel Déon, comme le petit Poucet avec ses cailloux, en sème sur son chemin. Cela m'irrite les oreilles et j'abhorre les auteurs précieux. C'était peut- être pour faire voir qu'il était apte pour l'académie Française...

Les hussards ce sont des gens de droite, bien à droite. Pour situer un peu mieux, leurs références littéraires sont Paul Morand et Jacques Chardonne. Vous ne trouverez pas leurs livres à la fête de l'Huma, aucune chance.

Jacques Chardonne est bien mort en mai 68, mais ce n'est pas sur les barricades.

Paul Morand avait un problème avec les Juifs, les pédés, les jeunes aux cheveux longs (à ce propos son journal est édifiant). Michel Déon semble diriger, dans ce livre, son racisme plutôt vers les Africains.

Vous pourriez me rétorquer que ce n'est qu'un roman et qu'il est hasardeux d'attribuer à l'auteur les réflexions de ses personnages.

Pas du tout ! Michel Déon a dit lui-même que son Moi profond se trouvait dans ses romans. Dont acte !

Et pourtant, malgré tout cela, Michel Déon parvient à faire un roman attachant. Même si le sujet n'est pas neuf, les déambulations nocturnes et parisiennes d'un amoureux déçu, il emporte l'adhésion du lecteur par son style, ses dialogues incisifs, ses personnages bien campés. Un amoureux désabusé qui dans les derniers instants du roman retrouvera toute sa lucidité.
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Mentir est tout un art

Charles et Suzanne, un couple installé par héritage dans la forêt landaise. Charles aime Suzanne... et réciproquement.

Et puis, il y a Claude, amie de Charles ; mais aussi Pierre, ami de Suzanne...

Qui ment ?

"Mentir est un art" est l'occasion pour Michel Déon de nous montrer que si "mentir est un art", la nouvelle est également un art ... art que l'auteur maîtrise à merveille.

C'est aussi l'occasion pour lui de nous faire sentir l'odeur du feu dans la cheminée, dans une vieille maison landaise... et de nous faire apprécier le lever du jour sur la corniche, à Biarritz, en automne...

Superbe !
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À la légère

« A la légère », un recueil de cinq nouvelles écrites par Michel Déon dans les années 50 et publiées à l’époque dans diverses revues et journaux.



Un recueil qui aurait pu s’intituler « Les passante » en rapport au célèbre texte d’Antoine Pol mis en musique par Georges Brassens :

« Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets,

A celles qu'on connaît à peine,

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais. »



Cinq nouvelles disais-je :

« La trouble fête » : Un fonctionnaire à la vie professionnelle ennuyeuse, mais à la vie sentimentale complexe se voit ému par le genou de la bibliothécaire…(rencontre)…

« Le maillot » :Un homme attend, à l’hôtel que sa compagne le rejoigne. Un matin, une apparition : Agnès que sa grand-mère surveille de près se baigne nue… (apparition, rencontre)…

« Inconstante Constance » : Une secrétaire perturbe par son côté sexy une conférence pour la paix et manque de peu de déclencher un conflit mondial… (apparition, rencontre)…

« Le rêve de Miss Patsy Rose » : La rencontre éphémère d’une trapéziste et le personnage de son rêve… (rencontre )…

« Une nuit à Formentera » : Sur la petite île de Formentera, un passager attend un embarquement pour Ibiza qui n’arrivera pas. Il passe la nuit dans l’auberge de la belle et ténébreuse Maria… (rencontre)…



Que ce soi par les apparitions tendrement esquissées de femmes ou les rencontres qu’elle font avec les différents narrateurs de ces cinq nouvelles, voilà cinq textes magnifiques ; et plus particulièrement « Inconstante Constance » … et « La trouble fête »… et surtout « Une nuit à Formentera » qui annonce les « pages grecques » de l'auteur…



Beaucoup de sensualité dans ces pages, mais aussi d’humour – je pense plus particulièrement à « Inconstante Constance » – et puis ce style…



Mais revenons à nos passantes chères à Brassens :

« Pour peu que le bonheur survienne,

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus,

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre,

Aux cœurs qui doivent vous attendre,

Aux yeux qu'on n'a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir,

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir. »

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Un taxi mauve

Qui n’a jamais rêvé d’imiter Charles de Gaulle et sa retraite d’Irlande ? Qui n’a pas rêvé de parcourir ses grèves, ses lacs, ses tourbières, sous le ciel bleu entre deux averses ou bien, après avoir subi un grain bien glacé sous un ciel bien noir, de se réfugier dans le petit pub du village, devant un whisky et le plus près possible de la cheminée en attendant que les musiciens aient enfin décidé de commencer à jouer ?

C’est, en tout cas, ce qu’a choisi de faire le narrateur. « J’attends. Mais quoi ? Ma propre apocalypse ». On lit, on pêche, on chasse, on arpente la lande, on évoque les fantômes, on mange, et les amitiés ont le temps de s’étoffer, la plupart du temps au pub dont le patron fut un grand jockey, autrefois vainqueur la même année du Grand prix de Dublin, du Derby d’Epsom et de l’Arc de triomphe.

Il y a Jerry le jeune voisin, exilé dans le modeste et vétuste cottage appartenant à ses ancêtres partis d’Irlande, pauvres comme Job et à présent riches comme Crésus aux USA. Il y a également le médecin septuagénaire qui, au volant de son taxi mauve (comme la bruyère de la lande), arpente le comté de Clare pour visiter amis ou patients (dont certains ont maille à partir avec les autorités) et ne manque guère de soirées au pub. Il y a aussi un géant mythomane dont la fille mystérieuse et silencieuse fascine aussi bien le jeune Américain que le narrateur. Le passage des sœurs de Jerry pour s’assurer que le petit dernier de la fratrie se porte bien ranime bien des émotions enfouies.

L’intrigue est mince mais l’intérêt est ailleurs. D’abord parce que le narrateur, qui attendait la mort qu’on lui a prédit mais qui ne vient pas, recommence à éprouver des émotions qu’il ne pensait plus possibles; ensuite parce qu’à presque chaque page on a une phrase ou un paragraphe qui fait mouche, tantôt sur la nature ou la beauté, tantôt sur l’amitié, la bonté ou l’amour, ou tout simplement parce que ça sent parfois « les toasts, la marmelade d’orange et le thé de Chine », d’autres fois les huîtres et l’irish Coffee et d’autres fois encore la tourbe, la pluie, les algues, le stout ou le whisky.

Superbe ballade poétique et terrible invitation à retourner en Irlande.

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La montée du soir

Je ne connaissais rien de l'auteur si ce n'est le nom qui me semblait célèbre. N'ayant rien lu de lui, j'ai d'abord voulu combler une lacune dans ma culture. D'entrée de jeu, j'ai été horripilée par le style ampoulé et le vocabulaire choisi par ce qui m'a paru une forme de pédanterie. Et le personnage m'a été tout à fait antipathique, son côté Vielle-France et prétentieux, son donjuanisme, tout m'exaspérait et je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il d'agissait d'un récit partiellement autobiographique. Je reconnais cependant, a posteriori, beaucoup de qualité littéraires à l'écrivain et, même s'il m'a beaucoup agacée, je pense retourner visiter sa production pour me faire une idée moins parcellaire. À suivre, donc…
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