S'il est des écrivains qu'on aimerait avoir connus par simple curiosité ou par vanité, sans croire que leur œuvre en recevrait alors un sens différent, il en est aussi auxquels on aurait voulu demander ce qu'ils ont au juste entendu faire, dont on aimerait savoir quelle espère d'individus ils ont été, leur œuvre n'était ni assez imprégnée de leur personne pour que la lecture nous en apprenne sur eux autant et plus qu'une conversation, ni assez indépendante d'elle pour ne pas souvlever de questions auxquelles eux seuls auraient pu répondre. Marivaux est de ceux-là. On ne sait pas grand'chose de son existence et de son caractère, et ce que l'on en sait ne permet guère de gloser sur le bon sourire qui éclaire sa face ronde, dans le seul portrait qu'on ait de lui. Crébillon le fils et Voltaire avaient des visages autrement povocants. La vie de Marivaux fut elle aussi transparente que ce sourire ? Que l'homme ait laissé si peu de traces, c'est un indice, peut-être que l'œuvre était de bonne foi.