Michel Hubaut

A Tarse, comme partout dans les régions hellénisées, même sous juridiction romaine, les enfants de la Diaspora juive reçoivent une éducation bilingue ou même trilingue. […].
Le grec est aussi la langue véhiculaire des milieux intellectuels en Palestine. Car si, à cette époque, les couches populaires parlent encore en araméen, la population cultivée a une bonne connaissance du grec parlé courant. Paul aura recours à cette langue pour entrer en contact aussi bien avec les juifs de la Diaspora qu’avec les juifs hellénistes installés à Jérusalem.

Paul laisse entendre clairement que l’évènement sur le chemin de Damas a été déterminant pour sa vie de chrétien et d’apôtre. Tous ses écrits manifestent qu’il a fait une expérience pascale bouleversante du Christ ressuscité, victorieux de la croix. […].
On ne peut parler de « conversion » qui suppose le passage du paganisme à une religion à une autre. Paul lui-même ne s’applique jamais ce vocabulaire.
Il n’exprime jamais son passage du judaïsme à la foi en Jésus comme l’acte d’un pêcheur qui changerait de vie. Mais cette expérience de vie pour Paul aura été une union transformante, une communion soudaine avec la présence du Ressuscité qui l’a « saisi », dépossédé de tout lui-même.

Si Paul est « citoyen romain » de naissance, cela veut dire qu’un de ses ancêtres a mérité cette honorable distinction. Il y a deux manières pour un juif de la Diaspora d’obtenir la citoyenneté romaine. Être emmené à Rome comme esclave, puis une fois affranchi, devenir citoyen romain et revenir en Orient. Ou bien obtenir cette faveur en récompense de services important rendus à l’Etat. Dans ce cas, le nouveau citoyen prend le nom du magistrat ou de l’Empereur qui lui accorde ce privilège. Les noms et qualités des nouveaux citoyens sont enregistrés dans les archives du pouvoir central de Rome. C’est probablement de cette manière que le grand père de Saul est devenu citoyen romain.

Depuis sa victoire à Actium contre Antoine et Cléopâtre en 31 av. J.-C., l’empereur Octave Auguste, désormais maître incontesté de Rome, avait apporté à l’empire une forme de paix durable. Organisateur de génie, il redressa l’économie, fortifia les frontières, encouragea les arts et les lettres, s’intéressant à tout, depuis l’urbanisation jusqu’à la molarisation des mœurs.
C’est dans ce monde méditerranéen unifié par Rome, depuis l’Espagne jusqu’aux rives de l’Euphrate, que Paul est né à Tarse, selon les Actes des Apôtres, autour des années 5/6 de notre ère.

Il paraît même que,
fatigué de tout et de tous,
on peut encore entendre, du côté du cœur
couler faiblement comme un filet de ruisseau
dont on ne sait d’où jaillit la source,
mais qui empêche cette semence
de mourir…

Personne n’a le monopole de Dieu ou l’exclusivité de son Esprit, mais ce qui caractérise le judéo-christianisme c’est que la foi n’est pas que le fruit d’une recherche humaine tâtonnante de la divinité mais elle est surtout l’accueil d’un Dieu qui prend l’initiative de se révéler

Paul empruntera encore bien d’autres concepts tels que « conscience », « maîtrise de soi », « liberté », « église » (ecclésia), et même parfois un vocabulaire emprunté aux religions à mystères auquel il donnera une signification nouvelle et qui lui servira à élaborer la première réflexion théologique chrétienne

Cette visée égalitaire du serment qui lie les membres de la communauté est bien une révolution sociale.

Ceux qui pardonnent sont les guérisseurs de l’humanité. Plutôt que de ressasser l’offense ou le dommage, plutôt que de rêver de revanche ou de vengeance, ils arrêtent le mal à eux-mêmes… Pardonner, c’est l’acte le plus puissant qu’il soit donné aux hommes d’accomplir.

La transfiguration ne constitue pas un moment de grâce unique dans la vie du Christ, mais une manifestation particulièrement intense de la gloire messianique et de la lumière divine qui illuminent toute la vie terrestre de Jésus.
(La Transfiguration - page 62)