AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 17 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nice , le 03/01/1939
Biographie :

Michel Siffre est un explorateur souterrain, aventurier et scientifique français.

Il se passionne très jeune pour la spéléologie. A 17 ans, élève collaborateur du professeur Jacques Bourcart, de l'Institut, il fait le levé géologique de la ville de Nice, découvre plusieurs gisements quaternaires dont le site, devenu fameux par la suite, de Terra Amata; cartographie les terrains plio-quaternaires de la région de Cannes et participe à une mission océanographique sur un navire de la Marine nationale : !'Elle-Monnier.

L'année du baccalauréat il soutient, en Sorbonne, un diplôme d’Études Supérieures de Sciences. A moins de 20 ans, il fait de nombreuses communications à l'Académie des Sciences et à diverses sociétés savantes.

En 1960, lauréat de la Fondation de la Vocation, Michel Sire utilise le million reçu à explorer les grottes de Ceylan. L'année suivante, il dirige la dixième expédition géologique dans le massif du Marguareïs à la limite des Alpes françaises et italiennes, où il découvre le gouffre du Scarasson et son glacier fossile, dans des conditions physique très éprouvantes.

En 1962, faisant preuve d'une rare endurance, il réalise l'expérience "Hors du temps" en restant seul au fond de ce gouffre du 16 juillet au 17 septembre. C'est la première expérience de confinement « hors du temps » de longue durée réalisée par l'homme.

Depuis, Michel Sire a conçu, et organisé, dix autres expéditions "hors du temps" en milieu souterrain, qui ont permis de renouveler la connaissance des rythmes biologiques et du sommeil humain en isolement prolongé.

+ Voir plus
Source : http://www.bibliopoche.com
Ajouter des informations
Bibliographie de Michel Siffre   (9)Voir plus

étiquettes
Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

Michel SIFFRE, spéléologue
Jacques CHANCEL s'entretient avec Michel SIFFRE, spéléologue et géologue sa vocation précoce; ses études; ses premières expériences avec l'aide de la fondation de la vocation. L'aide de la NASA. L'exploitation de ses expériences en astronautique. Les recherches sur le sommeil et les rythmes biologiques issues de ses séjours sous terre, isolé et sans notion du temps. Ses découvertes...

Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Tel que j'étais, je ne devais pas vivre dans les souvenirs mais seulement dans le présent en me donnant un futur pour objectif. Il le fallait pour que je ne sombre pas dans la mélancolie qu'entraîne le souvenir. Il n'est pas du tout bon d'évoquer le passé lorsqu'on est dans une situation semblable ; mieux vaut supporter le présent et s'efforcer de le dominer. Il n'y a qu'une seule certitude ici : je vis et je crée ma sensation de durée, sorte de mouvement que je ne perçois pas et qui pourtant m'entraîne irrésistiblement vers la victoire ou la mort. Mon moi-animal combat ce milieu et essaie tant bien que mal de s'y adapter ; mon moi-pensant essaie de s'y harmoniser jusqu'à la délivrance. En somme ma liberté est toute relative. Je me sens en dehors du Cosmos, je suis en réalité prisonnier d'un espace réduit et hostile et du temps qui s'écoule avec moi à un rythme plus ou moins rapide. En dehors de moi, de ce mouvement immobile que je crée sans cesse, il n'y a qu'une inertie tragique de la matière. Pourtant je sais bien, moi, géologue, que cette matière vit, a vécu et vivra. Je sais bien que là où je suis en ce moment il y a eu des mers où se sont déposés les sédiments qui ont donné naissance aux chaînes des montagnes ; la vie régnait dans ces espaces sous-marins, puis elle s'est éteinte lorsque les continents sont apparus. Je sais aussi que ces montagnes disparaîtront à leur tour pour laisser la place à d'autres océans où la vie renaîtra sous des formes plus évoluées encore.
Il faudra des millions d'années, mais les changements de la nature ne sont pas perceptibles à l'échelle de l'homme, ils sont d'un autre ordre. Nous vivons trop peu de temps pour nous apercevoir même qu'ils existent.
p. 136
Commenter  J’apprécie          51
VIE SOUTERRAINE
Je me sentais délivré des exigences de notre civilisation effrénée, seule ma vie comptait. Dans un sens j'étais heureux de me trouver enterré. Ma pensée n'était ni tournée vers le passé ni vers l'avenir, seulement vers un présent où je me sentais dominé par les éléments que je savais hostiles. Oui, dans ce milieu tout était contre moi, les rochers d'abord, la glace ensuite, le climat, je subissais l'emprise de ces éléments et pourtant j'essayais toujours de les dominer. Ma lutte était féroce et si j'ai survécu, je le dois à ce combat sans cesse renouvelé jusqu'à ma sortie ; j'avais l'impression d'être immobile et pourtant je me sentais entraîné par le flux ininterrompu du temps. Le temps était la seule chose mouvante dans laquelle je me déplaçais, je lui courais après, j'essayais de le cerner et chaque soir je savais que j'avais échoué. Comme un courant sans fin le temps était le seul être dont je percevais le mouvement. Tous les autres éléments étaient neutres, sans vie. Si quelqu'un avait pu me voir à travers les 130 mètres de rochers qui me séparaient du monde, il aurait aperçu soit une forme qui se déplaçait lentement avec les gestes répétés d'un automate, mais de moins en moins précis, soit une forme allongée, recroquevillée dans un sac de soie. Un autre jour, il m'aurait aperçu assis sur une chaise pliante en train de lire ou d'écrire à la faible lueur d'une lampe électrique.
p. 93
Commenter  J’apprécie          20
VIE SOUTERRAINE
Et cette nuit ne s'arrêtait jamais, toujours identique à elle-même, toujours aussi noire, toujours aussi silencieuse et éternelle. La nuit souterraine est vraiment différente de la nuit cosmique, l'opacité est absolue. A l'extérieur au contraire on y voit toujours un peu, la nuit ; la lueur des étoiles ou celle de la nuit laisse toujours apercevoir quelque chose, quelques objets. Là où je suis, rien.
Dans ce monde ou tout est néant, une seule chose subsiste, ma pensée : va-t-elle aussi sombrer dans ce néant sans fin ? C'est comme un vertige de la pensée et je la sens prête à chavirer.
p. 117
Commenter  J’apprécie          20
Mais la raison fondamentale de ma claustration volontaire, où beaucoup n'ont vu qu'un pari, qu'un exploit, c'est que j'ai voulu essayer de cerner, d'appréhender la chose la moins préhensible, la plus fuyante et tragiquement irréversible puisqu'elle conduit à la mort, le temps, cette notion qui a hanté l'humanité depuis son origine.
C'est pourquoi j'ai associé à la biologie pure, la psycho-physiologie pour annexer des données quantitatives, précises et irréfutables sur le temps humain et son déroulement, qui puissent permettre de préciser si le temps est un produit de la conscience ou bien une réalité en soi, objective, associée à l'espace. D'ailleurs peut-être existe-t-il au maximum trois niveaux de temps pour l'homme : le temps perçu, créé par le cerveau, le temps biologique et enfin le temps objectif, celui des horloges ? Et sait-on s'il n'y a pas un rapport étroit entre le temps physiologique et le temps perçu, tel que le rythme vital soit déterminé en partie ou totale-ment par la durée perçue par l'homme ou vice versa ?
Mais comment aborder ce problème du temps ? La première idée qui m'est venue à l'esprit a été de m'isoler totalement des changements de milieu — facteurs qui ont conditionné l'homme depuis son origine — de façon à mettre en évidence le mécanisme fondamental de notre “horloge”, de notre rythme physiologique et sa fréquence élémentaire.
p. 34
Commenter  J’apprécie          10
J'étais sans cesse menacé par les chutes de glace ou de rochers ; à plusieurs reprises, j'avais glissé et failli m'écraser au fond du glacier, je savais ce que cela signifiait, une mort lente par le froid ou simplement par ma chute sur des blocs aux arêtes aiguës. Ces risques étaient toujours présents et, malgré mes efforts pour les limiter, je les prenais presque tous les jours. Cette sensation sans cesse renaissante, me faisait toucher du doigt ma condition et j'en retirais un certain sentiment d'humilité en même temps qu'une agressivité provoquée par ma volonté de survivre — car c'était là mon but. En essayant de dépasser certaines limites physiologiques en dehors du temps j'essayais de me donner un sens, de rechercher des raisons d'exister. Cette poursuite à la recherche de moi-même se continuait sans cesse et lorsque j'essayais de l'appréhender elle allait toujours un peu plus loin. C'est ce qui se passait aussi dans mon essai d'appréhension du temps, il fuyait parce que j'étais là mais en fait il n'existait pas. Le temps des horloges était une fiction. Quelle idée de séparer en moments quelque chose d'infini que nous créons nous-mêmes ? Chaque « jour » je comptais mes réveils et mes couchers. C'était ma seule base de référence, mon seul point commun avec les hommes ; à part cela, je vivais étranger, comme un animal.
p. 103 – 04
Commenter  J’apprécie          10
… On a sans doute exagéré l'action de la solitude, du silence, de l'obscurité, de la tension émotionnelle ; mon moral dans l'ensemble est resté bon.
Cependant, il semble que la perte de la notion du temps, liée au manque de repères, a quelques rapports avec la température centrale du corps. L'organisme, mal protégé et soumis au froid, dans cet univers hostile et immobile s'est mis en état de semi-hibernation, et évidemment, à ce moment-là, le temps paraît plus court, puisque l'organisme ne réagit pas aux stimuli extérieurs.
p. 308
-----
« Hors du temps » ; Michel Siffre - éditions René Julliard © 1963
Commenter  J’apprécie          10
… vivant en dehors des changements cosmiques, mon "moi" vital, c'est-à-dire mes fonctions physiologiques, a été conditionné, réglé par ma perception intrinsèque du temps : je mangeais quand j'avais faim, je dormais quand j'avais sommeil, je me réveillais naturellement sans le secours d'une sonnerie ou de la lumière du jour. J'étais revenu à un stade animal primitif ou tout était subordonné à l'accomplissement des besoins naturels. Je n'étais plus esclave ni des hommes, de leurs habitudes sociales, de leurs gestes familiers réglés depuis l'origine du monde par la succession du jour et de la nuit, ni même du cycle solaire et de ses conséquences sur le déroulement de la vie sur notre planète, du moins je le croyais. Je me sentais enfin libre. Mais l'étais-je vraiment ? Mon rythme vital était brisé, je vivais selon mes humeurs et je n'ai jamais manqué de temps pour accomplir une tâche. Comment eût-il pu en être autrement puisque le temps n'existait qu'en moi, puisque je le créais et que j'étais moi-même ma propre horloge ? Je vivais dans un espace exempt de temps, immobile et glacé. Longtemps après ma sortie je devais ressentir cet absence de mouvement spatial et mes premiers déplacements …
p. 125
Commenter  J’apprécie          00
POURQUOI ?
Dans ces conditions d'isolement absolu, l'homme conservera-t-il son rythme vital, ses journées seront-elles de 24 heures, deviendront-elles plus longues ou plus brèves ?
Beaucoup d'auteurs pensent que le temps biologique, très différent d'ailleurs du temps des horloges, constitue les assises, la base du temps psychologique. Mais cela n'est qu'une hypothèse qui demande encore à être vérifiée et précisée. Rien jusqu'à présent ne prouve que le contraire n'est pas vrai, pourquoi, en effet, ne serait-ce donc pas l'appréciation subjective du temps, subissant l'action des agents physiques, qui conditionnerait les cycles vitaux, aussi bien les rythmes relativement lents comme celui du nycthémère, que les rythmes plus accélérés comme celui du cœur et de la respiration ? Plus simplement le vieillissement est-il d'abord physiologique comme l'ont pensé le docteur Alexis Carrel et Lecomte du Noüy ? ou bien est-ce la durée perçue qui conditionne le vieillissement ?
Ainsi, outre l'intérêt théorique que présentent ces recherches, nous avons vu qu'elles pouvaient être immédiatement adaptées à des fins pratiques puisque l'ère astronautique, où l'homme vivra selon son rythme propre ...
p. 35
Commenter  J’apprécie          00
À quelque temps de là, une nouvelle idée surgit : ne pas emporter de montre pour étudier dans la nuit souterraine continue ma perte de la notion du temps. J'avais remarqué, au cours d'explorations antérieures, que le temps passait très vite sous terre et j'étais curieux de savoir s'il en serait de même en n'ayant aucune connaissance de l'heure et de la date où je me trouvais. Je décidai alors de mesurer quantitativement cette perte de la notion du temps, mais je ne savais pas comment. J'ai eu alors l'idée d'utiliser comme repères temporels mes fonctions physiologiques : je me coucherai lorsque j'aurai sommeil, je mangerai lorsque j'aurai faim et j'agirai quand j'aurai envie d'activité. Je compris alors que j'étais en train d'isoler mon propre rythme de vie en dehors des repères cosmiques et sociaux et me remémorant les travaux de Pavlow qui m'avaient passionné en classe de philosophie, j'ai eu l'intuition que les hommes et les animaux étaient conditionnés par l'alternance régulière du jour et de la nuit …
p. 39
Commenter  J’apprécie          00
ET MAINTENANT ?
Comme dans l'espace cosmique le silence absolu règne dans les cavernes. Or, l'homme est habitué à vivre dans une ambiance sonore où les stimuli auditifs agissent constamment sur son cerveau. S'il en est privé, son attention intellectuelle est tournée vers les bruits de son organismes tels que les pulsations du cœur ou sa respiration et son moral peut se dégrader à plus ou moins brève échéance car le silence peut devenir insupportable.
Pendant mon séjour, l'ambiance sonore a été perturbée par des chutes de glace et de rochers qui ont provoqué une tension émotionnelle proche de celle que peuvent ressentir les cosmonautes au moindre événement inattendu, comme celle des petits aérolites qui peuvent heurter l'enveloppe protectrice du satellite.
A ce manque d'informations auditives s'ajoute, plus grave encore, la privation des stimuli visuels. Sous terre comme dans le cosmos le regard dans la nuit absolue et non rayonnante, ne donne pas la sensation de profondeur de l'espace.
p. 297
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Michel Siffre (38)Voir plus

Quiz Voir plus

Le jeu des je, en chansons (1)

Qui chante : " J'ai 10 ans" ?

Jacques Brel
Thomas Dutronc
S. Gainsbourg/J. Birkin
Maxime Le Forestier
Renaud
Alain Souchon

13 questions
47 lecteurs ont répondu
Thèmes : chanteur , musique , chanson française , nostalgieCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}