- Ali… Je ne t’ai jamais dit…
Voix bizarre. De confidence chuchotée. Voix des prisonniers qui marchent en rang, sous l’œil des matons et qui bavardent sans remuer les lèvres. Voix de clandestinité.
- ça ne fait rien… J’ai compris, je crois. Dors.
- J’ai besoin de me l’entendre dire… Il me semble que je t’ai vraiment aimé… c’est si… étrange, quand j’y pense… Au début, je trouvais ça… répugnant. Je me voyais tel que je suis, ridé, affaissé, laid…
La joie transperça Ali, qui se surprit à bénir l’obscurité, laquelle le protégeait.
Il dut laisser passer un temps avant de répliquer d’une voix enrouée, remplie de violences.
- toi, tu étais vieux au-dehors, moi en dedans. Et laid. Tu m’as nettoyé. Comme la pluie. Tu m’as fécondé aussi. Tu m’as donné la vie. Dors maintenant, dors…