A l'occasion du Festival "Le livre sur la place" 2022 à Nancy, Minh Tran Huy vous présente son ouvrage "Un enfant sans histoire" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2640619/minh-tran-huy-un-enfant-sans-histoire
Note de musique : © mollat
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"Il arrive que la vérité soit tissées d'impostures, que les creux aient autant l'importance des pleins, que les choses tues comptent autant, sinon plus, que celles qui sont dites."
J’ai d’abord lu pour oublier, pour accéder à la quiétude, pour ne plus être seule. Pour échapper […] à l’ennui long et lent de l’enfance et de l’adolescence, ces temps où l’on ne fait qu’attendre que quelque chose arrive enfin. Et j’ai découvert une autre vie, cette vie éclaircie dont parle Proust, unifiée, enrichie, sublimée – la vie pleine, la vie vraie. J’ai lu pour m’écarter, puis pour mieux revenir à moi-même et aux autres, m’approprier un monde qui m’était étranger […]
Puis les auteurs qu’elle admirait ne se contentaient pas de peaufiner leur langue ou leur style : ils incisaient et creusaient la vie comme elle-même incisait et creusait ses laques. Ils grattaient le silence. Le brillant des apparences. La douleur, parfois. Et cherchaient au-dessous sans toujours avoir conscience de ce qu’ils cherchaient, parce qu’il ne s’agissait pas de dévoiler un secret mais de le trouver. Pour elle, il existait une part de mystère en toute chose et le rôle des artistes n’était pas de lever ce mystère, seulement de lui donner forme. Elle disait que la lumière sans ombre ne l’intéressait pas plus que l’ombre sans lumière. Que l’art pouvait éclairer l’existence mais aussi l’obscurcir et qu’il devait cristalliser en un geste, en une œuvre, toute l’opacité, la complexité et la multiplicité de la vie. Elle disait ne détenir aucune réponse ni vérité, parce que les réponses et les vérités étaient faites pour les mathématiciens et les policiers, pas pour les écrivains ou les peintres, qui avancent à tâtons, dans le noir, sans savoir ce qui en sortira…
"Quelque part je suis étranger par rapport à quelque chose de moi même,quelque part je suis" différent ", mais non pas différent des autres, différent des "miens",je ne parle pas la langue que mes parents parlèrent, je ne partage aucun des souvenirs qu'ils purent avoir, quelque chose qui était à eux, qui faisait qu'ils étaient eux, leur histoire, leur culture, leur espoir, ne m'a pas été transmis."......
Au quotidien, les héros cessent d’être des héros pour être des hommes et des femmes comme les autres, avec des névroses plus prononcées, peut-être, du fait des épreuves traversées.
J'aime à penser que la douleur a ajouté une dimension supplémentaire à son jeu. Comme si elle avait pu pénétrer la substance même de la musique.
Car pourquoi lire, sinon pour déchiffrer ce et ceux qui vous entourent, décrypter les sentiments de votre famille, vos amis, vos ennemis, les mécanismes de la société comme ceux de la personne aimée, appréhender d'où vous venez et ce qui vous porte, en somme rendre moins impénétrables les questionnements dont nous sommes tramés.
« On veut le meilleur plombier pour remédier à une fuite d’eau, le meilleur chirurgien quand on se fait opérer du cœur, le meilleur cuisinier quand on va dîner au restaurant, la meilleure nounou pour s’occuper de ses enfants - les personnes les plus compétentes dans leur domaine pour exécuter les tâches afférentes. Mais quand il s’agit de gouverner, pourquoi mettre aux commandes des hommes et des femmes qui, durant des années, se sont entraînés à améliorer leur performances individuelles au sein d’établissement qui les ont classés en fonction, alors qu’il s’agit de prendre des décisions pour le bien commun, et non pas seulement pour le bien d’eux-mêmes et de ceux qui leur ressemblent ? » P72
« En vérité, personne ne songe à vérifier que les « premiers de cordée » sont doués des vertus civiques et des vertus tout court nécessaires à la direction d’un pays. L’intelligence est moralement neutre, on peut en faire un bon ou mauvais usage, et si la voie royale tracée par les grandes écoles en France peut, en effet, être une bonne voie pour parvenir à ses fins à soi, on ne voit pas en quoi elle est une bonne voie : elle fait allègrement fi du sens collectif, de la solidarité, du désintéressement personnel, du respect de l’autre, du droit à la dignité de chacun, pour favoriser un « mérite » technocratique qui divise au lieu d’unir. » P73
«Mes parents, en poursuivant leurs études , avaient troqué leur classe d’origine, la paysannerie , pour la bourgeoisie intellectuelle . Du moins , si l’on en jugeait par leurs revenus et leurs diplômes .
Car il leur manquait l’essentiel : les références , les usages, la manière de converser ,comme la matière des conversations qui auraient fait d’eux des bourgeois ou des intellectuels ...
Ils ne fréquentaient ni les librairies, ni les musées , ni les théâtres , sans parler de l’opéra ou des galeries d’art ...
Ne saisissant pas la plupart des plaisanteries qu'échangeaient leurs relations ou collègues ....riaient trop haut et parlaient trop fort... »