Le grand nuage sombre s'étendait sur une dizaine d'années-lumière. Depuis le système Primien, il apparaissait comme une infime zone de l'espace dénuée d'étoiles. Mais une fois franchie la grande barrière d'astéroïdes, la nébuleuse dévoilait sa véritable nature. Le pinceau cosmique y dessinait des vagues gigantesques d'une obscure beauté dont l'écume semblait se déverser indéfiniment dans le cosmos. La matière nébulaire était essentiellement composée d'infimes grains de poussières et de gaz inertes. Passé les bordures drapées et filamenteuses, le nuage devenait si dense qu'il bloquait la lumière des étoiles se trouvant derrière lui. On ne pouvait trouver meilleur endroit pour disparaître de l'univers visible...
Dans le cosmos, les distances sont considérables. Pour les mesurer, on utilise l'année-lumière, autrement dit la distance parcourue par des photons en un an. Partout dans l'univers, la lumière se déplace à la vitesse constante d'environ trois cent mille kilomètres à la seconde, ce qui donne pour une année près de dix mille milliards de kilomètres. Une distance que l'imagination a du mal à se représenter concrètement.
À une très large échelle, supérieure à mille millions d'années-lumière, l'univers semble constitué de matière distribuée de façon homogène et isotrope. C'est ce que l'on appelle poétiquement la « fin de l'immensité »...
Elenmire était reconnaissable par sa taille colossale, plus de deux cents mille kilomètres de diamètre, mais aussi par son atmosphère composée de bandes en rotation. Les interactions entre ces systèmes circulatoires tournant dans des sens opposés créaient des tempêtes anticycloniques et des turbulences gigantesques. Certaines d’entre elles étaient si monstrueuses que leur taille dépassait celles des lunes gravitant autour de la géante gazeuse. Elles prenaient l’apparence de larges tâches aux teintes rougeoyantes. Les vents dans ces dépressions pouvaient dépasser les mille kilomètres à l’heure...
L’astre se réfléchissait sur l’ornement du casque : deux longues cornes stylisées tenant en leur centre un disque éblouissant de lumière. Le masque noir arborait un sourire sardonique, des moustaches broussailleuses et surtout ces yeux démoniaques à peine discernables. Son armure était composée de deux larges épaulières et de multiples lamelles décorées de reliefs de paulownia en arabesque, plaquées de bronze avec des rivets en forme de rameaux. Le méticuleux laçage qui maintenait l’ensemble était réalisé par une combinaison de fils azurs et écarlates...
Enfouies dans la jungle du réseau génétique, héritées de générations en générations, les séquences fantômes étaient restées inactives pendant plusieurs millénaires. Personne ne savait trop d'où elles provenaient. Personne ne s'en souciait d'ailleurs. Elles étaient simplement là, dormantes, stockées dans le génome, dans l'attente d'être réactivées par une improbable succession d'évènements. La très grande majorité n'avait de toute façon aucun effet, rendue inactive par de multiples mutations, avec de nombreuses parties manquantes ou endommagées...
Les monts projetaient de longues ombres d'encres sur la plaine désertique. Le sol était de couleur rouille jusqu'au pourpre sombre, parsemé de fragments de rocs dans les mêmes teintes. Il avait été pilonné un milliard de fois et des météores de toutes tailles y pleuvaient encore. Sur les parois de certains blocs, on pouvait distinguer quelques rares tâches de lichen, jaunes ou noires. À part ces rares traces de vie, aucune végétation digne de ce nom ne pouvait survivre ici...
Le second pont d’envol de l’arche spatiale avait été réquisitionné pour la revue des nouvelles troupes. Elles formaient un alignement en ordre serré de cinquante rangs de cent robots de combat SR-100. Ils étaient tous parfaitement immobiles, figés dans la même position, au millimètre près. Leur armure blanche brillait sous la lumière artificielle des projecteurs...
Ray Polson sortait de son bureau lorsque l'attaque cyborg débuta. Il était chargé de la comptabilité de l'astroport. Son bureau était adossé au terminal principal, près des hangars où les cargos en provenance de Genesis déchargeaient leur cargaison tandis que les autres chargeaient les précieuses matières premières extraites dans les concessions minières...
Cela faisait déjà plusieurs semaines que le Pandora avait laissé derrière lui la grande barrière d’astéroïdes. À l’activité fébrile imposée par la traversée de la ceinture succédait à présent la monotonie des tâches routinières nécessaires à la navigation du vaisseau dans une zone totalement dépourvue de corps stellaires...
Tayma était la planète la plus éloignée dans le système d'Orion Prime. On pouvait tout juste la qualifiée de compatible avec la vie. Elle était caractérisée par un climat anormalement chaud vu son éloignement de l'astre, même si la température moyenne ne dépassait que rarement zéro degré. Cette chaleur relative était due à un effet de serre artificiel mis au point par une équipe de terraformation après les premières expéditions. L'atmosphère riche en oxygène était quant à elle d'origine, bien que ténue du fait de l'absence totale de végétation. En effet, l'écosystème se résumait à un immense désert de pierres et de sable où seuls quelques rares lichens pouvaient survivre...