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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 03/03/1904
Mort(e) à : Aiud , le 28/10/1952
Biographie :

Mircea Vulcănescu est un philosophe, économiste, professeur d'éthique et sociologue roumain. Formé à l'école de Dimitrie Gusti et de Nae Ionescu il est l'un des représentants les plus importants de la "jeune génération" d'entre les deux-guerres, au même rang que Mircea Eliade, Petru Comarnescu, Emil Cioran, Dan Botta ou Paul Sterian. Son ouvrage principal est la "Dimension roumaine de l'existence" (1940-1944) [Dimensiunea românească a existenței].





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Bibliographie de Mircea Vulcănescu   (5)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'homme m'a intéressé, naturellement, et m'a même intrigué quelque peu.
[Omul m-a interesat, firește, și chiar m-a-ntărîtat puțin.]
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Le Roumain n’a pas le sentiment de la perte totale, le sentiment de l’irrémédiable. Pour lui, rien ne peut se gâcher définitivement, rien n’est condamné sans appel, rien n’est perdu sans retour, rien n’est irréparable. Comment pourrait-il avoir un autre sentiment, puisque l’âpre réalité des faits n’exerce pas, pour lui, la censure entre ce qui est et ce qui n’est pas, et puisque la réalité la plus vraie est, pour lui, pareille à celle qui se manifeste dans le rêve ?
C’est pourquoi le Roumain, qui est un opposant si redoutable sur le plan des idées et des possibilités, est extrêmement accommodant en ce qui concerne les faits. Le sentiment qui l’anime à leur égard est que, au fond, ils n’ont pas beaucoup d’importance ! Ce sont des « épreuves » qui se mettent en travers de son chemin, ou peut-être des « tentations » et des « douanes » ; mais non pas des réalités invincibles, qu’il serait obligé de prendre en considération comme telles.

(traduction de Dolores Toma)
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Je n’ai jamais mieux senti tout ce qui nous sépare de l’Occident que pendant un après-midi d’été passé dans les jardins de Versailles.
On sent qu’ici l’œil est orienté autrement que le nôtre par rapport au monde extérieur, il voit autrement. On sent que la raison, pour imposer son ordre aux choses, doit tailler les arbres et reconstruire l’horizon, en subordonnant tout à une géométrie, considérée comme seule manifestation spirituelle possible. On sent qu’ici l’esprit repousse la nature aux marges, que l’irrégularité s’estompe dans l’air irisé et vaporeux, que la cime des arbres ne retrouve sa liberté de pousser qu’à une hauteur et une distance déterminée, celle à laquelle l’irrégularité du détail se perd dans l’unité de la vision d’ensemble.
On comprend alors qu’on a en face de soi un homme qui ne se rapporte pas à l’univers de la même manière. Qu’on a un homme dont « l’humanité » est de s’opposer à la nature, de s’affirmer comme son artisan et son maître. Tout parle de l’homme créateur, de l’homme qui s’impose à la nature, qui se veut différent d’elle et son maître, pour vaincre la mort et la fuite du temps, pour durer.
Chez nous, tout est à la mesure de l’homme et de la nature environnante, comme si on était dans un jardin sauvage. Aucun effort de persistance. Tout est épanouissement spontané de la nature environnante.

(traduction de Dolores Toma)
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Ce cri d’éveil, le déchirement du rideau du sommeil… les eaux qui se déversent des lacs de montagne–ces yeux limpides–en torrent furieux, dévastateur, sur les plaines–la prise d'attitude existentielle, active, à l'égard du monde pourraient être le reflet dans l'âme roumaine de la caractéristique propre aux âmes statiques. Elles ne peuvent pas s'adapter graduellement aux changements, par ces milliers d'ajustements insensibles des individus, mais seulement en bloc, par la volte-face, par la modification d'un certain ressort intérieur, par la transfiguration, par la conversion, par le saut, lorsqu'une certaine pression intérieure ou extérieure, soutenue, les a fait mûrir, comme le soleil fait mûrir en été les fruits des arbres.
Mais comprenons bien ce que signifie, chez le Roumain, ce moment dynamique, ce débordement imminent de son être dans l'action ! Elle ne se fait sentir que lorsque l'unité de l’être est devenue impossible. Le Roumain appelle cet état « amertume » et c'est ce qui le pousse à l'action.
N'est-il pas étrange de « passer à l'action » ainsi, non pas en vertu du fait qu'on « peut », comme cela se passe pour tous les peuples de l'Occident, mais en vertu du fait qu'on ne « peut plus » ?

(traduction de Dolores Toma)
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Mais la caractérisation roumaine de l’événement demande encore une précision. Pour la métaphysique de l’acte occidentale, un événement est, en tout premier lieu, un fait, une action, un faire. Pour le Roumain, au contraire, l’événement est plutôt un changement d’état, c’est-à-dire le résultat de ce faire, enregistré par un individu, être ou chose, quelque chose qui vous est arrivé, qui s’est passé avec vous, c’est-à-dire une aventure. Et non pas une action que vous avez faite.
La catégorie aristotélicienne de la passivité, de l’aventure, du pâtir, dans le sens de supporter l’emporte chez le Roumain sur celle du faire, de l’action, de l’énergie, du moins en ce qui concerne le monde et tous ces êtres. L’existence n’apparaît pas pour lui comme un sujet d’action, qu’elle soit générale, comme la nature, particulière, comme l’individu et l’événement, mais comme un support du pâtir et des aventures, un changement d’état au pouvoir d’un autre. Le chroniqueur n’exprime pas autre chose par l’expression : « l’homme sous le pouvoir du temps ».

(traduction de Dolores Toma)
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Nous comprenons à présent la signification des deux couronnes avec lesquelles nous a accueillis la vision philosophique du paradis dantesque. Ce sont les deux voies de l'âme humaine sur lesquelles celle-ci se hisse, dans un mouvement pendulaire, en contrepoint, vers la source de la vie tout entière qu'est l'amour édificateur de Dieu, cet « Amor che muove il sole e l'altre stele », de la conclusion de Dante.

[Înțelegem acum rostul celor două cununi, cu care ne-a întîmpinat vedenia filosofică a paradisului dantesc. Sunt cele două căi ale sufletului omenesc, pe care acesta se înalță, pendulînd, în contrapunct, spre izvorul vieții întregi care e iubirea ziditoare a lui Dumnezeu, acel « Amor che muove il sole e l'altre stele », cu care sfîrșește Dante.]
p. 143
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De même que le paysan, si enraciné dans son monde, avec des critères, des goûts, et des normes précis, transplanté dans la vie bourgeoise, perd toutes ces caractéristiques et devient une pâte malléable, le Roumain a, parmi les étrangers, une série de caractéristiques très curieuses. Admirateur du caractère tout d'une pièce, où qu’il se trouve ; écœuré par les compromis, les yeux tournés vers les étoiles, le Roumain dans les faits s'accommode, cherche à éblouir par l'éclat et ne tient pas parole, en donnant ainsi, aux étrangers, surtout à l'Ouest, une étrange impression de canaille séduisante, de tête bien faite, prêt à jouer des coudes pour se faire valoir.

(traduction de Dolores Toma)
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Le travail et les mérites des ancêtres peuvent être des exhortations pour nous, des garants, et dans certaines limites ils peuvent même combler nos propres carences. Mais uniquement dans certaines limites.

[Munca și meritele înaintașilor ne pot fi îndemnuri, chezași și-n oarecare limite pot chiar suplini carența noastră. Dar numai în oarecare limite.]
p. 16
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Mais il faut cependant constater l’apparition périodique dans le monde roumain de certains agents qui éveillent ce sentiment de gravité de l’existence, qui mettent l’homme face à lui-même et à sa responsabilité. Ce sentiment aigu de l’Histoire, du présent qui ne pardonne pas, qui vous demande d’intervenir « maintenant ou jamais », sous la menace, sinon, de perdre à jamais et irrémédiablement certaines possibilités, dans son essence, ce sentiment n’est pas roumain. C’est, tout au plus, le symptôme d’une fièvre passagère, du sentiment spécial qu’une époque touche à sa fin, qu’elle a atteint son terme, ou bien le symptôme d’une tentation venue de l’extérieur qui essaie de faire changer le Roumain de nature. À cette façon de « troubler les eaux », la conscience roumaine répond avec toute l’inertie de sa réaction amortie et, tôt ou tard, les eaux réintègrent leur lit. Échappant au cours du temps, l’homme reprend son dialogue interrompu avec l’éternité.

(traduction de Dolores Toma)
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Ce soir, je suis censé vous parler de la position du chrétien face au monde moderne et j'avoue une certaine appréhension. Cette conférence étant celle d'une association chrétienne, nous nous y retrouvons entre nous et chacun d'entre vous est présumé savoir, comme moi, ce qu'être chrétien signifie, d'une part, et d'autre part, aucun d'entre nous n'étant religieux, chacun d'entre nous, ici réunis, a certains liens avec le "séculaire", autrement dit avec le monde extérieur, avec le monde de nos jours. Si telle est la situation, la conférence d'aujourd'hui ne peut avoir d'autre objectif que de vous parler de choses que vous connaissez tout aussi bien que moi, et par conséquent, son objectif peut paraître dépourvu de sens. C'est ici qu'intervient la mise à l'épreuve.

[Trebuind să vă vorbesc în astă seară despre poziția creștinului în fața lumii moderne, mărturisesc oarecare sfială. Conferința aceasta fiind a unei societăți creștinești, suntem cu toții, numai între noi și fiecare din Dumneavoastră e de presupus că știe, ca și mine, ce înseamnă a fi creștin.
Pe de o parte. Dar pe de alta, nefiind monah nici unul dintre noi, fiecare din cei care ne-am adunat aici, avem unele legături cu “veacul”, adica cu lumea din afară, cu lumea mare a zilelor noastre.
Dacă lucrurile stau într-adevar astfel, conferința de azi nu poate avea alt rost decât să vă vorbească de lucruri pe care dumneavoastră le știti ca și mine și, ca atare, rostul ei ar putea să pară fără rost. Aici se ivește piatra de încercare.]
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