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Citation de ladesiderienne


«Cinq mois déjà ! Tu nous manques à tous, ma bécaroïlle. Plus encore depuis que l'hiver s'est installé et que la vie, ici, à Sassenage, tourne au ralenti. Toi qui le connais si bien, imagine un peu les lamentations de maître Janisse. Il ne s'en remet pas. Je dois constamment le houspiller pour le garder de la mélancolie ! Laissons cela. Dans ta dernière lettre, tu m'assures avoir conservé une place privilégiée auprès de la jeune baronne. Je m'en réjouis. Mais je sais aussi ce que ton cœur attend. Des nouvelles de Mathieu. Nous ignorons encore, son père autant que moi, où il se cacha après ton départ. Il est revenu peu après Noël, là est l'essentiel, et a repris sans mot dire sa place derrière le fournil. Certes, rien n'est comme avant puisqu'il manie le palet de la main gauche et avec bien moins de dextérité qu'autrefois, mais tout de même. Il s'y applique et donne force conseils à son cadet. La panification est devenue leur quotidien à tous trois. J'aimerais pouvoir te dire qu'il se soucie de toi, mais je ne saurais te mentir. Il m'évite, à vrai dire, et lorsque maître Janisse a la maladresse de laisser tomber quelque allusion, il quitte l'endroit le plus vite possible. Quant à son caractère, que nous avons connu rieur, il a de toute évidence été assombri par cette méchante histoire. S'il se fend d'un sourire parfois, ce n'est plus que pour se moquer de lui-même. Sa gaieté s'en est allée avec toi. Ne t'en culpabilise pas pour autant. Les choses sont ce qu'elles doivent être, et nous savons toutes deux que le temps viendra. Pour l'heure, fais ce que tu dois en ton âme et conscience, et prends soin de toi.»
La missive était signée de Gersende et datée du 15 février 1484. Nous étions le 25 à La Bâtie en Royans.
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