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Citations de Monique Proulx (54)


Il avait ainsi par moments l'impression de la tenir dans sa main comme un petit oiseau sans défense dont il touchait le moindre contour, et puis paf elle s'envolait et il la perdait de nouveau.
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On est orphelin bien avant que les mères meurent. On est orphelin dès que les mères perdent leur efficacité contre notre douleur.
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La chatte, bien sûr, est celle qui séduit, puisque depuis toujours c'est l'affaire des chats d'apprivoiser les hommes. Et de les retenir, faisant alterner stratégiquement les avances brûlantes et les retraits de glace. Cela fonctionne, cela s'appelle l'art de l'amour et de la guerre, que les chats pratiquent avec plus de virtuosité que les femmes. D'ailleurs, depuis treize ans, Pierrot a changé plusieurs fois de femmes, mais n'a jamais changé son chat.
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Je succombe toujours aux gens qui rient. Les gens qui rient m'introduisent un instant dans leur propre tribu. Qu'est-ce qu'un rire, après tout ? Une explosion d'enfance partagée. C'est dans le rire que l'humanité nivelle ses différences et efface ses rides.
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[...] il pense aux femmes, à quelques unes des femmes dont il s'est approché. Il serait agréable de vivre avec les femmes, elles ont la douceur, la beauté totale du monde, mais voilà, elles aiment l'inquiétude, elles la chérissent tant qu'elles lui inventent sans cesse des raisons d'exister. L'inquiétude attire les reproches qui éloignent l'amour, l'inquiétude fronce de rides les passions les plus jeunes. M'aimes-tu encore, à quoi tu penses, pourquoi tu ne téléphones pas, les pauvres questions de l'inquiétude créent, à partir de rien, des monstres qui deviennent réels.
Entre toutes les voltiges possibles, toutes les voies aériennes, les femmes choisissent fatidique ment la pesanteur.
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Les histoires d'amour, c'est personnel, si vous voulez mon avis : ou bien on en a une, ou bien on n'en a pas et si on n'en a pas, la vie est assez écoeurante comme ça sans qu'un sadique sirupeux vienne vous roucouler la sienne dans les oreilles.
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Écrire comme un poussin parmi les aigles, comme un ignare tutoyant les savants, dans une langue étrangère à ma jeunesse.
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À quoi l'on sert quand on ne rend personne heureux ?
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Quand je marche, il m'arrive d'accepter de ne plus rien avoir, aucun garde-fou, aucune certitude, aucun trésor à moi, et de m'en sentir vraiment légère, puisque le sol infatigable continue de me supporter.
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Pourquoi? Pourquoi cette histoire tordue et impossible fait-elle mal, peur, produit-elle des toxiques qui dérangent? Pourquoi d’ailleurs inventer des histoires? N’existe-t-il pas d’événements suffisamment biscornus dans la vie réelle, qui nous empoisonnent et nous distraient de nos tâches essentielles, sans se mettre à en rajouter?

(Boréal, p.184)
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— Les louanges me font horreur, presque aussi horreur que l’absence de louanges. Le fait qu’il existe des louanges, et qu’on peut en être privé ou gratifié, rend la vie des créateurs impossibles.

(Boréal, p.287)
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Les écrivains écrivent. Ils érigent des mots contre le vacarme extérieur, chaque mot soulève autour d’eux des pelletées de terre qui masquent peu à peu les fenêtres de la vie ordinaire, et ils écrivent, ils descendent dans les mots, ils s’enfouissent dans le puits de leurs mots jusqu’à trouver leur tranchée secrète, inattaquable, celle de la douleur ou de la transe selon leur tempérament et leur signe astrologique, et dans cette tranchée solitaire et humide ils étalent leur imaginaire et se mettent à fignoler leur édifice.

(Boréal, p.31)
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Maintenant que la haine étincelle en lui, les regards des autres le reconnaissent avant de le fuir avec respect, alors qu'ils l'ignoraient totalement quand il était amour et paix, très bien, il ricane de ruse désenchantée, très bien, c'est donc ainsi qu'il apprendra à être et à briller.
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Il y a des personnes qui m'aiment, trois exactement, et qui m'offrent des cadeaux. Ces trois personnes, auparavant, m'ont assuré une enfance tranquille et douce. Même la quatrième personne, celle qui n'est plus à la table et que je continue de ne pas chérir, n'a jamais troublé mon existence. N'a jamais exercé de violence contre moi, n'a jamais exigé de moi quoi que ce soit d'aisé ou de difficile, n'a jamais porté la main sur moi. (Jamais touchée, jamais caressée, jamais bercée, jamais embrassée, jamais jamais.)
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[...] l'Homo postnicotinus, le plus glorieux maillon de cette ère quaternaire, soigne sa forme et ses RÉER, fait du jogging sur le Mont-Royal, descend le moins possible en bas, rue du Parc, parmi la racaille où se fomentent les cancers du poumon et où pullulent les bactéries.
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RUE SAINTE-CATHERINE

Le meilleur endroit pour quêter, rue Sainte-Catherine, c'est sous la grosse sculpture à côté du complexe Desjardins, qui ressemble à un cheval volant ou à une chauve-souris à deux têtes selon la quantité de gin blanc avalée. Là, il y a de l'espace, de l'intimité et de la visibilité en même temps, et surtout un toit pour se protéger de la pluie ou du soleil, même si le soleil est rarement un problème à Montréal. De belles phrases sont gravées sur les parois (""La société de demain appartiendra tout entière à ceux qui savent s'unir","L'union pour la vie plutôt que la lutte pour la vie", "S'unir pour servir"), ronronnantes comme des sentences de mononcles dans des partys de familles qui tu n'as jamais eues. C'est une vraie bonne sculpture aussi confortable qu'un début de maison, et si je rencontrais l'artiste qui l'a faite, ça ne me gênerait pas du tout de lui serrer la main.

C'est mon abri à moi, tout le monde le sait, même le sournois de Pou qui vient de me le piquer.

Ce Pou-là a tout de la méchante vermine, la petite face fouineuse, la façon de se trémousser comme s'il avait le ver solitaire, l'hypocrisie, surtout. Ce n'est même pas un vrai itinérant, je le vois presque sous les jours sortir de l'UQUAM et se braquer au coin de la rue, arrogant comme un fils de riche. Il tire une flûte de son sac d'école, il se trémousse pour faire oublier qu'il joue comme un pied, et fouille-moi pourquoi, les clients se ruent dans sa direction. Il doit apprendre ça à l'université, comment manipuler le monde et détourner les vingt-cinq cents, maintenant qu'il n'y a pas plus de jobs ils donnent peut-être des cours sur la manière la plus ratoureuse de quêter.

Quand j'ai vu le Pou insolemment installé à ma place, il y a quelqu'un en dedans de moi qui s'est mis à rugir. Quelqu'un en dedans de moi l'a accroché par le collet, l'a secoué jusqu'à ce que tous les plombages lui tombent des dents et l'a propulsé au nord de Bleury en vol plané sur les fausses notes de sa flûte. Je le connais bien, ce quelqu'un-là, c'est le même qui marque autant de buts à l'université que sur une patinoire de hockey, c'est celui qui arrache de la musique non pas à une flûte d'enfant d'école, mais à un sax de grand dieu nègre, et il joue si bien quand il joue du sax, il joue jusqu'à ce que les passants s'arrêtent et lui versent en guise d'argent l'or de leurs larmes. Je le connais bien, ce quelqu'un-là. Il est mou comme un fantôme, il s'évanouit juste au moment où tu crois l'apercevoir, et même le meilleur des gins blancs ne parvient pas à le faire sortir d'en dedans.
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Ils sont maintenant seul dans la classe, qui vibre encore d'énergie ébouriffée , son neveu Laurel et elle, et elle ressent pour lui une vague d'affection, et elle se prend à songer qu'il n'y a peut-être après tout de réconfortant et de solide que la famille, comme le savent encore les nouveaux arrivants avant de ne plus le savoir, gangrenés par la grande pauvreté nord-américaine du chacun pour soi.
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c'est tout ce qu'il souhaite, en ce dernier instant oū ils s'attardent ensemble sur l'écran du temps, la voir sourire sous les larmes qu'elle retient.
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Combien de temps un homme sain peut-il affronter la misère du néant sans être pulvérisé?
Il sanglote de peur
Tout passe, Thomas.
Il sanglote de peur, mais une idée passe au-dessus du vide: tout passe. Si l'amour de Mona, solide comme un roc, a pu passer et finir, c'est que tout passe, tout finit.
Cela, cette angoisse anéantissante, cet abîme de misère, finira donc aussi.
Un jour, il ne sait ni quand ni à force de quoi, mais un jour, très certainement il ne souffrira plus.
Et il s'enfonce dans le cessez-le-feu des somnifères, il plonge dans le premier sommeil d'avant l'année prochaine, il nage vers ce rendez-vous avec lui-même, là-bas au fond du gouffre, vers le Thomas délivré de la douleur intenable.
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"Dans les centres commerciaux, révélation percutante, les humains sont aériens et légers parce que la proximité de la consommation efface leurs rides existentielles, parce que la satisfaction, ou l'éventualité de la satisfaction, réduit momentanément leur angoisse à zéro". p.224
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