Golshifteh Farahani et Nahal Tajadod : L'exil (France Culture / L'Atelier intérieur). Émission diffusée sur France Culture le 12 juillet 2014. Nahal Tajadod et Golshifteh Farahani - 2012 - ©Tina Merandon. Son site internet : http://www.tinamerandon.com. LAtelier intérieur s'ouvre à lexil. À ce qui fait perdre et tout recommencer. Ce qui fait réfléchir à ce que lon garderait : quest-ce qui pourrait témoigner de ce que lon a été ? Le poète persan Rūmī avait choisi la poésie. Le poème se lit, oui, mais dabord il se vit. Et comme cest le Printemps des poètes cette semaine dans les Ateliers de la nuit, deux femmes en studio, deux vies cramponnées à la poésie. Dont on pourrait dire : cest tout un poème. Dailleurs lune est devenue le personnage du roman de lautre. Golshifteh Farahani a dit oui à Nahal Tajadod. Ce sont deux exils à 30 ans décart. Deux Iran. Golshifteh a fait son premier film à 14 ans, et à 14 ans déjà elle réalise que tout est éphémère. Elle se dit petit soldat du cinéma, qui un jour prend sa liberté au risque de perdre son pays. Limage de départ ce soir serait celle-là : « La maison de notre enfance celle qui nexiste plus, celle qui est en ruine, celle qui est habitée par dautres » écrit Nahal Tajadod. Lexil accélère loubli, il paraît. Pourtant il reste encore les odeurs des bibliothèques, les bruits des portes, pourtant il y a des lieux que lon ne quitte jamais. Après une biographie de Rūmī, Nahal Tajadod sintéresse à Golshifteh Farahani. Parce quelle a en elle la question du poète : « Doù je suis, moi ? » Pour lémission de ce soir, Golshifteh nous a dit : « Je suis là lundi soir à 99%. Probablement. » On a décidé dy croire et on a bien fait. On a pris le risque : davoir une absence, parce que la vie nomade cest aussi ça parfois : du silence à un endroit. Cest ne promettre à personne un lieu à telle heure parce quà elle rien na été promis. Cest ne pas croire complètement aux rendez-vous. Cest présenter tout comme un miracle. Une chance. Quand on vous a enlevé lenvol et lélan, pour mettre sous vos pieds la contrainte de certains tracés, alors : arrive ce qui arrive. Et ce nest pas une coquetterie. Ça fait partie du poème. Ça fait partie du poème, donc, de se dire que lémission de ce soir aurait pu ne pas avoir lieu. La présenter comme un miracle, et alors qu'elle fait du silence à un autre endroit : la vivre jusquà minuit en faisant linventaire de tout ce quici ou très loin, témoigne et témoignera toujours, comme cette maison habitée par dautres, de ce que lon est. Golshifteh Farahani, actrice iranienne, en exil depuis 6 ans. Et Nahal Tajadod, écrivain iranienne, pour son roman Elle joue : récit de la vie de Golshifteh Farahani et de leur amitié. Sur leur exil, la reconstruction dun intérieur « ailleurs ». Nahal Tajadod est spécialiste du poète persan soufi Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī. Invitées : Nahal Tajadod, écrivain Golshifteh Farahani, comédienne Thèmes : Création Radiophonique| Cinéma| Littérature Française| Théâtre| Cinéma Iranien| Exil| Poème| Golshifteh Farahani| Nahal Tajadod| Anne Steffens| St.Lô| Musique| Poésie| Rūmī| Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī Source : France Culture
Jude l'Obscur