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Critiques de Nancy Huston (1101)
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L'Empreinte de l'ange

Pour beaucoup d'anciens, l'événement majeur de 1957 restera la première victoire de Maître Jacques sur le Tour de France. D'autres aiment à se remémorer Albert Camus recevant à Stockholm le prix Nobel de littérature. Les uns et les autres ont peut être oublié que c'est précisément cette année-là que les appelés français ont appris bon gré mal gré à torturer les fellaghas en Algérie.



“L'Empreinte de l'ange” débute à Paris en cette période troublée de la Quatrième République finissante. L'auteure, Nancy Huston, se garde bien d'émettre un jugement tranché quant au jusqu'au-boutisme de l'Etat Français à conserver dans son giron les territoires algériens. Toutefois ses remarques et allusions distillées sans complaisance immergent rapidement le lecteur dans le contexte extrêmement tendu de l'époque.



Si l'intrigue épouse peu ou prou les années de la guerre d'Algérie, elle évoque avant tout un adultère vécu passionnément à Paris entre une jeune allemande et un juif hongrois.

Dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale, encore enfants à l'époque, Saffie et András ont été marqué au plus profond de leur être par les atrocités commises dans leur pays respectif.

Saffie profite des absences répétées de son mari Raphaël, flûtiste de renommée internationale, pour traverser la Seine et rejoindre l'homme qu'elle aime. Son bébé légitime, Emil, l'accompagne chaque fois jusqu'à l'atelier où les mains du hongrois réparent avec habilité les instruments de musique les plus divers.

Bien qu'engagés sur une voie scabreuse, les amants goûtent pour la première fois de leur existence à une douce félicité. Extérioriser le passé qui les hante, permet à ces deux êtres de peu à peu découvrir leur véritable nature.



“L'Empreinte de l'ange”, roman publié en 1998, est sans nul doute une des oeuvres majeures de la plus française des auteures canadiennes.

S'appuyant sur des faits historiques d'une extrême gravité, tel le massacre par la police française de dizaines de manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris, Nancy Huston montre à de nombreuses reprises combien le fil de la vie est ténu lorsque l'arbitraire devient force de loi.

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Lignes de faille

Je ne tombe décidément que sur de très bons crus littéraires en ce moment !

"Lignes de faille" est en effet pour moi un coup de cœur, du fond comme de la forme !



A la base, je ne suis pas une grande adepte de Nancy Huston, je me souviens avoir lu un de ses romans il y a une quinzaine d'années, qui ne m'avais guère enthousiasmée. Mais, ayant croisé ce livre au détour d'une séance de "Babeliotage", et me rappelant combien ma mère aimait cette auteure, je me suis dit, allons-y !

Bien m'en a pris, car quel bon moment j'ai passé !



Pas un moment de rêverie calme et apaisée, non, le sujet m'a trop interpellée pour cela, j'étais choquée parfois, tant par le contexte historique, que par la conduite de ses protagonistes, mais tout est si bien écrit, si bien construit, les personnages sont si crédibles dans leur comportement...

Quel don de psychologue a Nancy Huston !!!!



La construction, à reculons, du récit, est parfaite, elle explique au fur et à mesure, le comment du pourquoi de la construction de la personnalité de l'enfant suivant. Chaque vécu de l'enfant aboutit à ce qu'il devient adulte, et donc à sa propre influence sur l'enfant dont il est le parent. tout s'intrique, s'explique, et le lecteur assiste, impuissant, à tous ses non-dits, qui, par ricochet, aboutissent à des enfants, traumatisés sans en avoir conscience.

On ne juge pas, comment pourrait-on, mais on devient soi-même plus conscient de l'importance de la parole dans la relation à l'enfant, de l'oralité essentielle qui permet à l'enfant de "digérer" tout événement, petit à petit, même les plus lourds, de ne pas commencer sa jeune vie en portant le poids des blessures de ses parents.



Une jolie leçon d'éducation, de pédagogie émotionnelle, à laquelle se trouve ajoutée une leçon d'histoire, de l'Histoire juive du XXème siècle, de la seconde guerre mondiale à la construction de l'Etat hébraïque.



Enfin, on y trouve aussi un point de vue à multi-voix sur l'identité juive, qu'est-ce qu'être juif, un fait du sang, ou une volonté propre, décidée?



Enfin, j'ai aimé le titre, tellement adapté au contenu du roman, ainsi que sa couverture, elle aussi très bien choisie, qui met en lumière le lien entre parents et enfants, la fragilité de ses personnages, la fragilité de ses liens, (les personnages sont en papier), et cette lumière diffuse...



Bref, une pure réussite!! Un livre que je relierai probablement d'ici quelques temps pour un approfondissement!





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Arbre de l'oubli

Nancy Huston signe un roman ambitieux remarquable mélangeant les époques pour donner vie à deux familles, l'une juive et l'autre protestante, unies par leurs enfants athées, Lili Rose et Joel. Deux personnages centraux qui, comme avant leurs parents et ensuite leur enfant, sont ancrés dans leur époque dont ils ressentent et vivent à des degrés divers les changements radicaux comme les évolutions plus discrètes. Joel, qui défend la cause animale et s'indigne du racisme et du passé esclavagiste de son pays, devient un brillant anthropologue végétarien longtemps abstinent sexuel. Lili Rose qui avant son mariage a multiplié les amants d'un jour et tenté de combler ses failles avec des études sur le féminisme. Tout comme Shayna leur fille métisse, née d'une procréation pour autrui, révoltée contre la violence faite aux femmes et aux noirs, en quête de la compréhension d'elle-même et des autres, n'aura de cesse de retrouver sa mère biologique afro-américaine. Des personnages, tous autant qu'ils sont, avec leur trajectoire personnelle façonnée par les traumatismes de l'enfance et les croyances religieuses familiales, incarnant en partie l'histoire passée et présente du monde avec ses fêlures et ses grandes tragédies.



Challenge MULTI-DÉFIS 2021

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L'espèce fabulatrice

Romancière, Nancy Huston prend ici la plume pour rédiger un essai qui se veut délibérément subjectif, sans s'embarrasser d'une documentation savante. C'est rédigé façon Tractatus logico-philosophicus mais en nettement plus léger. L'argumentation se déploie à travers une suite de réflexions, livrées sous forme d'aphorismes et de brefs paragraphes développant chacun un argument. Que nous dit l'auteure ? Eh bien, que l'être humain se définit par les fictions qu'il invente perpétuellement : mythes, épopées, contes, histoires, tout est imagination et narrativité, nous ne pouvons faire autrement que de donner du sens à ce qui nous entoure.

Chaque mot dans ce texte étincelant d'esprit est pesé. Laissons parler Nancy Huston :

– fictions que nos mots… "Le réel est sans nom. le nom "juste" ou "naturel" – d'un objet, acte ou sentiment – n'existe pas." "Aussi loin que l'on remonte dans les étymologies, de mot en mot on ne trouve que d'autres mots, c'est-à-dire d'autres signes arbitraires, découpant le monde, construisant leurs objets au lieu de les trouver." "C'est nous seuls qui les avons engendrés. Ils sont réels puisqu'ils font partie de notre réalité, mais ils ne sont pas "vrais"." "Toute nomination est un acte magique."

– fiction que notre moi… "Je est une fiction." "La conscience, c'est l'intelligence plus le temps, c'est-à-dire : la narrativité." "En pénétrant dans notre cerveau, les fictions le forment et le transforment. Plutôt que nous les fabriquions, c'est elles qui nous fabriquent – bricolant pour chacun de nous, au cours des premières années de sa vie, un soi." "Pour disposer d'un soi, il faut apprendre à fabuler. On l'oublie après, commodément, mais il nous a fallu du temps, et beaucoup d'aide, pour devenir quelqu'un. Il nous a fallu des couches et des couches d'impressions reliées en histoires. Chansons. Contes. Exclamations. Gestes. Règles. Socialisation. Propre. Sale. Dis pas ceci. Fais pas cela."

– fiction que notre identité… "Personnage et personne viennent tous deux de persona: mot bien ancien (les Romains l'ayant emprunté aux Etrusques) signifiant "masque"." "Un être humain, c'est quelqu'un qui porte un masque." "Chaque personne est un personnage." "La spécificité de notre espèce, c'est qu'elle passe sa vie à jouer sa vie."

– fiction que notre mémoire… "Notre mémoire est une fiction. Cela ne veut pas dire qu'elle est fausse, mais que, sans qu'on lui demande rien, elle passe son temps à ordonner, à associer, à articuler, à sélectionner, à exclure, à oublier, c'est-à-dire à construire, c'est-à-dire à fabuler."

– fiction que l'histoire… "Tout récit historique est fictif dans la mesure où il ne raconte qu'une partie de l'histoire".

– il y a de quoi devenir parano… "La peur est la réaction normale de tout animal menacé de mort ; mais le fait de savoir d'avance qu'on va mourir, et de vivre dans la narrativité, change tout." "Les humains interprètent tout, et une de leurs interprétations favorites est la suivante : si j'ai un problème, c'est que quelqu'un m'a voulu du mal" "La paranoïa, maladie de la surinterprétation, est la maladie congénitale de notre espèce."

– et conduire au désespoir… "Le Sens est notre drogue dure" "Le Sens dépend de l'humain, et l'humain dépend du Sens." "Quand nous aurons disparu, même si notre soleil continue d'émettre lumière et chaleur, il n'y a aura plus de Sens nulle part. Aucune larme ne sera versée sur notre absence, aucune conclusion tirée quant à la signification de notre bref passage sur la planète Terre : cette signification prendra fin avec nous."

– mais… "Le fait de croire en des choses irréelles nous aide à supporter le réel."

– et l'acte de fabulation qu'est le roman vient à notre secours… "Seul le roman se déroule exclusivement au plus intime de notre être, à savoir dans notre cerveau. Partant, il nous fait entrer dans le cerveau des autres et nous rend témoins." "A la faveur de la lecture, et de l'identification qu'elle permet aux personnages d'époque, de milieu, de culture autres, l'on parvient à prendre du recul par rapport à son identification reçue. Partant, l'on devient plus à même de déchiffrer d'autres cultures, et de s'identifier aux personnes les composant."

– alors est-ce que je crois à tout ce que dit Nancy Huston ? Non, quand elle écrit que la science ne produit pas de sens, ou que l'association des hommes dans le but d'asservir des femmes serait à l'origine de la civilisation, je n'adhère pas. Mais rappelons-le, il ne s'agit pas d'une oeuvre savante et Nancy Huston est romancière. Elle s'exprime dans un langage plein de poésie et d'humanité, en faisant des variations sur chacun des thèmes abordés. Peut-on lui en vouloir de fabuler un peu ou même beaucoup ?
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Lèvres de pierre

Il y a deux mois, j’ai eu l’occasion exceptionnelle de rencontrer Nancy Huston à Namur.

Femme pleine d’humour, d’autodérision, profonde, elle m’a complètement séduite.

Elle était venue à Namur pour présenter son livre « Lèvres de pierre » qui raconte en parallèle l’enfance et l’adolescence du futur Pol Pot, le tyran du Cambodge, et sa propre enfance et jeunesse, d’abord à Calgary puis aux USA, en passant par Paris.



Vous allez me dire « mais qu’ont en commun ces personnages aux antipodes l’un de l’autre » ?

Les lèvres de pierre.

Le sourire du Bouddha,énigmatique et doux, Saloth Sâr, le futur Pol Pot, l’affichait sur son visage, à l’instar des Asiatiques. Ce sourire n’est qu’une façade, une façon de se protéger du monde extérieur, de le tenir à distance. Enfant doux et peu ouvert aux autres, pas du tout doué pour les études, il se faisait souvent humilier par ses camarades et par les adultes.

Nancy Huston, durant toute sa jeunesse, a dû faire face elle aussi non pas à l’humiliation, mais à l’exploitation des hommes envers elle. Jolie, elle était perpétuellement en butte aux assauts des « mâles alpha ». Anorexique, le sourire énigmatique protégeait son identité profonde.



Saloth Sâr et Nancy Huston partagent aussi la passion du communisme, qu’ils ont connu à Paris.



J’ai apprécié ce livre tout en m’en distanciant quelque peu. Je préfère nettement les romans de Nancy Huston. Je n’ai ressenti aucune empathie pour les 2 personnages (pour le futur Pol Pot, cela m’aurait vraiment ennuyée !) mais c’était très intéressant quand même de connaitre la jeunesse d‘un tyran et d’une écrivaine à succès.



Pour terminer, voici deux extraits de l’épilogue qui prêtent à réfléchir :

- « Regardez-moi, dira-t-il en souriant à un journaliste venu l’interviewer quelques mois avant sa mort. Ai-je l’air d’un homme violent ? »



- « Contre toute attente, elle finira par aimer manger et faire à manger, rire aux éclats et se détendre au cours de longues soirées amicales. Mais, année après année, elle continuera à torturer et à tuer dans ses livres…et à sourire, au-dehors, comme si de rien n’était ».

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Lignes de faille

" lignes de faille" de Nancy Huston est l'histoire d'une famille, quatre générations d'enfants nous racontent leurs vies de tous les jours avec leurs mots, souvent touchants, parfois cruels ou glaçants.

Des tranches de vie disséquées. Nancy Huston décortique avec finesse ses personnages.

Sol par exemple l'arrière petit fils est un enfant gâté, un " enfant -roi " il suit sur internet la guerre en Irak, en 2004 il a 6ans les scènes de torture ne lui font pas peur, il en jouie même.

Ses réflexions sont terribles.

Randall, lui fait parti de la troisième génération, il a 6ans en 1982, la guerre du Liban il ne connaît pas grand-chose, Randall aime Nouzha une petite palestinienne. Il vit à Haïfa, il est américain donc du côté d'Israel, le massacre de Sabra et Chatila va être la fin de leurs relations.

"Lignes de faille " est aussi un roman sur ces secrets de famille bien enfouis et qui ressurgissent du passé.

Un excellent roman sur le temps qui passe, une réflexion sur l'éducation familiale, sur le devenir de chacun face à une histoire commune.

Mon premier roman de Nancy Huston que je vous conseille.

Bonne lecture et bonne rentrée.
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L'espèce fabulatrice

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous aimiez tant lire ?

Parce que le roman nous montre la vérité des humains, parce que le roman est civilisateur, en nous donnant d’autres points de vue, d’autres cultures, d’autres manières de voir le monde. Nous nous identifions aux personnages du roman, et nous devenons multiples. Nous acceptons donc la diversité, les autres cultures, les autres fictions.

Voilà le grand message de Nancy Huston dans cet essai salvateur, qui nous réconcilie avec notre condition d’hommes.



Elle retrace notre histoire, ou plutôt les histoires que l’être humain s’est toujours racontées pour créer son identité.

Oui, nous créons continuellement des fictions, nous fabulons. Depuis nos origines, notre nom, notre lignée, notre nation, notre religion, notre race, notre métier, et j’en passe, l’être humain invente des histoires. Il les dit réelles, il les croit réelles, alors qu’il ne fait que répéter ce qu’il a entendu, ce qu’on lui a dit dès sa prime enfance.

« Parce que nous sommes incapables, nous autres humains, de ne pas chercher du Sens. C’est plus fort que nous. Nous sommes les seuls, de toutes les espèces, à savoir que nous sommes nés et que nous allons mourir ». Donc nous avons peur. Donc nous inventons des fictions.

L’amour, la guerre, la religion, l’enfantement...tout est fiction. Il suffit de voir comment ils sont racontés dans d’autres cultures.



« Un être humain, c’est quelqu’un qui porte un masque.

Chaque personne est un personnage.

La spécificité de notre espèce, c’est qu’elle passe sa vie à jouer sa vie.

L’identité est construite grâce à l’identification. Le soi est tissé d’autres ».



J’ai adoré cet essai car Nancy Huston nous donne vraiment un message optimiste. Elle part de notre réalité, l’analyse et en tire une conclusion positive, en y mêlant le roman, qui nous aide à « montrer la vérité de tous les humains » tout en ne nous emprisonnant pas, tout en respectant notre liberté de pensée et tout en la magnifiant.

Puisque notre vie est faite de fictions, autant en choisir des riches et belles, celles qui nous portent, nous élèvent et finalement nous rendent fiers d’être Hommes.

A cela, j’adhère totalement.



Je vous invite à lire cet essai très facile et très structuré, il vous aidera à vivre, pas à la manière de ces auteurs qui nous imposent leur vision de la « bonne vie », mais à la manière des philosophes accoucheurs de sens qui nous amènent à réfléchir et à nous libérer de nos entraves intellectuelles.

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Les Variations Goldberg

« Les variations Goldberg » avec à la baguette Nancy Huston. Affiche au combien alléchante. Un soir d’été une jeune virtuose du clavecin offre à un cercle d’amis ce moment de grâce. Nancy Huston pénètre dans le cerveau de chacun au rythme des fameuses variations. La musique adoucit les mœurs, l’écriture talentueuse de la canadienne aussi. Finesse, intelligence, cette parenthèse enchantée est un vrai bonheur de lecture. Et histoire de prolonger le plaisir , on s’octroie le droit de prendre un trente et unième siège pour écouter la musicalité du texte sur la partition de Bach. Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Merci Madame Huston.

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Lignes de faille

Lignes de faille raconte à la première personne l'histoire de quatre générations, à travers le récit de quatre enfants : sol (2005), randall (1983), sadie (1962), Kristina / Erra (1945), témoins de la folie des hommes et que chaque destin aura des conséquences directes sur la génération suivante.

Chaque histoire s'imbriquant les unes dans les autres telle des poupées russes. Un roman vu à hauteur d'enfants sur la filiation pour comprendre le monde si compliqué des adultes, Huston déroule ces histoires de façon remarquable tant dans sa construction originale que dans l'écriture fluide et agréable.

L'auteur franco canadienne signe une nouvelle fois un roman d'une grande force, brillant, poignant, tout en nuance. Nancy Huston confirme toute son originalité et son intelligence avec ce roman dont on ne sort pas indemne.

Récompensé par les prix "Fémina" et "France Télévisions".
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Une adoration

S’il est vrai que nous sommes faits par les histoires des autres et que nous nous construisons, Nancy Huston a ici parfaitement développé ce propos !

C’est l’histoire d’un personnage – de roman ? – qui est circonscrit par toute une série d’autres personnages. Une histoire en creux, en quelque sorte. Un roman choral. Une suite d’interventions comme au tribunal, où chacun vient témoigner de ce qu’il sait de Cosmo, le comédien célèbre assassiné. Même le couteau qui l’a tué parle. Même la passerelle sur laquelle le comédien s’est essayé à inventer ses sketches. Même la baguette de pain...Même la romancière.

Et à qui s’adressent tous ces « gens » ? Au juge. Mais qui est le juge ? Le lecteur ?



Un parti-pris très vivant, une mise en scène audacieuse.

Mise en scène est bien le mot approprié, car tout au long de cette lecture amusante et tragique à la fois, je m’imaginais au théâtre – il est vrai que je reviens du festival d’Avignon - .

Une focalisation multiple, donc, et très humaine, qui met le doigt sur beaucoup de thèmes quotidiens abordés avec justesse et passion : la maternité, le couple, l’amour, l’enfance et l’adolescence, le statut de comédien, l’homosexualité, l’art, la folie, et j’en passe.



Et la fin ! Non, je ne la dévoilerai pas. Très déroutante, en tout cas, et à la hauteur de la narration.



Bref, un roman très hustonien, très original, peut-être à certains moments répétitif, mais à retenir. A lire. A siroter. A...adorer ?

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Lignes de faille

Ligne de faille est un livre qui pourrait très bien se lire à reculons, en débutant par le dernier chapitre pour terminer par le premier, il serait tout aussi compréhensible, mais perdrait beaucoup de sa force. Dans ce roman, Nancy Huston évoque des instants de vie de quatre enfants de la même famille (deux garçons et deux filles) à des époques différentes en débutant par l'année 2004 pour terminer par l'année 1945.



L'auteur a choisi pour point fixe l'âge de six ans pour chacun de ses protagonistes, c'est l'âge qu'elle même avait quand sa propre mère a quitté le domicile familial...



La violence sournoise, insidieuse, glauque et quasi permanente de la première partie a bien failli avoir raison de mon envie de lire ce bouquin. Le comportement licencieux et morbide du petit garçon, Sol, m'a beaucoup troublé et dérangé, ainsi que son incroyable maturité. Nonobstant ce côté perturbant des premières pages, ce livre est remarquable.



Les chapitres suivants s'abordent plus sereinement car, même si le fond reste toujours sombre, les comportements des enfants sont plus faciles à comprendre et les ascendants du petit Sol nous délivrent vite du poids du premier chapitre.



Ce roman traite principalement de la filiation et des relations mère-enfant. Le thème du lien maternel est très fortement développé ainsi que celui de la guerre et des dégâts collatéraux sur les familles. J'ai beaucoup appris sur le "Lebensborn", association gérée par la SS dans le cadre de sa politique d’eugénisme.



Je vous conseille cette lecture qui est particulièrement marquante, mais aussi parce que l'écriture de Nancy Huston est vraiment, vraiment belle...
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Danse noire

Fidèle à son style, Nancy Huston aborde des thématiques compliquées tels l'exil où les tentacules du passé s'agrippent au présent tel des fantômes.



Féministe dans l'âme, elle effleure la condition de la femme sur plusieurs générations et les conséquences désastreuses de leur manque d'instruction.

Par une suite de chapitres à la chronologie volontairement malmenée, sous le prisme d'une réalisation cinématographique, l'auteure nus conduit avec puissance dans un labyrinthe de miroirs où se reflètent les attirances et les répulsions des identités qui finissent par s'entremêler.



La romancière démontre que la petite Histoire, celle des rebelles irlandais et celles des nationalistes québécois, peuvent creuser la grande Histoire.



Tour à tour poétique et rude, vert et fusant, le style s'enroule comme des lianes autour du lecteur, le ligotant à cette histoire étrangement belle où le travail de souvenirs aide parfois à comprendre les évolutions familiales.





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Lèvres de pierre

"Lèvres de Pierre, façade lisse, "ah! Surprenante démarche de l'auteur dont j'ai lu beaucoup d'ouvrages : "Cantique des plaines" , "Lignes de failles " L'empreinte de l'ange, " Une adoration " .etc.....Curieux ouvrage !

" Ton sourire s'étire, s'étend,,et finit par devenir une deuxième peau "



" Sourire au dehors , le sourire des moines du Vat Botum Vaddei , le sourire du Bouddha " ....



Un masque qui protège comme les Bouddhas de Pierre ? Un troublant miroir tendu ? Rapporté à l'histoire violente d'un pays ? Un vertige bien commode ?



Qu' y a- t-il de commun ?

Quels sont les points de convergence entre une femme de lettres Canadienne et un certain Saloth Sār, garçon discret cambodgien grandissant à la campagne , faisant longtemps pipi au lit , moqué par ses frères, aux mues extrêmement douloureuses devenu un dictateur cambodgien connu pour avoir massacré près d'un million de ses concitoyens , le responsable du plus grand génocide du 20 ème siècle ?

Dans son livre elle s'adresse à " Cet Homme Nuit " , retrace son parcours et les étapes cicatricielles qui fabriqueront un Monstre ......





Je dois avouer que j'ai été déstabilisée , incrédule par le parallélisme entre Dorrit , double de la romanciére , son propre parcours , son vécu, un récit d'apprentissage en deux parties bien construites et la jeunesse de Saloth Sār, à la personnalité méconnue, à peine adulte qui prendra bîentôt le nom de Pol Pot .....

À partir d'une série de similitudes entre ces deux parcours l'auteur tisse des fils fantômes , brosse les portraits troublants de deux êtres aux contours fragiles " dévorés d'abord par la peur , puis par la rage ".

Sār se réfugie dans l'échec scolaire , grandit dans l'ombre de son pére , se révèle dans la discipline de la foi Bouddhiste " Dominer, contrôler et , à terme faire disparaître le soi, cette illusion. "

" Personne n'a le droit de pleurer , de parler, de rire ni de sourire , car les émotions sont illusoires au même titre que le reste ..."

Il émigre à Paris , fréquente l'intelligentsia Khmère ..

Dorrit , elle,,se réfugie dans la réussite scolaire mais l'un et l'autre se sentent seuls. Elle découvre la fureur militante et le marxisme dans les rues de la capitale au quartier latin.

Son éducation politique , son penchant pour l'extrême gauche , le contexte familial , la radicalité de ses années étudiantes sont décrites avec précision, comme chroniqueuse et auteur féministe ....

L'écriture est somptueuse , la construction brillante , où l'on croise la poésie de Paul Verlaine , André Malraux, Le banquet de Platon, Molière ....



Bercés par leurs douleurs, leurs fantômes d'enfants brisés se croisent et esquissent une ultime réflexion sur les chemins de Pierre cahoteux qui ménent à l'engagement .



Du politique sanguinaire , tyrannique à la Romanciére écorchée vive , y- aurait- il un pont improbable jeté façonnant les chemins de la destruction ou de la création entre deux " "Monstres" qui sourient ?

Cet ouvrage singulier est une interrogation sur l'engagement et le pouvoir du hasard , le masque du sourire impénétrable , indélébile pour mieux cacher des secrets ....



Je dois avouer que l'écriture sublime m'a permise de réfléchir lucidement à ces échos et ces sillages .

Je reste perplexe à propos de ces correspondances entre les parcours de ces deux êtres que , à priori tout oppose ....

Un ouvrage riche , surprenant .....

Il fallait oser !

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Cantique des plaines

Il suffit parfois de peu de choses pour susciter l'envie.

Un titre intrigant, une couverture splendide - et pour ça, les éditions Babel s'y connaissent – et vous voilà à tenir entre vos délicates mimines le Cantique Des Plaines de Nancy Houston.



Paddon Sterling vient de casser sa pipe.

Véritable dépositaire de cette lignée expatriée au Canada, ce vénérable ancêtre n'est plus, laissant à Paula, sa petite-fille, le soin de relater l'épopée familiale par le biais de recoupements personnels basés sur ses propres souvenirs et complétés par un manuscrit quasi illisible rédigé par le défunt.



Les racines du mâle, version Huston. We've got no problem.

Le périple s'étend sur quatre générations, focalisant majoritairement sur le patriarche et ses rêves de grandeur désenchantés.

Un être doué de raison qui aura fantasmé trop grand pour lui.

Une vie emplie de bonheurs furtifs contrebalancés par un lot de déconvenues semblant lui coller aux basques comme le sparadrap au capitaine Haddock.



A la fois touchant et initiatique, ce long chant funèbre rend un bien bel hommage à son inestimable aïeul et à ses choix de vie, parfois discutables, mais toujours assumés, toujours porteurs d'enseignements bâtisseurs.



3,5/5
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Lignes de faille

La force de ce texte m'a emportée de pages en pages sans que je puisse décrocher .

Nous voilà partis des années 2000 aux années 40, à travers les narrations de moments de vie d'enfants de 6 ans, tous de la même famille . Nous remontons le temps en suivant une filiation . Dans la première partie, un enfant de 6 ans nous parle de sa vie , de son père, de sa grand mère, et de son arrière grand mère , puis, nous découvrons le père à six ans qui nous parle de sa mère et de sa grand mère, et nous remontons ainsi jusqu'à l'enfance de kristina ou Erra en 1944/1945.

Tous ont un lien physique, une marque corporelle qui se perpétue, une tache de naissance... Chacun noue avec elle une histoire particulière et intime... Mais il semble que d'autres choses se perpétuent par eux à leur insu, choses indéfinissables et qui ne se parlent pas, secrets et émotions qui deviennent angoisses, peurs et silences.

Quand je suis arrivée à l'enfance d'Erra et à son traumatisme, enfant volée pour rejoindre un lebensborn avant d'être adoptée dans une famille allemande, puis placée dans une famille au Canada , j'ai eu envie de reprendre la lecture de ce livre mais à l'envers...

Recommencer ma lecture par la quatrième partie pour revenir doucement jusqu'à l'enfance du jeune petit américain... J'ai saisi la richesse extrême de la construction de ce livre. Des traces de filiations comme la tache de naissance ponctuent le fil du récit, d'autres permanences plus diffuses s'y promènent, sans doute à foison... Je ne les a pas toutes relevées, il faut le relire...

Je ne l'ai pas encore fait, mais voilà qu'en écrivant ce petit texte sur un de mes meilleurs moments de lecture de l'année je décide de m'y remettre...

http://sylvie-lectures.blogspot.com/2007/04/lignes-de-faille-nancy-huston.html
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Instruments des ténèbres

Vite vite me débarrasser d’une critique à rédiger d’un roman que j’ai vraiment peu apprécié.

Décidément, Nancy Huston ne me convient guère de ces temps-ci, et « Instruments des ténèbres » est un roman qui enfonce. Dans le noir, le vide, l’obscurité, la fange. Et là, franchement, je n’ai pas besoin de ça pour le moment ! Ou du moins – car qui a besoin de pourriture – je n’étais pas prête à assumer le propos de cette histoire.



Deux époques : la contemporaine, où une narratrice-auteure de romans converse avec son « daemon » et lui narre son dégoût profond pour la vie, pour le fait de donner la vie.

« La nature, je m’en fous éperdument, le miracle de la vie ne me touche pas, la haine est une de mes grandes et belles spécialités intimes. »



Et puis, intercalée, l’époque du 18e siècle, avec l’histoire de jumeaux orphelins dès la naissance. L’accouchement d’ailleurs y est décrit en long et en large et rien ne nous est épargné. Puis le destin du garçon et de la fille nous est conté, sans nous éviter moults détails très triviaux.

Il y est question de viol, de mort, de torture, de pauvreté crasse, de famine, et j’en passe.



J’ai bien compris que la narratrice moderne voulait montrer que les histoires qu’elle invente servent d’exutoire à toute la violence qui s’est heurtée à sa vie.



Mais voilà, je ne suis pas en état de supporter encore quoi que ce soit de boueux et d’immonde.

C’est très bien écrit, comme Nancy Huston sait le faire. Mais que c’est noir noir noir.

Peut-être quand même y a-t-il un peu d’espoir…

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Reflets dans un oeil d'homme

Nancy Huston est une grande romancière. "Lignes de faille" compte parmi mes livres favoris. Mais c'est aussi une féministe engagée dont le dernier essai s'inscrit en faux contre les théories constructivistes de l'indifférenciation des sexes.



A rebours de l'idée désormais majoritairement admise que les identités sexuelles sont construites, qu'on ne naît pas femme (ou homme) mais qu'on le devient, Nancy Huston ose réaffirmer le primat de la biologie. Sans doute ne sommes-nous pas des chimpanzés (comme l'a clamé Elisabeth Badinter), mais le sommes nous malgré tout quand même encore un peu. "Le mâle a intérêt à répandre sa semence le plus largement possible dans le plus grand nombre possible de corps de femelles jeunes et bien portantes c'est-à-dire susceptibles de mener une grossesse à terme et de survivre à un accouchement" (p. 22). La femme, elle "n'a pas intérêt à copuler avec le premier venu" et aura "tendance (car intérêt) à choisir ses partenaires avec discernement, préférant un mâle qui lui semble non seulement physiquement fort mais psychiquement fiable, susceptible de rester plusieurs années auprès d'elle et de l'aider à nourrir ses petits" (idem). La preuve - administrée avec cette rigueur scientiste dont seuls les Etats-Unis ont le secret : appelés à indiquer l'odeur qui les attire le plus sur des T-shirts masculins, des jeunes femmes choisissent ceux portés par les hommes dont les anticorps diffèrent le plus des leurs, c'est-à-dire le géniteur potentiel qui fournira à leur descendance la meilleure protection (p. 86).



Nancy Huston dépiste la trace de ces irréductibles différences biologiques dans les regards que s'échangent les hommes et les femmes.

Les hommes regardent les femmes. Bien sûr, rétorquera-t-on, les femmes n'ont pas les yeux dans leurs poches et regardent aussi les hommes ; mais leur regard n'a jamais la même insistance, la même impudeur, la même violence que ceux qui chaque jour déshabillent à leurs corps défendants (!) les jolies filles.

Les femmes sont des "reflets dans un œil d'homme" (allusion revendiquée au titre du roman de Carson McCullers). Non pas l'objet passif de la concupiscence masculine, mais l'actrice dédoublée de ce regard. Dédoublée car devant son miroir la femme "regardée" devient aussi "regardante". Et si la femme regardée est féminine, la femme regardante est, elle, masculine : elle se porte le regard qu'elle imagine les hommes porter sur elle.

C'est ce qui explique que la coquetterie féminine ait encore de beaux jours devant elle. Et Nancy Huston de souligner le paradoxe d'une société qui nie la différence des sexes mais où les industries de la beauté et de la photographie n'ont jamais autant valorisé, au risque de le réifier, le corps féminin.

On pourrait reprocher à Nancy Huston - et aux déterminismes - sa tendance à la généralisation. Toutes les femmes ne sont pas coquettes, lui fera-t-on remarquer, tandis que l'homme contemporain métrosexuel devient plus soucieux de son apparence et que le corps masculin est lui aussi réifié comme dans les magasins Abercrombie. Mais on s'accordera à reconnaître que la coquetterie est globalement plus féminine : il suffit de se promener ces jours ci dans n'importe quelle station balnéaire pour être frappé du soin que mettent les femmes à se maquiller, à se coiffer et à s'habiller pour sortir tandis que leurs compagnons masculins dépenaillés ne manifestent guère de souci de leur apparence.



En plein débat autour du Mariage pour tous et de la "théorie des genres", l'essai de Nancy Huston se prêtera à des lectures polémiques. Parce que le constructivisme est classé à gauche et le déterminisme à droite, on aura tôt fait de la ranger parmi les penseurs rétrogrades. Ce serait caricaturer une réflexion autrement plus subtile.
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Dolce agonia

« Les choses les plus importantes font défaut dans les livres qu’on écrit et qu’on enseigne. Si peu d’entre eux évoquent le déclin du désir. L’enlaidissement, la fragilité, l’effroi. La douleur qui nous obstrue la gorge ».

Voilà ce que pense un des 11 invités de Sean Farrell lors du souper de Thanksgiving.





Que vous soyez d’accord ou pas avec cette assertion, Nancy Huston, elle, a prouvé le contraire de magnifique façon dans son roman « Dolce agonia ».

Car il s’agit bien d’une douce agonie, oui.

Douce car nous sommes quand même entre amis, et l’on mange : dinde farcie bien juteuse, tarte au potiron, gâteau au chocolat. Et l’on boit !

Agonie car toutes ces personnes arrivent avec leur lot de vie, surtout de malheurs, qu’ils soient prononcés à voix haute, pensés, ou connus des autres.

Et là, je peux vous certifier que j’ai parcouru une vaste panoplie de tout ce qui peut arriver à des êtres humains !

En vrac : décès d’enfants, divorce douloureux avec interdiction de voir ses enfants, prostitution, viol, torture d’animaux, prison, cancer, boulimie, jalousie, alcoolisme, inceste, guerres, maltraitance, drogue, maladie d’Alzheimer, catastrophe nucléaire et j’en passe...





Les paroles et les pensées s’emmêlent, et même Dieu apparait épisodiquement, autant de fois qu’il y a de personnages, pour nous annoncer comment chacun va mourir.

Autant vous dire que mon cerveau a connu quand même quelques difficultés à s’y retrouver, car des gens, il y en a, vu que toute personne draine toute une flopée d’amis, ennemis, et membres de la famille. Voilà un devoir à donner : « Dressez une fiche par personne, reprenant tous les renseignements disséminés à travers le roman ».





En gros, c’est quelque chose de très jouissif de pénétrer ainsi dans les secrets des cœurs, dans les regrets, les remords, les envies détestables, les mesquineries, les tromperies, les espoirs déçus etc.

Mais c’est aussi tellement démoralisant. La nature humaine n’est-elle composée que de destructions continuelles ?

Nancy Huston a l’air d’y croire, en tout cas. Ou bien alors, elle s’est amusée follement à se venger de cet être civilisé que l’on dit humain...





« Ca ne s’arrêtera jamais, le cycle d’espoir et de désespoir, de destruction systématique et de reconstruction volontariste, mon Dieu, que se passe-t-il ici ? »

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Je chemine avec... Nancy Huston

Ayant eu la chance d'être sélectionnée en tant qu'"ambassadeur" pour les ouvrages "Je chemine avec..." par babelio, je tiens ici à leur adresser mes remerciements les plus sincères ainsi qu'aux éditions Stock pour l'envoi des trois prochains ouvrages que je m'apprête.



Tout d'abord, il faut que vous sachiez que j'adore le lundi car je ne travaille jamais (bien que j'adore mon métier dans ma petite médiathèque) mais aujourd'hui en particulier puisque ayant reçu les trois livres que je me suis engagée à lire aujourd'hui-même, j'ai pu profiter de ma journée à me plonger dans le récit passionnant que nous offre ici Nancy Huston. Cependant, je dois vous avouer que jusqu'à maintenant, j'ignorais tout d'elle mais grâce à ce récit de questions-réponses, j'ai l'impression de m'être fait une "amie" tant je me suis trouvée des points communs avec cette dernière (notamment sur deux des maladies que nous avons en commun...bref, je me suis reconnue à travers toute écrivaine, aussi talentueuse soit-elle - ce dont je ne doute pas pour Nancy Huston, bien que je n'ai jamais rien lu d'elle hormis ce petit ouvrage - est avant tout une personne, un être à part entière avec ses lots de joie certes mais aussi de malheur. Bon, certes, je n'en avais jamais douté mais c'est la première fois que je me sens aussi proche de quelqu'un (que je ne connais pas et ne connaîtrai probablement jamais) mais surtout que je mesure mon ignorance dans de nombreux domaines.

Ici, elle nous narre son enfance, abandonnée par sa mère à l'âge de six ans jusqu'à ce qu'elle devienne mère elle-même, les rapports qu'elle a entretenu avec son oère et sa belle-mère et surtout comment elle s'est plongée dans le monde de l'écriture.



Un récit extrêmement bien écrit dans lequel (et c'est là où cela devient paradoxal après avoir dit que je me sentais proche d'elle), je me suis sentie un peur perdu en référence aux nombreuses références littéraires qui me sont inconnues (encore...mais que j'espère combler autant que cela soit possible) et que je ne peux que vous recommander. Tiens, si vous allier cheminer avec...Nancy Huston ? En ce qui me concerne, j'ai été ravie de le faire !
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L'Empreinte de l'ange

Nous sommes à Paris, en 1957. Lorsque Raphaël reçoit Saffie suite à une petite annonce qu’il a publiée pour trouver une bonne à tout faire, c’est pour lui une évidence, elle sera la femme de sa vie, son épouse, la mère de ses enfants.

Il est troublé par cette jeune allemande, triste et détachée de tout. Elle évolue dans la vie en donnant l’impression de ne pas en faire partie, indifférente à ce qui l’entoure, le regard « sans reflet et sans mouvement ».

Elle accepte les conditions de travail, le salaire, le logement avant le mariage qu’il lui propose rapidement. Lorsque le premier enfant s’annonce, Saffie ne manifeste aucune joie, aucune émotion. La naissance du bébé la laisse aussi indifférente que ses premiers sourires.

Qu’est-il arrivé à Saffie dans le passé de si douloureux pour que la moindre émotion semble l’avoir irrémédiablement quittée ?

C’est Andras, un jeune luthier hongrois qui va percer le secret de Saffie.

A travers ses trois personnages, Nancy Huston nous entraîne dans l'aventure du XXe siècle, en chamboulant notre mémoire pour nous rappeler les crimes de notre temps, le nazisme bien sûr, les chambres à gaz, mais aussi la guerre d'Algérie, la torture instituée, le massacre du 17 octobre 1961, la haine, la révolte, la responsabilité de chacun, l'innocence perdue.



L’histoire de Saffie est douloureuse, son mal-être m’a mise mal à l’aise. Cette souffrance, jamais exprimée est bouleversante.



J’ai eu un grand plaisir à découvrir la plume de cette auteure, dont je ne connaissais jusqu’à présent que le nom.



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