AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Neal Stephenson (188)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Samouraï virtuel

Un récit bien rédigé .. bien construis .. idéal pour découvrir le cyberpunk.



Avec de grandes qualités de style pour ce qui est de la caractérisation , des dialogues et soliloques intérieurs fréquents qui sont de qualité , et de même pour ce qui est globalement de la matérialisation du contexte et du rythme dans la trame trame narrative .



C'est le roman idéal pour découvrir le cyberpunk à mon humble avis car presque toutes les thématiques de ce sous-genre de la SF y sont réunies .



On y trouve la dilution des pouvoirs politiques , la puissance des hyper-entreprises et autres trusts tout puissants et quasi souverains , la réalité virtuelle , les tensions sociales et les drames variés vécus par une main d'œuvre réduite à des rapports de force terribles ( quasiment dramatiques ) avec les employeurs . Une main d’œuvre livrée à une précarité sociale de chaque instant malgré les bénéfices certains d’un monde hyper technologique . On y retrouve aussi le libéralisme économique quasi anarchique , sauvage , violent et autorégulé avec , les enclaves privées quasi indépendantes et souveraines , avec les franchises .



Bref ... de la matière ... surtout quand c'est écrit avec brio et talent comme dans ce roman .

Du rythme donc ...



Le personnage principal est un livreur de pizza qui risque sa vie si il débarque en retard pour ses livraisons ( questions de vie ou de mort ) ou simplement si il tombe mal .

Le roman baigne dans une atmosphère en partie « onirique » du fait des drogues aux effets réels dans le monde réel et également dans le monde virtuel qui n’est pas moins réel que la réalité d’ailleurs .

Cette drogue est commercialisée par des dealers pas commodes du tout .



Un texte relativement bref mais Intense , très détaillé pour ce qui des aspects informatiques et pour la prospective autour de la réalité virtuelle , qui devient dans cet univers un environnement alternatif absolument palpable pour les personnages .

Tout cela sur fond de chaos personnel et social pour les personnages …. le tout en courant vite …



J'ai eu un peu de mal avec certains aspect " sumériens " de l'intrigue , une énigme dans le fil du récit …



Sinon je trouve que bouquin conserve malgré le temps qui passe tonus et validité et même une incontestable pertinence pour ce qui est de certaines extrapolations .

Surtout que le vocabulaire reste très actuel et que le texte ne vieillit pas à mon humble avis .



Un monde dangereux donc où il vaut mieux avoir la pèche et être malin , et avoir un goût certain pour l'action et l'activité physique , et surtout pour le lecteur : posséder une endurance certaine pour les concepts informatiques expliqués en long , en large et en travers.



…………………………………………………………………………………….

Pour info : le texte intitulé : Le samouraï virtuel au livre poche est le même roman que Snow crash chez Braguelonne ...

…………………………………………………………………………………….

Commenter  J’apprécie          618
Anatèm, tome 1

A l'ouverture du livre nous trouvons une note au lecteur.

Ah!

Du traducteur qui nous dit que si nous sommes coutumiers de la lecture d'oeuvres de fiction spéculative nous pouvons sauter cette note. Bigre!

Déjà ce n'est pas simple.

Non je ne suis pas coutumier, en revanche, j'ai choisi ce livre et je savais, donc, de quoi il retournait. Enfin je le croyais.

Mais ce ne fut quand même pas simple.

Le narrateur, habitant de la planète Arbre, en l'an 3689 après la reconstitution, est le Fraa (frères) Erasmas, vivant et étudiant dans la consente (monastère) de Saunt (saint) - Edhar, réunissant mathématiciens et philosophes.

Il existe d'autres monastères, de frères et de soor (soeurs) qui vivent sans relations avec les autres monastères pendant des périodes de 10, 100 et même 1000 ans. A chaque fin de cycle se trouve une courte période d'échanges et c'est au cours de l'une d'elles que le Fraa Erasmas s'aperçoit d'un changement dans le ciel d'Arbre qui risque de menacer la survie de toutes ces congrégations et de la planète. Erasmas par à la recherche de son mentor et, de ce fait, à la recherche de sa vie.

Voilà.

Pour revenir au début et à l'avertissement du traducteur il faut savoir que l'auteur utilise un nombre plus qu'important de néologismes, ceci avec la difficulté de traduction, sans omettre des contextes et noms propres et bien autres pièges. le travail de traduction de Jacques Collin n'en est que plus remarquable.

De fait l'entrée en lecture est difficile, mais les termes étant redondants le lecteur s'y habitue, comme un roman normal avec ses noms, prénoms, lieux, usages, etc. Ou si l'on veut les termes que chacun peut appréhender dans sa région natale. Il faut, cependant, passer une bonne centaine de pages, très indigestes, difficiles d'accès dans notre incompréhension et avoir une grande envie de poursuite ou comme le dit un lecteur babelionaute : franchir le mur d'escalade.

Alors, après, oui c'est un roman qui s'avère passionnant et, qui, dans sa première partie pourrait ressembler au "Nom de la rose" de Eco. Mais cela n'a rien de religieux.

Ce monde qui n'est pas loin de s'apparenter au nôtre, ou ce qu'il serait devenu, va s'ouvrir lors de la recherche d'Erasmas dont la quête sera de tenter d'élucider le mystère qui vient dans le ciel.

En se prenant au jeu, en acceptant que l'auteur Neal-Stephenson est un génie, un excellent écrivain et que le travail du traducteur est formidable le lecteur (moi) passe un magnifiquement bon et long moment avec ses 800 pages de lecture. Et ce n'est que le tome 1.

Pour la bonne bouche :



De par mon travail avec Orolo, je savais que l'iconographie moshianienne avait le vent en poupe, sous la forme de la soi-disant férule céleste. Nos hiérarques en avaient pris conscience, et le férulaire pourfendeur avait demandé à grand-soor Tamura de nous entraîner dans ce débat.



Je remercie Babelio de cette masse critique et Le Livre de poche de m'avoir fait parvenir ce livre.



Commenter  J’apprécie          480
Zodiac

Un excellent roman de science-fiction excessivement bien écris



Le roman se déploie à boston et dans les environs .

La pollution est en train de devenir réellement problématique et la bio-ingénierie qui apparaît comme une solution miraculeuse ( coût de production et propreté ) ne l'est pas moins .

L'auteur fait preuve d'une très grande culture ( chimie .. histoire .. sciences politiques .. ) .



Le personnage principal existe de façon parfaite ( il est aussi sympathique que pénible d’ailleurs( lol) ).

Il est comme vivant …

Ce Boston de fiction est également une réalité tangible .



La forme est celle d'un thriller très bien fait plein de pièges et de rebondissements .

Il faut clairement du souffle et de l'endurance pour suivre le personnage principal .

L'humour est présent à chaque pages ( ironie .. satires ...comique de situation ..)



C'est un texte de science-fiction très bien documenté très abordable et drôle .

Franchement un MUST sur le thème de l'environnement et de sa protection .

C'est aussi un incontournable pour l'exploration des méandres des industries chimiques et de leurs perspectives d'avenir .



Ce roman est parfait : forme et fond . Souvent il vaut mieux aborder par l’humour le drame , car contrairement à ce que pense beaucoup de gens , cela n’enlève pas au sujet le moindre mordant ou bien la moindre gravité à la problématique .

Le génie de l'auteur est de faire une fin heureuse tout en faisant comprendre pourquoi il y a toutes les chances au contraire de se montrer pessimiste .

L’auteur nous donne ainsi comme une sorte de tragédie pessimiste , nuancée d’espoir et lucide , tout cela ensemble.



Le mieux que l'on peut envisager pour l'avenir est-il de limiter les dégâts ?

C'est la question que pose ce roman , en fournissant des billes solides pour appréhender ces questions avec autonomie du point de vue du lecteur.

Commenter  J’apprécie          456
Anatèm, tome 2

Après avoir suivi un mooc sympa de l'université d'Artois sur la SF, je me suis bêtement dit que je pouvais passer aux travaux pratiques.

Première erreur.

Deuxième erreur : j'ai choisi imprudemment [anatèm], roman très bien noté sur Babelio, présenté comme une sorte de « Nom de la rose » intergalactique dont seules les premières pages étaient susceptibles de rebuter un lecteur novice.

Ben quoi? me suis-je susurré. D'abord je ne suis pas novice et de surcroît même si je lis très peu de SF je me suis quand même fait une bonne partie du cycle de « Dune » à l'adolescence. Alors? Qu'est-ce qui pourrait bien m'empêcher de lire [anatèm], je vous le demande?

Rien. J'ai tout lu. Mais j'ai pas compru grand chose.

Le bandeau de couverture annonce que le roman a été n°1 des ventes selon le New York Times. Alors de deux choses lune (comme on dit dans les romans de SF): soit le niveau général de la population anglophone a sacrément augmenté pendant qu'on avait le dos tourné, soit Neal Stephenson passe super bien à la télé et son livre sert surtout de marqueur CSP+ sur la table du salon.

J'ai fait des études littéraires. Alors, pour moi, les premières pages si décriées d' [anatèm], elles roulent toutes seules. Une fois qu'on a compris que les fraa sont des frères et les suvines des écoles, ce qui se fait assez vite, le déchiffrement ne pose aucun problème. Ces inventions langagières sont d'ailleurs plutôt bien faites et prennent en compte l'évolution des mots ; de même que le mot bureau vient de la bure qui recouvrait le meuble, « calca » en taerran signifie « exposé » à partir de la craie qui sert aux démonstrations.

Si les lecteurs habituels de hard S.F. ont eu des difficultés à se familiariser avec ce nouveau vocabulaire, moi c'est bien entendu tout le reste ou presque qui m'a posé problème. Et notamment le monstrueux tunnel par lequel commence le tome 2 et qui narre par le menu une conférence essentielle sur la compréhension de nouveaux phénomènes cosmiques.

Allez, juste un exemple au hasard, on n'a pas tous les jours l'occasion de rigoler:

« Je rapportai à Paphlagon que, selon Orolo, l'esprit équivalait à la construction prompte et fluide de représentations mentales de mondes contrefactuels, et que cette hypothèse n'était pas simplement possible, ni simplement plausible, mais facile – si l'on envisageait l'esprit comme embrassant un ensemble de versions légèrement différentes du cerveau, chacune gardant trace d'un cosmos légèrement différent.

Paphlagon conclut en formulant la chose beaucoup mieux : « Si l'espace de Hemn est le cadre et qu'un cosmos est un point unique du paysage, alors un esprit donné est un trait de lumière en mouvement dans ce paysage, tel le faisceau d'une lampe torche qui éclaire une série de points – de cosmi – proches les uns des autres, cerné par une pénombre qui vire rapidement à l'obscurité sur les bords. Au coeur le plus rayonnant du faisceau, une diaphonie se crée entre de nombreuses variantes du cerveau. Les interférences sont beaucoup moins nombreuses dans la périphérie à demi éclairée et inexistantes dans les ténèbres au-delà.  »

Voilà voilà voilà.

D'une certaine façon, [anatèm] ressemble aux livres de Pierre Bayard, cet universitaire qui s'amuse avec les enquêtes d'Hercule Poirot pour les démonter et trouver un coupable alternatif. Ici, c'est pareil. Sauf que Stephenson ne corrige pas Agatha Christie, lui, mais carrément Platon, en reprenant la querelle des universaux à la lumière de l'astrophysique (Que l'on se rassure, je ne comprends absolument rien à ce que je viens d'écrire).

Sur un plan purement romanesque, je reste sceptique quant à la construction de ce grand oeuvre, découpé en 1) les données du problème 2) les hypothèses 3) la résolution. Mais là encore, j'ai cru comprendre que les lecteurs naturels de ce livre (ceux pour qui il a été écrit) sont eux admiratifs de ce schéma.

Donc je m'incline et nous nous retirons, mon incompétence et moi, admiratives et humiliées.



Commenter  J’apprécie          4013
Anatèm, tome 1

Ardu mais certainement pas abscons ou stérile et de toutes façons très élégant .



Fidèle à lui-même Stephenson à le souci du fond et de la forme .

Toujours ce style qui fait que tout est dense ... vivant et réel .

Il faut mobiliser un maximum de neurones pour s'imprégner des " thèses " de l'ouvrage .

Le style est au rendez-vous et nous sommes totalement immergés dans ce monastère du futur où les soubresauts du siècle parviennent amortis au lecteur qui ne manque pas de guetter ces informations succulentes ..

C'est une véritable et subtile expérience monastique à laquelle nous convies l'auteur ( conscience de soi ... vérité .. mathématiques ... réalité .... structure de l'univers .. le mot et l'idée ... l'orthodoxie et moyens normatifs )

L'esprit n'est pas déconnecté du quotidien .. de la vie .. de l'expérience intime et collective et des différences d'âge ainsi que du temps qui passe .

Les moines parcourent le temps selon une vie très réglée et le lecteur s'imprègne de cette philosophie et de ce monachisme du futur .

C'est une des architectures spirituelles de SF les plus solides que j'ai eu l'occasion de connaître

Le lecteur fait donc son stage monastique ... ensuite il part affronter le siècle ..

Dans le siècle les turbines neuronales se calment un peu et nous parcourons ce monde non sans comprendre pourquoi il a engendré cette culture monastique puissante et

Pour apprécier ce roman il faut avoir un goût pour l'introspection ... la " philosophie " car on n'est pas dans le décorum mais dans l'expérience sérieuse d'une philosophe du futur . Une philosophie qui n'hésite pas à recourir à la satire sociale

.A mon humble avis ce roman à quelque chose à voir avec la philosophie politique de Platon .

Attention d'ailleurs un Platon peut en cacher un autre et le Platon n'est pas forcément celui que l'on croirait .

Ce à quoi nous invites l'auteur c'est à philosopher ( au sens propre : agir la pensée ) .

C'est clair ce menu ne peut pas être au goût de tous mais cela n'en fait pas un mauvais roman pour autant .



Donc un lecteur averti en vaut DEUX ......
Commenter  J’apprécie          3711
Anatèm, tome 1

Un monastère qui n’en est pas vraiment un, des religieux qui finalement n’en sont pas, une planète qui ressemble à la terre mais s’appelle “Arbre”, tout dans ce roman est étrange, jusqu’au vocabulaire inventé qui complique légèrement la lecture et la compréhension de l’histoire.

L’intrigue est très lente à se mettre en place et j’ai dû attendre presque 250 pages avant que l’histoire prenne vraiment son essor, le début étant simplement descriptif.

Nous allons suivre le quotidien de Fraa Erasmas, un jeune homme qui vit au sein de la congrégation de Saint-Edhar, où il consacre son temps à étudier les mathématiques, la philosophie et l’astronomie.

Son mentor, Fraa Orolo, va être chassé de la congrégation sans qu’on sache bien pourquoi, si ce n’est que cela doit avoir un rapport avec quelque chose qu’il aurait observé dans le ciel.

A partir de là, Fraa Erasmas va prendre conscience qu’il doit examiner ses croyances en profondeur, car l’avenir de la planète toute entière pourrait bien être en jeu.

J’ai beaucoup aimé ce premier tome, qui a un charme particulier malgré les inventions de vocabulaire très nombreuses et pas toujours simples à appréhender et le peu d’action du début.

Ce roman, bien que déconcertant au premier abord, m’a happé et j'ai hâte de lire la suite de la quête de Fraa Erasmas dans le tome 2.

Commenter  J’apprécie          320
Cryptonomicon, tome 1 : Le Code Enigma

Cryptonomicon est la contraction de cryptologie (étude des messages secrets) et du Necronomicon, célèbre livre inventé par Lovecraft et censé rendre fou quiconque se risque à en parcourir les pages. Autant dire que quand on est un informaticien fan de science-fiction, la série ne peut qu’atterrir tôt ou tard dans votre bibliothèque.



L’histoire se divise en deux récits : l’un se passe durant la seconde guerre mondiale, et met en scène des membres de l’armée américaine chargés de briser le code Enigma qui protège notamment les communications des sous-marins allemands ; l’autre se déroule dans les années 90, à la naissance de l’Internet civil : un petit groupe d’ingénieurs se lance dans le développement des réseaux en Asie.



La partie sur Enigma est à mon sens la plus intéressante. Il faut dire aussi qu’on en connaît déjà un peu les enjeux, et qu’elle se termine plus ou moins à la fin du livre, alors que la deuxième intrigue va sans doute se prolonger sur toute la série et reste encore assez floue après les 500 pages du roman. L’auteur s’est solidement documenté sur le sujet : qu’un roman contienne une bibliographie de plusieurs pages est un signe qui ne trompe pas ! Les explications mathématiques sont suffisamment claires pour comprendre ce qui se joue, et pas trop complexes à avaler à mon humble avis.



Je n’hésiterai pas à entamer les volumes suivants, la série possède tous les ingrédients pour me plaire. Je ne sais pas si elle accrochera tout le monde cependant, il faut sans doute être un peu geek pour l’apprécier à sa juste valeur (geek au sens premier, pas le « j’utilise mon iPhone tous les jours » actuel).
Commenter  J’apprécie          305
Anatèm, tome 2

Ce roman est la suite immédiate du tome 1 (pour mémoire, il est paru en un seul tome dans la VO : un bébé de presque 1 000 pages en anglais et 1 200 pages en français). Nous retrouvons donc Erasmas qui est sorti de sa concente et découvre sa propre planète, mais je ne vais pas trop en dire sur l’intrigue pour ne pas divulgâcher et abîmer le plaisir de lecture de ceux qui n’auraient pas encore lu la première partie.



Disons seulement qu’un énorme rebondissement arrive au milieu de ce tome !



Que dire d’autre ?



Nous retrouvons un long passage de débats philosophiques, mathématiques ou de physique (comme au début du tome 1) de plusieurs dizaines, peut-être plus d’une centaine de pages (je n’ai pas compté). Alors, soyons honnêtes, la lecture est costaude et exige un effort de concentration. L’érudition de l’auteur est indéniable, ainsi que son envie de jouer avec les concepts. Les maintes réflexions peuvent perdre plus d’un lecteur, mais si vous avez apprécié le tome 1, sachez qu’ici on est dans la même veine. Plus surprenant, tous ces débats ont une utilité dans l’intrigue, et servent à expliquer ce fameux rebondissement qui bouleverse le cadre du roman. À ce titre, je trouve que l’auteur a réussi un coup de maître. Les amateurs d’une science-fiction de haut vol s’y retrouveront.



Comme nous sommes dans une « littérature de l’imaginaire », le worldbuiding n’est pas oublié, y compris la fine description de sociétés avec leurs habitudes et leurs non-dits, ainsi que les relations complexes entre les cercles de pouvoir. L’auteur a aussi effleuré la hard SF, notamment dans la seconde partie de ce tome, mais sans jamais tomber dans un texte « écrou et boulon » ardu ou soporifique.



Peut-être peut-on trouver la conclusion un peu moins palpitante que ce que nous imaginions (l’auteur sème des indices pour une piste, et prend un autre chemin). II n’en reste pas moins que ce roman est vraiment à part dans la science-fiction contemporaine : philosophique, théorique, exigeante, fascinante, sans oublier un sens of wonder indispensable au genre.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          292
Anatèm, tome 2

Alors je dois dire que ce tome 2 m'a très agréablement surpris, agacé que j'étais avec les longueurs et le peu d'action du tome 1.

Neal Stephenson est vraiment un grand auteur tant par son imagination débordante et détaillée, que par le déroulé des actions incroyables qu'il développe ici.

Le roman est toujours aussi astreignant et minutieux, mais quelle claque on prend lorsqu'on découvre les nombreuses péripéties (le mot est trop faible) que Fraa Erasmas et ses amis doivent affronter.

Il y a plusieurs scènes d'anthologie, au moins celle de la longue approche du vaisseau et de la suite: quelle conception, quelles inventions, quelles visions, que l'auteur développe avec moultes détails tous aussi hallucinants les uns que les autres.

Anatem apporte à la SF une référence d'une immense qualité.

Ce long roman est finalement inoubliable, mais difficile d'accès, et très exigeant dans sa lecture.

Néanmoins, tout lecteur de SF de qualité doit s'y atteler.



Commenter  J’apprécie          284
Anatèm, tome 1

J'assume, sans fausse modestie, une étiquette de lecteur SF niveau baroudeur puissance 15. J'ai fini, sans trembler (non sans bailler) le pensum métaphysique L'EMPEREUR-DIEU DE DUNE de Frank Herbert. J'ai vaillamment achevé RADIX, le roman d'Alfred Angelo Attanasio. J'ai même, suprême épreuve, supporté l'arnaque littéraire, jusqu'à l'ultime goutte d'encre, qu'est L'OMBRE DU SHRANDER de John M Harrison .



Alors ça va hein... Je mérite mes points de vie !



En outre , j'étais prévenu, tout le monde s'accordait à dire que le masterpiece de Neal Stephenson était âpre, d'un abord ingrat. Les blogs fleurissaient de mises en garde et de conseil de persévérance, le jeu en valant la dentelle... Je goguenardisais dans mon coin. Oui c'est ça... Je suis pas un lapin de Mayenne qui serait né de la dernière suie. Vont voir...



J'ai vu.



Effectivement...



Il faut s'enquiller les 200 premières pages. Au bas mot. Il faut accepter de barboter dans une mer inconnue sans brassière. J'ai rarement ressenti un tel décalage entre un vocabulaire usuel et l'usage qui en est fait dans un livre. Sans compter le vocabulaire qu'invente Stephenson. Qui nous est donné brut de pomme. Surtout que l'auteur fait le pari de miser sur notre ténacité : ni lexique, ni glossaire ne sont fournis avec le premier tome. Nous n'avons que le contexte et les références à une encyclopédie fictive, ponctuant chaque début de chapitre d'une définition, pour nous faire une idée.



C'est quelque chose.



Et puis... Ces 200 (à la louche) premières pages décantées, tout prend sens, tout s’emboîte. Et un sentiment d'admiration littéraire peut légitimement nous imbiber le lobe frontal adéquat devant la maîtrise de Neal Stephenson.



La suite déroule un récit plus classique, un road movie plaisant et mouvementé qui s'appuie sur des personnages bien campés, attachants. Stephenson ne les sacrifie pas sur l'autel de la complexité de son livre, livre qui multiplie les envolées philosophiques les expériences de pensée, les scènes proprement hallucinantes. Là est sa plus grande réussite.



Et une résolution finale qui tient la route et nous laisse un brin émerveillés... Avec la sensation d'avoir lu un ouvrage qui compte et comptera dans la littérature de l'imaginaire.



Certes, on songe à un NOM DE LA ROSE alien, à un CANTIQUE POUR LEIBOWITZ métaphysique, mais ANATEM se suffit à lui même et nul doute que c'est lui qui fera référence à l'avenir.



Bluffant...
Commenter  J’apprécie          271
Anatèm, tome 1

Donc Frère Erasmas vit dans la concentre Saunt Edhar, un des lieux retiré du monde où les érudits prennent le temps d’étudier leur matière de prédilection (maths, astronomie, philosophie,…).



Du moment qu’une personne manifeste un intérêt pour la connaissance, les portes des maths sont ouvertes. Ainsi, est-il possible de se retirer du monde « séculaire » pour un an, afin de parfaire ses savoirs ou un apprentissage, ou plus longtemps. En effet, il y a plusieurs communautés au sein de la congrégation : les annuelles, les décanales (10 ans), les centenariens (les avôts qui souhaitent rester 100 ans…) et même les énigmatiques millénariens (oui…).



Ces personnes, ou avôts, rompent tout contact avec le monde extérieur – et surtout la technologie numérique – pour se consacrer à l’étude, jusqu’à l’ouverture des portes de leur communauté propre. Tous les ans, les dix ans, chaque siècle, ou au début de chaque millénaire, si vous avez bien suivi.



Ce n’est pas franchement religieux même si nous pourrions comparer Anatèm avec Le Nom de la Rose d’Umberto Eco.



Cependant, cette vie n’est pas un long fleuve tranquille dédiée à la connaissance. Chaque communauté a ses factions qui se sont façonnées en fonction de leur perception des sciences, des maths, et même de leur considération des personnes et du mode de vie extérieur. Nous devinons relativement vite qu’il existe des luttes internes pour représenter le groupe d’influence qui régit l’ensemble des maths (en bref, du pouvoir). Lors d’une visite, des inquisiteurs interrogent nos avôts sur leur point de vue sur tel ou tel sujet, notamment sur le courant de pensée majoritaire à Saunt Edhar… Ainsi, les réponses apportées sont-elles cruciales.



Les choses seraient assez simple s’il ne s’agissait que de guerre intestines ou de complots de palais. Hélas, c’est loin d’être le cas, et tout commence à déraper quand un des avôts est appelé par le monde séculaire. Une étrange anomalie a été détectée dans le ciel…



Aussi, sciences et idées ont-elles une place de choix dans le roman, et il est bien possible qu’elles soient au cœur d’une bataille pas simplement fratricide….



D’ailleurs si le premier chapitre (80 pages) fait immanquablement penser au Nom de la Rose, quelques éléments se démarquent pour donner une ambiance plutôt « moyenâgeuse futuriste ». Toutefois, il faut bien patienter une centaine de pages pour que l’histoire s’emballe.

Pour un large public, même les plus exigeants



Le tour de force de Stephenson réside dans sa faculté à prendre en compte un vaste panel de lecteurs, du forçat du space-opera au vétéran de la Sf spéculative. Ce dernier trouvera matière à satisfaire sa soif littéraire.



Là aussi, l’auteur communique tout son humour (et une forme de dérision). Nous ne sommes pas sur Terre, mais sur Arbre qui est une « Terre » plus avancée technologiquement. Pythagore a été troqué par Adrakhonès qui a eu la révélation de CNOUS avec le fameux triangle. Il a deux filles, Déat et Hyléa. La première donne naissance au courant de pensée des déôlatres, méprisés par nos avôts (c’est de l’hérésie) car il favorise une quête transcendantale individuelle. De la seconde découle le monde Hylaéen suivi fidèlement par les frères et soors, basé sur un jugement scientifique reconnu comme (le seul) vrai. Bref, il y a du Kant (et la Vérité, même si l’on peut aller piocher du côté des concepts bouddhistes également) la-dessous, et de quoi satisfaire les plus exigeant en matière d’idées.



Ceci n’est qu’un exemple de comment il est possible de décortiquer le roman si le lecteur souhaite le lire avec ce niveau de lecture, sachant qu’autrement c’est plus simple. Nous comprenons que les déôlatres ne sont pas les bienvenus au sein des maths, qui favorisent largement la pensée s’appuyant sur la rigueur scientifique. La tension est grande et une scission est possible, et surtout malheur à l‘abbé l’avôt qui afficherait un penchant pour le mauvais courant.



Les idées exposées sont indissociables de l’histoire et parfaitement exposées pour notre plus grand bonheur. Le rythme s’avère posé, alors ceux qui attendent un roman qui pétarde dans tous les sens risquent d’être déçus. L’intrigue n’est pas si complexe en soi, il y a un mystère à résoudre potentiellement dangereux. Cependant, les protagonistes doivent également faire face au regard des « civils » pas forcément bienveillants, ainsi qu’aux conflits internes de leur communauté, et cela a tendance à chauffer sévère. (La situation se complique également du fait des vœux exprimés).



Anatèm de Neal Stephenson n’est pas un texte SF de référence en raison de son travail d’orfèvre (et ludique) sur le vocabulaire, ni de l’exposition judicieuse de concepts philosophiques propices à la réflexion ou encore de son histoire avec des trames à tiroir. Il possède tout cela, c’est un grand roman surtout parce ce qu’il s’adresse à tous les lecteurs curieux, offrant à chacun la possibilité de s’éclater au niveau de lecture choisi. Certes, le récit s’acquiert avec une certaine patience, mais quelle récompense finale!



Critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2018/1..
Commenter  J’apprécie          260
Choc terminal, tome 2

Suite directe du tome précédent (puisque le roman a été écrit d’un seul tenant), le lecteur y retrouve tous les protagonistes et voyage avec eux : la frontière entre l’Inde et la Chine, les Pays-Bas, Indonésie, le Texas… et les arcs narratifs vont se rejoindre. C’est avec plaisir que j’ai repris cette lecture pour connaître les destins des personnages.



S’il faut parler de l’histoire sans trop divulgâcher pour ceux qui n’ont pas lu la première partie, la méthode de géo-ingénierie adoptée par T.R. Smith provoque des remous : l’impact sur le climat est réel (c’est le but) mais toutes les régions ne sortent pas gagnantes. Et un grand pays va être très mécontent !



En effet, l’impulsion née pour sauver des pays menacés par la montée des eaux inquiète des puissances qui en subissent le contrecoup : selon les lieux où les techniques sont appliquées, les effets sur le climat varient de région en région et nécessiteraient des ajustements. Le climat est complexe à manipuler (on s’en doutait), et en parallèle un choc terminal serait délétère (i.e. un arrêt brutal de la géo-ingénierie).



On retrouve un grand plaisir de lecteur en suivant les aventures des personnages à travers le monde, et l’auteur n’hésite pas à prendre son temps. Pourtant, je n’ai jamais ressenti de longueurs, l’immersion est réussie, et parfois un peu d’ironie ajoute du sel à l’ensemble. Quelques scènes d’actions mettent du piment au récit qui tutoie le technothriller.



Avec le recul, on peut juger que certaines péripéties du roman (les deux tomes confondus) ont peu d’impacts sur l’intrigue : les amoureux de l’utilitarisme des scénarios seront contrariés, mais ceux qui aiment suivre des personnages seront ravis, grâce à une plume entraînante.



Inutile de comparer Choc Terminal avec le « grand » roman de Neal Stephenson, Anatèm : quand un auteur a écrit un quasi-chef-d’œuvre, il serait injuste de comparer ses autres textes à l’aulne de celui-ci ; d’autre part , Choc Terminal est très différent, aussi bien par le ton que par les thématiques, et il devrait être jugé par lui-même. C’est un roman d’aventures avec des individus au service d’un projet fou : réparer le climat sans attendre les instances politiques, mais avec l’aide des technologies (ici, on ne croise pas de militants « écologiques » ignorant tout de la science).



J’ai un petit regret sur la fin, qui est logique et qui montre que l’auteur maîtrise son histoire, mais peut-être qu’un peu plus de surprise aurait été bienvenue pour marquer. Je mets à part le destin poignant d’un des personnages, victime manipulée et sacrifiée.



Pour conclure, j’ajoute que ce roman présente une grande qualité dans le catastrophisme ambiant : il souligne que le réchauffement climatique peut se combattre efficacement, car des scientifiques et des ingénieurs travaillent sur des techniques et des scénarios réalistes, tous plus convaincants que des jets de soupe sur des tableaux de maître.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          250
Choc terminal, tome 1

Texas, dans un avenir proche : la reine des Pays-Bas pilote un petit avion avec sa garde rapprochée et s’écrase à l’atterrissage. Un de ses compagnons de voyage est attaqué par un alligator en sortant de l’appareil, et l’équipe est secourue par un chasseur de cochons sauvages, héritier du capitaine Achab traquant le cochon géant Frimousse qui a tué sa fille.



Résumé ainsi, le début peut sembler foutraque, ce qu’il n’est pourtant pas. Car dès les premières pages, on est emporté par un récit à la fois riche et fluide : des personnages approfondis, des environnements naturels si bien retranscrits qu’on s’y croirait, et une ambiance de catastrophes climatiques mettant en scène la montée des eaux et les canicules incessantes.



Car la reine des Pays-Bas Saskia n’est pas là par hasard : souveraine sans grands pouvoirs d’un État menacé par les eaux, elle se rend à l’invitation, avec d’autres responsables politiques de second ordre, d’un milliardaire convaincu d’avoir trouvé la solution. Mais ayant dû atterrir à Waco au lieu d’Houston à cause d’un orage, elle devra faire équipe avec le chasseur Rufus pour atteindre sa destination, à l’occasion d’un voyage où elle rencontrera des Texans impactés par le changement climatique.



La suite de ce tome nous fait entrer dans le vif du sujet, avec un milliardaire, T.R., qui a un projet fou mais planifié avec minutie. En ce qui me concerne, j’ai consulté au cours de ma lecture quelques articles sur la géo-ingénierie, pour découvrir que le sujet faisait débat et que les conséquences seraient complexes sur notre environnement, y compris en cas d’arrêt des opérations. Alors, je me suis demandé au cours de ma lecture de la deuxième partie si l’auteur de l’incroyable Anatèm avait inclus dans sa réflexion les difficultés qu’engendrerait cette géo-ingénierie. Je me demandais aussi pourquoi il mettait en scène un Canadien sikh d’origine indienne parti se retrouver au Penjab. J’ai eu ma réponse : les dernières pages du tome démontrent que la construction des arcs narratifs ne doit rien au hasard, et je suis très curieuse de connaître la suite !



Précisons, pour ceux qui ont lu Anatèm, que ce roman est très facile d’accès et la lecture est fluide. La plume de l’auteur, non dénuée d’ironie, sert non seulement à présenter son idée, mais aussi à nous embarquer dans les aventures des protagonistes. J’ai eu le sentiment d’un roman positif : c’est le changement climatique, mais on ne reste pas les bras croisés.



Au-delà de l’histoire elle-même et de l’idée autour de laquelle tourne le roman, l’auteur a travaillé des personnages très réalistes, en n’hésitant pas à faire des analepses (flash-back) pour évoquer leur passé : certains personnages secondaires ont droit à un traitement approfondi qui leur donne vie et suscite l’attachement du lecteur. Les petits gestes du quotidien alternent avec des scènes plus importantes et rendent ces personnages très crédibles : j’ai eu l’impression de les connaître à la fin de ce tome 1. J’ai maintenant très envie de découvrir leur destin dans le tome 2. Ça tombe bien, il sort bientôt en librairie.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          250
Choc terminal, tome 1

Le réchauffement climatique continue son petit bonhomme de chemin : il fait de plus en plus chaud et les océans montent. Les villes s’adaptent comme elles peuvent, avec leurs couverts de végétation. Mais on persiste à rouler avec de l’essence, à utiliser de la climatisation qui augmente la température de l’atmosphère. Et donc, il fait chaud. Et on ne s’attaque pas réellement aux bases de ce changement aux conséquence si négatives. C’est là qu’intervient T.R., un milliardaire texan qui pense avoir la solution.



Le démarrage du roman m’a laissé sur les fesses. Ça part sur des chapeaux de roue, dans une direction que je n’imaginais pas (je n’avais pas lu la quatrième de couverture et n’avais donc aucune idée des protagonistes). Donc, commencer avec la reine des Pays-Bas avait de quoi me surprendre. Et l’irruption de cochons sauvages aussi. Et le jeune Laks dont je ne comprends pas encore le rôle et dont les tribulations dans l’Himalaya, avec ses frontières mobiles, m’ont rappelé les paysages quasi-inhumains de Roca Pelada. Je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer les premiers chapitres et la rencontre inattendue de certains personnages. Je me contenterai de dire combien ce départ m’a plu et a su me lancer dans une histoire au long cours (ce qui fait toujours un peu peur), car ce roman va quand même dépasser les 800 pages en version française (plus de 700 pages en V.O.) entre les deux tomes prévus. J’en profite pour signaler que si, sur un plan financier, cela va coûter cher, effectivement (mais on a déjà maintes fois débattu de ce point), de lire ce roman en entier, sur un plan pratique, sa division en deux tomes est agréable : j’ai de plus en plus de mal avec les pavés terriblement lourds qui m’épuisent les poignets et les mains. Là, la lecture est aisée. Et, je ne sais s’il faut en féliciter l’auteur ou l’éditeur français, mais la division entre les deux tomes est excellente : comme la célèbre scène 3 de l’acte III dans le théâtre classique français, le dernier chapitre du tome 1 semble idéal. Il aborde la notion sous-tendue par le titre : le choc terminal. Est-il possible d’interrompre une expérience dont on craint les effets néfastes sans produire des effets plus néfastes encore ? Abyssal. Et angoissant.



Le moins que l’on puisse dire est que Neal Stephenson semble maîtriser parfaitement son sujet (Je dis « semble » car, de mon côté, je ne maîtrise pas la géographie du Texas ni l’histoire des Pays-bas, par exemple et que je ne vais pas aller vérifier les informations contenues dans ce roman : je fais confiance à l’auteur pour ne pas me prendre pour une bille. Fin de la longue parenthèse.). Quand il place son lecteur dans un lieu, il en connaît les spécificités et les lui indique, avec précision. Grâce à ses descriptions, on peut aisément se représenter les paysages alentour, s’immerger totalement dans le décor et l’ambiance. Si j’insiste sur ce fait, c’est que je suis sensible aux descriptions : trop courtes, voire absentes, je me sens perdu ; trop longues, je me sens également perdu. D’où mon intérêt pour ce bon équilibre (la plupart du temps, un ou deux passages m’ont semblé un peu trop détaillés).



Cette maîtrise de l’auteur, on la retrouve dans le sujet principal de l’histoire : la technologie développée par T.R. Il nous la rend compréhensible et accessible, même si, bien sûr, je serais incapable de la reproduire. Par ses images et la précision des éléments fournis, il est aisé de voir à quoi ressemble la grosse machine. Il est aisé d’imaginer son fonctionnement. Il est aisé de comprendre ses effets possibles. Car, à la différence de la propulsion supra-luminique ou de la force d’autres récits de SF, cette technologie est au centre du récit et Neal Stephenson veut en montrer le réalisme. Elle n’est pas qu’un moyen de faire avancer l’histoire, elle est l’histoire. Et elle doit sembler réalisable demain ou dans quelques années. Cette prégnance des détails dans la description du monde, si semblable à celui qui nous entoure, nous rend encore plus réel ce récit. On peut y croire. On peut le vivre. D’où l’intérêt. D’où l’inquiétude.



Car ce plan de géo-ingénierie, ou intervention climatique, est une manipulation de la Terre et de son climat. Pas moins. Certains, pas seulement des illuminés, mais aussi des savants (dont un prix Nobel), ont proposé cette idée d’injecter du soufre dans l’atmosphère pour créer comme de petits miroirs, qui pourraient ainsi refléter le soleil et diminuer ses rayonnements sur notre planète. Et diminuer par conséquent la température à la surface. Mais, et l’auteur nous le signale bien, nous ne sommes absolument pas sûrs de ce qu’il pourrait se passer réellement. Les modèles peuvent évoluer. En partie selon l’endroit d’où le soufre est envoyé dans le ciel. Il y aurait, une fois encore, des gagnants et des perdants. D’autant que, entre autres, la mousson serait mise en danger. Or elle est un élément capital en Inde, par exemple. Sans parler de la Chine, dont on sent poindre l’influence à travers l’allusion au sort des Ouïghours et à l’irruption aux États-Unis d’un personnage tout puissant et inquiétant. Enfin, autre conséquence que Neal Stephenson aborde peu, le soufre finirait par détruire la couche d’ozone. Avec son afflux d’ultra-violets, pas vraiment agréables pour notre organisme.



C’est tout l’intérêt de ce roman : une fois encore on est dans le « Et si ». Et si une personne, sans consensus mondial, tentait quelque chose, lassé de l’inaction habituelle. Si quelqu’un, pour sauver le monde que nous connaissons, avec son confort et ses habitudes de vie, était prêt à risquer d’augmenter les problèmes, de les accentuer, voire de créer une catastrophe. Car T.R. (à chaque fois que j’écris ce prénom, je pense au J.R. de la série Dallas, encore un Texan qui pensait avant tout à ses intérêts) vit dans un société où la voiture est reine. Où le pétrole et ses dérivés sont toujours rois. Où, pour affronter la chaleur, on porte des combinaisons thermorégulatrices qui expulsent l’air chaud dans l’atmosphère au-dessus de soi, contribuant ainsi à réchauffer cette atmosphère déjà irrespirable. Jusqu’où est-on prêt à aller pour préserver sa façon de vivre ? L’égoïsme est-il la seule solution ?



Le titre de Choc terminal n’est pas un mensonge : sa lecture est un choc. Elle oblige à réfléchir à cette épée de Damoclès qui nous menace de plus en plus. Elle oblige à se positionner dans cette lutte d’influence entre des camps diamétralement opposés. Elle incite à regarder autour de soi avec d’avantage d’acuité. J’attends avec une véritable impatience la fin de cette histoire dans le tome 2 dont la parution est prévue le 29 mars.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          252
Anatèm, tome 1

Anatèm (tome 1) raconte, sur un monde appelé Arbre (dont la nature restera incertaine à l'issue de ce premier livre), la quête d'Érasmas, un avôt (érudit philosophico-scientifique cloîtré, comme tous ses pareils, dans des enceintes qui ne s'ouvrent au monde extérieur que tous les un-dix-cent-mille ans, les protégeant des convulsions de ce dernier mais les empêchant aussi de mettre leurs considérables connaissances théoriques en pratique), pour retrouver son maître, qui a découvert un secret astronomique que la hiérarchie « monastique » et le pouvoir séculier veulent à tout prix cacher. L'auteur ayant créé un écosystème complet de néologismes allant avec son monde (on peut d'ailleurs saluer le travail de dingue du traducteur !), et vous immergeant dans celui-ci d'un coup, sans vous tenir par la main, les premières centaines de pages sont prodigieusement exigeantes, même pour quelqu'un habitué à ce genre de livre-univers et pour un vétéran de la SF. Si la suite s'avère beaucoup plus digeste (à partir de 40 %, en gros), et invariablement passionnante (et j'insiste sur ce fait), elle constituera parfois aussi une autre forme de défi, tant les larges et profondes thématiques abordées (de la sociologie à l'Histoire en passant par la linguistique, la philosophie, la mécanique quantique, la cosmologie, l'ingénierie, etc) peuvent laisser sur le bord de la route les lecteurs les moins intéressés par cet aspect ou n'ayant pas le bagage culturel adéquat (et je pense que peu, moi y compris, répondront à 100 % à celui exigé par Stephenson, du moins sans recherches sur le net).



Clairement, donc, Anatèm n'est pas un livre facile (du moins, une partie de ce tome 1 ne l'est pas), mais tout aussi clairement, c'est un livre de SF majeur, qui vous en demandera beaucoup mais vous en donnera encore plus. Si je vous conseille de bien réfléchir au fait de l'acheter (ou pas) en fonction de vos envies et de votre volonté de vous investir dans un effort intellectuel intense plutôt qu'une lecture « détente », je vous prie aussi de croire que des romans comme ça, vous n'en verrez qu'une fois ou deux par génération, et que donc ne pas le lire serait une décision aussi lourde de conséquence que de l'acheter à la légère. C'est le style de roman qui tire tout le genre, voire toutes les littératures de l'imaginaire, vers le haut, que ce soit sur le plan stylistique ou intellectuel, aussi serait-il malavisé, à mon sens, de ne pas au moins tenter l'expérience sur ce tome 1.



Ceci n'est que le résumé de la critique, beaucoup plus complète, que vous trouverez sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
Commenter  J’apprécie          242
Choc terminal, tome 2

La machine réalisée par T.R. fonctionne à plein régime. Son canon gigantesque propulse quotidiennement des quantités impressionnantes de soufre dans l’atmosphère, modifiant ainsi déjà le climat. Le reste du monde a été mis devant le fait accompli. Et chacun voit les changements et leurs conséquences avec un œil différent. Certains apprécient, d’autres appréhendent. Mais tous ne vont pas se contenter d’être spectateurs. La riposte est enclenchée.



Autant la première moitié de ce roman contenait des longueurs (normal, il faut bien installer l’œuvre et le contexte – et Neal Stephenson est connu pour aimer les détails), autant cette deuxième partie voit son rythme s’accélérer. Car les évènements vont devoir se succéder rapidement : les changements induits par le canon et son chargement de soufre bouleversent les équilibres et créent des peurs. Rationnelles ou non, elles sont sources de réactions, parfois violentes. Petit rappel : selon l’endroit d’où sont effectués les tirs, les conséquences sont différentes pour les pays, les régions. Certains seront favorisés, d’autres ,au contraire, desservis par les nouvelles conditions météorologiques. Par exemple, l’Inde est sur la sellette. Elle est tributaire de la mousson, source de récoltes vitales à sa population. Or, certaines projections insistent sur le danger que représente cette arme climatique pour ce phénomène particulier. Ce pays très peuplé peut-il laisser ses millions d’habitants risquer la famine parce qu’un Texan plus ou moins excentrique a décidé de prendre les choses en main ? Assurément non. Il est possible que nous comprenions enfin à quoi va bien pouvoir servir ce personnage que nous suivons depuis le début du roman, par courts chapitres interposés dans la narration centrée sur le canon et son démarrage. Quel est le rôle que Neal Stephenson a prévu pour Laks, Canadien arrivé depuis peu en Inde, en recherche d’une place, d’un but ? Cela se dessine progressivement dans cette deuxième partie.



Mais les êtres humains ne sont pas les seuls à réagir à l’utilisation de cette nouvelle arme. Il semble que les éléments, eux aussi, se déchaînent. Aux Pays-Bas, plusieurs catastrophes endeuillent la nation. L’océan paraît vouloir reprendre ce que ces habitants lui ont ravi. Car ce pays, situé en grande partie sous le niveau de la mer, sait son intégrité menacée par les bouleversements, naturels ou pas, qui se profilent. Cependant, la rapidité des évènements surprend tout le monde. Y compris la reine, Saskia. Au point qu’elle se voit contrainte à la démission. Quand la politique la plus basse et la plus vile utilise la vie des autres pour parvenir à ses fins. Écœurant mais très réaliste, hélas (comme dans beaucoup d’œuvres de SF qui savent pointer ce qui fait mal dans nos sociétés et dans notre monde) ! On finit même par se demander si tous ces « accidents » en sont vraiment et si certains ne cherchent pas à instrumentaliser cette colère pour obtenir le pouvoir. Ou le chaos. N’accuse-t-on pas certains pays, actuellement, de mettre de l’huile sur le feu, grâce à leurs médias, dans des pays qu’ils considèrent comme hostiles, afin de les fragiliser ? Ici, un petit coup de pouce à la nature, et des têtes peuvent tomber au profit d’autres, plus favorables à certaines causes. Politique-fiction ? Peut-être…



Choc terminal, un gros pavé dans la mare. Avec force et efficacité, Neal Stephenson nous offre une vision apocalyptique de ce que pourrait être notre avenir si nous ne nous en emparons pas au niveau des nations. Si nous laissons certains individus, usant de leur influence et de leur argent (coucou, Elon Musk !) prendre des décisions pour nous. Si nous baissons les bras en imaginant que tout est plié d’avance. Si nous abandonnons par facilité, préférant regarder ailleurs en attendant que le déluge nous rattrape. Même s’il n’est pas exempt de défauts (descriptions trop détaillées, personnages parfois trop binaires, …), ce roman peut permettre des prises de conscience en plus de faire passer de très bons moments de lecture. J’espère que beaucoup le liront et en parleront, car c’est ainsi que l’on peut faire avancer les choses.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          220
Anatèm, tome 1

Sur une planète inconnue, baptisée l’Arbre, des ordres monacaux regroupent des fraas (frères) et soors (sœurs) autour de la philosophie, des mathématiques et de la physique. Il n’est point question de religion ici, mais d’amour de la recherche, de la logique et des déductions. Enfermés dans leurs concentes, ils entretiennent une gigantesque horloge et se consacrent à des débats théoriques enrichis des lectures de leur vaste bibliothèque. L’auteur nous décrit minutieusement une microsociété avec ses règles, ses interdits et ses traditions, sa hiérarchie et ses contre-pouvoirs personnifiés par l’Inquisition. Tout est prétexte à déplier un univers devant les yeux du lecteur.



Difficile de décrire le monde des concentes : médiéval par certains aspects — on se croirait souvent dans un immense monastère de notre Europe — la technologie existe toutefois dans l’horloge dont les mécanismes sont complexes ou dans le télescope avec lequel ils se livrent à des observations astronomiques. On comprend qu’un effondrement de la civilisation a eu lieu dans un lointain passé, mais que des savoirs ont survécu. Les avôts (les fraas et les soors) ont peu de contact avec l’extérieur, où les véhicules et les smartphones existent et sont très communs ; extérieur qui lui-même connaît mal les concentes : deux mondes très différents se côtoient mais ne se mêlent pas.



Mais un jour, une observation du ciel va bouleverser cette planète et le destin de certains avôts.



Autant le dire tout de suite : les premières dizaines de pages exigent un effort. L’auteur a inventé un lexique spécifique, et parfois j’ai eu l’impression d’un exercice de style tant il y avait de nouveaux mots. Certes, le contexte permet de comprendre, mais j’ai été proche de l’overdose. Ensuite, ce roman prend le contre-pied des « conseils en écriture » qui imposent d’exposer l’enjeu ou des conflits dès les premières pages. Ici, pendant 200 pages, vous accompagnez le fraa Erasmas dans son quotidien. C’est heureusement très bien écrit, et surtout le lecteur attentif retrouvera quelques théories majeures de notre philosophie et de nos mathématiques, toutes rebaptisées avec ce lexique inventé. Toutefois, il m’a fallu plus de 50 pages pour « entrer » dans le roman, et par honnêteté je dois souligner qu’une partie du lectorat n’arrivera pas à plonger dans cette histoire : l’auteur aime exposer longuement des débats, mélangeant parfois les disciplines, et je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. Ceux qui veulent de l’action, de l’action et encore de l’action : passez votre tour !



Sans divulgâcher la suite des aventures des protagonistes, nous découvrons ensuite le monde extérieur, assez fascinant, avec lui aussi ses règles et ses non-dits, ses traditions et ses mythes, et surtout une complexité de différentes sociétés.



Ce tome 1 (le roman est en un seul tome dans sa version originale) s’achève sur un rebondissement majeur, et évidemment je vais lire la suite pour connaître la fin de l’histoire.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          223
Anatèm, tome 1

"Un incroyable croisement entre Dune et Le nom de la rose" indique Le livre de poche. Et bien je préfère de loin ces deux là à Anatem.

Ce 1er tome est long, long : il faut attendre plus de 200 pages avant qu'il se passe quelque chose d'intéressant. Je n'arrive pas à rentrer dans ce bouquin aux descriptions interminables et parfois incompréhensibles avec un vocabulaire très particulier que je n'aime pas.

Oui, c'est un univers extraordinaire que Neal Stephenson a créé ici, je dois le reconnaitre: le boulot est énorme et conséquent, mais je n'adhère pas. Des gouts et des couleurs... Heureusement il y a au moins les dialogues qui sont très vivants, le reste est long, lourd.

L'histoire démarre seulement quand Fraa Erasmas découvre qu'il se passe quelque chose de bizarre avec l'astrohenge (télescope). Puis quand ce dernier et les autres sont renvoyés du monastère. Enfin, un peu d'action.

Mais les progressions sont longues, et à la fin des 790 pages... et bien, ce n'est pas du tout fini!

Que va donner la suite ? Je crains la même chose.

Je vais lire le 2ème tome quand même. On verra.

Commenter  J’apprécie          224
Cryptonomicon, tome 2 : Le Réseau Kinakuta

Deuxième tome dans l'exacte lignée du précédent, ce qui n'a rien d'étonnant vu que le roman anglais est en un seul volume, et que seule la manie française de saucissonner les romans de l'imaginaire en des tranches les plus fines possibles a conduit le Cryptonomicon à être publié en trilogie en langue française.



J'adore toujours autant cette plongée dans le monde de la cryptologie en temps de guerre, dans lequel, pour une fois, c'est le plus paranoïaque qui a la meilleure vision de la réalité. Briser les codes ennemis, ne pas pouvoir en tirer grand-chose pour ne pas mettre la puce à l'oreille, donner des ordres qui semblent absurdes aux hommes du terrain juste pour essayer de préserver l'aspect « statistiquement normal » des choses, …



Un roman toujours aussi plaisant à lire, même si ce roman souffre forcément du syndrome du « tome de transition » si on ne lit pas les trois volumes en continu.
Commenter  J’apprécie          222
Le Samouraï virtuel

Dans cet univers futuriste, les mafias et milices privées se sont partagés le contrôle des quartiers des grandes villes, les humains se couvrent de gadgets technologiques dans la rue, ou se retrouvent dans un monde virtuel grandeur nature dans leur appartement de 3m², et des hackeurs fauchés récoltent toutes les informations qui leur tombent sous la main dans une gigantesque base de données dans l’espoir de les vendre à un client intéressé dans un avenir plus ou moins proche.



Dans ce monde résolument cyberpunk, Neal Stephenson n’hésite pourtant pas à introduire des éléments un peu délirants qui me ferait soupirer dans n’importe quel autre roman, mais qui fonctionnent à la perfection ici : ainsi, notre hackeur est aussi un maître dans le combat au sabre, la puissance de la mafia italienne tient dans sa capacité à livrer des pizzas en moins de trente minutes, et un mercenaire traîne toujours avec lui une bombe nucléaire prête à exploser s’il lui arrive quelque chose.



L’intrigue est également un melting-pot assez détonnant : on y mélange virus informatique, mythologie sumérienne, histoire des religions et linguistique. Et le pire, c’est que ça tient la route ! L’auteur apporte tellement de petits détails loufoques, et nous raconte son histoire sans se prendre trop au sérieux, qu’on accepte facilement de mettre de côté un esprit critique trop rigide pour se glisser douillettement dans l’univers qu’il nous propose.



Les protagonistes évoluent dans un monde brutal, dans lequel chacun ne survit que grâce à son ingéniosité, et où les pires salauds sont aussi vos meilleurs alliés. Il y a de l’action, de l’imagination, de la culture et de l’humour, un mélange un peu casse-gueule à première vue, mais que l’auteur maîtrise décidément dans tous ses livres.
Commenter  J’apprécie          210




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Neal Stephenson (998)Voir plus

Quiz Voir plus

Le chien jaune de Georges Simenon

Quel est le nom du commissaire chargé de l'enquête ?

Cremer
Maigret
Burma

10 questions
462 lecteurs ont répondu
Thème : Le chien jaune de Georges SimenonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}