AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Niccolò Ammaniti (314)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Je n'ai pas peur

“Quand on tombe dans l'eau, la pluie ne fait plus peur.”

(proverbe russe)



Il semblerait que Niccolò Ammaniti a écrit son premier roman, "Branchies", dans le cadre de la procrastination, à l'époque où il rédigeait une thèse sur les neuroblastomes. Quel dommage que toutes nos procrastinations n'aboutissent pas aux mêmes résultats !

Considéré comme l'un des plus talentueux écrivains italiens de ces dernières décennies, l'auteur a gagné sa notoriété grâce à ce court roman, "Je n'ai pas peur" (2001), une très agréable découverte babéliote, lue d'une traite.

J'y ai retrouvé des sensations de ma première lecture de "Stand by me" de Stephen King, relevées par une pincée de poivre noir à la William Irish, mais tout cela reste très subjectif : "Je n'ai pas peur" est un récit profondément italien, bien ancré dans l'été particulièrement caniculaire de 1978, dans un petit patelin au sud de l'Italie, Acqua Traverse.



Le petit Michele passe ses vacances entre les champs de blé mûr et des chemins poussiéreux chauffés à blanc, en compagnie de ses camarades du village. En relevant un défi idiot, il va s'aventurer dans une maison délabrée sur une colline proche, et il trouvera quelque chose de très inquiétant. Quelque chose qui va changer le reste de cet été chaud et léthargique en cauchemar, et qui le mettra pour la première fois de sa vie véritablement face à la mort.



L'histoire, racontée du point de vue d'un petit garçon de neuf ans, nous permet d'entrer à la perfection dans le monde poétique des garnements de la campagne, où il reste encore beaucoup de place pour le mystérieux et le surnaturel. Mais l'auteur ne se laisse pas envahir par le sentimentalisme : ce monde enfantin est, certes, plein de camaraderie et de compassion, mais aussi d'alliances secrètes, trahisons et violences entre copains. Et juste un étage au-dessus se trouve l'incompréhensible et impitoyable monde des adultes.

Ceci n'est pas encore tout à fait compris par le petit Michele, qui regarde son guignard de père avec une mansuétude presque paternelle, mais le Michele adulte, qui revoit toute l'histoire avec recul, le sait très bien.

Les deux lignes narratives sont étroitement liées l'une à l'autre : le cruel monde des enfants copie celui des adultes par sa hiérarchie basée sur la loi du plus fort.

Dans le trou puant où le garçon fait sa découverte, les jeux et l'imagination enfantines se superposent à la dure réalité, injuste et sans compromis, des adultes ; l'endroit devient une sorte de porte symbolique entre les deux. Tout comme Alice au Pays des Merveilles, Michele tombe dans un trou pour découvrit un monde qui ne tient pas debout, qui ne donne plus aucun sens, mais qui s'appelle, hélas, la vraie vie.



Ammaniti sait raconter de façon suggestive, presque cinématographique, avec une grande maîtrise de la gradation. Soleil de plomb, terre brûlante, champs de blé sans fin, virées sauvages à vélo, maison en ruine, moments mortifères de danger et de stress intense, revirements et surprises sont décrits avec la précision des vidéoclips en couleur. La trame narrative n'est pas embellie par des fioritures inutiles ; la quantité et le caractère des effets dramatiques sont dosés plus que raisonnablement. Par bonheur, le livre se dispense aussi des considérations moralisatrices sur le bien et le mal, le crime et le châtiment, le courage et la lâcheté, que l'histoire pourrait potentiellement offrir. Avec son style solide et sa sincérité, le roman devrait ravir un large public, y compris les lecteurs exigeants.
Commenter  J’apprécie          7315
Je n'ai pas peur

C'est l'été, chaud , très chaud dans un petit , un très petit village des Pouilles . Désoeuvrés, Michele , sa soeur Maria , Salvatore , Antonio dit " Rackam" , Remo et Barbara font du vélo dans la campagne , toujours en quête de quelqu'exploit à accomplir , comme cette course , par exemple qui verra Michele recevoir un gage...Et oui , dernier , et pas question de faire valoir qu'il a aidé sa petite soeur de cinq ans , non , pas question ...Et puis , le gage , il n'est pas si dur que ça , traverser le premier étage d'une maison délabrée au plancher pourri....A neuf ans , pas question de céder à la peur même si l'on risque de s'écraser au sol , quatre mètres plus bas..

Et , oui , pour avoir passé les vacances à parcourir la campagne sur des vélos dont l'état laissait à désirer, on retrouve dans ce début de roman le plaisir des premières libertés , des premières bêtises , le groupe et son " chef " un peu " dur " envers sa troupe , les retours tardifs et souvent peu glorieux et houleux à la maison ; il faut dire qu'il passait vite , le temps....Ah , nostalgie....Il faut dire qu'on s'y croirait vraiment , tant c'est décrit avec justesse et finesse...

Bon , je m'égare , quoique, connaissant maintenant certains et certaines d'entre vous , je suis certain qu'elle va vous émouvoir , cette première escapade , vous allez vous dire , " j'ai l'impression de revivre quelque chose...."

Oui , oui , c'est bon, j'avance. Donc , Michele , il arrive en fin de parcours , bientôt le gage aura été réalisé et on pourra repartir vers d'autres aventures....Allez , un dernier effort , la fenêtre, Michele prend son élan, saute et atterrit sur ...sur quoi , au juste , sur...heu , un tas de ... ah , mince , je ne me souviens plus ...c'est dommage car , à partir de ce moment - là,......Vrai , vous m'en voulez pas ? Non parcequ'à partir de là , les vacances vont prendre une tournure inattendue , pour les enfants et leurs parents.....et on ne saura plus vraiment qui est qui , qui a fait quoi , qui sont ces démons qui ont pris possession des lieux , des âmes et des corps........

Et c'est entre la description d'une vie quotidienne extraordinairement rapportée et des mystères de plus en plus sombres que l'intrigue va peu à peu glisser vers une situation de plus en plus insupportable et effrayante.

C'est du noir , du bon roman noir qui vous tient en haleine , qui finit par vous sortir de votre " béatitude " pour vous enfoncer dans la noirceur absolue...

Allez , pour les plus sensibles , les...10 premières pages sont...comment on dit ? ..." cool " .Oui , après , ça se gâte..

C'est un roman très bien écrit, vif , alerte et ...noir . Bon courage et...bonne lecture.

Commenter  J’apprécie          714
Comme Dieu le veut

Voilà une fresque sociale contemporaine menée tambour battant! En compagnie de pieds nickelés aussi désespérants qu’attendrissants dans leur infortune, même si elle résulte le plus souvent de leur incapacité à prendre les bonnes décisions. Je dirais même plus, à leur obstination de choisir systématiquement la pire solution.

Rino, le skinhead alcoolo, Danilo, qui rêve encore de reconquérir sa femme malgré le drame qui les a séparé, Quattro Formaggi, jamais remis d’une électrocution, les trois lascars projettent un coup fumant qui les sortirait de la mouise : défoncer un distributeur de billets à l’aide d’une voiture bélier!



Cristiano, essaie de trouver des repères au sein de toute cette confusion. Pas de copains, la crainte permanente que le zélé Beppe le place en famille d’accueil, un amour immense pour son père Rino, qui arbore un drapeau nazi dans sa chambre et passe le plus clair de son temps dans les brumes d’une alcoolisation massive. Pour lui, il est capable de tuer un chien de sang-froid, et bien pire.



Dans une Italie terriblement éprouvée par l’agonie d’une économie que le passage à l’euro a achevée, Niccolo Ammaniti, décrit avec réalisme le quotidien désespérant de ceux qui osent encore espérer, au risque de se perdre un peu plus.



Tels des funambules au dessus d’une précipice, la bande de losers s’achemine avec détermination vers le drame.



Les personnages sont remarquables. Malgré leur faiblesse, leurs tares, on s’y attache avec force. Ils parviennent à nous faire rire, tout en inspirant un dégoût jusqu’à la nausée. Quattro Formaggi en particulier, qui vit dans un taudis envahi par un chantier de crèche, et cherche inutilement le sens divin de chaque événement pour justifier ses frasques, est un quasimodo des temps modernes.



Mais celui qui hisse le récit au rang de chef d’oeuvre c’est bien sûr Cristiano, dont on n’ose imaginer l’avenir, après cette enfance écourtée (a-t-elle même existé?). Intrépide, fidèle à sa parole, mal dans sa peau, mais largement plus malin que son entourage, on croise les doigts pour que ses ressources lui viennent en aide



L’écriture est tonique, efficace, on se s’ennuie pas un instant, et on arrive à rire (jaune) de cet humour (noir) qui ponctue les pages et allège le récit.



Une excellente lecture, hautement recommandable.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          531
Je n'ai pas peur

Eh bien moi, je peux vous assurer que j’aurais peur !

Ce pauvre Michele, petit garçon italien connait la peur de sa vie et arrive à la surmonter.

Car il a un cœur gros comme ça.

Je ne vous en dis pas plus.

Sachez juste que cela se passe dans un « village » de 4 maisons, perdu au fin fond des Pouilles, l’été 1978, accablé par une chaleur intenable.

Michele vit avec sa maman, une belle femme sensuelle, son père, un chauffeur de poids lourd qui revient de temps à autre à la maison, et sa petite sœur Maria, fan de Barbie. Il a des copains (enfin, cela dépend lesquels) qui l’accompagnent dans ses escapades à vélo. Une escapade, notamment, va le mener .... aux confins de ses cauchemars les plus horribles.

Mais non, il n’a pas peur ! C’est ce dont il veut se persuader, en tout cas.



Cette virée dans l’horreur totale, je l’ai vécue avec lui, grâce au style vivant et rempli d’empathie de Niccolo Ammaniti. Ma lecture a été rapide, sans temps mort. Cet auteur a le don de mêler les descriptions très réalistes de la vie quotidienne à l’exception insoutenable, par le biais de Michele.



Je vous recommande cette histoire vue par les yeux innocents d’un petit garçon qui croit – qui croyait – en la bonté des adultes. Vous aurez envie de le prendre sous votre aile et de le protéger à jamais.



NB. NE LISEZ SURTOUT PAS LE RESUME SUR BABELIO NI LA QUATRIEME DE COUVERTURE car tout est dévoilé !!!

Commenter  J’apprécie          5313
Comme Dieu le veut

Bon Dieu de bon Dieu... Qu’est-il donc passé par la tête de Niccolo Ammaniti pour nous raconter une histoire pareille, avec des personnages pareils, à qui il arrive des catastrophes pareilles !





Nous sommes dans un village même pas touristique, même pas beau, de l’Italie profonde, au bord d’une nationale sur-fréquentée par les camions et autres engins rapides et bruyants. Une petite maison très sale façon déchetterie, habitée par un homme jeune encore, skinhead, nazi, brutal, mais au cœur sur la main, père célibataire d’un adolescent de 13 ans, Cristiano. Et les copains de cet homme sont eux-mêmes très « typiques », vais-je dire : un dérangé du ciboulot – mais vraiment dérangé ! – et un divorcé malheureux du malheur le plus horrible qui soit. Comptons aussi sur l’assistant social en pleine confusion amoureuse et sur quelques jeunes de la classe de Cristiano, pas dans la norme non plus...

Le tout forme une histoire qui se déroule sur 3 jours, « avant », « pendant » et « après ».





Déjà « avant » nous met au parfum de cette petite bande déjantée, de leurs, hem, rêves, de leurs cauchemars aussi. Le « pendant » est...horrible. Oui, je le répète : horrible. Et l’après, je ne le dis pas, sinon je spoile.





Une suite de chapitres très très courts, focalisés sur l’un ou l’autre des personnages. Cela avance très vite ; heureusement, car d’abord c’est un pavé, mais aussi un pavé de mauvaises intentions ! Même si Dieu est appelé de tous les vœux des personnages, l’enfer est souvent là, à leurs pieds.

L’Italie profonde et en rupture, laideur, saleté, brutalité, alcool, drogue, sexe bien prosaïque sans aucune once de poésie, ouragan dans le ciel et dans les cœurs. Mais aussi et heureusement, par moments il y a des fils d’or , ceux de l’amour d’un père envers son fils et de l’amitié (difficile quand même).





Niccolo Ammaniti nous raconte toute cette mixture aux relents nauséeux d’une manière vigoureuse, sans faux-semblants et ça me plait. Mais à la longue, j’ai quand même besoin de ciel bleu, de poésie et d’idéalisme. Et ici, point de tout cela.

Donc évitez ce roman si vous vous sentez dépressif, cela ne fera que vous enfoncer davantage, à moins que vous ne vous disiez qu’il y a pire que vous. Et ici, dès la première page, on peut en être sûr ! C’est tellement catastrophique que cela en deviendrait risible.





Et dire qu’il y a des gens qui vivent de cette manière... Comme Dieu le veut ?

Commenter  J’apprécie          4710
Moi et toi

D’abord c’est MOI. Moi tout seul. Seul face aux autres, les méchants, ceux qui rient ensemble, qui font des conneries ensemble. Moi tout seul.

Mais bon, c’est difficile quand même, à quatorze ans, d’oser être seul...Maman s’inquiète, papa aussi. Ils voudraient tant que leur enfant soit sociable, ait des amis.

Alors le MOI devient FAUX MOI AVEC LES AUTRES. Et tout le monde lui fiche la paix.

Mais quand le faux moi exagère, en inventant une invitation au ski par la fille la plus belle de l’école et ses 3 copains, cela devient compliqué, et même très compliqué. Il faut gérer la réaction maternelle, et aussi les conditions matérielles du faux séjour au ski qui se dérouleront dans la cave de l’immeuble.

Et quand la demi-sœur...droguée... se pointe dans le repaire alors qu’on voulait seulement la paix pendant la semaine du pseudo-séjour au ski, est-il possible que cela devienne MOI ET TOI ?





Ce tout petit roman est tout frais, tout simple, peut-être trop simple. Il montre avec la (pseudo) naïveté d’un ado de 14 ans plusieurs problèmes de notre société : l’obligation de sociabilité à tout prix, même si l’on est un ado renfermé et peu apte à comprendre et à être compris des autres, l’inquiétude des parents qui veulent le bonheur (qui passe par la conformité) de leur enfant, le drame de la drogue.

Bien intéressant, tout ça. Mais je suis restée sur ma faim. J’avais faim de plus de profondeur psychologique, de plus de suspense, peut-être, parce que l’autre roman d’Ammaniti que j’ai lu (« Je n’ai pas peur ») m’avait comblée. Les thèmes également me semblent effleurés.

Donc, je suis un peu déçue. Je me dis que c’est un roman adapté aux 13-14 ans, et plus si affinités, dans lequel certains se reconnaitront.





Alors, moi et toi ? Ou toi et moi ? Ou ....nous ?

Commenter  J’apprécie          443
Anna

Le post-apo est un registre que je trouve particulièrement intéressant, par son esthétique, par les thèmes qu'il permet d'aborder, notamment sur la nature humaine, sur la place de l'Homme sur Terre, mais aussi par les sensations qu'il procure. C'est un genre propice à beaucoup d'émotions. Dans "Anna", un peu comme dans "la route", la réflexion n'est pas le cœur du récit et l'auteur ne cherche pas vraiment à soulever de questionnements profonds. Comme le roman de McCarthy, "Anna" est avant tout une lecture sensorielle qui vise le cœur du lecteur. Ammaniti n'a pas manqué sa sa cible, j'ai eu beaucoup d'émotions lors de ma lecture de ce roman malgré ses défauts.



On retrouve dans "Anna" les composantes classiques du post-apo. Les personnages déambulent dans des décors quasi-déserts, des villes fantômes. Un virus a tué la quasi-totalité des êtres humains... Du très classique donc. mais l'originalité du roman réside dans le fait que le virus ne tue que les adultes. Du coup, les survivants que l'on va suivre sont des enfants. Cela permet au roman de se démarquer de la masse des récits pos-apo qui ont récemment pullulé et qui mettent souvent en scène un groupe de survivants suffisamment représentatif pour être un reflet de la société actuelle. Ce concept est en soi vecteur d'émotion. Le lecteur est à la fois ému et effrayé par ces gosses livrés à eux-mêmes. On est touché par ces enfants si vulnérables, si naïfs, qui se raccrochent à des petits riens (une paire de baskets), qui, parfois, ne semblent pas prendre la mesure du drame qui se déroule et qu'ils vivent comme un jeu.

Malgré l'émotion suscitée par le sort de ces petits survivants, le lecteur ressent parfois un malaise face à eux, presque de l'effroi. Ces gosses sont imprévisibles, ils n'ont pas eu le temps d'être façonnés par l'éducation, ils ne sont pas cadrés par une quelconque autorité raisonnable. Ils ont un côté primitif, sauvage qui les rend inquiétants. Dans ces moments de malaise, j'ai pensé au film "les révoltés de l'an 2000" (le titre original, "Quien puede matar a un nino ?", est bien meilleur), très bon film espagnol des années 70 dans lequel des adultes débarquent sur une île dans laquelle il n'y a plus d'adultes. Dans ce film, les enfants sont très inquiétants et sont un peu filmés comme les oiseaux d'Hitchcock.



Ces sentiments ambivalents ressentis à la lecture témoignent de la réussite de l'auteur. Les enfants et leurs réactions sont vraiment crédibles. Trop souvent, dans les œuvres mettant en scène des enfants on se dit "non, un enfant ne ferait pas ça ou ne dirait pas ça", trop souvent on sent l'adulte qui se met à la place de l'enfant. Ici, ce n'est pas le cas, ça sonne juste. L'adulte qui écrit se fait oublier et on ne voit que des gosses penser, agir et réagir comme des gosses au monde qui les entoure.



Il y a des défauts, des maladresses dans le roman d'Ammaniti, notamment la fin qui n'en est pas vraiment une et qui est très en dessous du reste du roman. Mais on ne lui en tient pas rigueur. "Anna" fait vivre de grandes émotions à son lecteur.

A ne pas lire si on est déprimé, le ton du roman étant très désespéré, après tout l'humanité est condamnée, c'est inéluctable puisque tous les enfants finissent par grandir.
Commenter  J’apprécie          438
Je n'ai pas peur

Quinze ans me séparent de ma première lecture de ce roman pour mon cours d’italien et le souvenir ne s’est pas estompé..

Je l’ai repris il y a un mois pour le lire à voix haute à mon épouse, en version française cette fois, le charme est resté intact.

Le très beau billet de Suzanna m’a incité à vouloir, moi aussi, rendre hommage à ce livre.



La trame ne peut en être dévoilée, sachez seulement que l’action se déroule à Acqua Traverse, minuscule bourgade d’Italie, lors d’un été particulièrement chaud.



L’histoire nous est contée par Michele, petit garçon de neuf ans, avec ses mots d’enfant, il nous révèle ses sentiments, ses peurs, irraisonnées parfois, justifiées souvent.

À travers lui se dessinent deux mondes, celui des enfants, leurs bandes et leur chef de bande, leurs moqueries, leurs trahisons et à côté, celui des adultes, mais ne croyez pas que celui-ci soit meilleur, bien au contraire.

A l’occasion de la perte d’un gage, il va faire une découverte qui changera sa vie…



C’est raconté par un enfant, mais ce n’est pas un conte de fées.

Il a raison de se persuader de ne pas avoir peur.



C’est un portrait noir, non pas noirci par l’enfant, celui-ci restant candide, mais noir par le regard que le lecteur pose sur les faits que Michele relate.

Le livre se lit facilement et m’a tenu en haleine jusqu’aux dernières lignes.

Je vous le recommande chaleureusement.



Commenter  J’apprécie          396
Moi et toi

J'ai découvert ce livre complètement par hasard et, rien qu'en lisant la quatrième de couverture, j'ai su qu'il me plairait et que je n'aurai certainement pas de mal à m'identifier au personnage. En effet, durant mon adolescence, j'ai moi aussi souffert de solitude. J'avais des amis, certes, contrairement au personnage principal de ce roman, mais j'avais l'impression de ne pas arriver à me fondre dans le moule. Eh oui, j'adorais l'école, j'étais plus grande que mes camarades de classe et étais déjà formée pour mon âge...et en plus, d'avais un appareil dentaire et des lunettes. Et tout cela m'a valu d'être dénigré par mes camarades de classe qui, eux, étaient, comme il faut être à cet âge-là, rebelles et détestant l'école et par conséquent foutaient le bazar en classe...

Mais, ces quoi tout ça en fin de compte ? Y a-t-il une norme qui dit que l'on doit comme ça et qui l'on ne répond pas aux conditions, on doit forcément être rejeté car on est différent ?



Bref, revenons-en à notre ouvrage car je ne pense pas que ma vie personnelle vous intéresse réellement. L'histoire se déroule en Italie sur une période de dix ans, de l'an 2000 jusqu'en 2010. Lorenzo est un jeune ado de quatorze ans et n'a pas d'amis, si bien que ses parents commencent réellement à se poser des questions et à l'emmener voir un psy. Pour les rassurer, Lorenzo s'en invente, prétextant que les après-midis où il n'a pas cours, il les passe chez ses camarades de classe, alors qu'en réalité il est avec sa grand-mère. Mais cette fois, il va pousser le bouchon bien plus loin : il a été invité à aller passer une semaine au ski chez l'une de ses camarades de classe, Alessia et sa famille. Mais Lorenzo a tout prévu : ses parents possèdent une cave dans laquelle ils ne se rendent jamais. Pourquoi ne pas y élire domicile le temps d'une semaine passée soi-disant a ski avec Alessia et d'autres adolescents qu'elle a, eux, réellement invités. Cependant, ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est que sa demi-sœur Olivia, plus âgée que lui d'une dizaine d'années, fasse irruption dans la cave pour récupérer de vieilles affaires qui lui appartiennent. Autant vous le dire tout se suite : ni lui ni ses parents n'ont jamais eu de très bonnes relations avec Olivia...Que va-t-il se passer ? Va-t-elle le dénoncer à leur père ?



Un roman vraiment très bien écrit, qui se lit en un rien de temps. De plus, il est vraiment très touchant, voire même triste par moments ! A découvrir !
Commenter  J’apprécie          363
Comme Dieu le veut

Imaginez un petit patelin du nord de l’Italie, un coin perdu, un endroit pour paumés, pour désabusés. Eh bien c’est là que se situe l’action du roman Comme Dieu le veut. Dans ce lieu misérable, Rino Zena fait de son mieux pour s’en sortir mais les temps sont durs. Il n’a pas d’emploi stable (les entrepreneurs locaux préfèrent les immigrants clandestins qui sont moins exigeants, qui ne posent pas de questions…), pas de femme, et ses seuls amis sont des magouilleurs peu fiables. La seule lueur d’espoir dans sa vie : son fils unique Cristiano. Cette relation père-fils est au cœur de ce roman. Mais les services sociaux sont préoccupés de cette situation.



L’auteur Niccolo Ammaniti nous présente un univers dur, souvent vulgaire (je pense entre à l’épisode avec la prostituée droguée dans la chambre de Rino) et parfois violent (par exemple, le meurtre et le viol d’une jeune fille). Un univers qui n’épargne personne. Chaque fois qu’un personnage essaie de s’élever au-dessus de sa situation minable, un contre-coup du sort le remet à sa place, même pire. Rino, toujours sans emploi, décide de « faire un coup » pour s’enrichir rapidement. Comme si l’argent allait tout régler ! Dans tous les cas, rien n’est aussi facile et les emmerdes s’accumulent trop rapidement, surtout quand ses potes Danilo Aprea et Quattro Fromaggi ne sont pas à la hauteur… Son fils qui veut plaire à tout prix, qui a mauvaises fréquentations, les gosses du coin sont superficiels, ne pensent qu’à s’en aller ou à consommer. Même l’assistant social Beppe Trecca chargé de veiller sur Cristiano a des squelettes dans son placard. Bref, des problèmes partout.



En tant que lecteur, on peut s’appitoyer un moment sur le sort des deux Zena mais ils sont toujours confrontés à la vulgarité et à la violence. À la fin, leur misérabilisme devient lourd à porter. Puis les malheurs successifs de chacun finissent par les abrutir et leur faire perdre le peu de pitié qu’on ressentait pour eux. Voire, à ne ressentir qu’indifférence à leur endroit.

J’avais beaucoup aimé Je n’ai pas peur, un autre roman d’Ammaniti. Toujours cette Italie… Mais il ne nous présente plus un univers d’enfant innocent et un tantinet enchanteur, peut-être pauvre – quoique, qui s’en soucie à un jeune âge ? – mais encore caressé par le soleil chaud et réconfortant du sud. Non, dans Comme Dieu le veut, il nous confronte à une histoire plus crue, à la nuit, la pluie, aux torrents de boue, à tout ce que la vie peut balancer à la figure. Dès le début, on plonge de plein fouet dans le monde des adultes, dégueulasse, sombre, sordide.



Ce qui sauve ce roman, selon moi, c’est deux éléments. D’abord, les personnages. Ils sont criants de vérité. J’y ai cru, quand Cristiano explique dès le début ses déboires avec son père alcoolique, ou bien quand il raconte la mort de son chien, écrasé par un camion. Ces petites tranches de vie donnent le ton rapidement tout en dévoilant beaucoup en peu de mots. Pareillement pour les autres personnages, haut en couleurs mais crédibles : Danilo Aprea et Teresa, Quattro Fromaggi, Fabiana Ponticelli et son amie Esmeralda, Beppe Trecca. L’auteur a un don pour faire ressortir le pire en chacun, mais également le meilleur ou, du moins, une lueur d’espoir avec laquelle il s’amuse pour garder l’intérêt du lecteur. L’autre élément, c’est la narration et l’organisation du récit. De brefs chapitres, changeant de point de vue, permettant d’avoir l’idée de chacun sur les événements de l’histoire. Rythme rapide, émotions intenses.



En terminant, même si Comme Dieu le veut ne m’a pas plu autant que je l’aurais souhaité, il m’a tout de même intéressé. Je lirai d’autres romans de Niccolo Ammaniti. Sa plume très évocatrice (certaines scènes sont dorénavant gravées dans mon cerveau !), son don pour décrire les situations, surtout les plus pénibles, n’a pas son égal, ou si peu. Aussi, il force la réflexion sur des enjeux qui, s’ils sont amenés sous un angle spécifique à l’Italie, ont une une portée universelle. On n’en sort pas indemne.
Commenter  J’apprécie          352
Moi et toi

Il est bien timoré ce fils unique de quatorze ans, il faut dire que sa maman le surprotège. Il n'a pas de copains, au mieux on l'ignore au lycée, au pire on le chahute, mais il a trouvé la parade pour se faire oublier. Pour rassurer ses parents et s'évader de ce trio familial étouffant, il prétexte une semaine de ski avec des camarades. Il s'offre en réalité une retraite clandestine dans une cave, avec jeux vidéos, stock de livres et de provisions. Une visite va briser ce petit break confortable et bouleverser sa vie "à tout jamais" - la formule est cucul mais elle prend tout son sens dans cet ouvrage.



Superbe roman émouvant et plein de surprises. Fusion mère-fils, solitude, égoïsme, adolescence, mue vers l'âge adulte notamment par l'expérience de drames, fratrie, toxicomanie - thèmes brillamment traités ici avec finesse et sensibilité.



A lire d'une traite, de préférence.
Commenter  J’apprécie          350
Moi et toi

C'est mon fils qui m'a incitée à lire ce livre, il ignorait que le film de Bertolucci, qu'il avait apprécié , était tiré d'un roman...



J'ai été bouleversée par cette lecture. Les deux personnages principaux de ce court récit sont des êtres socialement peu intégrés et qui en souffrent. Ils vont s'aider mutuellement.



Le texte s'ouvre et se ferme sur l'année 2010. L'essentiel de l'histoire se déroule dix ans plus tôt. Lorenzo a quatorze ans, et par l'utilisation du mimétisme, essaie de ressembler aux autres adolescents de son âge, mais il est " différent". Je ne connaissais pas cette pathologie de " l'ego grandiose", j'ai même consulté Internet. Apparemment, c'est un trouble narcissique, une forme de bipolarité. En tout cas, dans le roman, Lorenzo est obligé de faire semblant continuellement, pour ne pas inquiéter sa mère qu'il adore, et pour donner le change vis-a-vis du monde extérieur. Parfois, il n'arrive pas à contrôler sa violence.



Sa mythomanie, devenue sa forme de survie, l'entraîne alors dans un mensonge plus complexe à gérer que les autres, car il prétend être invité par une copine de classe une semaine au ski. En fait, il se cache dans la cave de son immeuble. Il avait tout prévu : nourriture, livres, mais l'arrivée impromptue de sa demi-soeur, Olivia, droguée en manque, va modifier à jamais sa vie.



J'ai été très touchée par la difficulté de vivre de ces deux jeunes, par leurs douleurs intimes, leurs prisons personnelles: Lorenzo et sa volonté de rassurer sa mère, son écartèlement entre sa vérité et la fiction qu'il doit créer. Olivia et ses démons, ses manques affectifs, son isolement du monde. La prison réelle, celle de la cave, devient en fait un lieu de libération, qui va les aider à se découvrir et à affronter l'extérieur. Ils sortiront grandis de cette expérience, plus sereins.



Pour un temps seulement...



Un livre bref mais intense en émotions.
Commenter  J’apprécie          340
Anna

2020, quatre années ont passé depuis que le virus a fait surface et décimé la population mondiale.

Seuls les enfants survivent, et encore, dès lors qu'ils atteignent l'âge de l'adolescence, ils sont victimes de "La Rouge", et meurent dans d'affreuses souffrances... C'est dans ce monde ravagé que, livrés à eux-mêmes, Anna et son petit frère Astor tentent de survivre.



---



Je remercie jamiK sans qui je n'aurai jamais découvert cet auteur ni ce titre. Version rustique d'un post-apo, ou La Route par les yeux d'enfants, plongée dans un monde sans adultes et sans lois si ce n'est celle du plus fort ou plus malin.

Les thèmes abordés et les idées disséminées le long du récit par Niccolò Ammaniti sont intéressants : voir l'apocalypse du point de vue enfantin, dans une Sicile coupée du monde, avec quatre ans de macération et toute les histoires qui ont pu être inventées et qui deviennent vite de nouveaux mythes ou religion, etc., mais j'ai trouvé que certains points auraient mérité plus de développement : le chien, la rouge, la pitchounette, les baskets, etc. tout ça partait bien mais fait un peu pschiit au final. Le début promettait beaucoup mais je trouve que l'histoire part un peu dans tous les sens, avec moult péripéties, pour revenir enfin sur une ligne droite (quand on lit "scénario de jeu vidéo" c'est vrai que ça fait un peu cet effet "quête principale" "quêtes annexes" et "scriptage").

Je n'ai pas été satisfait par le tour que prenait l'histoire, tout va un peu trop vite et s'enchaine un peu trop rapidement, des flash-back et des rêves, des situations difficilement compréhensibles ou que j'ai eu du mal à me représenter... d'ailleurs j'ai trouvé le style de l'auteur parfois à côté de la plaque (avec des évènements importants torchés en une phrase banale et sans envergure, ou des descriptions lacunaires, par exemple) et une traduction laissant franchement à désirer côté syntaxe et idiotismes.



Bref, un dépaysement valant le détour, avec de nombreux éléments marquants et intéressants, mais un trame globale qui m'a laissé un goût d'inachevé.
Commenter  J’apprécie          340
Je n'ai pas peur

Village pauvre au sud de l'Italie, été caniculaire. Petit garçon sensible et généreux, Michele avait neuf ans en 1978. Vingt ans plus tard, il raconte ces vacances entre ses jeux avec les copains et le drame dans lequel il s'est trouvé impliqué.



Si on n'a pas lu la quatrième de couverture, on commence par s'installer confortablement dans les souvenirs du narrateur. On peut y trouver quelques échos avec ses propres 'grandes vacances' d'enfant à la même époque. Ambiance de bande de garçons, avec l'inévitable caïd un brin sadique qui décide pour les autres et distribue des gages.

Mais le récit bascule vite, le ton change, la gorge se noue, la tension monte : dira, dira-pas ? sauvera ou pas ? quid des relations familiales ?



Comme dans 'Moi et toi', Niccolò Ammaniti excelle à happer son lecteur, à le surprendre, mais aussi à l'émouvoir avec des personnages attachants et des situations dramatiques.



Un minuscule léger bémol : la prose est parfaite, on sent la voix de l'enfant à travers celle de l'adulte. Mais de loin en loin, quelques dérapages voulus avec "l'oubli" du subjonctif. Dommage, c'est artificiel et superflu.



--- Je poursuis ma découverte de l'auteur.



Roman adapté au cinéma en 2003 - titre de la VF "L'été où j'ai grandi".
Commenter  J’apprécie          320
Anna

2020 : quatre années ont passé depuis que le virus a fait surface et décimé la population mondiale.



Seuls les enfants survivent, et encore, dès lors qu'ils atteignent l'âge de l'adolescence, ils sont victimes de "La Rouge", et meurent dans d'affreuses souffrances...

C'est dans ce monde ravagé que, livrés à eux-mêmes, Anna et son petit frère Astor tentent de survivre.



Après Il Miracolo, Niccolò Ammaniti va adapter son roman Anna publié en France en 2016 chez Grasset.





L’intrigue, qui nous plonge dans un monde exclusivement peuplé d’enfants après qu’une épidémie a décimé l’ensemble des adultes, s’est avérée incroyablement visionnaire.

Si on ne peut qu’être frappé par les échos avec la pandémie de la Covid-19, l’intérêt du texte est ailleurs : dans le voyage qu’elle nous invite à accomplir aux côtés de cette jeune héroïne, à travers les décombres d’un monde redevenu primitif, où la beauté côtoie la plus grande violence.



Difficilr de rester insensible au sort d'Anna dans ce récit' 'anticipation dystopique, à la fois puissante et angoissante



Des personnages hauts en couleurs, tantôt cruels, tantôt émouvants, qui évitent clichés et archétypes , parsèment cette odyssée qui ressemble à un conte, riche de références et de symboles.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          310
Anna

Ammanitì renoue avec ses thèmes préférés : l'enfance abandonnée à elle-même dans un univers chaotique et dangereux. La relation forte d'une soeur avec son frère comme un nouveau cordon ombilical de survie.



Anna, le titre, est peut-être un clin d'oeil au Voyage d'Anna Blum, en tout cas, notre Anna déambule dans une Sicile dévastée par une apocalypse : La Rossa, la Rouge, un virus effrayant frappe et tue les adultes du monde entier, les enfants ont un sursis jusqu'à ce que l'adolescence les mette à leur tour sous le joug de l'épidémie, les incendies ravagent les villes, la disette et la misère bouleversent moeurs et relations humaines.



Comme dirait poétiquement un certain berger des Pyrénées- le candidat aux élections, pas le chien!- la nature et l'humanité s'ensauvagissent furieusement...



Quelques belles pages et une vraie tension, le tout dans un italien fluide et facile à lire...je n'ai pas boudé mon plaisir, et j'ai dévoré mais me suis accordé quelques jours de réflexion et de recul avant de rédiger ce billet...



Je dois donc reconnaître que ce n'est pas un chef d'oeuvre et qu'un peu de sobriété dans l'horreur eût été la bienvenue..certaines pages sont d'un gore absolu- les vaches abattues par les bambins dans le supermarché ! - les détails scabreux finissent par donner la nausée, ou frôler l'insignifiance à force d'excès. Certaines chapitres sont totalement superflus- le chapitre baptisé Le due buste- mais certaines pages demeurent:la pêche au poulpe, la poursuite d'Anna par le chien aux trois noms-et surtout le "personnage " formidable campé par ce chien, la tendresse qui unit le petit trio et la fin, jolie et bien trouvée, ni happy end ni issue catastrophique , toute claudiquante , clopinante et fragile ..



Bilan mitigé mais un bon moment de lecture quand même !
Commenter  J’apprécie          310
Comme Dieu le veut

Un patelin perdu d'Italie où les jolies jeunes filles rêvent de Milan, Rome, New York...

Cristiano, treize ans, vit seul avec son père Rino. Celui-là, on pourrait le présenter comme un blaireau fini, alcoolique, violent et facho (un drapeau avec une croix gammée au-dessus de son lit, faut le faire). On peut dire aussi à sa décharge qu'il a perdu femme et boulot, et qu'entre deux cuites, il adore son fiston - qui le lui rend bien - même s'il lui met de drôles d'idées en tête.

Les deux potes de Rino sont aussi losers que lui, et moins futés. Danilo va mal depuis que sa femme l'a quitté après la mort de leur enfant, il cherche à la faire revenir. Et 'Quattro Formaggi' est 'fou comme un cheval' depuis un accident, mais ça n'a jamais tourné trop rond dans sa tête, il a toujours été une proie facile pour les brimades...

Ras-le-bol de vivoter, de gagner quelques billets avec des petits boulots, ces trois-là ont soudain l'idée de s'enrichir vite et bien.



De Niccolò Ammaniti, j'ai lu 'Toi et moi' et 'Je n'ai pas peur', romans subtils, courts et percutants.

J'étais très enthousiaste en démarrant ce volumineux 'Comme Dieu le veut' : personnages hauts en couleur, violence et tendresse, portrait acide et grinçant d'une société qui part en vrille, humour dans certaines situations.

J'ai trouvé avec délice des accents de John Steinbeck ('Tendre Jeudi', 'Rue de la Sardine'), Silvia Avallone ('D'Acier', 'Marina Bellezza'), et Dennis Lehane ('Mystic River').

Coup de faiblesse à mi-parcours, quand je suis arrivée au pivot de l'intrigue, avec tous ces drames qui surviennent en cascade en une nuit. Trop, c'est trop, rien ne nous est épargné - ceci sur deux cents pages interminables. L'alternance très rapide entre les personnages donne la sensation d'être embarqué sur un manège endiablé, et accroît encore le vertige et la nausée que ces sujets suffisent à provoquer.

C'est dommage, j'aime vraiment l'univers et les personnages de cet auteur, et toutes ses réflexions sur la société - crise économique, médias - et l'individu - lose et rage contenue, petits arrangements avec Dieu, etc.



En conclusion : déception avec cette histoire sombre de dingues & de paumés...



■ 'Les dingues et les paumés', Hubert-Félix Thiéfaine (in 'Soleil cherche futur', 1982)

https://www.youtube.com/watch?v=kFioz-i2UII
Commenter  J’apprécie          291
Moi et toi

Lorenzo est un jeune ado qui a du mal à s'intégrer aux autres.

D'après le psy, il souffrirait d'un « ego grandiose ».

Pour tranquilliser sa mère, il lui fait croire qu'il est invité au ski par une camarade de classe.

En fait, il va passer huit jours dans la cave où il a tout réuni pour passer un séjour des plus peinard.

Mais c'est sans compter sans sa demi-sœur.

C'est une très belle et très douce et très délicate histoire.

Quelle sensibilité dans ce roman.

Qu'il est difficile d'être un ado comme les autres.

N'a-t-on pas droit à la différence ?

Et cette inquiétude des parents qui est un poids supplémentaire.

Les problèmes existentiels de ces deux jeunes et leur rapprochement sont vraiment touchants.

Niccolo Ammaniti crée souvent des personnages d'enfants ou de jeunes et il le fait avec une infinie délicatesse.

C'est vraiment un auteur que j'aime beaucoup.

Toutes mes pensées nostalgiques à sa traductrice Myriem Bouzaher.
Commenter  J’apprécie          285
Anna

J'aime tout particulièrement les atmosphères post-apo, je suis d'ailleurs une fan inconditionnelle de The Walking Dead (dont le premier épisode de la première saison a d'ailleurs très fortement malmené mon petit cœur). Mais ce qu'on oublie bien souvent, c'est que le post-apo ne concerne pas seulement les Zombies : l'Apocalypse peut revêtir d'autres visages.



Point de zombies ici, du moins de zombies tels qu'on les conçoit habituellement, mais « La Rouge », un virus qui décime la population dès qu'elle atteint l'adolescence, dès que les changements corporels se produisent. Anna, du haut de ces douze ou treize ans, approche à grands pas du moment où La Rouge s'appropriera son corps, mais pour le moment, elle est encore une fillette... Une fillette aux lourdes responsabilités qui doit s'occuper d'Astor, son petit frère, veiller sur lui, le protéger, jusqu'au moment où les « Grands », les adultes, il doit bien en rester quelque part, auront trouvé un vaccin. Ce n'est pas si simple lorsqu'on est soi-même une enfant, juste une enfant qui devrait courir après un ballon, ses couettes se balançant au gré de ses pas, ou jouer avec son vélo.



Mais si Anna court, c'est pour une autre raison, une raison de Grands : la survie.



Tout simplement.



Le risque majeur avec les romans post-apo est qu'ils ne soient pas à la hauteur de nos espérances. J'appréhende toujours le moment où je vais me plonger dans un nouveau récit de ce genre. Les personnages, l'atmosphère, la tension sont autant de composantes indispensables pour un roman efficace, autant de composantes qui peuvent complètement gâcher le moment espéré de lecture.



Mais Anna fait partie des romans qui touchent leur cible, de ces romans qui vous interpellent et dont on oublie même les failles. Certains points sont encore bien ancrés dans ma mémoire : pas de zombies au sens propre du terme, mais des zombies quand même, tout aussi cruels, voire plus étant donné que leur cerveau est bien actif.



J'ai parfois lu ci et là qu'il manquait d'action et je me suis demandée si nous avions lu le même livre. Ce roman en est plein et est d'ailleurs assez dérangeant parfois.



L'action se doit à la tension permanente, tout est un danger pour ces enfants : les chiens (Câlinou est une trouvaille vraiment réussie), le manque de nourriture, les autres enfants, le décor... Tous sont des obstacles dans cette course à la survie, dans cette course pour la vie. Il y a d'ailleurs un juste milieu entre cette tension et les moments plus tendres, ceux entre Anna et Astor, l'irruption de Pietro, Câlinou... L'auteur a su nous réserver des moments émouvants, drôles aussi, dans l'horreur environnante, il a su préserver des fragments d'enfance, un éveil à la vie, des émotions qui palpitent dans la poitrine et font bouillonner le sang dans les veines.



J'avais oublié que l'enfer peut émouvoir...



Une réussite.


Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          273
Moi et toi

Je n'ai pas retrouvé dans Moi et Toi l'odeur de l'Italie que j'avais pu ressentir dans " je n'ai pas peur" mais j'y ai trouvé deux adolescents blessés.

Lorenzo, enfant de 14 ans, mal dans sa peau, sans ami et Olivia sa demi-soeur, jeune toxicomane. Ces deux âmes blessées vont se retrouver au fond d'une cave et vont se découvrir et créer un lien fort entre eux.

Touchant, émouvant, ce livre met en exergue la difficulté de vivre et les parades pour essayer de s'en sortir ( mensonge pour un, drogue pour l'autre).



Commenter  J’apprécie          270




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Niccolò Ammaniti (1208)Voir plus

Quiz Voir plus

Fleurs, fruits, livres, chansons 🌸🍓📘🎶

Quelle chaleur!😓 Heureusement, j'ai gardé une ... pour la soif.

pomme
poire

10 questions
328 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}