L’aspect formel de l’œuvre cinématographique, audiovisuel ou domestique n’est plus seulement déterminé par la nature de son dispositif de diffusion, mais par sa dispersion, son « actualisation» sur un écran qui correspond au moment où l’on a décidé de voir ou de faire partager un programme audiovisuel. Libérées de toutes instances normatives, les images nomades s’éprouvent différemment : plastiquement élastiques, elles définissent une sensibilité à géométrie variable dont on peut faire actuellement l’expérience dans le champ de l’art contemporain.
Interroger la manière de faire d’un artiste, c’est aussi interroger les raisons pour lesquelles il choisit de présenter un agencement particulier, une vidéo, une installation, une photographie, ou bien un compte rendu écrit. Ce n’est pas simplement la question du choix du médium, mais celle également des relations, des rencontres, des opportunités et des décisions qui se présentent à l’artiste.
En d’autres termes, sous la pression de la visibilité croissante des pratiques amateurs et de la manipulation d’objets culturels (film, vidéo), c’est la manière de penser l’art, c’est-à-dire la manière d’identifier un artefact comme un objet artistique, qui est remise en cause et interroge par là même les manières de faire dans le champ de l’art.
Comme on l’a vu avec le cas des Secrets de Nicolas Frespech, l’art lié au réseau s’inscrit dans une économie très instable, fluctuante : la disparition des serveurs hébergeant des œuvres est le résultat de la disparition d’une société privée qui était indirectement dépositaire de l’œuvre, puisque propriétaire du serveur.
ce qui fait la singularité de la « basse définition », de cette sensibilité à géométrie variable, c’est que le réseau n’est pas qu’un simple réservoir de formes et d’idées que l’on peut transférer dans le champ de l’art, c’est un environnement complexe, informe, grouillant qui travaille profondément la sensibilité.
La déprofessionalisation de l’audiovisuel prend la forme de l’auto-publication. Instantanément visibles, les productions amateurs sont exposées à une logique darwinienne : seule une bonne audience assure une pérennité à l’existence d’une production amateur.
Le travail de l’artiste a besoin d’être rapporté mais aussi raconté. Le récit que fera le critique d’art ou le journaliste structurera la forme de la proposition artistique de l’artiste.
notre rapport aux choses, aux données sous l’angle du durable est une impasse.