On me conseille de suivre un traitement antidépresseur. Je m’y oppose farouchement, à tort ou à raison. A mes yeux, ce serait valider une situation inacceptable pour la rendre vivable au lieu de la résoudre. Ce serait se conformer à la loi de la toute-puissance moléculaire au lieu de modifier les mentalités de notre société.[…]
On me dit que j’en fais trop, que j’exige trop. Non, moi je n’ai rien demandé. Je fais juste le minimum vital pour atteindre le seuil minimal d’accès à l’autonomie d’un être dans notre société.
Il observe mais ne communique pas, il remarque mais ne montre pas, il constate mais n’imite pas, il voit mais ne regarde pas, il absorbe mais ne participe pas. Il est présent mais il est « ailleurs ». Il raconte mais ne dit pas. Il agit mais n’initialise pas. Il échange mais évite le contact visuel. Il ne décèle pas les codes sociaux. Alors il préfère la solitude et développe une relation étrange - excessive ou indifférente - avec adultes, enfants, animaux, objets, éléments naturels… Dans le domaine pratique, il est désorienté, dispersé dans l’espace, déphasé dans le temps. Il pense, il réfléchit mais il ne pense pas à réfléchir. [..]
Il se concentre sur les détails qui priment sur la globalité. Déphasé, il s complaît dans les routines qui font appel à un savoir plus mécanique que spontané.
Pour la vie sociale et la vie domestique, le schéma est identique à celui de la scolarité. Les Asperger sont doués pour presque tout, sauf pour les choses ordinaires.
Au cours de mon expérience, j’ai pu constater que les personnes qui ont le syndrome d’Asperger sont très différentes dans leurs aptitudes et leurs talents. Cependant, à la base, la nature de leurs besoins reste la même : elle concerne principalement la communication, la socialisation, l’autonomie. En revanche, la forme et le degré de l’aide sont très variables d’un Asperger à l’autre et dépendent largement de ses pôles d’intérêt, de sa personnalité, de son environnement familial et surtout de son choix de vie. […] sans un accompagnement intensif, adapté et exigeant dédié à ces êtres exceptionnels que sont les Asperger, leur envol vers l’autonomie, vecteur de la liberté, reste compromis. Sans cet encadrement dynamique, ils risquent de sombrer dans la déficience.
De même, ils ont souvent tendance à se dévaloriser car ils pensent que leurs qualités, pourtant hors du commun, sont justement banales et que les autres en sont également dotés. Il est alors nécessaire de leur faire remarquer leur méprise, en argumentant bien sûr !
La réminiscence d'un cursus honorum, soit un tronc complet d'instruction à la romaine mais adapté aux exigences contemporaines, serait idéale pour permettre l'épanouissement de profils non conventionnels au service d'un monde qui concilie retour sur investissement et éthique.
En revanche, je perçois les attributs apparents de la plupart des neurotypiques comme des sources de jugement souvent assorti de condescendance et de superficialité... et encore, cela sans compter leur mémoire... de poisson rouge... à croire qu'ils le font exprès !
De la souffrance naît le dépassement créateur, mon imagination intacte peut s'exprimer unie au support formel si durement conquis.
Je considère [...] que l'on peut aller jusqu'au bout de sa part de divinité, en ayant le coeur sincère et l'âme haute.