Quant à l'oiseau gravé dans la pierre, il fait référence à Ryannon, cette déesse celte dont les oiseaux avaient le pouvoir de réveiller les morts et de faire mourir les vivants.
Tu ne peux pas oublier tout les serments que nous avons échangés, tu ne peux pas lui donner tout ce que tu m'as promis! Souviens-toi de nos rêves d'enfants! Souviens-toi de nos deux corps qui ne supportaient pas de se séparer! Je t'aime, plus qu'aucun autre homme sur la Terre, n'en sera capable, tout ce qu'il est humainement possible de t'offrir je te le donnerai, je veillerai sur toi, sur le moindre de tes souffles, jusqu'à ma mort, tu seras ma lumière, me certitude. Ne te détourne pas de moi, je t'en supplie, tu ne peux pas épouser cet homme dont tu ne sais rien!
La mort était la seule certitude dont on héritait à la naissance, il fallait plutôt la considérer comme un point de départ qui donnait à l'existence toute sa valeur. Il fallait l'accepter pour vivre pleinement le temps qui nous est offert. Il passe si vite, seuls les moments parfaits peuvent arrêter les chronomètres, des instants de bonheur si forts qu'ils suspendent ce mouvement. Ces petits bouts d'éternité volée perdurent dans le souvenir, dans les mémoires, il n'y a qu'après cela qu'il vaille de courir.
Les haubans agités par un vent de force 7 cliquetaient sur les mats avec frénésie, et les bateaux, pourtant ancrés à l'abri, semblaient pris d'une furieuse danse de Saint-Guy. Sur le port déserté, quelques nasses oubliées, littéralement soufflées, traversèrent la place et allèrent s'échouer sous l'Algeco de la Compagnie de l'Iroise, dont l'auvent était rabattu. Des vagues montaient déjà à l'assaut du débarcadère.
L’île était coupée du continent, sine die.
Tous les êtres sont en partie imaginaires. À peine rencontrés, on les habille de nos illusions, de nos attentes, de nos fantasmes, de nos angoisses. On les façonne pour qu’ils nous conviennent le mieux possible, qu’ils se juxtaposent à nos désirs, nos haines ou nos peurs, à nos besoins conscients ou pas. Et inversement, on se déguise aussi pour plaire, pour ressembler à l’image idéale de ce qu’on voudrait être. Ou à ce qu’on imagine des attentes de l’autre. Les jeux de séduction sont de jolis mensonges qui se tissent presque seuls, et le jour où les idéaux réciproques sont déçus, on est rarement capable de s’accepter déshabillés de nos rêves, nus et crus.
La vérité sur ceux qu'on aime est souvent difficile à admettre
Tous les êtres sont en partie imaginaires. À peine rencontrés, on les habille de nos illusions, de nos attentes, de nos fantasmes, de nos angoisses. On les façonne pour qu’ils nous conviennent le mieux possible, qu’ils se juxtaposent à nos désirs, nos haines ou nos peurs, à nos besoins conscients ou pas. Et inversement, on se déguise aussi pour plaire, pour ressembler à l’image idéale de ce qu’on voudrait être. Ou à ce qu’on imagine des attentes de l’autre. Les jeux de séduction sont de jolis mensonges qui se tissent presque seuls, et le jour où les idéaux réciproques sont déçus, on est rarement capable de s’accepter déshabillés de nos rêves, nus et crus.
Après tout, se disait-elle, on fixe sur les étoiles qu’on voit à peine des noms d’ourse et de chariot, à l’église on parle de personnages terribles qui font des choses impossibles, elle pouvait bien avec Chirine, les soirs de peur, s’endormir en se racontant des mamans imaginaires qui venaient les rejoindre, les embrassaient en les serrant contre elles. À force d’y penser, Luce avait parfois senti comme une caresse sur ses cheveux, la tiédeur d’un souffle, ce devait être ça un baiser. Apaisée uniquement par ses rêves, Luce avait compris que ses propres inventions étaient sa seule manière de survivre.
Dans un monde atroce qu’elle ne comprenait pas. C’était une douleur physique, aiguë, un vide incandescent d’injustice, irradiant sa gorge, sa poitrine, tordant son ventre. Elle qui avait toujours accepté son sort, si sûre de laisser derrière elle le pire et d’aller vers une vie exaltante, elle avait tout perdu, son alter ego, l’extraordinaire liberté de ces jours avant les avions, l’ignorance des tueries humaines et son aptitude à espérer. Elle se haïssait d’avoir rogné les ailes des volailles pour les empêcher de partir, elle comprenait maintenant la souffrance de ne plus pouvoir s’envoler.
Tous ces gens sur les routes, un flot qu’elles remontaient en sens inverse, fuyaient comme elles, sans savoir où ils allaient. Elles apprirent que les Allemands les avaient chassés de Belgique, du Nord, qu’ils étaient des millions sur les routes. Luce ne comprenait pas qu’on puisse les obliger à tout quitter, ils étaient si nombreux, pourquoi n’avaient-ils pas défendu leurs maisons ?