Nicole Jeammet et
Philippe Jeammet -
Lettre aux couples d'aujourd'hui .
Nicole Jeammet et
Philippe Jeammet vous présentent "
Lettre aux couples d'aujourd'hui, les nouveaux défis de la vie à deux" aux éditions Bayard. Avec la collaboration de
Corinne Renou-Nativel. http://www.mollat.com/livres/jeammet-nicole-lettre-aux-couples-aujourd-hui-les-nouveaux-defis-vie-deux-9782227482708.html Notes de Musique :
Charles Trenet 2 Que Reste-T-Il de Nos Amours ?
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"La liberté absolue", c'est la négation de l'autre mais en même temps de soi, car elle nous prive de ce miroir dans lequel se voir...
Nous apprenons ce qu'aimer veut dire à partir de trois expériences fondatrices :
1/ Au creux des bras maternels qui nous ont tenus.
2/ À partir de la façon dont notre père s'est imposé ou non à cette relation privilégiée; et cela à la fois parce que, par son désir pour lui, la mère a fait une place à son mari et parce que le père a assumé cette place.
3/ Et aussi à partir de la manière dont les parents s'aimaient entre eux; un enfant a existentiellement besoin que ses parents s'aiment en se reconnaissant dans leurs différences. Si tel est le cas, c'est le gage pour l'enfant qu'il pourra se permettre à son tour d'être différent, sans craindre de perdre l'amour de ses parents
La violence est souveraineté mais solitude. Le violent ne sort pas de soi. Il prend, il possède; la possession nie l'existence indépendante.
Si le sentiment que nous avons d'être coupable submerge en nous toute capacité à préserver quelque chose de bon, quelque chose susceptible de nous assurer de l'amour de l'objet, qui seul peut enraciner notre estime de nous-mêmes, la seule issue pour le moi sera de le refuser.
Mais vivre la joie, ce n'est en effet en aucun cas la "posséder". On ne maîtrise pas le bonheur.
S'il ne l'a pas aimée, c'est sans doute qu'elle n'était pas digne de l'être. Il ne l'a pas aimée mais il lui a communiqué sa haine pour cette femme incapable, détestable. Ou le tout-amour ou le tout-dégoût, le premier servant à occulter le second.
Je voudrais revenir sur cette tentative constante, chez tous ces personnages, d'échapper à ce qui dans la relation serait susceptible de faire souffrir, d'où découle le refus de la dépendance et de la passivité... mais qui -autre conséquence rarement dire- rend du coup impossible le partage de plaisir.
Ainsi tout humain sera confronté à la souffrance et sera source de violence, de mal, et finalement disparaîtra.
... le besoin naturel d'un ailleurs prend dans le couple une dimension particulière car il exacerbe le paradoxe présent en chaque homme, qui en fait la force mais aussi le tragique. Parce qu'a priori, le couple existe pour durer et protège des angoisses d'abandon, il engendre la peur de l'enfermement ; parce qu'il répond à nos désirs de partage et de proximité, voire de fusion, il éveille des angoisses d'intrusions et menace notre liberté ; parce qu'il se veut la consécration de l'élan amoureux, il pâtit des pesanteurs de la vie quotidienne ; parce qu'il s'inscrit dans la suite du couple parental, il peut faire craindre d'en être la simple reproduction.
S. Maraï écrit, dans Métamorphoses d'un mariage :
Il faut un courage peu commun pour se laisser aimer sans réserve, un courage touchant à l'héroïsme. En fait, la plupart des êtres humains sont incapables de donner et de recevoir [...], ils ont peur de l'échec, peur de se livrer à autrui, de révéler leur secret, leur triste faiblesse, leur besoin vital de tendresse.